Chapitre 5

Plus qu'un arrêt avant qu'on descende. Je regarde Max, il s'est endormi. Il a vraiment besoin de repos, ça n'a pas dû être facile pour lui ces dernières semaines. Quand j'y repense, je me dis que j'ai été mauvaise avec lui. Il a traversé beaucoup de choses tout seul... Je le réveille quelques minutes avant notre point d'arrivée.

- Désolé, je ne m'étais pas rendu compte que je m'endormais.

- Pas de souci, t'as besoin de repos. Ca se comprend après ce que tu a vécu...

- Ce n'est rien, je m'en remettrai t'en fais pas. M'assure-t-il.

On descend du bus et marche quelques minutes avant d'arriver devant chez lui. Sa maison est immense, tout comme le jardin, la véranda, le portail... Et la piscine qui se trouve derrière la demeure. Sa famille est vraiment très aisée, mais ce que j'apprécie chez lui c'est qu'il ne se comporte pas comme ces connards de bourgeois hyper hautains.

Il ne se considère pas supérieur aux autres, c'est une qualité magnifique qui le rend encore plus craquant. Max compose le code d'ouverture du portail et me fait signe d'entrer. Une voiture est devant le premier garage.

- Tiens, on dirait que t'es pas aussi seul que tu le pensais.

- Si, t'en fais pas. C'est ma voiture, je l'ai eue la semaine dernière. Me répond le jeune homme.

- Je savais pas que t'en avais une ! Je savais pour ton permis, mais pas pour ça ! Elle est magnifique !

En effet, elle est très belle. Très certainement neuve, comme tout ce qu'il possède. Carrosserie noire, intérieur en cuire noir et tableau de bord chromé, tout pour satisfaire les goûts de mon ami.

- Tu te l'es achetée ? Lui demandé-je intriguée.

- On me l'a offerte. Enfin, quand je dis "on", c'est mon père.

- Wahou, sacré cadeau dis-donc. Pourquoi t'es pas venu avec dans le centre tout à l'heure ?

- Parce que c'est une voiture faite pour les grands trajets et de toute façon, je préfère les transports en commun, c'est moins tape à l'oeil. Me dit-il blasé.

- Je vois, en tout cas elle est vraiment sublime.

- Merci.

Il ouvre la porte de la véranda, puis celle de l'entrée. Je vais poser mes affaires dans la chambre d'amis à l'étage et redescends dans le salon. Max a allumé Youtube, le doux son des chanteurs du groupe Three Days Grace se fait entendre. Je sens un sourire s'afficher sur mes lèvres. J'adore ce groupe, je connais toutes leurs musiques par coeur.

Je me mets à chanter en duo avec monsieur muscles. Je me sens tellement bien ici, avec lui. Je peux être moi-même, chanter, danser et bien encore, sans aucun complexe. Cette maison représente ce qui peut s'apparenter à ma vision de la liberté.

Les heures passent, on chante et danse comme à chaque fois, c'est presque devenu un rituel. Soudain, Max baisse la musique.

- Il est déjà dix-neuf heures, on appelle le restaurant japonais ? Me propose mon acolyte.

- Allez !

Mon ami prend son portable et appelle le sushi shop du centre-ville. Il passe commande et me dit qu'on sera livrés dans trente minutes. J'acquiesce et vais chercher mon portable que j'ai laissé dans la chambre d'amis. A ma plus grande surprise, j'ai reçu un message de Marine.

"Je peux comprendre que tu sois jalouse de ma relation avec Quentin, mais sache qu'il n'a jamais eu l'intention de te blesser. Ce qu'il a tenté de t'expliquer depuis que tu nous as surpris et que tu refuses de lui parler, c'est qu'on a commencé à être attirés l'un par l'autre cet été, quand on a organisé la journée et soirée à Arcachon que tu avais déclinée vu que tu travaillais. C'est à partir de ce soir là que nous nous sommes rapprochés. Ensuite, les choses se sont faites d'elle-même. Il a décidé de ne pas t'en parler parce qu'il savait comment tu réagirais et je le félicite parce qu'il a vu juste. Tu sais, ce n'est pas en le frappant ni en envoyant ton chien de garde répondre au téléphone que ça fera avancer les choses. Tu as de la chance que mon copain tienne encore à toi, sinon tu serais déjà au commissariat pour une plainte pour coups et blessures. En ce qui me concerne, je n'ai rien à faire du fait que tu puisses nous détester, mais ne t'avise plus jamais de toucher Quentin. Si toi ou ton chien de garde venez à le toucher, ça vous coûtera très cher. N'oublie pas qui je suis et les contacts que j'ai. Cette histoire peut aller très loin, alors tiens-toi éloignée de nous et ne gâche pas notre bonheur que tu es incapable de tolérer par pure jalousie. A bon entendeur, à lundi au lycée."

