Chapitre 12

"Ne pense pas t'en sortir aussi facilement.

Si tu pars, je te retrouverai où que tu ailles.

A très bientôt ma douce"

Cette inscription sur le post-it, c'est trop. Max arrive en courant dans la chambre et saisit le mémo que je tiens encore entre mes mains. Je fonds en larme devant mon copain. Celui-ci vient immédiatement me prendre dans ses bras et me fait des papouilles dans les cheveux. Cette étreinte dure quelques minutes, puis il me dit de descendre avec lui pour prendre un café et remplir ces fichus documents.

On redescend et s'installe dans le canapé. Je commence à remplir le formulaire pendant que ma moitié appelle la société de surveillance et l'entreprise de sécurité. Arrive onze heures, Max me dépose au travail. A peine arrivée, madame Morales me tombe dessus.

- Bonjour Angeliqua, comment vas-tu ?

- Bien, et vous ?

- Je vais bien. J'ai quelque chose à te proposer.

- Je vous écoute.

- Est-ce que ça te dirait de ne faire que de la cuisine ?

- Peu importe, je suis polyvalente.

- Bien, ça m'arrange beaucoup. Le commis de cuisine que tu as remplacé dimanche nous a apporté sa démission ce matin. Nous n'avons personne pour le remplacer, c'est pour ça que je te propose son ancien poste.

- J'accepte.

- Merci beaucoup. Je dois juste éditer un nouveau contrat. Je vais faire ça le temps que tu ailles te préparer, je te l'apporte dès que j'ai terminé.

- D'accord.

Je vais dans les vestiaires et me fais rapidement un chignon, plus approprié pour la cuisine. La directrice arrive quelques minutes plus tard avec le nouveau contrat que je signe. Elle m'informe d'un changement d'horaires, je finirai plus tôt que prévu.

Elle me dit également qu'étant en cuisine, il y a une prime de productivité et de risque chaque mois. En gros, si je bosse bien, je suis mieux payée. C'est rare de voir ça de nos jours, surtout pour un contrat saisonnier. J'envoie un texto à Max pour le prévenir de mon changement de planning puis vais prendre mon poste en cuisine.

- Salut Angeliqua ! Me lance Marc, tout sourire.

- Bonjour Marc, comment vas-tu ?

- Ca va, et toi ?

- Ca va. Bon, je vais chercher ce qu'il faut avant que les premières commandes arrivent.

- Ca marche !

Il est vraiment accueillant. Je lui fais part de mon nouveau poste et il s'en réjouit.

- Tu vas m'achever avant la fin de l'année ! Dit-il en riant.

- Mais non, faut juste suivre le rythme ! Le charié-je.

La première commande arrive, puis une deuxième, on enchaîne. L'ambiance est bonne, je vais vraiment me plaire ici. Sans compter que mon départ ne se fera peut-être pas aussi vite que prévu maintenant que je suis avec Max, je ne compte pas le lâcher.

On pourrait partir ensemble, même juste sous forme de vacances prolongées. Enfin, il est un peu tôt pour y réfléchir. Je finis mon service, aide Marc à nettoyer la cuisine puis retourne aux vestiaires. Je prends mon portable et vois deux textos de ma moitié.

"Ca marche, je viendrai te chercher plus tôt du coup. Bon courage ma princesse, je t'aime."

"Désolé, je vais avoir un peu de retard, attends-moi à la sortie de service du restaurant dès que t'as fini. A tout à l'heure, je t'aime fort."

Max, avoir du retard ? Il a dû se passer quelque chose. Je décide de l'appeler.

- Oui princesse ?

- J'ai eu tes textos, il s'est passé quoi ?

- Comment ça ?

- T'as jamais de retard, donc il a dû se passer un truc.

- Attends, de quoi tu parles ? Je suis devant le resto depuis dix minutes.

- J'arrive.

Je sors du restaurant et effectivement, il est là. Mais alors c'était quoi son deuxième texto ? Je monte dans la voiture, l'embrasse et lui montre le message.

- Je t'ai jamais envoyé ça ! Regarde.

Il me tend son portable. Aucune trace du texto. Soudain, il descend de la voiture et se dirige vers l'arrière du restaurant. Je le suis, mais il n'y a rien. Il se retourne, regarde un peu partout, mais rien de suspect. C'est peut-être juste un bug de réseau, si ça se trouve ce texto ne m'était absolument pas destiné.

