Rebecca
Je te mets en danger. L.
Quand on postule dans une grande entreprise, on sait ce qui encourt derrière. Si le patron est un homme juste et bon, vous êtes surs qu'il n'y aura pas d'embrouilles. S'il est arrogant et que sa famille a l'air louche, vous faites un beau plongeon dedans. Je crois que je n'ai jamais eu de chances dans la vie.
Bah au moins Becca, tu pimentes ta vie comme ça !
Non, non, je préfère quand elle n'est pas du tout pimentée. Je ne me suis jamais plainte que ma vie n'était pas pleine de surprises ou autres à ce que je sache ! Voilà que je me retrouve dans une affaire louche, à vrai dire, à présent, je m'inquiétais non seulement pour mon boulot mais de ce qu'il m'en coutait de travailler pour cet homme.
Depuis quand une maitresse et une épouse vivent en parfaite harmonie dans une même pièce?!
Je n'avais jamais été autant sous le choque que lorsque j'avais compris que la bimbo scintillante à la robe pailletée était la maîtresse du père de mon employeur. Le pire dans tout cela, c'était que sa mère était présente, et qu'elle n'avait pas une seule fois été désagréable avec elle. Son père se fichait royalement de cette Cynthia, mais c'était un parfait connard arrogant. Du haut de ses un mètre quatre vingt, de son impressionnante carrure malgré son âge et son teint halé, le père de mon Boss affichait le même air sur le visage que lui lorsqu'il était en position de pouvoir. Hautain, clairement hautain oui, il se montrait supérieur à tout ce qui l'entourait, -sauf devant sa femme, ce qui était surprenant-, pourtant je ne voyais aucunement une ressemblance avec Liam mis à part un caractère presque similaire quoique...
Les femmes ne sont pas faites pour travailler au sein d'une entreprise et bla-bla-bla...
Heureusement qu'il n'était pas président. Je tiens juste à signaler que depuis que les femmes travaillent, les parts des entreprises ont augmentés et cela grâce à nos esprits vifs. Si l'on ne nous permettait plus de travailler, si notre place était à la maison, je suis certaine qu'il y aurait grands nombres de sociologues qui seraient contre. Liam m'avait demandé de m'en aller, dans un langage moins courtois cela voulait simplement dire : dégage je dois parler avec mon père.
Bon même si je l'imaginais mal me dire ça comme ça, je savais qu'il allait exploser tôt ou tard et qu'il ne voulait pas le faire devant moi. J'avais suivi son ordre au pied de la lettre et l'avais attendu devant la voiture. Visiter l'entreprise d'un machiste de première ? Non merci, je passe mon tour.
Mon regard se porta sur mon sac. Je recevais un appel mais j'hésitai à répondre, à tous les coups ce devait être ma mère. Ana et Day travaillaient, Erick aussi et maman était la seule qui m'appelait un nombre incalculable de fois lorsque je ne répondais pas. Je vous le dis parce qu'étant donné que je n'avais pas répondu dès la seconde fois, j'avais décidé de le sortir lorsqu'il sonna pour la troisième...
...et la dernière.
Mes sourcils se froncèrent petit à petit en voyant apparaître le nom de Jonathan. Ah oui, j'avais oublié ce déchet de la nature. Décrochant finalement en sachant que si je ne le faisais pas maintenant, je le ferais sans doute lors de son quatrième appel, je lui dis :
« Je te manque déjà ? Ou tu n'as juste pas trouvé le moyen d'oublier la façon que j'ai eu à t'humilier au café ?
--Allo, ça va Jon ? Oui bien sur et toi ? Oui ça va merci, et comment s'est passé ton vol ? Un peu long mais merci de t'en préoccuper.
Il marqua une pause tandis que je me surpris à sourire en écoutant son dialogue.
-- Pour ce qui est de l'humiliation en début de matinée, ce n'est toujours pas passé, mais j'y arriverais. Enfin, si tu me promets qu'au prochain rendez-vous, tu resteras avec moi.
--Depuis quand je te dois un autre rendez-vous ?
--Depuis que tu m'as fais attendre au café et que tu es parti en me ridiculisant.
J'eus un petit rire. Ok, bon, c'est vrai que je n'avais pas été sympa mais j'allais être en retard et Liam n'aurait pas été ravi que son employé le fasse attendre.
--Disons, mardi ?
--Dans six jours, ça marche ! Je réserverai une table, je t'enverrais l'adresse. Sinon, comment ça se passe ?
Woow, woooow...Molo Banjo !
Il était assez enthousiaste comme gars pour un seul rendez-vous. Mais je ne lui en tins pas rigueur, je crois que c'était la première fois qu'il discutait avec une femme qui n'était pas en chaleur.
