Rebecca


Crois-moi, Cupidon n'a rien à voir dans tout ça. L.


« Saleté...sifflai-je entre mes dents. »

Bien que ma robe soit d'une couleur plutôt sombre, l'on remarquait bien un démarquage de teinte et ceci dû au débile qui n'avait pas fait attention là où il marchait. En sortant des toilettes, j'avais failli bousculer Daphné qui semblait visiblement inquiète que j'y sois restée aussi longtemps.

Malgré nos vaines tentatives d'essayer de communiquer toutes les deux, nous en avions conclus que cela ne servirait à rien d'aller loin dans notre conversation. Elle m'avait seulement indiquée d'un geste de la main, m'ayant montré un homme passant dans le hall, puis pointé son doigt avant de diriger son index vers la sortie, que Liam avait quitté l'hôtel. Il ne me fallut pas très longtemps pour comprendre cette information. Puisqu'en revenant sur la terrasse, j'avais rapidement rejoint Erick qui discutait au bar avec une jeune femme qui ne manquait pas de formes. Non seulement le barman bavait sur elle, mais d'autres hommes se permettaient de poser des regards insistants sur sa silhouette.

« Tu as vu le Boss ? lui avais-je demandé à cet instant-là.

Il avait froncé des sourcils avant de me répondre, balayant la terrasse d'un regard :

--J'ai cru le voir quitter l'endroit cinq minutes après que tu sois montée. »

Je mis fin à cette discussion en me détournant de lui afin de savoir si la sublime brune avec laquelle il avait conversé en début de soirée ne l'avait pas suivi. Ses paroles se répétaient en boucle dans mon cerveau, je commençais à être inquiète et la colère commençait déjà à faire vibrer chaque muscle de mon corps. J'espérais vraiment qu'il soit rentré seul qu'en compagnie d'une autre femme. L'humiliation serait trop grande. Et ma colère, dévastatrice.

« Mademoiselle ? »

La voix grave d'un homme qui traversa mes oreilles m'interdit inconsciemment de me tourner dans sa direction. Quelque chose me brula instantanément lorsque celui-ci glissa l'une de ses mains sur mon avant-bras, que je venais tout juste de retirer.

« Que me voulez-vous ? »

C'était le puceau qui était revenu remuer le couteau dans la plaie et là, je n'étais réellement pas d'humeur à discuter calmement avec quelqu'un. Pas quand tout cela me tombait sur les bras. Pas quand je me forçais à encaisser toutes ses révélations et que j'essayais d'avaler la pilule de tout à l'heure. Et ce qui commença à m'effrayer, ce fut la sensation de brulures à son contact. Un parfait inconnu, un beau gosse mystérieux qui battait ses cils en espérant que je fasse de même et que je tombe sous son charme.

« Vous êtes la copine de Liam Greyson, n'est-ce pas ?

--Et vous êtes ?

--James Vandell, un commercial qui aimerait échanger quelques paroles avec votre Boss.

--Vous devez prendre rendez-vous avec sa secrétaire, pas avec moi, lui avais-je rétorqué en m'apercevant que ce débile soutenait mon regard, laissant même des lueurs moqueuses danser au fond de ses pupilles.

Petit con.

--C'est quand même plus rapide en passant par vous, non ?

--Ma vie professionnelle et privée ne se mélangent pas entre elles, et pour l'instant je suis dans le cadre de ma vie privée. »

Brusquement, surgit derrière lui, la belle brune qui avait tenu compagnie à Liam tout à l'heure. Quelque chose alourdit ma poitrine, ce qui aurait du l'alléger en sachant qu'il n'était pas parti se la taper...Mais j'avais un mauvais pressentiment. Le sourire qui s'afficha sur son visage ne me dit rien qui vaille et je décidai de déguerpir avant de devenir beaucoup plus désagréable que je ne l'étais déjà.

« Que se passe-t-il J ?

Levant mes yeux au ciel, je retins une petite remarque qui aurait marqué un froid entre le couple et moi, et restai muette.

--Rien, je voulais simplement discuter avec la demoiselle ici.

--Oh...Vous êtes à Liam, la Johnson n'est-ce pas ?

--Primo je ne suis pas sa propriété alors vous éviterez de dire que je suis à lui, secondo, la Johnson s'appelle Rebecca, tercio, J vous vous démerderez pour parler à Liam. »

En esquissant un faux sourire qui devait apaiser la tension que je venais d'élever au rang supérieur, je m'étais éclipsée en tentant désespérément de me détendre. Mais je commençais à en avoir ma claque, de lui et ses sautes d'humeurs, de lui et ses secrets, de lui et ses belles paroles à la con que je lui ferais bouffer avec une dose de piment pour lui faire passer l'envie de recommencer.

On sent la passion dis donc !

Et je m'étonne de la ressentir aussi intensément.

