Chapitre 17


Je fouille dans mon sac et lui tends la note que j'ai trouvée plus tôt sous l'assise de mon fauteuil.

- T'en as parlé à Max ?

- Non, on venait de s'engueuler.

- Angie. Je suis désolé d'avance pour ce que je vais te dire. Jusqu'ici, je me disais que quelqu'un t'en voulait. Mais on n'avait aucune idée de l'identité de cette personne. Sauf que maintenant, avec cette note, je suis persuadé que c'est quelqu'un de ton entourage proche. Parmi tes proches, qui a eu accès à ton fauteuil ?

- Seulement Max et Enzo. Mais je ne peux pas y croire.

- Mais merde, Angie ! Ouvre les yeux ! Personne, je dis bien PERSONNE à part eux n'ont eu accès à ton fauteuil. De plus, Max est un peu trop possessif avec toi. Depuis que tu lui as pardonné, il ne t'arrive que des merdes ! Réagis, je sais pas moi, dis quelque chose !

Mon regard fixe le sol. Je ne sais pas quoi dire. Quentin a rassemblé et compilé les faits. Le pire, c'est que c'est cohérent. Tout colle. Mais je ne peux pas me résoudre à accepter ça. Max ne me ferait jamais ça. Je le connais, je sais qu'il est sincère.

- Angie ?

- Quentin. Ton hypothèse colle sur les faits, mais pas sur les conséquences. Pourquoi Max me ferait du mal alors qu'on est heureux ? Pourquoi il voudrait me détruire ? Ça n'a pas de sens.

- Tu veux vraiment une réponse ?

Oui. Je veux une réponse. Mais pas la sienne. Je veux entendre "Tu as raison, c'était stupide, excuse-moi". Rien d'autre.

- Non, c'est bon. J'ai besoin de réfléchir. Ramène moi s'il te plaît.

Quentin m'aide à remonter dans mon fauteuil, range le plaid et commence à prendre la route en sens inverse pour me ramener chez moi, quand mon portable se met à vibrer. C'est un numéro masqué.

- Allô ?

- Bonsoir ma douce.

Mon sang se glace dans mes veines, encore une fois. Quentin se pose devant moi et me fait signe de continuer à parler tout en mettant l'appel en haut parleur.

- Bonsoir inconnu.

- Je vois que Quentin est avec toi. Bonsoir à toi.

- Bonsoir. Qu'est-ce que tu veux ? Lui demande mon ami sur un ton agressif.

- Tout dépend. Qu'est-ce que je veux en général, ou qu'est-ce que je veux ce soir ?

- Les deux.

- En général, je veux simplement m'amuser. Ce soir, je veux qu'Angie fasse quelque chose pour moi.

Quentin serre les poings. Il regarde tout autour de nous, mais ne repère personne. Il bouillonne, je le vois. Je lui fais signe d'arrêter de parler.

- Qu'est-ce que tu veux, espèce de tordu ? Lui craché-je.

- Eh bien, voilà une drôle de façon de parler à ton maître. Voilà ce que j'attends de toi. Montre ta véritable nature au monde. Montre celle que tu es réellement. Montre que tu es une imposture.

- Mais bordel, va te faire foutre ! T'es qu'un putain de taré, je sais pas ce que tu me veux mais fous-moi la paix. Je sais pas qui t'es, mais lâche-moi. Ça va être ta fête quand les flics vont te retrouver.

- Me retrouver ? N'en sois pas convaincue ma douce. Tu ne veux donc pas faire un petit quelque chose pour moi ?

C'est trop. Je raccroche et éteins mon portable. Au bout de quelques minutes de marche, c'est au tour de Quentin de recevoir un appel.

- Rebonsoir Quentin, c'est Enzo. Mon employeur s'inquiète de l'heure de votre retour.

- Nous arriverons d'ici une vingtaine de minutes. Dites à Max que je resterai dormir chez lui ce soir et que nous allons avoir une petite discussion en arrivant.

- Bien, je fais passer le message. A tout à l'heure.

Je me retourne pour regarder mon ami. A la vue de mon air perplexe, il m'explique que même s'il soupçonne fortement Max, il tient à rester à mes côtés.

Le reste de la route se fait en silence. A peine arrivés, Max bondit dehors, suivi d'Enzo.

- Je vais te la faire courte. Angie t'as peut-être pardonné, mais il va falloir que tu te mettes en tête que je te hais pour ce que tu lui as fait. Et tâche de ne pas oublier que c'est avec moi qu'elle fait sa vie, pas avec toi.

- Je vais aussi te la faire courte, Monsieur le Duc. Je m'interroge depuis plusieurs jours sur l'identité de l'agresseur d'Angie. Pour tout te dire, je pense même avoir trouvé le coupable. Cela dit, je ne peux accuser personne tant que je n'ai pas de preuves. C'est pour ça que je compte bien rester aux côtés d'Angie. Je ne la lâcherai pas tant que le coupable n'aura pas été arrêté.

- Oh, je vois. Bien entendu, il est sûrement inutile de te demander qui tu soupçonnes, tu ne répondras pas. Par contre, pour ce qui est de rester aux côtés d'Angie, tu peux oublier. Je suis là pour elle et au cas où tu aurais de la merde dans les yeux, elle a un garde du corps qui est largement en capacité de la défendre. Tu peux t'en aller.

- Non, je ne partirai pas. Je reste avec Angie. Tu veux me jeter hors de chez toi ? Soit. J'emmène Angie avec moi.

- Tu penses vraiment que ça va se passer comme ça ?