Je psychote tellement à propos de tout ça, je me suis sûrement inquiétée pour rien. On retourne à la voiture, Max démarre, prêt à partir, quand une voiture se gare en face de la sienne. Je m'apprête à descendre quand ma moitié me retient.

- Reste là, j'y vais.

- Sois prudent.

Il sort et va taper au carreau de l'autre conducteur. Quelques secondes plus tard, Max me fait signe de venir.

- Ce jeune homme est perdu, il cherche à rejoindre l'autoroute pour aller dans le sud. Tu sais comment y accéder ?

- Bonjour. Me dit le jeune garçon. Il doit à peine avoir dix-huit ans. Je suis désolé de vous déranger, je n'ai plus de batterie et je n'arrive pas du tout à me repérer.

- Bonjour, oui pas de soucis. Vous allez tout droit, au troisième rond-point vous prenez à droite et à partir de là l'autoroute sera indiquée sur les panneaux.

- Merci beaucoup, vous êtes les premiers à me renseigner.

- On n'a pas spécialement eu le choix, vous avez bloqué ma voiture.

- Je suis vraiment navré, je voulais juste me garer pour trouver quelqu'un qui veuille bien m'aiguiller.

- D'accord. Bon, bonne route !

- Merci, à vous aussi.

Le garçon remonte sa vitre, remet le contact et s'en va. Vraiment bizarre celui-là.

- On y va ? Me demande Max.

- Oui.

On retourne dans le véhicule et rentre chez ma moitié.

- T'as mangé ?

- Non, je n'ai pas vraiment faim.

- Il faut que tu manges princesse.

- Je sais, mais t'en fais pas, je mangerai mieux ce soir. Dis, le gars de tout à l'heure, tu l'as pas trouvé bizarre ?

- Si. C'est pour ça que je me tenais prêt à l'éclater. Mais c'était juste un touriste perdu, donc rien d'alarmant.

- Mmh.

Je me sers un café et vois Max sortir un paquet de cigarettes de sa poche.

- C'est pas vrai, me dis pas que tu t'es remis à fumer !

- Ca me permet de mieux gérer mes nerfs. Je suis tendu depuis que j'ai arrêté.

- C'est normal, c'est parce que t'as rien pris pour compenser.

- En même temps, j'ai rien pour compenser. J'avais le sport, mais maintenant que j'ai atteinds mon objectif, je n'en fais plus autant qu'avant.

- Bon, après tout, tu fais ce que tu veux. Je vais pas me battre avec toi pour un paquet de cigarette. Tu m'en passes une ?

- Quoi ? Toi aussi t'es censée avoir arrêté !

- Je sais, mais en ce moment, avec le stress, ça aide pas.

- Bon, tiens. Mais je te préviens, si tu te remets à fumer comme un pompier, tu vas m'entendre !

- C'est noté chef !

Il me donne une cigarette que j'allume rapidement. La dernière fois que j'en ai fumé une, c'était à la fin de ma seconde, soit au début de cet été. J'avais arrêté à cause des maux de têtes et de la perte d'appétit qui avait fini par me faire avoir plusieurs pertes de connaissance vu que je ne mangeais presque rien. Mais en ce moment, avec le stress permanent et la tension qui règnent en maîtres, j'en ai besoin.

La sonnette de la maison retentit, ce qui me tire de mes pensées. Max va ouvrir et je vois entrer Pascal, accompagné de Jessika. Je fais la bise à monsieur Gandhi et serre ma soeur dans mes bras. J'ai l'impression que je ne l'ai pas vue depuis une éternité ! Ca ne fait en vérité que deux jours, la retrouver est tellement agréable ! Je sers un café à nos deux invités.

- J'ai ramené ce qu'il faut pour la raclette ! Annonce Pascal à l'attention de ma moitié.

- Parfait ! Lui répond ma moitié.

- Attends, t'as organisé une raclette ? Demandé-je à monsieur muscles.

- Oui, je sais que t'en raffole ma princesse ! Bon, Pascal, on va chercher ça ?

- Je te suis !

Les deux hommes quittent la maison.

