Rebecca



Trop tard, c'est déjà fait pour ma part. L.


Même à un rendez-vous d'affaire je n'avais jamais été autant stressé que maintenant ! Cela faisait bien une demi-heure que j'étais restée dans ma voiture, les mains sur mon volant, parfaitement maquillée et soigneusement habillée à attendre devant le restaurant. En fait, je n'attendais pas, je n'osais pas sortir de ma voiture. Je ne savais pas à quoi m'attendre de ce rendez-vous. De cet homme et j'avais l'impression que tourner la page s'avérait être plus difficile que je ne l'avais cru.

Et oui Becca, il ne suffit pas de dire bye-bye Kyle pour le faire !

Inspirant un bon coup, je regardais l'heure sur mon téléphone, posé sur le tableau de bord, avant de me dire que dans dizaine de minutes je devais impérativement être dans le restaurant. Je me devais d'être ponctuelle, puisque je ne l'avais pas été dernièrement. Extirpant de mon sac, placé sur le côté passager, un petit miroir, je jetais un coup d'œil à mon look. Je m'étais mise du mascara et de l'eyeliner ainsi que du rouge à lèvres pour ne pas trop en faire, au départ j'avais pensé à mettre du gloss, mais au Providence, l'élégance prime plutôt que le style tapageur aux couleurs criardes. Les Élites détestaient qu'un membre se fasse remarquer de manière si brutale, la subtilité prévalait plutôt...

En le rangeant à l'intérieur, je finis par sortir de ma voiture en faisant en sorte de me faire la plus discrète possible. Toutefois vu la robe que j'avais mise, j'avais un mal fou à me cacher. Surtout qu'il y avait foule et que certaines personnes attendaient même dehors que le maitre d'hôtel puisse les installer. Je portais une robe de couleur rouge lie de vin qui allait parfaitement avec mes escarpins à talons noirs aux bouts ronds. Là aussi j'avais préféré prendre celle n'ayant pas de plateforme. Premièrement parce que je ne voulais en aucun cas monter de deux ou trois crans en plus, et deuxièmement, me casser la gueule n'était pas au choix ce soir. Si je voulais la jouer classe, je devais aussi être confortable dans mes vêtements. Et puis, il faut dire que ma robe l'était. C'était une robe patineuse aux bretelles larges et qui s'attachaient au niveau du cou, une robe que j'avais acheté pour la soirée d'anniversaire d'Anastasia.

Suivant des yeux les quelques personnes qui ressortirent du restaurant en ronchonnant qu'il n'y avait plus de places, j'étais rentrée à mon tour. En prime, je m'étais faite fusillée par ceux qui attendaient que quelqu'un libère la place devant le maitre d'hôtel. Mon observation des lieux commença à peine étant donné qu'une serveuse au sourire éclatant et à la voix douce m'interpella sur le moment :

« Mademoiselle...Êtes-vous mademoiselle Johnson ? Rebecca Johnson ? »

J'acquiesçai de la tête avant de m'approcher d'elle avec lenteur. Jetant un dernier coup d'œil, j'esquissai un sourire moqueur à leur insu qui avait fini par me lorgner de haut en bas. Ce n'était peut-être pas une robe de chez Chanel, Gucci ou d'autres marques de luxes, mais je ne m'étais pas refaite ! La laissant me diriger vers une table où un panneau "réservé V.I.P" avait été placé, j'en avais conclu que j'étais la première à y être puisqu'il n'y avait que deux chaises vides, dont l'une était la mienne.

« Comment saviez-vous qui j'étais ?

--Et bien un homme a tenu à vous décrire...Et puis vu que vous aviez l'air assez perdue, j'ai suivi mon instinct.

Ah oui ? Parce que le mien est merdique.

--Je vois. Dois-je vous apporter à boire en attendant votre compagnon ?

--Il n'est p...De l'eau s'il vous plait. »

Elle opina de la tête et s'en alla immédiatement après que je lui ai répondu. J'étais assez mal à l'aise, je ne perdais jamais mon temps dans ce genre d'endroits sauf si c'était pour des rendez-vous d'affaires et encore...Je faisais en sorte que ce soit à l'heure du déjeuner, ou en fin d'après-midi dans un café haut de gamme. Le monde de la nuit n'était fait pas pour moi.

