Chapitre 7
🦊 Corey 🦊
Mes chaleurs sont enfin terminées depuis hier. Je suis resté une journée de plus chez Hailey mais ça n'empêche pas que je sois très fatigué. C'était les pires chaleurs de toute ma vie. Pire que les premières... Mon corps savait qu'Aeson était à quelques kilomètres de moi. Il le réclamait. Le fait qu'il ne pouvait pas être là me faisait souffrir. J'avais ce qu'il fallait pour me soulager mais ce n'était vraiment pas efficace. J'espère que ça sera nettement plus agréable quand je les passerai avec Aeson. Enfin, je dis ça mais il sera incapable d'aimer un oméga comme moi.
Je suis sur le retour. Je rentre chez moi. Je ne sais pas si mes parents sont rentrés. Normalement, ils devraient être là depuis quelques jours. Mais je n'ai pas de nouvelles d'eux alors je stresse un peu. Et si Daisy et Bart étaient encore là ? Je n'ai vraiment plus envie de les croiser. Ils me font trop de mal. C'est à cause d'eux que je ne serai jamais un oméga à aimer. Mais sur certaines choses, ils ont raison... J'arrive chez mes parents et entre en toute discrétion. Même si ma tante et son mari sont encore là, la discrétion ne servira à rien.
– Je t'ai déjà dit de ne pas mettre autant de sel ! Goute avant d'en rajouter !
– Rafael, t'inquiète, je gère.
Mon cœur explose de joie en entendant mes parents. Ils sont là. Je ne crains plus rien. Un énorme sourire prend place sur mon visage et je fais mon apparition. Ils tournent la tête vers moi quand ils m'entendent. Ma mère se lève et vient me prendre dans ses bras. Il me serre fort tout en me disant qu'il m'aime. Mon père, fait de-même. Ils finissent par me lâcher et m'invitent à venir m'assoir avec eux. Quand Daisy et Bart étaient là, je n'avais pas le droit de manger avec eux. Ma mère me sert une part de lasagne quand mon père s'étouffe.
– Je te l'avais dit de ne pas ajouter de sel.
– Là, tu avais raison.
Il prend la cruche d'eau avant de se servir je ne sais combien de verres. Je laisse échapper un rire. Ça fait du bien de les voir. Je vais pouvoir me sentir mieux même si mentalement, ce n'est pas trop ça. Je mange tranquillement quand ma mère prend la parole.
– On a rencontré Aeson. C'est un garçon très charmant. Il s'inquiète beaucoup pour toi. Il nous a parlé de ce que tu lui as dit quand il est venu avec son ami. Corey, s'il te plait, parle-nous. Dis-nous ce qu'ils t'ont fait.
– Il ne faut pas que tu gardes ça pour toi.
– Je commence par où ?
– Le début, ça serait bien. Répond mon père.
J'hoche la tête de haut en bas avant de soupirer. Je termine ma bouchée de lasagnes avant de boire. Je soupire une dernière fois avant de me lancer dans mon récit.
– Ça a commencé quand vous êtes partis en voyage d'affaires pour la première fois. J'avais un peu plus de quinze ans. Je comprends que vous ne vouliez pas me laisser seul et qu'Ian ne pouvait pas m'accueillir dans son petit appartement d'étudiant. Mais j'aurais préféré rester seul. Au début, ce n'était pas grand-chose. Ils me disaient juste de dégager. Mais ils ont commencé à me dire que je ne servais à rien. Que j'étais fait que pour pondre des gosses. Que je ne trouverais jamais un alpha car j'étais trop faible. Ils ont dit que je ne ferais jamais rien de ma vie. Que je ne pourrais jamais être aimé. Qu'on se lasserait vite de moi. Que j'étais inintéressant. Ils m'ont dit que je méritais juste de mourir et qu'on me balance dans les bois. Que je ne méritais pas de tombe. Je... Aeson ne pourra jamais m'aimer car ils ont raison. Je suis trop faible et inintéressant. La preuve, je ne me battais pas contre eux. Je me laissais faire. Je...