- Alors comme ça, t'es avec Max et tu m'en parles même pas !

- Comment tu le sais ?

- Votre façon de vous regarder et de vous parler a changé et il t'a appelée "ma princesse" ! C'est carrément flagrant ! Ca s'est fait quand ?

- Hier soir, on était devant Netflix et de fil en aiguilles, on s'est embrassés.

- Mais c'est génial ! Déjà qu'avant je vous trouvais mignons tous les deux, là c'est le top du top !

On se met toutes les deux à rire, puis les garçons reviennent.

- Pascal, tu me dois vingt euros ! Déclare ma soeur.

- C'est pas vrai, vous êtes en couple ? S'écrie ce dernier avec un grand sourire.

- Eh oui ! Répond-on à l'unisson.

Pascal tend à ma soeur un billet de vingt euros qu'elle range dans sa poche arrière.

- Vous aviez parié sur notre relation ? Leur demandé-je en rigolant.

- J'étais sûre que vous alliez vous mettre ensemble et Pascal soutenait le contraire. Donc on a parié vingt euros et j'ai gagné !

- Cette petite va finir par me ruiner. A chaque fois elle gagne, je n'apprends vraiment pas de mes erreurs. Elle a un instinct inné !

- Au moins, ça lui sert et c'est toujours fiable. Dis-je en resservant un café à nos invités.

- Oui c'est sûr que ça m'a toujours aidée. Répond Jess en acceptant la boisson que je lui tends. J'ai ramené un gâteau fait maison, qui en veut ?

Tout le monde en prend une part. On discute d'un peu tout et rien quand Pascal me demande où en est mon émancipation.

- J'ai rempli les papiers ce matin. Je me suis renseignée et il est possible de faire un signalement au juge des affaires familiales via la gendarmerie. Ca peut énormément appuyer la demande.

- Je vois, c'est un aspect à prendre en compte pour accélérer le processus. Mais si tu fais ça, tes parents vont être convoqués pour répondre de ce signalement, n'est-ce pas ?

- Oui. C'est pour ça que j'y réfléchis, sans compter qu'il va sûrement y avoir une confrontation avec eux, soit à la gendarmerie, soit au tribunal, ou alors les deux. Je préfèrerai m'en passer.

- Je comprends, mais c'est sûrement un passage obligatoire pour accéder à l'aboutissement de ta demande.

- Oui, malheureusement je crois que je n'ai pas vraiment le choix si je veux arriver au bout de la démarche. Enfin bref.

On parle encore pendant quelques heures tout en préparant les pommes de terre avant de voir qu'il est déjà dix neuf heures trente.

- On devrait peut être manger vu l'heure.

- Ouaip ! Tout le monde à table ! Crie ma jumelle euphorique.

- En voilà une bien joyeuse voyons, rigole Pascal.

On s'assoit tous sur une chaise. Le plat se vide petit à petit. Bientôt, nous arrivons à la fin du repas. Pascal et Jess doivent retourner chez eux. Nous nous disons donc au revoir. Dix minutes plus tard, quelqu'un toque à la porte. J'ouvre et tombe sur ma soeur.

- La voiture refuse de démarrer... Tu crois que Max pourrait nous ramener ?

- MAX !

Il descend à toute vitesse et vois Jess.

- Vous avez oublié quelque chose ?

- J'aurai préféré, mais la voiture ne veut pas démarrer. Tu pourrais nous ramener s'il te plaît ?

- Oui, bien sûr. Je vais chercher ma veste, j'arrive.

Ma moitié vient vers moi tout en disant à ma jumelle d'aller dans la voiture. Elle s'exécute.

- Tiens, je te laisse les clés de la maison, ferme derrière moi. Je toquerai pour rentrer. Fais attention à toi et s'il y a quoique ce soit, tu m'appelles !

- T'inquiète, ça va aller. File, ils t'attendent.

Il m'embrasse tendrement puis je verrouille la porte derrière lui. Je me lance au rangement et au nettoyage de la cuise et de la salle à manger. J'ai presque terminé quand j'entends qu'on toque à la porte. Je m'empresse d'aller ouvrir. A peine ai-je tourné la clé dans la serrure que la porte s'ouvre brusquement.

Je le vois me sourire machiavéliquement. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il me tient par la gorge, collée contre le mur.


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