En posant mon regard sur deux ou trois tables autour de moi, je voyais des hommes en costumes, des femmes habillées dans les dernières Chanel, mais il n'y avait personne qui semblaient faire attention à moi. Tant mieux, vu comment j'étais vêtue je doutais presque qu'ils sachent que je ne venais pas du même monde qu'eux.

Et oui, pas de cuillère en argent dans ma bouche !

Lorsque la serveuse revint en apportant avec elle un pichet d'eau, je la vis m'en verser dans ma coupe avant de s'en aller, gardant toujours et encore ce sourire. En relevant mon regard sur la décoration du restaurant, je me surpris même à contempler le plafond avec son énorme et magnifique lustre, dont les lumières renvoyaient une couleur bleuâtre dans la gigantesque salle. En plein milieu de la pièce, il y avait des sortes de canapés en tissu et des fauteuils aussi. C'était surement un coin pour digérer et finir le dessert dans cet endroit pour ceux qui le voulaient. Le restaurant n'était pas aussi moderne vu de l'intérieur, que de l'extérieur, puisque tout était en bois. Que ce soit les tables nappées d'un tissu en dentelle blanc, les chaises et le parquet, tout avait été fait dans cette matière. Je trouvais que cela donnait plutôt une touche chaleureuse que si ça avait été trop modernisé. Et puis le plafond était vouté aussi ce qui laissait une importante place au lustre énorme au milieu. Toutefois, ce fut le seul de la pièce puisque le reste des objets, émettant de la lumière, étaient accrochés aux murs.

« Alors tu ne m'as pas posé de lapin, commença-t-il en esquissant un sourire carnassier qui me rappela celui de Liam.

--Je te dois bien un rendez-vous, lui répondis-je alors en posant mon regard dans le sien.

Je le vis s'asseoir en face de moi, en ouvrant en même temps le col de sa chemise blanche, dont la veste de costume était vert foncé. J'en déduisis que son pantalon devait avoir la même couleur.

--Vous êtes ravissantes mademoiselle, non, en fait vous êtes très séduisantes, vous le savez ça ?

--Crois-tu vraiment qu'en me complimentant autant en ce début de soirée, j'en viendrais à te couver d'un regard amoureux ? lui lançai-je en riant.

--Comme quoi, avec toi, rien ne marche !

--Je...euh...je-... »

Il me regarda, en haussant un sourcil interrogateur, se demandant bien pourquoi je restais silencieuse. Ou plutôt abasourdie. Son regard suivit le mien et il fronça dès lors des sourcils en le voyant se mettre en place avec un homme en costume et cravate, tout contre lui, il tenait un dossier sur le côté.

« Je ne suis pas facile à avoir...lui avais-je ensuite soufflé en détournant mon regard et prenant mon verre d'eau afin d'en boire une première gorgée. »

Il semblerait que Jonathan soit d'autant plus curieux de sa présence que moi. Je ne comprenais pas pourquoi il tenait autant à attirer son regard sur nous, mais moi je ne le désirais pas.

Fais chier.

« Commandons, déclarai-je d'une voix forte avant de faire signe à un serveur de venir nous donner les cartes avant de prendre nos commandes. »

Jonathan sursauta à cet instant précis mais se tint contre son dossier tout en feignant d'être concentré sur sa lecture plutôt que sur mon Boss, qui avait eu le toupet de venir dans ce restaurant. J'étais certaine que Jaden était derrière tout cela. Ou que...M'enfin, il me pistait avec son garde du corps, alors je ne croirais pas à ce que cela soit seulement qu'un hasard.

Cependant, au lieu de faire pareil que lui, j'avais mis ma carte devant, l'avais ouverte et avais posé mes pupilles ambrés sur cet homme charismatique qui avait ébranlé les quelques tables autour de lui par sa présence. C'est vrai, Liam Greyson, un PDG reconnu pour avoir construit son Empire était dans ce restaurant. Il n'était pas vraiment bas de gamme, au contraire, mais un PDG n'avait pas l'habitude de se montrer si rapidement en société après avoir disparu de la circulation.

