Chapitre 9

- Bonsoir mon fils, pourquoi as-tu cet air perdu ? Tu n'es pas content de me voir ?

- Bien sûr que si maman, je suis juste un peu surpris. Où sont Annabelle et papa ? Demande mon ami soudain inquiet.

Je vais prendre le sac de kebab des bras de Max et vais dans le salon pour leur laisser un peu d'intimité. J'installe notre repas sur la table basse et m'assois sur le canapé en attendant. Monsieur muscles arrive quelques minutes après accompagné de sa mère.

- Bon je ne vais pas vous déranger plus longtemps, j'étais juste venue récupérer quelques affaires. Je repars dans le Sud tout à l'heure. Profitez bien de votre soirée. Lance-t-elle en allant au premier étage.

- Passe le bonjour à la famille. Crié-je alors qu'elle est déjà dans les escaliers.

Max vient s'asseoir à côté de moi et place son bras au-dessus de mes épaules. Je me love contre lui quelques instants avant de me redresser.

- Allez ! On mange sinon ça va être froid. Dis-je en attrapant les boîtes en polystyrène posées devant nous.

Je lance le film et me colle contre mon ami. Celui-ci ne réagit pas, ce que je trouve bizarre.

- Max ?

- Humm ?

- T'es sûr que ça va ?

- Bah oui, pourquoi ?

- Je ne sais pas, t'es bizarre depuis tout à l'heure. Il s'est passé quelque chose ?

Isabelle redescend, nous fais la bise et repart rapidement.

- Bon, Max, dis-moi ce qu'il s'est passé avec ta mère.

- Comment tu sais ?

- Je vous connais. Elle est partie relativement vite alors que d'habitude elle prend toujours un café avant de prendre la route. Donc ?

- Pour tout te dire, elle m'a proposé une cessation de propriété.

- Comment ça ?

- Elle veut me donner cette maison, vu que mes parents et ma sœur vont rester dans le sud. Et elle m'a aussi annoncé qu'ils allaient bientôt divorcer.

- Oh...

Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne pourrai même pas juger si c'est une bonne ou mauvaise nouvelle.

- C'est plutôt une bonne nouvelle non ?

- A vrai dire, j'en sais rien... Certes c'est très alléchant de savoir que cette maison va être à moi, mais quand je vois que la raison c'est le divorce de mes parents, ça me perturbe.

- Et tu sais pourquoi ils vont mettre fin à leur union ?

- Oui. Mon père a trompé ma mère pendant un voyage d'affaires. Elle l'a su par secrétaire qui gérait les déplacements de mon paternel. Il avait dit à ma mère qu'il devait être en Italie et comme elle n'arrivait pas à le joindre, elle a appelé son employée. Elle lui a dit qu'il était parti d'Italie deux jours auparavant et qu'il lui avait fait réserver un vol pour Paris. Ma mère a vite compris ce qu'il se passait et elle a décidé d'en avoir le cœur net. Elle a pris tous les renseignements de son déplacement auprès de sa secrétaire, y compris l'hôtel où il était. Quand ma mère s'est pointée là-bas, elle l'a prit en flagrant délit d'adultère, c'est ce qui a motivé son choix pour la demande de divorce.

- Je vois... Je ne pensais pas que ton père était comme ça.

- Moi non plus. D'après tous les rapprochements, il trompait ma mère depuis deux ans déjà. Enfin bref, ils se sont mis d'accord pour me laisser cette maison vu qu'ils ne comptent pas y revenir. Ils viendront juste récupérer leurs effets personnels et me donner le certificat de propriété de la maison.

- D'accord. Ca fait pas mal de chamboulements pour toi. Je suis là tu sais si tu as besoin de parler.

- Oui je sais, et je te remercierai jamais assez. Bref, on se concentre sur ce film ?

Son changement de sujet laisse bien transparaître que ça le touche plus qu'il n'accepte de le montrer. Mais je vais lâcher le morceau pour l'instant et retenterai plus tard. On finit tranquillement de manger et je vais déposer les boîtes vides à la poubelle, puis je reviens m'asseoir auprès de Max.

Il m'invite à me lover contre lui, ce que j'accepte immédiatement. Je ne peux vraiment pas lui résister. Il est tellement craquant avec les cheveux en bataille. Je me rapproche machinalement un peu plus de son visage, sûrement pour mieux l'admirer. Une idée germe dans ma tête. Mais je ne peux pas me résoudre à l'écouter. Je ne dois pas céder. Il ne ressent rien de tout cela. Nous sommes des amis proches et rien d'autre. Je me recule donc et me lève en prétextant vouloir aller aux toilettes.