--Ah...C'est le boulot-...
--Voulez-vous que je vous ramène à l'hôtel ? intervint une voix grave dans mon dos ce qui me fit hoqueter de stupeur. »
Me tournant lentement, j'avais raccroché au nez de Jonathan en lui disant des : je te rappelle, chuut, boulot, je te rappelle ! Déstabilisée par mon Boss qui n'avait pas l'air d'être très heureux. Lorsque mes yeux se posèrent sur lui, ma poitrine s'était subitement serrée. Ses sourcils froncés, les traits tirés par la colère froide qu'il montrait, Liam Greyson semblait contrarié. Et pas qu'un peu ! Je n'avais jamais été aussi perturbée, ou plutôt intimidée par un homme rien qu'avec l'aura destructrice qu'il dévoilait aux yeux de tous. Pourtant je n'étais pas la seule, certains passants n'osaient jeter qu'un seul coup d'œil à Liam avant de décamper vite fait bien fait du trottoir sur lequel nous étions.
A ce moment-là, j'avais l'impression d'être devant une bombe à retardement qui n'attendait plus qu'une chose : qu'elle explose. Ce mec me faisait flipper.
« Je veux bien, merci. »
Il déverrouilla la voiture avant de me contourner subitement. M'ouvrant la portière de mon côté, je m'étais docilement assise sur mon siège dans un silence avant de sursauter au moment où il ferma la porte après mon passage. Déglutissant sur le coup, fis en sorte de m'installer confortablement contre le siège puis attendis qu'il fasse de même de son côté.
« Est-ce que...
Je n'osais pas encore lui parler. Il n'avait pas l'air de vouloir discuter de toute manière.
--Je m'occupe de tout, ne vous inquiétez pas, m'annonça-t-il d'une voix dangereusement calme. »
Hochant de la tête de haut en bas, je finis par placer mon regard sur la vitre à mes côtés afin d'observer le paysage extérieur. Tandis qu'il défilait sous mes yeux, je réfléchissais à un moyen de lui enlever ce poids. C'était aussi de ma faute, j'avais été négligente. Mais j'avais besoin de savoir ce qu'il se tramait réellement. Son père et lui avaient l'air d'avoir une relation étrange, sa famille semblait l'être tout autant et plus ma curiosité était attisée, plus je craignais le pire.
« Liam ?
--...
--Qu'allez-vous faire ?
--Ne vous mêlez pas de ça Rebecca.
--Pourquoi ?
--Faites ce que je vous demande de faire.
--Vous n'êtes que mon Boss, monsieur Greyson.
--Et je vous ordonne, en tant que votre patron, de ne pas vous mêler de cette affaire ! s'écria-t-il brusquement en s'arrêtant devant un feu rouge.
Mon visage se tourna vers lui avec une lenteur calculée, relevant ma paire de lunettes sur mon crâne, mes yeux cernés se posèrent sur lui.
--Je suis en droit de savoir ce qu'il se passe et se passera à l'avenir. Le premier suspect dans la liste n'est autre que moi, à votre avis, devrais-je rester les bras croisés en attendant qu'on m'emmène derrière les barreaux ?
--Personne ne vous mènera en prison, siffla-t-il entre ses dents, le regard posé droit devant lui.
--Croyez-vous que j'ai confiance en vous ? »
L'atmosphère devint très vite pesante et je vins très vite à regretter mes paroles. Alors que j'avais dans l'intention de détourner mon regard de l'image que j'avais de lui, je voyais son profil, j'avais aperçu la ligne de sa mâchoire carré et j'en avais conclus qu'il n'était toujours pas aussi tendu que depuis qu'il était rentré dans le bureau de son père. Il tourna sa tête dans ma direction et soutint le regard que j'avais posé sur lui, sur le moment, je pense que c'est moi qui allait céder et ne pas pouvoir le soutenir. Il y avait une expression dangereuse dans son regard, et ses pupilles noires me donnèrent l'impression qu'il pouvait m'emprisonner à l'intérieur.
« Dans ce cas-là Becca, placez-là en moi. C'est la seule chance pour vous de me laisser vous sortir de là. »
Fut-ce les seules paroles qu'il eut envie de me dire avant de me demander d'un seul regard de ne plus continuer cette conversation. Détournant le mien, le cœur battant et la respiration saccadée, j'avais fait en sorte de ne plus le regarder dans les yeux. Il arrivait à aspirer toutes mes pensées les plus saines, avait le pouvoir de ne me donner que la chance de respirer en sa présence...Ce mec puait la puissance à pleins nez.
