De tout ce que j'avais pu rêver d'avoir après sa mort, ce n'était autre qu'une vie sans douleurs. Je sais que cela avait été un chapitre difficile à passer, mais celui-là était un chapitre dans lequel je resterai suspendu à chaque mot de ces longues pages. Liam Vaskov était cet homme, à débarquer dans ma vie pour ne plus y décoller. Il était celui qui prenait et n'abandonnait jamais...

Cette histoire n'avait eu ni queue ni tête. Il avait été fiancé à une femme irréprochable, pourtant, son regard s'était porté sur la pauvre fille brisée par la mort de son fiancé. J'avais pensé qu'en me forgeant, j'aurais pu faire fuir une foulée de gars, dans le lot, l'un d'eux avait préféré me défier. Il avait su aux premiers regards que je serais facile à faire tomber.

J'étais tombée. J'ai voulu me montrer forte alors que j'étais simplement faible...

Il aurait du me tourner le dos quand il sut que mes sentiments devenaient de plus en plus incontrôlables. Il aurait du s'en aller...Il aurait du me promettre la lune et me donnait simplement une nuit...Mais il s'était lui-même engagé à m'en donner plus...

« J'ai quitté ma famille pour toi. »

J'aurais voulu m'en moquer, j'aurais voulu continuer dans cette lancée, en lui balançant toutes les injures du monde...Pourtant, je sanglotais dans ses bras à n'en plus respirer. Ma poitrine s'était contractée, ma gorge était serrée, mes mains...crispées. J'avais tellement besoin de lui que c'en était difficile à y croire. Pourtant, j'avais joué la scène de nos « dites » retrouvailles plusieurs fois dans ma tête, j'avais su quoi lui répondre à chacune de ses paroles, j'avais su quoi lui dire pour mettre fin à notre relation et ce définitivement....

Non Becca ! Ça ne se passe pas comme ça !

Je savais que cette foutu voix avait raison. Je le savais pertinemment...La preuve, j'étais en ruine face à lui. L'une de mes mains s'arracha de mon visage pour venir marteler son torse plusieurs fois à la suite, tandis que je bafouillai ces mots :

« Tu n'es pas venu...Je me suis réveillée...Tu n'étais pas là...

Entre chaque respiration entrecoupée par mes pleurs, j'espérais réussir à lui parler. Retirant ma seconde main, venant s'accrocher aux plis de sa chemise noire, je continuai :

--Tu m'as laissée...Je me suis réveillée...et... »

Je le frappai une nouvelle fois sur le torse en finissant par relever ma tête. J'avais entrouvert ma bouche mais il ne découvrit que mes dents se serrant entre elles, je ne pensais pas que ce serait autant difficile de le voir, de lui parler, de lui faire comprendre que cette relation avait failli me tuer.

Détournant mon regard de son visage affecté par la vision que je lui offrais, je le plaçai sur la porte fermée. J'avalai difficilement ma salive tandis qu'il considérait mon visage sans dire un mot. Ce n'était pas à moi de parler en réalité...Je n'avais rien à lui dire car il savait ce que je ressentais, pourtant, je voulais que mes mots pèsent sur sa conscience.

« Je te veux, Rebecca. »

Non...Ne recommence pas...

Une grimace étira les traits de mon visage. J'avais l'impression que mon cœur me faisait découvrir de nouvelles parties de mon corps tellement ses battements irréguliers engendraient des sensations de picotements du bout de mes pieds jusqu'à mon nez. Mon corps était secoué par je-ne-sais-quelles-émotions qui m'engloutissaient dans ce néant d'incompréhension et de douleurs.

« J'ai besoin de toi...Et tu sais que tu as autant besoin de moi que j'ai besoin de toi, reprit-il d'une voix étrange. »

Je sentis un poids au niveau de mon épaule qui n'arrivait à le supporter et se laissa donc tomber. J'étais molle...épuisée...et presque vidée de toute ma tristesse...Elle était sortie d'un seul coup et je savais qu'elle ne reviendrait plus m'empoisonner la vie.

Ses bras se serrèrent autour de ma taille alors que son front était posé contre ma clavicule.

« J'étais...tellement effrayé, m'avoua-t-il soudainement de sa voix enrouée.

