Décollage, atterrissage et autres joyeusetés (3ème partie)
Je souris en me remémorant quelques-unes de mes expériences de voyage.
Après avoir passé les épreuves de l'enregistrement des bagages et du contrôle de sécurité vient l'atroce attente plus ou moins longue avant de pouvoir, enfin, grimper dans l'avion.
Plusieurs solutions s'offrent à vous.
Comme par exemple, s'asphyxier dans les boutiques duty free à force de tester des parfums que vous n'achèterez quand même pas. Non, non pas la peine de me regarder ainsi, on a tous un jour ou l'autre déambulé dans le rayon parfumerie d'un magasin d'aéroport.
Vous pouvez aussi gueuler sur vos enfants parce que non, vous n'achèterez pas un paquet de chips ou une boite de chocolats et encore moins un sandwich vendu trois fois plus cher qu'au supermarché du coin.
Ou alors, vous squattez au plus près du comptoir d'embarquement parce que, on ne sait jamais, ils pourraient commencer plus tôt que prévu.
Il y a alors ceux qui monopolisent deux rangées complètes de sièges alors qu'ils ne sont que cinq et il y a ceux qui font déjà la file en guettant l'arrivée du personnel de la compagnie avant même qu'il n'y ait eu la moindre annonce. Et tant pis s'ils doivent rester debout plus de deux heures.
À chaque fois, je me suis posée cette question existentielle : mais pourquoi les gens sont-ils aussi pressés ?
Non, parce que, vous avez déjà remarqué sans doute que, le micro crépite à peine, et une vingtaine de fous furieux se précipitent sans savoir s'ils se trouvent dans les rangées concernées.
Ce n'est pas comme si vous risquez de ne pas avoir de place puisque chaque passager possède un billet numéroté.
La peur de ne pas pouvoir coincer son bagage à main dans les rangements prévus peut-être ?
Quand on pense aussi que des gens achètent des cartes spéciales pour embarquer les premiers...
Si un jour quelqu'un peut m'expliquer le pourquoi du comment, je lui en serai éternellement reconnaissante !
Un toussotement discret face à moi me fait revenir à la réalité. Je découvre un homme, un peu plus jeune que moi je pense, vêtu d'un costume noir sans le moindre faux pli et au sourire factice.
— Bonjour ! Puis-je m'assoir ?
— Euh...si vous voulez.
— Excusez-moi, je ne voulais pas vous embarrasser. Mais, comme j'ai vu que vous étiez seule, je me suis dit que nous pouvions attendre notre vol ensemble et bavarder ?
— Pourquoi pas.
— Vous n'êtes pas une habituée n'est-ce pas ?
— Pardon ? Une...quoi ?
— Et bien, vous ne faites pas partie des personnes habituées à se déplacer en classe Affaire, c'est bien cela ? Oh, ne soyez pas gênée, tout le monde a droit de s'offrir un peu de luxe de temps en temps.
Non mais je rêve ? Il se prend pour qui ce morveux ? Je fais tâche peut-être avec mon pantacourt et mon débardeur blanc ou quoi ?
Je me lève de mon siège, furieuse. Il a de la chance que j'ai fini de manger ce connard. Ça doit être un accro aux stéréotypes et aux clichés.
Depuis quand ne pas être sapé en Chanel ou Gucci vous interdit il de fréquenter les salons privés hein ?
Je me contiens de lui balancer une remarque acerbe et je le plante pour aller m'assoir derrière un ordinateur.
Même pas déstabilisé ce crétin. Il me suit et s'installe à mes côtés.
— Je ne voulais pas vous vexer vous savez. Je...
— On ne vous a pas appris la politesse ? Je travaille là, je gère une boite d'une cinquantaine de personnes, j'ai des responsabilités. Si vous vouliez bien aller jouer ailleurs, j'en serai ravie.
Voilà. C'est pas compliqué de clouer le bec à des imbéciles.
Quelques minutes plus tard, une hôtesse m'informe que je vais pouvoir rejoindre l'avion. Je jette un dernier coup d'œil à Monsieur Crétin qui est en plein numéro de charme avec une dame d'un page respectable.
Un connard je vous dis...
Lorsque je pénètre dans l'A380, je ressens une certaine excitation. Si j'ai déjà expérimenté des sièges en classe Affaires, c'est la première fois que je bénéficierai d'une suite privée.
Le personnel de bord est au petits soins pour chaque passager. Vous me direz, ils peuvent bien, vu les prix pratiqués...
Je découvre le lieu où je vais passer les douze prochaines heures et je suis scotchée. Les onze suites privées se situent au premier étage de l'avion, vers l'avant de l'appareil, sur le pont supérieur. Tout est fait pour se sentir privilégié.
Je dispose d'un écran de trente-deux pouces, un véritable cinéma privé, mon siège, bien entendu, se transforme en véritable lit et comble du luxe, l'avion possède deux douches spa. Une hôtesse m'informe que je peux commander mes repas et être servie quand je le souhaite.
Je consulte rapidement la carte qui me propose des plats dignes d'un restaurant gastronomique. Et je ne vous parle même pas du petit déjeuner royal qui m'attend demain matin...
Au moment de fermer la porte de ma suite juste avant le décollage, je remarque que Monsieur Connard se trouve de l'autre côté de la rangée. Merde alors, j'espère que je ne vais pas le retrouver à mon hôtel ! Qu'est-ce qu'il y ferait d'ailleurs, il est seul. C'est peut-être un représentant ou un manager un truc comme ça. C'est quand même dingue que, lorsque je ne travaille pas, une incroyable malchance me colle aux basques.
Tout roule lorsque je suis en mission ou dans les locaux de l'agence mais en dehors de ça, je suis miss catastrophe.
Impossible de faire mes courses sans casser un truc dans les rayons ou sans renverser quelqu'un, utopique de cuisiner chez moi sans, au moins, faire brûler la moitié du repas et irréalisable de penser que je puisse faire une promenade sans me casser la figure ou marcher dans une crotte de chien.
Il ne manquerait plus que l'A380 se crashe au milieu de l'Océan indien tiens...
11h30 plus tard, j'observe le tarmac du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. Non, ne me demandez pas de prononcer ce nom !
Incroyable, je suis arrivée à destination sans le moindre problème. J'ai eu de l'eau chaude pendant que je prenais ma douche à plus de dix mille mètres d'altitude, je n'ai pas renversé mon cocktail pendant que je dînais et j'ai passé une excellente nuit. Mouais, mais je n'ai pas encore récupéré ma valise et je ne sais pas dans quel véhicule je vais rejoindre mon hôtel...
Cependant, on dirait qu'une bonne fée veille sur moi. À peine le temps de quitter l'avion, de passer le contrôle frontière que mes deux valises m'attendent déjà sur le tapis roulant.
Il est à peine huit heures du matin lorsque je sors de l'aéroport et là...l'humidité et la chaleur me tombent dessus sans prévenir. Je ne vous dis pas le choc thermique !
Je suis heureuse de grimper dans un taxi climatisé sans devoir attendre. L'homme me salue dans un excellent français et me demande de lui confirmer l'hôtel où je vais séjourner.
Tiens, je ne savais pas qu'ils roulaient à gauche à Maurice !
Tout comme j'ignorais leur manière de conduire.
Après cinq minutes de trajet, je me demande si je ne vais pas vomir mon excellent petit déjeuner. Seigneur, dire que j'ai encore plus d'une heure de route...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top