Chapitre 16

Je relis encore et encore cette lettre. Encore une. Encore cet inconnu qui plane comme une menace, tapi dans l'ombre. Est-ce qu'il me voit vraiment ? Ou est-ce qu'il bluffe pour me faire peur ?

Une larme roule sur ma joue droite pour atterrir sur le bout de papier qui en est à l'origine. Il faut que je me calme pour pouvoir réfléchir logiquement. J'attrape mes écouteurs et lance ma playlist rock.

Je suis sur le point de poser mon portable pour prendre mon ordinateur quand je reçois un texto.

"Tu m'as un peu oublié non ? Enfin bref, c'est pas grave. Je viens de quitter Marine, dis-moi quand je pourrai t'appeler s'il te plaît. Je sais qu'on est en froid, mais t'es la seule personne à qui je peux parler."

Et bien, voilà de quoi me changer les idées et me calmer. J'appelle immédiatement Quentin.

- Désolée, j'avais oublié que je devais te rappeler. Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Marine ?

- J'ai voulu lui faire une surprise en passant à l'improviste et elle était avec un autre gars.

- Comment ça ?

- Je vais pas te faire un dessin... Ils étaient en train de baiser sur le billard quand je suis arrivé.

- Je vois. Est-ce que je peux te dire que je t'avais prévenu ?

- Ça va.  Pas la peine de me faire la leçon. J'aurai jamais dû me mettre avec elle, je savais très bien que c'était une pure salope.

- Tu l'admets enfin ! Tu vas faire quoi maintenant ?

- J'en sais rien. Enfin voilà. Ça va toi ?

- Ouais, enfin si on met de côté le fait que Max me saoule. Il la joue possessif et ça commence sérieusement à m'agacer. D'un côté c'est mignon parce qu'il veut me protéger, mais d'un autre c'est vraiment chiant parce qu'il se mêle de choses qui ne le regardent pas.

- Ma pauvre chérie. J'espère que ça s'arrangera, il a l'air de te rendre heureuse. Après, je peux comprendre qu'il veuille te protéger vu ce qui t'es arrivé.

- Certes, mais ça me gonfle.

- J'imagine bien que ça doit être difficile pour toi d'encaisser que quelqu'un veuille te protéger. Je dis pas ça pour te blesser Angie, mais t'as toujours été plus ou moins seule et tu t'es toujours débrouillée. Le fait d'avoir enfin une personne qui prend soin de toi, ça t'agace, certes, mais Max, derrière ses airs de connard, a l'air d'un gars honnête... Avec toi.

- "Avec moi" ? Qu'est-ce que tu insinues ?

- Ecoute, je vais pas te mentir. Je l'aime pas. Mais s'il te rend heureuse, alors soit. Je te demande juste de faire attention à toi. Pour tout te dire, je trouve ça vraiment bizarre que toutes ces merdes te tombent dessus pile au moment où tu pardonnes à Max. Je dis pas qu'il y est pour quelque chose... Mais je ne crois aux coïncidences.

- Quentin, arrête, s'il te plaît.

- Désolé.

- Ne dis plus ce genre de trucs, c'est insensé. Je sais que tu supportes pas Max, mais c'est lui qui m'aide à tenir. T'as raison, avoir quelqu'un qui prend soin de moi est difficile à encaisser, mais je sais que j'ai besoin de lui.

- Je comprends... Enfin bref.

- Oui.

- Je crois que je vais te laisser, je vais aller prendre l'air.

- Attends !

- Oui ?

- Viens me chercher. Je vais prévenir Enzo de ton arrivée.

- Enzo ? Et Max, il va rien dire ?

- Enzo est... Mon garde du corps. Je t'expliquerai. Et pour Max, je lui laisse pas le choix.

- Bon, d'accord. Je serai là dans une vingtaine de minutes.

- Ca marche, à tout à l'heure.

Je raccroche et appelle Machopeur pour lui dire qu'un ami va venir me chercher. Il descend donner l'information à Max pendant que je prépare quelques affaires, sachant qu'on va sûrement se poser quelque part pour discuter. J'enfouis une veste et un plaid dans mon sac puis appelle mon garde du corps pour qu'il me descende.

La porte de la chambre s'ouvre, mais ce n'est pas Enzo qui apparaît dans l'encadrement de celle-ci.

- Alors tu me fais la gueule, donc tu te casses avec le traître ?

- Arrête. On va juste se balader, prendre l'air. Tu peux pas me séquestrer ici, j'ai besoin de sortir.

- Donc tu appelles Quentin ? Vraiment ?

Je laisse sa question sans réponse. Voyant que je reste muette, Max se tourne vers la sortie. Je l'entends marcher jusqu'à sa chambre, puis un grand bruit sourd retentit.

Enzo fonce en quatrième vitesse vers l'origine du bruit. Il ouvre la porte mais se fait renvoyer avec un violent "dégage, je t'ai pas sonné".