--Que je meurs ? soufflai-je sans pour autant m'entendre.

Je pensais que je l'avais simplement pensé et que mes lèvres avaient bougé, silencieusement, je lui avais communiqué ses mots.

--J'ai toujours été seul Becca...Face à lui, et aux autres...J'essayai de te montrer que je pourrai supporter ta souffrance mais je suis faible face à toi. »

Surprise, mes lèvres sèches restèrent entrouvertes tandis que mon visage s'était tourné vers sa tête baissée. Mes yeux me brûlaient à force de pleurer alors j'avais décidé de les essuyer à l'aide de mes mains. Je m'étais mis à bouger pour m'écarter de ses bras et son étreinte finit par se desserrer. En me glissant lentement sur le canapé, j'avais réussi par m'asseoir à ses côtés alors qu'il avait préféré envelopper ses mains autour de sa tête. Ses doigts se glissèrent dans sa chevelure brune et ses mains finirent par se crisper dessus.

« Il ne me restera plus que cette entreprise Becca...Et je sais que je finirais par la faire couler.

--Pour..quoi ?

--Il y a trop de souvenirs...Tu me tortureras... »

Pourquoi pas ?

Je me rendais compte que...même si cette relation nous affaiblissait, elle serait celle qui nous marquerait. Comment tourner une page quand la fin du livre se terminait par ce chapitre navrant ?

Finir un livre en sautant le chapitre qui marquait la fin...

« Est-ce que c'est possible ? me demandai-je brusquement, en massant mon front assez douloureux.

Ça ne l'était pas. Je devais me contenter de faire face à cette simple réalité.

--Liam...l'appelais-je en me tournant légèrement dans sa direction.

Il ne releva que bien après la tête. L'air semblait s'épaissir. En croisant ce regard intensifié par la tristesse, j'avais réalisé que je ne m'étais finalement pas trompée en le choisissant.

--Je n'y arriverais pas sans toi...lui soufflais-je finalement en plongeant dans ses pupilles sombres. »

Il m'observa pendant de longues minutes, ayant du mal à comprendre ce que je venais d'admettre, avant de me tendre l'une de ses mains. Mes pupilles se posèrent sur cette grande main virile, qui s'approchait de ma cuisse à moitié dénudée puisque cette robe de chambre était plus courte que ce que je ne l'avais pensé. La saisissant dans l'une de mes mains, je lui avais doucement souri en fronçant douloureusement des sourcils.

Surpris, je m'aperçus qu'il entrouvrit légèrement ses lèvres pour finir par m'avouer :

« J'ai failli te tuer...

Une larme roula le long de sa joue droite ce qui humidifia mes yeux.

--J'ai failli te tuer...répéta-t-il en baissant son regard au sol.

--Viens. »

Il retira doucement sa main de la mienne et détourna son visage de l'autre côté. Une douleur lancinante que je ressentais au niveau de ma poitrine, accentua ma peine. J'avais attrapé sa main pour la serrer fortement dans la mienne.

« Je veux voir ce que tu m'as caché, lui déclarais-je d'une voix douce.

Il tourna sa tête dans ma direction, avec une mine déboussolée.

--Je-...

--Ce visage...Tu ne me l'as jamais montré. Ta tristesse et ta peur non plus...Tu es humain, tu le sais mais tu l'as oublié, ton grand-père t'a obligé à l'oublier.

Il ferma ses yeux et dans ce silence, je m'étais mise à regarder son visage à la mâchoire contractée.

--Je veux que tu deviennes ma femme, Becca, m'annonça-t-il d'une voix plus calme et maitrisée.

Liam rouvrit ses yeux à ce moment-là, avec une lenteur calculée, j'en étais certaine.

--Est-ce que tu me tromperas ?

Il ouvrit la bouche mais la referma en finissant par secouer négativement de la tête.

--Serais-je en danger ?

--Je ne crois pas, me dit-il très franchement dans un murmure. »

J'étais restée à le regarder. Yeux dans les yeux, aucuns de nous deux ne s'apprêtaient à reculer. Je ne m'étais jamais sentie aussi calme lorsque nous étions ensembles, dans ces moments d'intimité. En fait, il y avait toujours eu cette nervosité...