Je monte dans la salle de bain et m'enferme à clé. Je me passe de l'eau froide sur le visage pour remettre mes idées en place. Je mets mon dos contre le mur et me laisse tomber le long de celui-ci. Il faut vraiment que j'arrive à me sortir ça de la tête. Max doit rester un ami, rien de plus. Au bout de quelques minutes, j'entends Max toquer à la porte.

- Tout va bien là-dedans ? Ca va bientôt faire vingt minutes que t'es enfermée dans la salle de bain !

- Oui, ça va t'inquiète. J'arrive.

Je fais mine de tirer la chasse et me remouille le visage une dernière fois avant de sortir de la pièce. Max est dans la cuisine en train de préparer un café et m'en propose un que je refuse poliment. On se met à discuter de mon travail, de l'émancipation et de mes projets de vie. aux alentours de minuit, la fatigue se fait sentir.

Je dis bonne nuit à mon ami et monte dans ma chambre. Une fois dans mon lit, je me mets à réfléchir à l'endroit le plus propice à l'emploi, au logement et au déplacement sans permis. J'allume mon ordinateur et entre ces critères dans le moteur de recherche. La ville la plus ressortissante est Bordeaux. Je me mets donc à regarder les prix des logements dans cette métropole.

Si je me débrouille bien, je peux avoir un logement pour trois cents euros par mois. Sachant que je serai émancipée, je serai minimum au SMIC. C'est largement jouable, en plus de ça j'aurai peut-être droit aux allocations logement. Je verrai bien ce que ça donnera. Je me documente sur les différents quartiers de Bordeaux, en relevant ceux à éviter. J'effectue de nouveau une recherche de location et là, les prix ne sont plus les mêmes...

En moyenne trois cent euros pour un loyer hors charges. Je me mets alors à déterminer un périphérique autour de la métropole et liste toutes les villes dans un rayon de trente kilomètres. J'étais sur le point de regarder les appartements disponibles dans ces dernières quand Max tappe à la porte.

- Oui ?

- Je peux entrer ?

- Oui, vas-y. Qu'est-ce qui t'amène ? Je te manquais déjà ?

- Allez, rajoute-en ! Non, je venais te demander ton avis sur un truc.

- Je t'écoute.

- C'est à propos de la maison. Comme je te l'ai dit, elle va être à moi, par conséquent je vais me retrouver seul ici. Ca te tente une coloc ?

- Max, c'est pas que je veux pas, mais si ça se trouve dans six mois je ne serai plus là. Tout dépendra de l'émancipation. Si elle est acceptée, je partirai peu de temps après le verdict du tribunal.

- Je sais, mais en attendant, tu veux rester ici ?

Bien sûr que oui je veux rester ici ! Cela dit, je ne dois pas me précipiter dans ma réponse, sinon Max pourrait cramer ce que je ressens pour lui et j'avoue que ça me mettrait en mauvaise posture.

- Je vais y réfléchir, on en reparle demain ? Lui dis-je d'un ton détaché.

- Oui, si tu veux, pas de souci. Tu fais quoi ?

- Rien, je jette juste un oeil aux environs de Bordeaux pour les logements.

- Ah ? Alors tu iras à Bordeaux ?

- Sûrement, c'est la ville qui se rapproche le plus de mes critères de recherche.

- Je vois. Je pense que tu aimeras, c'est vraiment une ville très jolie !

- T'y es déjà allé ?

- Oui, deux fois. La première fois pour le travail et la seconde pour le tourisme.

- D'accord.

- Tu veux que je te laisse ?

- En soi, tu ne me déranges pas et puis je te rappelle qu'on est chez toi ! Lui réponds-je en riant.

- Bien, dans ce cas, je m'incruste ! Je vais chercher mon ordi, comme ça on va pouvoir chercher en même temps. Tu veux que je ramène des chips et du soda ?

- Allez !

Max referme la porte et revient quelques minutes plus tard avec son appareil et les provisions de boisson et de grignotage. On parle, il m'avance pas mal dans mes recherches. Vers trois heures du matin, on commence à décrocher et on finit par lancer Netflix. Il se couche près de moi et m'invite à venir contre lui. Comme à chaque fois, j'accepte et suis victime de cette déferlante de bien-être.

Je me réveille quelques heures plus tard, toujours dans les bras de monsieur muscles. Il est si craquant quand il dort ! Enfin, il l'est tout le temps. Soudain, son portable, qu'il avait posé à côté du lit, se met à vibrer. Je regarde et vois que c'est Isabelle. Je décroche.

- Salut Isabelle, c'est Angie.

- Je peux avoir Max s'il te plaît ? C'est assez urgent.

- Oui, bien sûr, un instant.

Je coupe le micro et réveille doucement mon ami en lui disant que sa mère est en ligne. Il prend son téléphone, encore endormi.