Après avoir tourné les talons en direction de la sortie, je sentis quelqu'un me suivre de très près ce qui m'avait interpellée. Dès lors que j'atteignis le haut des escaliers de la terrasse, la personne glissa son bras autour de ma taille puis me dirigea en direction des portes vitrées qui donnait sur l'intérieur du hall. Cette sensation recommença, et je n'aimais vraiment pas ressentir cela. Néanmoins, en essayant de m'extirper de sa prise, je l'avais vu me resserrer afin de me plaquer brusquement contre le mur. Nos visages ne furent plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et je sentis subitement ma poitrine se soulever.

Sors de là, Becca.

Mais je ne savais pas comment.

Ses pupilles étincelaient d'une lueur mélangeant une certaine animosité et de la colère. Et lorsque je le vis se redresser afin de me faire face, il adopta une posture qui me laissa penser de lui qu'il était totalement tendu...Mais par quoi ? Ou à cause de qui ?

« Dites à votre Boss de ne plus approcher ma fiancée, Rebecca.

--Sinon quoi ?

--Vous feriez mieux de ne pas le savoir, me répondit l'imbécile en pensant que le ton dur de sa voix allait me faire trembler de peur.

--Si Liam veut se taper votre fiancée, advienne que pourra.

--Et cela ne vous dérangerait pas ?

--Je sais à quoi m'en tenir aujourd'hui. Ma relation avec lui est totalement justifiée et expliquée. »

Alors pourquoi lorsque je lui avais répondu de cette manière, mon ton fut amer, ma voix trembla légèrement et je ne me sentis plus dans cette position de force que j'avais depuis le début... ?

Si Liam avait couché avec moi, c'était par pur désir. S'il se tenait à mes côtés, c'était parce qu'il se devait de me protéger. Alors oui, je savais qu'à ce jour, notre relation n'était pas celle que j'avais crue depuis le départ et cela m'affectait beaucoup plus que lorsque j'avais été consciente que j'aurais pu mourir dans cette baignoire de luxe.

En voyant son froncement de sourcil, j'en avais déduis qu'il avait lu sur mon visage ce que je ressentais et je n'aimais pas la manière dont il me regardait. De la compassion.

« Maintenant veuillez m'excuser, j'aimerais bien rentrer.

--Laissez-moi vous accompagner.

--Vous me devez au moins ça pour la robe que vous avez massacré, lui avais-je répondu. »

Il ne m'avait pas répondu, ce qui avait laissé un froid entre nous. Tandis que nous marchions en direction de la sortie, j'aperçus Jaden qui m'attendait devant la voiture de Liam, à l'extérieur, avec ce visage impassible qu'il avait l'habitude d'arborer.

Au moment où je poussai la grande porte qui nous permettra de rejoindre la longue allée, où très peu de journalistes avaient préférés y séjourner, je l'entendis me dire dans mon dos :

« Si cela ne vous dérangerait pas...Est-ce que cela dérangerait à Liam que nous couchions ensemble ? »

Ma bouche s'ouvrit petit à petit, sous le choque. Je m'étais pétrifiée sur place, tandis que je le sentais me rejoindre, et avais cligné plusieurs fois des yeux en pensant que j'avais surement mal entendu. Ou que c'était une blague de mauvais goût.

QUOI ?

« Et vous pensez que j'accepterais ? Vous pensez réellement que...Oh non mais j'y crois pas, soufflai-je décontenancée.

Passant une main sur mon front, tout en levant les yeux au ciel, je m'étais légèrement tournée vers lui pour reprendre d'une voix qui se fit dangereusement calme :

--Écoutez monsieur Vandell, j'ai été ravie de vous rencontrer et je pense que nous revoir dans un endroit confiné ne serait pas si dérangeant pour nous deux, mais je me dois de refuser.

L'ironie qui dissimula la totalité de mon énervement le poussa à en rire joyeusement, apparemment il s'amusait de la réaction que j'avais eue.

--Je suis ravi de vous avoir rencontré Becca, j'espère que vous vous réjouirez beaucoup plus de notre prochaine rencontre.

--J-...

--Mademoiselle Johnson, intervint Jaden qui nous observait à tour de rôle, suspicieux.

--Jaden...Liam t'a demandé de m'escorter ? »

Il opina de la tête en guise de réponse. J'avais une envie folle de lui sauter au cou pour le remercier de m'avoir sauvé de cette situation, parce qu'à moins que je ne brise les os de ce connard de Vandell, je ne voyais pas comment cette discussion allait se terminer.

« Allons-y, me dit-il simplement en ignorant totalement la présence du commercial qui, je pense, n'avait plus toute sa tête. »

Il y a des minutes à peine, monsieur avait menacé Liam si jamais il touchait à sa fiancée, et à présent, il voulait me baiser...L'on disait que les femmes étaient compliquées...mais les hommes, mon dieu !