Je ne sais pas si je dois rire, pleurer, ou encore disjoncter. Mais quelle... J'ai même pas de mots pour la décrire. C'est la pire des harpies. D'où elle se permet de traiter Max de chien de garde celle-là ? Je vais vraiment finir par lui refaire le portrait. Si seulement je pouvais lui crever les yeux avec ses talons aiguilles... Allez Angie, calme-toi.

Ce weekend, t'es avec un mec formidable et tu décompresses. Respire et ne pense pas à cette pétasse. Elle ne mérite pas autant d'égard de toute façon. Elle ne vaut pas mieux que tous ces abrutis que tu croises tous les jours !

Je prends une grande inspiration et relâche mes nerfs, comme le fait Max. Je sors de la chambre et redescends.

- J'allais justement venir te voir, les sushis sont arrivés !

- Déjà ?

- Oui, ça fait un petit moment que t'es montée. Tout va bien ?

J'ai envie de lui dire que tout va bien, mais sans savoir pourquoi, je me mets à pleurer comme une enfant. Max abandonne la préparation du plateau de sushis et s'approche de moi avant de me prendre dans ses bras. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer, c'est sûrement mes nerfs qui lâchent. Mon ami me susurre que ça va aller, de ne pas m'inquiéter et que tant qu'il serait là, je n'avais rien à craindre.

Petit à petit, j'arrive à reprendre mon souffle et à me calmer. Max est en train de me faire des papouilles dans les cheveux, je dois avouer que ça contribue grandement à mon retour au calme. Il sait toujours comment prendre soin de moi, peu importe la situation. Par exemple, l'été dernier, quand Romain a été le pire des salauds avec moi, il a été présent vu que Quentin n'était pas là, étant parti se dorer la pillule à Arcachon avec l'autre pétasse, il était injoignable. Ou encore en janvier dernier, quand mon chien a été écrasé par une voiture, c'est lui qui m'a aidée à faire son deuil.

Ca a l'air bête dit comme ça, mais je tenais énormément à ce chien, je l'avais eu pour mes dix ans, j'avais grandi avec lui. Je m'y étais énormément attachée et ça a été dur de me dire qu'il était parti. Enfin bref, Max a toujours été présent. Encore ce soir, il est là, à me réconforter, prendre soin de moi. Il desserre son étreinte et prends mon visage entre ses deux mains, puis essuie les dernières larmes qui allaient rouler sur mes joues.

Il se retourne et va me servir un verre d'eau le temps que je finisse de retrouver ma respiration.

- Je suis vraiment désolée, je voulais pas que tu me voies comme ça. Je pensais tenir jusqu'à ce soir, mais là, Marine m'a envoyé un message et...

Et je repars de plus belle. Il reprend mon visage entre ses mains et me regarde dans les yeux, tout en me disant de respirer et de lui expliquer calmement ce que Marine m'a dit. Je lui passe directement mon téléphone qu'il s'empresse de prendre. Au fur et à mesure de sa lecture, je remarque que son poing se serre peu à peu.

Il finit de lire le message, verrouille mon portable, le pose sur l'ilôt central de la cuisine, se retourne et donne un grand coup de poing sur le plan de travail en marbre. Je sursaute, surprise. C'est la première fois que je le vois dans un tel état de colère. Il revient vers moi et veut me prendre dans ses bras, mais sans le vouloir, je recule.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. C'était idiot, j'aurai pas dû réagir comme ça. Je suis vraiment désolé. Si j'ai réagi comme ça, c'est parce que je ne supporte pas la façon dont ils te traitent. Tu as toujours été une amie dévouée et fidèle et en retour tout ce à quoi tu as droit c'est de la trahison et de l'intimidation ! Qu'ils aillent en Enfer ces deux abrutis, je ne les laisserai pas continuer à te faire du mal. Tu ne mérites aucunement un tel traitement. Tu es une fille merveilleuse, forte, pleine de ressource, il n'y a que les êtres viles et mesquins pour agir de la sorte. Ne leur prête plus attention, ils ne sont pas dignes d'intérêt. S'ils te voyaient, ils seraient certainements satisfaits de savoir que leur comportement te blesse au plus haut point.

- Merci, mais t'es pas obligé de faire ça tu sais...

- De faire quoi ? De te protéger ? De m'assurer que tu ailles bien ? Bien sûr que j'y suis obligé, comme tout ami fidèle qui se respecte. Je ne veux pas que tes sentiments te consument. Tout ce que je souhaite pour toi, c'est que tu sois heureuse et peu importe ce dont tu auras besoin, je serai là pour te l'apporter. Tu comptes énormément pour moi Angie, tu n'imagines pas à quel point tu es importante à mes yeux. Tu comptes plus que tout, tu fais partie de ces rares personnes pour qui je suis prêt à tout.