Les larmes commencent à couler. Ça fait mal de dire tout cela mais ils ont le droit de savoir. Je dois leur dire. Je sais qu'ils vont s'en vouloir mais ils n'ont rien à se reprocher. Ils ne savaient pas. Et puis, Daisy et Bart faisaient semblant que tout allait bien quand ils revenaient. Jusqu'à mes vingt ans, mes parents étaient au courant qu'ils venaient me « garder » mais après, ils partaient la veille du retour de mes parents. Comme ça, ce n'était ni vu ni connu. Ils savaient que je ne disais rien. Que je faisais comme si tout allait bien.
– Après, il y a eu les coups. Je n'avais pas le droit de sortir ou d'inviter quelqu'un à la maison. Quand je ne faisais pas ce qu'ils voulaient, ils me frappaient. C'était souvent au dos ou au ventre. Au moins, je pouvais le cacher. Une fois, ils m'ont brûlé avec une braise du barbecue. Heureusement, je n'ai plus la marque. Tout ça parce que j'avais eu le malheur d'aller aux toilettes pendant le repas. Enfin, pendant mon repas. Je ne mangeais jamais avec eux. Ils ne me donnaient presque rien comme nourriture. Et fallait dire que je n'avais pas très faim avec tout ce que je subissais. Quand j'avais mes chaleurs, j'allais en douce chez Hailey mais quand je revenais, je me faisais frapper tellement fort que je perdais connaissance. Quand ils ont senti l'odeur d'Aeson, ils m'ont tellement fait du mal... Ils... Ils m'ont dit qu'il venait me voir juste pour pouvoir me baiser et me faire des gosses... Mais... Il n'est pas comme ça, non ?
– Oh mon pauvre petit cœur. Non, Aeson n'est pas du tout comme ça. On l'a bien vu. Il est très respectueux et ne te fera jamais de mal.
– Ta mère a raison. Corey, on est sincèrement désolés. On aurait dû voir que quelque chose n'allait pas.
– Vous ne pouvez pas savoir. J'aurais dû vous le dire mais j'avais bien trop peur qu'ils le sachent et qu'ils viennent me frapper encore plus fort. Je me suis souvent évanoui et ils s'en fichaient. Ils me mettaient sur mon lit et me laissaient là. Je n'avais même pas le droit à un verre d'eau.
– Corey... Tout est de notre faute.
– Non maman. Vous n'y êtes pour rien.
– On aurait dû faire quelque chose...
– Hum... Si vous le voulez bien, je vais me reposer.
– Oui, bien sûr.
Je leur souris avant de leur faire un bisou sur la joue. Je monte les escaliers et entre dans ma chambre. Je m'allonge et essaie de trouver le sommeil mais je crois que ça va être compliqué. Je me tourne dans tous les sens pendant au moins une heure mais le sommeil ne vient pas. Pourtant, je suis vraiment fatigué. Pourquoi je n'arrive pas à dormir ? Je souffle avant de me lever et de descendre. Je retrouve mes parents, dans les bras l'un de l'autre, sur le canapé en train de regarder je ne sais quoi à la télé. Je m'approche d'eux quand ils remarquent ma présence.
– Qu'est-ce qui se passe ? Demande ma mère.
– Je n'arrive pas à dormir. Ça fait une heure que je tourne dans mon lit. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose.
– Je crois savoir ce qu'il t'arrive. Tu as laissé tellement d'énergie lors de tes chaleurs que tu as besoin de te ressourcer dans les bras d'Aeson. Comme tu le sais, quand j'ai rencontré ton père, j'ai eu mes chaleurs et lui ses ruts. On a donc passé cette période, éloignés. Quand c'était fini, je n'arrivais pas à dormir. Je n'avais plus d'énergie mais le sommeil ne venait pas. Alors, je suis allé voir ton père et j'ai dormi dans ses bras. Ça m'a permis de me reposer et j'ai pu dormir seul par la suite.
– Je ne savais pas que tu avais eu besoin de papa.
– Je te le dis car je pense que c'est la même chose pour toi. Ton corps réclame la chaleur d'Aeson.
– Tu as peut-être raison. Mais je ne sais pas comment le contacter. Je n'ai pas pu lui donner mon numéro.