En atterrissant sur le siège passager, j'avais calé mon dos contre le siège et avais poussé un petit soupir avant de regarder droit devant moi. En entendant la voiture démarrée, j'avais attendu que Jaden se mette à rouler pour me détendre finalement. Une seule question me rongeait, je l'avais au bout des lèvres, mais je n'osais pas la lui poser. Il était son homme de main. Et j'étais certaine qu'il lui disait tout ce qu'il se passait lorsqu'il n'était pas dans les parages...Et je n'avais pas une confiance totale en cet homme qui assurait ma protection.

« Que voulait-il ? osa-t-il me demander en glissant une main sur le volant, et passant l'autre sur le rétroviseur pour l'arranger.

--Seulement avoir une discussion avec moi.

--Il avait plus l'air de vous draguer qu'autre chose, m'avait-il répondu directement en me riant moqueusement au nez.

Déplaçant mon regard sur lui, j'avais cligné plusieurs des paupières puis l'avais senti se tendre et enfin se racler la gorge, mal à l'aise.

--Je n'ai pas compris moi non plus ce retournement de situation...Mais il avait l'air de me draguer...

--Monsieur n'appréciera pas, vous savez.

--Pas plus que je n'apprécie le fait qu'il me laisse en plan, avais-je fini par siffler entre mes dents.

Il tourna à un arrondissement puis continua de rouler tout droit. Au loin, j'apercevais le feu vert et s'il roulait à la même allure qu'actuellement, j'étais certaine que le feu allait devenir rouge.

--Il avait une affaire urgente. »

J'haussai des épaules, de toute manière, je commençai à me lasser de cette situation. Lui poser des questions ne servira à rien, à moins qu'une dispute éclate ou bien que je sois encore plus abasourdie par les nouvelles informations qu'il me confiera. Et en ce moment, tout ce que je voulais, c'était de retrouver ma petite routine et de contrôler une nouvelle fois ma vie.

J'avais l'impression en ce moment que je perdais le fil et que je me mélangeais les méninges. C'était lui et ses paroles, lui et ses caresses avides, lui et son regard. Ces dernières semaines, je ne voyais que par lui...Entre le boulot et l'appartement, je n'avais eu aucuns répits, il était de partout.

Soudainement, j'eus un froncement de sourcil en comprenant que Jaden venait de griller un feu. Tournant mon visage dans sa direction, je lui demandai alors :

« Jaden ?

--Appelez-le, me commanda-t-il sur un ton ferme.

--Qu-...

--Composez son numéro Rebecca. »

Son regard passa du rétroviseur intérieur, à ceux extérieur, ce qui me poussa à regarder en même temps que lui. Mes yeux s'agrandirent petit à petit en voyant trois voitures nous poursuivre. Jaden était déjà à 150km/h et heureusement que nous avions rapidement gagné le périphérique.

Pivotant sur mon siège en essayant d'avoir une image claire de nos assaillants, je sentis mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Mes lèvres entrouvertes, je tentai de les bouger mais rien ne se passa. Aucun son n'y ressortit d'ailleurs. Tout ça...Ce n'était pas normal. Pas rien non plus. Le coup de la baignoire ne m'avait pas rendu dans cet état alors que j'avais failli y laisser ma peau...Mais là je crois bien que je commençais à y voir plus clair dans cette histoire.

« Rebecca, gronda-t-il. »

Je m'exécutai rapidement à la tâche qu'il m'avait confiée, mais je me demandais à quoi Liam nous servirait à un tel moment. En sortant de mon sac, mon téléphone, mes lèvres s'entrouvrirent et je n'eus le temps que de cligner mes paupières avant de retenir brusquement ma respiration.

J'ai peur.

Je ne compris pas assez rapidement ce qu'il s'était passé. Mon téléphone avait glissé et était retombé sur mes cuisses tandis que ma tête frappa violemment le tableau de bord devant moi. Je vis floue pendant une fraction de seconde avant de savoir que j'étais dans le noir total. Une douleur lancinante paralysa mon corps, et lorsque ma vision retourna à la normale, j'eus la vision d'un Jaden inconscient à mes côtés et d'éclats de verres autour de nous.

Je dus prendre un temps afin de me remettre de ce choc. Après avoir patienté durant de longues minutes, attendant que mon corps réponde à l'appel de ma conscience pour que je puisse bouger et appeler les urgences, je sentis mes doigts bouger. Puis, rouvrant mes lèvres entrouvertes, je les refermai doucement en grimaçant légèrement sentant un goût de fer dans ma bouche.

Brusquement, j'entendis la portière s'ouvrir et des hommes parler dans une autre langue. Mon cœur s'arrêta de battre dans ma poitrine, terrifiée par ce qui allait surement s'ensuivre. L'on me redressa sur le siège, à ce moment, j'avais lâché un drôle de grognement répondant à la douleur qui vrillait mes côtes et mon crâne. Je sentis ensuite quelque chose entourer ma tête puis, subitement...

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