« Je t'aime. Est-ce que tu m'aimes ? avais-je rapidement enchainé, en le regardant toujours aussi sereinement.

Pendant une fraction de seconde, j'avais vu ce visage se déformer par l'étonnement. Puis il reprit très vite contrôle de lui-même avant de me répondre :

--Plus que tu ne le penses. Plus que ce que je t'en ai montré. Plus que ce que les gens croient...Je t'aime plus que je ne pense t'aimer Rebecca. »

J'avais desserrée sa main et avais fui son regard. Il était sincère, et je ne savais pas pourquoi mais la peur avait fini par contrôler mon cœur. En me décalant légèrement sur le canapé, m'éloignant de lui, je fus prise d'un drôle de frisson qui me parcourut le long de l'échine.

« Si je n'avais pas assisté à ton réveil, c'était parce que je planifiais de sortir de ce monde que tu ne désires pas. Je voulais t'aimer comme un homme aime une femme, dans une vie normale. Je ne voulais pas que tu sois effrayée par ce que tu n'as jamais connu...

Il m'annonçait cela en ayant finalement pris la décision de se lever de son siège. Et je l'avais senti s'accélérer, taper, pousser ma chair...Mon cœur, il s'affolait, tout ça à cause du timbre de voix qu'il avait pris, de sa voix grave qui me caressait, de son honnêteté qui me frappait.

--Je voulais te revenir sans aucuns bagages qui auraient pu être l'objet de ton rejet. Je veux simplement que tu sois à moi, Rebecca.

En comprenant ce qu'il se passait, ma respiration s'était coupée.

--Veux-tu m'épouser ? »

Il était là...Un genou à terre et l'autre relevé. Le regard empli d'espoirs et posé sur mon visage qui s'était décomposé. Une main tenant une chose qui m'avait toujours effrayée...Cette bague ne révélait qu'une chose, peut-être le début d'une nouvelle relation, la fin d'une ancienne ? Elle scintillait. Comme une étoile au milieu du ciel. Comme une lueur au fond de ses pupilles. Mon regard se baissa sur le bijou, se releva sur son visage, s'abaissa une nouvelle fois et...

« Si j'accepte...est-ce que tu mourras dans six mois ? lui demandai-je en ramenant l'une de mes mains devant ma bouche, alors que mon visage avait fini par se tordre sous le coup de l'émotion.

Il eut un petit sourire, un simple et doux sourire qui me rassura, me signifiant qu'il ne me quitterait pas.

--Et toi ? »

Je secouai vigoureusement de la tête avant de fermer mes yeux. Ses bras entourèrent mon corps et je sentis ma poitrine rencontrer son torse. D'abord, il posa ses lèvres sur mon front, puis sur mes paupières, sur mon nez...et tout contre mes lèvres, il me chuchota :

« Est-ce que c'est un oui ?

--Oui. »

En comprenant ce qu'il avait du faire pour me parvenir, j'avais su que la décision que j'avais prise avait été la bonne. Si je l'avais attendu...C'était simplement parce que j'avais voulu entendre ses raisons...Et si elles étaient bonnes, alors je serais une nouvelle fois tombée.

Mais il n'était pas venu.

Au bout d'une quinzaine de jours, j'avais voulu comprendre ce qu'avait signifié son absence. Car j'étais amoureuse... À sa place, je m'étais apportée des réponses. Mais elles ne suffisaient pas à me faire tourner la page. Car je voulais qu'il vienne la tourner pour moi.

Alors en le voyant apparaître devant moi, les larmes qui avaient coulés furent des larmes de joie.

Liam, tu n'étais pas là parce que tu voulais être avec moi.

Et il m'embrassa.

Ainsi se termine cette histoire et se débute une relation saine entre Liam et Rebecca, (enfin ! lol), je voulais vous demander si cela vous plairait que je fasse un épilogue pour clore ce roman, oui, non ?

En tout cas, j'espère que cette histoire vous a plu, de mon côté, je suis contente de vous avoir eu en tant que lectrices/lecteurs, merci pour tout et j'espère vous revoir très vite en tout cas !

Bonne année à toutes (et à tous) ! J'espère que 2018 vous apportera du bonheur, que du bonheur et QUE du bonheur ;) Et la réussite, cela va de soi, n'est-ce pas ?