– Je vais le faire pour toi. Je vais le contacter sur Facebook. Intervient mon père.
– D'accord. Merci papa.
Mon père me sourit avant de taper sur son téléphone. Je vais m'installer près d'eux en attendant. J'espère qu'il va venir. Même si mon cerveau me dit que je risque de souffrir car il ne m'aimera jamais, mon corps me dit le sens contraire et le réclame. Pour une fois, je vais écouter mon corps. J'ai réellement besoin de lui. Une dizaine de minutes plus tard, quelqu'un sonne. Ma mère se lève pour aller ouvrir et je vois apparaitre mon âme-sœur. Je me lève aussitôt mais je ne sais pas ce que je dois faire. Dois-je le prendre dans mes bras ? Je tortille mes doigts et baisse la tête. J'ai l'air complètement stupide...
– Tu peux venir. Intervient Aeson, d'une voix douce.
Je relève la tête et le vois me tendre ses bras. Il sourit tendrement et je décide de me blottir contre lui. Je me sens directement bien. C'est ça que ressentent mes parents quand ils sont dans les bras l'un de l'autre ?
– Comme Greg te l'a dit par messages, Corey n'arrive pas à dormir mais ta présence l'aidera. Vous pouvez vous allonger sur son lit.
– Laissez la porte un peu ouverte.
– Greg, arrête tes conneries.
– On laissera la porte entrouverte. Répond Aeson.
J'entends ma mère soupirer tandis qu'Aeson m'emmène dans ma chambre. Je m'allonge sous mes draps et il m'y rejoint. Il m'ouvre ses bras et je m'y blottis directement. Je soupire d'aise quand je le sens me caresser tendrement le dos.
– Je sais que tu as envie de dormir mais j'aimerais que tu me racontes ce que tu subissais. J'aimerais comprendre...
Je soupire et commence mon récit. Je lui raconte tout ce que j'ai dit à mes parents. Mais je ne bouge pas de ses bras. Je suis très bien installé. Je le sens énervé mais il se contrôle pour ne pas me faire peur. À la fin de mon récit, il soupire avant de prendre la parole.
– J'aimerais que tu puisses oublier ce qu'ils t'ont dit. Tu n'es pas faible. Tu as su encaisser sans rien dire. Un oméga n'est pas inférieur. Pour moi, on est tous au même niveau. Corey, tu mérites d'être aimé. Tu mérites d'être heureux et de voir que tu es une personne comme les autres. Je sais que ça sera difficile pour toi. Que tu mettras du temps à comprendre que tu es quelqu'un de fort et qui mérite d'aimer et d'être aimé. Je te promets de t'aider. Tu n'es plus seul Corey. Et si tes parents repartent en voyage d'affaires et que tu habites encore ici alors, tu viendras chez moi. Je suis sûr que tu t'entendrais super bien avec mon frère, Ruben. Je ne te laisserai plus. J'aimerais qu'on apprenne à se connaitre avant toute chose. Tu es d'accord ?
– M-merci Aeson. Je... J'espère que j'irai mieux. Et oui. Oui je veux bien qu'on apprenne à se connaitre.
– Tu y arriveras.
Je ne peux pas empêcher mes larmes de couler. Pourquoi le destin a mis un alpha aussi respectueux et gentil sur mon chemin ? Je ne le mérite pas. Aeson, sentant que je pleure, relève, délicatement, ma tête et essuie mes larmes tout en me souriant. Je lui rends son sourire et finis par reposer ma tête sur son torse. Il me serre contre lui pour me montrer sa présence. Il libère même quelques phéromones apaisantes. Je souris bêtement. Ma mère a raison, je me sens mieux et ça m'aide. Je ne savais pas qu'Aeson pouvait être mon remède. J'espère ne pas devenir accro et chuter de haut quand il me lâchera pour un oméga mieux que moi. Même si on est naturellement attirés l'un vers l'autre, ça ne l'empêchera pas d'aller avec un autre oméga. Je soupire d'aise et finis par tomber dans les bras de morphée, blottis contre mon âme-sœur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top