- Allô, maman ?

- Max, je dois te parler. Ton père a fait un malaise. On ne sait pas de quoi ça provient, à priori rien de grave, mais il ne peut pas assurer le suivi de ta soeur dans son état. Tu peux venir t'en charger ?

- Oui, bien évidemment. Vous avez besoin de moi combien de temps ?

- Les médecins ont dit qu'ils allaient garder ton père une semaine. Donc compte deux semaines, juste au cas où.

- D'accord. Je prépare mes affaires et je prends la route.

- Merci mon fils.

Max se tourne vers moi et me serre dans ses bras avant de m'expliquer la situation. Visiblement, il n'est pas assez réveillé pour avoir saisi qu'étant à dix centimètres de lui, j'avais entendu la conversation.

Il se lève et va à la douche en me demandant si je peux lui faire couler un café. Je me prépare à sortir dans lit quand je le vois retirer son t-shirt. Je ne peux décidément pas arracher mon regard de cette vue imprenable sur son corps de dieu. J'en baverai presque. Il ne manque pas de remarquer mon bug sur lui.

- Eh bien, qu'est-ce qu'il t'arrive princesse ? T'es si impressionnée que ça ? Me demande-t-il en rigolant.

- C'est pas ça, dis pas n'importe quoi. Je me réveille juste et j'admets que la vue est plaisante de bon matin ! Lui réponds-je en lui tirant la langue.

- Que veux-tu, c'est le fruit de mes efforts ! Me dit-il tout fier et guilleret.

- Je vois ça ! Bon, file à la douche, je vais te faire ton café.

- Merci ma princesse !

Je ne prends même pas la peine de rétorquer, il est déjà sorti de la chambre. Je prends mon portable et descends, puis lance la machine à expresso. Je regarde mon téléphone et vois un appel en absence d'un numéro masqué. Un message a été laissé sur mon répondeur. Je compose le numéro de ma messagerie vocale et écoute ce que l'inconnu a laissé.

"- Bonjour Angie. Tu dois très probablement te demander qui je suis, et d'où je te connais. Ce n'est pas bien compliqué. Je suis la seule personne que tu as brisée sans aucune raison si ce n'est l'argent. Maintenant, je t'ai retrouvée. Passe une bonne journée chez Max !"

Fin du message. Un modificateur de voix a été utilisé. Je pose mon portable sur l'ilôt de la cuisine et réfléchis. Je n'entends pas Max arriver. Il pose sa main sur mon épaule, ce qui a pour effet de me faire sursauter.

- Désolé princesse, je ne voulais pas te faire peur. Tout va bien ?

- Oui, c'est sûrement un canular bidon.

Merde ! J'ai pensé à voix haute....

- Qu'est-ce qui est un canular bidon ?

- Tiens, écoute.

Je lui fais écouter le message vocal. Il se retourne, prend un grande inspiration et me refais face.

- Je ne pars pas avant d'avoir réglé ça.

- Max, t'en fais pas, c'est sûrement une mauvaise blague.

- Je m'en tape. Va te préparer, on va au commissariat.

Je m'exécute, voyant qu'il est impossible de raisonner monsieur muscles. Il appelle sa mère pour lui expliquer la situation. Je me prépare rapidement et rejoins Max. On monte dans la voiture et il part en trombe. Cinq minutes plus tard, on descend de la voiture et entre dans le commissariat. Une jeune officière est à l'accueil.

- Bonjour, je viens parce qu'un numéro masqué a laissé un message flippant sur mon répondeur. Je pense à un canular, mais mon ami veut s'assurer que ce n'est rien de grave.

- Bien, asseyez-vous un de mes collègues va vous appeler. Je vais juste prendre votre nom s'il vous plaît.

- Angeliqua Varest.

- Merci. Je vous laisse patienter.

On va s'asseoir sur le banc d'attente. Quelques instants plus tard, un officier arrive et m'appelle. Il dit à Max d'attendre pendant qu'il prend ma déposition. L'agent m'invite à le suivre dans son bureau.

- Mademoiselle Varest, ma collègue m'a dit que vous êtes ici suite à un message vocal. Pourrais-je l'écouter ?

- Oui, bien sûr.

Je recompose le numéro de la messagerie vocale et met mon portable sur haut parleur. Le policier écoute attentivement le message avant de se mettre sur son ordinateur.

- Je vais prendre une déposition, il se peut que ce soit un canular mais nous ne sommes jamais sûrs de rien. C'est juste par mesure de précaution.

- Je comprends.

Je raconte les faits et il les note. Dix minutes plus tard, je signe ma déposition et ressort de son bureau en le remerciant et lui souhaitant une bonne journée.

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