Même la serveuse était devenue maladroite et ne le lâchait pas du regard. Je vous l'avais dis, ce mec puait la force. La dangerosité. Il avait du charisme, un charme particulier, était sexy à en damner, et était devenu célibataire. Quoique je pense être la seule à le savoir ici. Du haut de ses un mètre quatre-vingt et des centimètres en plus, il avait opté pour ne mettre qu'une chemise noire qui moulait parfaitement bien ses biceps et faisait ressortir sa musculature. Il avait une coupe droite, et lorsqu'il se levait, l'on ne remarquait pas seulement cette chemise parfaitement découpée et qui lui allait bien, mais son pantalon qui nous montrait un de ses fessiers athlétiques qu'on arrivait même à l'imaginer sans ce pantalon grisâtre sur lui.

Je déglutis péniblement en me rappelant combien mes rêves étaient devenus érotiques depuis que nous l'avions fait. Ma poitrine se serra sur le moment et j'eus comme une bouffée de chaleur qui me fit croiser les jambes en me sentant devenir de plus en plus humide. Mes paupières se fermèrent doucement tandis que je serrais entre mes mains, la carte que le serveur m'avait donnée. Celui-ci était un jeune assez séduisant mais qui fut très vite éclipsé par la présence de Jonathan et d'autant plus de Liam en ces lieux. En les rouvrant doucement, j'eus un hoquet de stupeur en croisant le regard noir et dangereux de Liam qu'il posa sur moi. Je le fusillais ensuite du regard, gênée d'avoir réagi de cette manière par sa faute, mais ce qui fit bondir dans ma poitrine mon cœur, ce fut lorsque ses lèvres s'étirèrent en un sourire moqueur.

« Avez-vous fini de choisir ? demanda le serveur en me regardant d'une façon insistante. »

En fait, je n'avais pas remarqué que Jonathan me regardait depuis tout à l'heure accompagné du serveur, attendant que je lui offre ma réponse. Ce ne fut qu'au moment où il m'interpella que je crains que Jon ait suivi mon regard et en a déduit certaines choses, nous concernant, Liam et moi.

« Je prendrais la même chose que lui. »

Il opina de la tête et s'en alla immédiatement après avoir récupéré ses cartes. Abaissant mes yeux sur mon assiette vide, je repris mon verre et le but d'une traite en essayant de me détendre. Chose difficile quand vous avez votre rendez-vous devant vous, et votre sex-Boss une table plus loin.

Bordel, Liam...

« Je ne pensais pas que tu aimes les fruits de mers, me dit Jonathan en tentant vainement de ne pas me poser la question qui lui brulait surement les lèvres.

--Mis à part le calamar, j'aime beaucoup les fruits de mers. Je me rappelle que ma mère faisait toujours une paella en été lorsque la famille venait.

--Ma mère aime beaucoup cuisiner, c'est l'une de ses passions. J'avoue que je préfère ses repas que ceux des restaurants !

--Ah oui ? Alors ça doit te manquer...Tu vis ici, n'est-ce pas ?

--Non, je suis juste de passage. Mais j'ai un frère qui vit ici.

--Tu n'as qu'un frère ?

--Oui, j'ai mes deux parents et mon frère ainé seulement.

--Et vous vous entendez tous bien...ou ?

Il marqua une pause, détourna son regard de moi afin de le poser sur sa coupe vide qui allait bientôt être rempli de vin, sans doute, puis me regarda une nouvelle fois.

--Je suis désolée, je n'aurais pas du te poser la question...Tu n'as pas à y répondre, finis-je par lui dire calmement et en lui souriant doucement.

--Non, non, je m'entends très bien avec eux. M'enfin, mon frère et moi, nous nous entendons très bien même mais nous avons une certaine difficulté ces temps-ci à communiquer.

--Pourquoi ça ?

--Et bien...Mon père et lui ne sont pas en bons termes, et étant donné que j'ai pris son parti plutôt que celui de mon père, il a du mal à digérer cela.

--Oh...Les affaires familiales, non ?

--Pas tout à fait, m'enfin, c'est plus compliqué que cela.

--Je vois...avais-je fini par lui murmurer en acquiesçant.

--Et toi ?

--Oh...Et bien, je suis fille unique. Mes parents se sont contentés de moi comme enfant, puisque ce fut déjà assez difficile pour eux d'en avoir d'autres.

--Donc sur le plan financier, tu n'as pas pu avoir des frères et sœurs ?