Je ne sais même pas quoi lui répondre. Une fois de plus, il a les bons mots pour me calmer et me rassurer. Ce qu'il vient de me dire, c'est tellement touchant. Personne, à part lui, ne me parle comme ça. Beaucoup ont essayé, mais aucun n'est parvenu à m'apporter ce réconfort et cette quiétude que je ressens à ses côtés. Il est la seule personne qui a ma totale confiance. Il sait tout de moi, dans les moindres détails (enfin, sauf physiques, sinon ça pourrait devenir bizarre).

Ne sachant pas quoi répondre, je le prends dans mes bras. Je le sens se détendre un peu et retrouver un peu plus facilement son calme. Est-ce que j'aurai le même effet sur lui que celui qu'il a sur moi ? Encore une question, que je résoudrai plus tard. Je n'ai pas envie de me lancer dans de grandes réflexions. Je sens Max reculer un peu, je relâche mon étreinte et il me remercie. Je me contente de lui dire que c'est le rôle d'une amie loyale et que je serai toujours là pour lui.

On se sourit et il retourne à sa préparation des sushis pendant que je prépare le coin télé. Je rapproche la table basse du sofa et prépare les plaids. J'allume la télé, lance Netflix et cherche un film qui ne nécessite aucune agitation cérébrale. Je regarde dans la catégorie comédie et tombe sur "Fatal", l'un des films de Michaël Youn, un grand comique français connu pour son humour noir et ultra-décalé.

Max arrive avec le plateau de sushis et une bouteille de whisky. On s'installe dans le canapé et je lance le film. Le temps passe, le plateau se vide. La fin du film arrive, alors je commence à réfléchir à ce qu'on peut regarder ensuite.

- Ca te dit une comédie romantique ? demandé-je à Max.

- Oui, pourquoi pas ! Je te laisse choisir, je vais chercher des verres.

- Ca marche !

Je prends le premier film qui passe et le sélectionne. Monsieur muscles revient avec deux verres qu'il pose sur la table et remplit à dose raisonnable. On trinque à l'amitié et il revient s'asseoir à côté de moi. Le temps passe et au fur et à mesure, je me rapproche de Max, jusqu'à finir dans ses bras. Je me sens si bien, si apaisée.

Je sens que je m'endors peu à peu mais essaye de tenir jusqu'à la fin du film. C'est un échec critique, mes paupières s'ankylosent et finissent par définitivement se fermer pour cette nuit.

Je me réveille vers sept heures du matin. Je remets doucement mes esprits en place.

- Bonjour charmante demoiselle, bien dormi ? Me demande Max avec un charmant sourire si agréable à regarder.

- Bonjour adorable jeune homme, oui et toi ?

- Je n'ai pas dormi, j'étais pris dans mes réflexions. Tu veux un café ?

- Oui je veux bien, s'il te plaît.

Il part vers la cuisine et revient au bout de quelques minutes avec deux cafés. Il les pose sur la table et revient s'asseoir près de moi. Je vois bien à sa tête que quelque chose ne va pas, c'est plus que flagrant.

- Qu'est ce que tu as ? Lui demandé-je.

- Rien, ne t'en fais pas. Tu as pu te reposer convenablement ?

- Oui, merci. Mais ne change pas de sujet. Dis-moi ce qui te tracasse.

- Tu me lâcheras pas tant que je ne t'aurai pas dit ce que j'ai, n'est-ce pas ?

- Exactement ! Donc, je t'écoute.

- J'ai pas mal réfléchi cette nuit. Mes parents ne seront pas de retour avant un moment, ils logent dans le sud avec ma soeur pour assurer sa cure de désintox. Par conséquent, je me suis dit que je pouvais t'héberger au moins trois mois, enfin si tu veux bien. Je me suis dit que ça te permettrait de pouvoir t'aérer l'esprit, de réfléchir et de savoir ce que tu veux faire ensuite. Je sais bien que tu ne l'admettras pas devant moi, mais je sais qu'ici, tu te sens bien. Je l'ai bien vu hier soir et cette nuit, tu dormais si paisiblement. Ca peut te paraître précipité comme proposition, mais tu peux rester autant de temps que tu le voudras.

- J'accepte.

Ma bouche a parlé toute seule. Je ne suis pas contre l'idée de rester ici, mais je ne veux pas abuser de la gentillesse de Max. Il est si bon avec moi, je ne l'en remercierai jamais assez. Il a raison, je me sens bien ici, même plus que ça. Je me sens en sécurité. Je sais pertinemment que dans cette maison, mes problèmes ne me dévorent pas comme quand je suis chez mes parents. Mon esprit est plus libre, j'arrive à réfléchir plus clairement et je peux être moi-même.


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