Je n'en peux plus. Je ne veux plus les entendre. Ils m'agacent au plus haut point. J'essaie de me lever pour les faire taire, mais c'est un échec cuisant. Mes jambes ne répondent pas et je m'écroule sur le sol.

- Princesse, laisse-moi t'aider...

- Non. Enzo, aide-moi à retourner dans mon fauteuil et prépare une chambre pour Quentin s'il te plaît. Il reste ici ce soir.

Max me lance un regard médusé, puis adresse un bref coup d'oeil menaçant à mon ami, qui lui répond avec un grand sourire de satisfaction.

Enzo m'aide à rentrer puis monte préparer la chambre de Quentin. Ma moitié le suit, me laissant seule avec Quentin. Il m'aide à m'installer dans le canapé quand la sonnette retentit. Machopeur descend en quatrième vitesse pour ouvrir.

Il a à peine le temps de déverrouiller la porte qu'une voix féminine se met à hurler.

- T'es qui toi ? Où est Max ? Où est Angie ?

- Bonsoir Mademoiselle, je suis le garde du corps d'Angie. Elle est ici, tout comme mon employeur. Pourrais-je savoir qui vous êtes ?

- T'es aveugle ? Je suis la sœur jumelle d'Angie.

Merde. Elle est sûrement au courant. Je dis au gorille de la laisser entrer. A peine ai-je prononcé cette phrase qu'elle pousse Enzo et se rue sur moi pour me coller une gifle titanesque puis me prendre dans ses bras la seconde d'après.

- Espèce de débile ! T'es une idiote finie ! Pourquoi tu m'as rien dit ? Mais dans quel état tu es ! J'ai eu tellement peur quand j'ai appris ce qui t'étais arrivé ! Qui t'as fait ça ? Je vais le tuer ! Faut être un monstre pour amocher quelqu'un de la sorte !

- Jess, je suis désolée. Si je ne t'ai rien dit, c'est justement pour ne pas te mettre dans cet état. Comment tu l'as su ?

Elle desserre son étreinte et se place devant moi.

- Pascal avait la tête ailleurs depuis quelques jours, Max ne répondait pas à mes appels, j'avais un très mauvais pressentiment. Quand j'ai vu que Max avait déposé Pascal tout à l'heure, je me suis dit que ce mauvais feeling était en rapport avec toi. J'ai pris en douce le portable de Pascal et j'ai trouvé les messages que Max lui avait envoyés.

- Je vois. Maintenant que t'es là, tu veux un café ?

- Oui, s'il te plaît.

J'adresse un regard à Enzo, qui s'empresse de mettre en route la cafetière. Je commence à discuter de mon état de santé avec ma sœur quand Max descend à son tour.

- Jess ? Pascal sait que t'es là ?

- Bonsoir Max, moi aussi ça me fait plaisir de te voir ! Dit-elle agressivement.

- Mais c'est quoi votre problème ce soir ? Qu'est-ce que je vous ai fait bordel ? Vous êtes tous remontés contre moi, CHEZ MOI et j'ai juste le droit de fermer ma gueule ?

Quentin bondit du canapé et plaque Max contre le mur.

- Premièrement, si on te fait tant chier, on va tous se barrer. Deuxièmement, tu veux savoir pourquoi on est tous remontés contre toi ? Je vais te l'expliquer ! J'en ai après toi parce que t'es un connard égoïste et hypocrite. Jess en a après toi parce que t'as pas été foutu de lui dire la vérité sur l'état d'Angie. En ce qui concerne Angie, elle n'en a pas après toi. Alors joue pas au con si tu ne veux pas qu'elle aussi se retourne contre toi.

- Message reçu. Lâche moi.

Quentin se recule. Tout le monde est médusé par ce qui vient de se passer.

- Ça suffit. J'appelle Pascal. Angie, tu vas venir chez nous quelques jours. Quentin, rentre chez toi. Max, prends quelques jours pour te calmer. Dit calmement ma sœur.

Tout le monde semble acquiescer. Max remonte et se terre dans sa chambre. Je demande à Enzo de préparer mes affaires pendant que Jess appelle Pascal. La tension à l'air de redescendre, mais elle est toujours bien présente.

Vingt minutes plus tard, je montais dans la voiture de Pascal, aidée par Quentin. Max avait refusé de descendre et Enzo avait l'interdiction de m'amener à l'étage.

Le trajet se fait en silence. On dépose Quentin chez lui, puis direction la maison de Pascal.

Ce dernier m'aide à descendre et me porte directement dans le salon. Je le remercie puis il me souhaite une bonne nuit et va se coucher.

- Bon. Angie, ne me déteste pas s'il te plaît. Je sais que je ne t'ai pas laissé ton mot à dire, mais les réactions de Quentin et Max m'ont immédiatement amenée à penser que t'étais pas en sécurité. Tu vas me dire que c'est stupide et qu'aucun d'eux ne te ferait du mal, mais c'est mon instinct qui m'a dit de te ramener ici.

- Merci, Jess. Je ne t'en veux pas. J'ai besoin de calme après tout ce bordel, je sais qu'être ici me fera un bien fou.

- Contente de te l'entendre dire ! Tu peux rester autant de temps que tu veux. Prends le temps qu'il te faut pour te rétablir et profiter de ce calme.

Son sourire, aussi radieux soit-il, cache en réalité une énorme inquiétude. Je le sais, je le sens.

Ma sœur me propose de regarder un film dans le salon, accompagné de pots de glace et de petits gâteaux. J'accepte avec plaisir et la regarde lancer Netflix pour regarder "Fatal". Je ne me lasserai jamais de ce film, il me permet de déconnecter de tout ce qui m'entoure et de réellement profiter de l'instant présent.

Û

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