Mon cœur se met à palpiter plus vite que d'habitude. J'ai le souffle court. Mon sang se glace dans mes veines. De la peur ? C'est ridicule. Je rejette cette idée et dis à Machopeur de me porter jusqu'à la cuisine.

Il s'exécute avant de remonter voir son employeur.

- Ca sert à rien de te mettre dans des états pareils ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu vrilles mec. Reprends-toi.

Mes pensées se bousculent et fusent dans tous les sens. "Mec" ? En plus il le tutoie ? Normalement, un garde du corps vouvoie son employeur, sans compter que Max est très à cheval sur les conventions.

- T'as raison. Je dois me calmer. C'est pas comme ça qu'on va régler le problème.

- Je préfère ça. Bon, descends t'excuser auprès d'Angie. Je crois que tu lui as fait peur.

- Quoi ? Merde... Quel con. Je vais attendre son retour pour m'excuser, ça me laissera aussi le temps de me calmer.

- Comme tu voudras. Je retourne la voir, je te laisse nettoyer le bordel que t'as foutu. Et fais gaffe avec les bouts de verre, c'est pas le moment de te blesser.

- Ouais, t'inquiète.

Enzo sort de la chambre. Je prends mon téléphone pour faire comme si de rien n'était. Je le vois ouvrir la bouche mais la sonnette retentit. Il se presse d'ouvrir la porte et de m'aider à sortir, puis s'adresse à Quentin.

- Bonsoir Quentin. J'ai quelques consignes à vous donner. Angeliqua est toujours en convalescence, par conséquent, il est préférable qu'elle ne reste pas trop longtemps dehors. Pourrais-je avoir votre portable pour y enregistrer mon numéro ? C'est une mesure de précaution.

- Oui, tenez.

Enzo saisit le téléphone, suit ses ordres et le rend à mon ami en nous souhaitant une bonne soirée.

Quentin pousse mon fauteuil jusqu'à ce qu'on passe le portail, puis s'arrête.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandé-je, perplexe.

- Le gorille, je l'ai déjà vu. Ne me demande pas où, ni quand, mais il ne m'inspire pas confiance.

- Quentin...

- Désolé. On va aux bois ?

- En route !

On parle de tout est rien, comme si on ne s'était jamais engueulés.

- Nous y voilà !

Il installe le plaid par terre puis m'aide à m'installer sur celui-ci.

- J'aimerai avoir ton avis sur un truc. Lui dis-je en lui prenant la main.

- Je t'écoute.

- De aussi loin que je me souvienne, Max n'a jamais été proche avec ses employés ou ceux de ses parents. Sauf qu'il est proche d'Enzo.

- T'en es sûre ?

- Certaine. Tout à l'heure, Max s'est énervé et...

- Angie, tu me fais mal ! Se plaint-il en retirant sa main de la mienne.

Sans le vouloir, j'ai serré cette dernière si fort que je lui en ai coupé la circulation du sang.

- Désolée, je voulais pas te faire mal. Ça va ?

- Moi oui, mais toi, qu'est-ce que tu as ? La dernière fois que tu t'es cramponnée à moi comme ça c'est quand le gamin de sixième voulait te taper. Qu'est-ce qui te fait peur à ce point ?

- Rien, c'est juste...

Quentin prend une main et la place sur ma joue puis m'attire contre lui et me prends dans ses bras en me caressant le visage.

- Angie, tu peux me parler. C'est Max ?

- Oui.

Cette réponse avait franchi mes lèvres avant même que je ne m'en rende compte. Je me redresse puis attrape une cigarette.

- Angie...

- C'est rien. Max a disjoncté tout à l'heure quand il a su que tu venais me chercher pour aller prendre l'air.

- Il s'en est pris à toi ?

- Non. Il est parti s'enfermer dans sa chambre et il a sûrement retourné son bureau. C'est le seul truc en verre dans sa chambre et j'ai entendu Enzo lui dire de faire attention avec les bouts de verre.

- T'es en train de me dire que le gorille était présent ?

- Non, il est monté quand il a entendu le bordel qu'a fait Max. Ensuite il m'a amenée en bas puis est remonté le voir. Ils ont eu une conversation qui n'avait rien de formel.

- Comment ça ?

- Enzo a tutoyé Max, l'a appelé "mec"... Ça me surprend.

- Moi aussi. Max est pourtant toujours très carré sur les conventions employeur/employé. Tu penses qu'ils se connaissent ?

- C'est certain. Max ne laisserait jamais un employé lui parler de la sorte.

- Je vois. Il y a autre chose ?

- Oui, il y a ça aussi.


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Et nous voilà de retour !  Nous tenons nous excuser de cette longue absence.

N'hésitez pas à nous donner vos impressions sur ce nouveau chapitre. Nous attendons vos retours avec impatience.

Gros bisous à tous nos lecteurs <3

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