Cette fois-ci, ce fut moi qui fus gênée, mais il s'était confessé, je me devais d'en faire autant.

--Mes parents se sont mariés par défauts. Ma mère est tombée enceinte de moi et mon père a voulu prendre ses responsabilités en mains, alors il l'a épousé...

Il fronça petit à petit des sourcils, ne comprenant sans doute pas pourquoi ma mère aurait accepté ce mariage.

--Même si ma mère n'était pas vraiment d'accord avec cela, elle a du accepter ce mariage en sachant qu'elle n'arriverait pas à s'occuper de moi toute seule. Sa mère voulait qu'elle se marie, du coup, ce fut d'une pierre deux coups pour ma mère. Elle n'entendrait plus sa mère la pousser à se marier...C'était un gros problème pour elle à l'époque, surtout qu'elle n'avait pas fait de bonnes études qualifiées.

--Mais sont-ils au moins heureux ?

--A certains moments, oui, d'autres non. M'enfin, la vie de couple c'est ainsi que les gens la vivent...Et puis je suis certaine que ma mère a du avoir des sentiments pour mon père.

--Et du côté de ton père ?

--Il l'aime, mais il reste distant avec elle. Ma mère est assez blessante...Ce serait du suicide pour lui que de lui avouer cette vérité. En résumé, ce mariage n'a rien de celui d'un roman d'amour ou ne figure pas dans le registre "romantique".

--Voici votre commande, madame...Voici la votre, monsieur, intervint brusquement le serveur qui posa mon plat au-dessus de mon assiette avant de me glisser discrètement un bout de papier qui me fit froncer des sourcils. »

Après que nous l'ayons remercié, Jonathan souleva de son assiette le couvercle de sa commande et fit de même avec la mienne. Néanmoins, je restais sous le choque, après l'ouverture du papier, en y voyant les lettres inscrites dessus. J'étais devenue complètement raide sur ma chaise et je me tenais aussi immobile et tendue qu'un fil de fer. En fait, plusieurs émotions traversa ma poitrine, plusieurs pensées firent de même dans mon cerveau...Je...

« Euh...J'ai besoin...Enfin, je reviens, lui annonçai-je subitement en me levant brusquement de ma chaise et faisant un bruit pas possible. »

Tout le monde posa son regard sur moi et me détailla de haut en bas du regard avant que je ne m'élance en direction des toilettes que j'avais aperçues après que la serveuse m'ait conduite jusqu'ici. Je ne lui avais pas laissé le temps de rétorquer, je sais juste que je n'aurais pas eu la force de lui dire quoique ce soit sur le moment.

D'un pas précipité, je pénétrais dans ce long couloir où devait se trouvait la porte pour l'entrée des femmes, en la trouvant du côté gauche, je finis par attraper la poignée et la tirai d'un geste brusque clairement déstabilisée par ce que j'avais lu.

Mon cœur manqua soudainement un bond. Mes jambes faillirent céder sous mon poids. J'eus un léger choque en sentant mon dos se coller contre le mur, à côté de la porte des toilettes. Je fus même surprise de rencontrer ce regard rassurant, protecteur et dangereux qu'il possédait. Serrant le papier dans ma main gauche, je fronçais douloureusement des sourcils avant de détourner mon regard du sien.

« Que s'est-il passé ? »

C'était ce qu'il avait articulé. Sur un ton autoritaire, il me l'avait demandé. D'une voix ferme, dans un timbre grave, d'une puissance déconcertante...

Je le haïssais profondément pour ce qu'il se tramait dans ma poitrine lorsqu'il me touchait. Je le détestais pour ce qu'il avait réussi à faire de moi à chaque fois qu'il me regardait.
Je le maudissais pour ce que j'étais devenue en face de lui et de ce qu'il arrivait à me faire ressortir.

Putain, je l'abominais vraiment. Ce mec avait une emprise sur moi qui me glaçait en y repensant. Mais en le sentant près de moi, cela me réchauffait. Me brulait...

Dans un feu ardent qu'était ce désir perdant.


Hey, salut à toutes, j'espère que vous avez apprécié ce nouveau chapitre ! Je suis désolée de n'avoir pas pu en mettre beaucoup plus cette semaine, j'ai été débordée :S
Mais je vais essayer de me rattraper ! En attendant, questions ou autres, mettez-les en commentaires hein !

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