Cet homme...ce n'était pas mon Boss.
****
Le déni était une chose que certains avaient du mal à apercevoir. Notamment, si cela nous concernait personnellement. Après que Kyle nous ait quitté, je n'avais pas été la seule à refuser le fait qu'il ne soit plus de ce monde. Cependant, contrairement à sa mère, après deux ou trois mois, j'avais accepté avec quelques difficultés qu'il ne soit plus à mes côtés. Fixant l'image devant moi, je restais immobile tout en esquissant un petit sourire forcé à Katherine qui me répétait toujours et encore la même chose lorsque nous regardions l'album de Kyle :
« Il va sans doute te demander ta main cette année, ne t'inquiète pas, son travail l'a toujours occupé...enfin jusqu'à ce qu'il te connaisse. Du sucres dans ton café ma puce ?
--Non...Non merci, lui répondis-je en tournant la page de l'album. »
C'était une période que je n'avais jamais aimé.
Comme à son habitude, elle s'était levée du canapé en cuir et était partie me faire du café, me laissant avec l'album photo de Kyle. Notre album photo. J'avais eu des difficultés à me séparer de cet album et à chaque fois que je revenais, elle me demandait de le reprendre avec moi, ne sachant pas la raison du fait que je le lui avais donné il y a quelques temps.
Je n'arrivais juste pas à supporter le fait qu'il était parti.
« As-tu de ces nouvelles ? Je suis sa mère et il ne daigne même pas m'en donner. Sa vie à Los Angeles doit beaucoup l'occuper...
--Certainement. »
La dernière fois que j'avais tenté de lui dire que Kyle était mort...
Comment oses-tu dire ça ? Comment peux-tu même le dire ? Il ne l'est pas, tu m'entends ? Il n'est pas mort !
La gifle qu'elle m'avait assenée m'avait rendu incapable de faire un seul son. Pas même Tony n'essayait de la raisonner, nous ne pouvions pas le faire. C'était terminé, son chagrin ne nous en donnait pas la possibilité. Le médecin nous avait demandé de la laisser croire que son fils ainé était encore en vie. C'était pour le mieux, c'était ce qu'il nous avait dit. C'était pour le mieux...
« Tu as encore des affaires à New York.
En gros, cela voulait dire : passeras-tu encore me voir ?
En entendant le plateau se poser sur la table basse devant moi, j'avais refermé l'album et l'avait déposé prudemment à côté de celui-ci. Elle suivit mon geste de ses yeux verts et avait élargi son sourire.
--Je ne reste que pour quelques jours, j'ai beaucoup de rendez-vous avec les partenaires et investisseurs de l'entreprise.
--Oh je vois... »
Katherine s'assit à mes côtés et plaça ses cheveux châtains en arrière de son crâne, elle ramena près de nous le plateau où était disposé deux tasses et une assiette de gâteau. Elle me remit une tasse de café en mains propres puis se saisit de sa tasse de thé Darjeeling.
« Tony n'est pas là ?
--Oh si ! Il doit être dans le garage... »
En parlant du loup, je le voyais arriver par la porte du salon. Il se lavait les mains avec un chiffon tacheté d'essences et avait un accoutrement de garagiste. Des grosses bottes marron et une salopette en jean avec un T-shirt kaki juste en-dessous.
« Tu sais, il rafistole sa vieille carcasse. Depuis le temps qu'il aurait dû s'en séparer !
Il piqua d'un geste vif un petit gâteau dans l'assiette et avant de l'enfourner dans sa bouche, il répondit à sa femme :
--Quand tu te sépareras de ton vieux matou, on en reparlera.
J'avais esquissé un petit sourire en entendant Katherine lui répondre :
--Comme s'il te dérangeait.
--Non, bien sûr que non. Ses poils dans mes vêtements, mais à part ça...
--Tu ne dis pas bonjour à ta belle-fille, crâne d'oeuf ? Kyle n'a encore une fois, pas pensé à l'accompagner ! »
Oui, parce que Tony était chauve.
Il posa son regard sur moi avant de pousser un petit soupir. Il savait que j'avais toujours du mal à accepter le fait qu'elle soit totalement dans le déni. Mais c'était dur. Dur de tourner la page, dur de ne pas passer les voir plus souvent, dur d'oublier mes souvenirs avec lui.
« Comment vas-tu Rebecca ?
--Je vais bien merci et vous ? Votre femme ne vous mène pas trop la vie dure ?
--Oh, tu connais Kate...Parfois elle est charmante, et parfois...
--Tony ! s'exclama l'intéressée. »
Nous en avions ri ensembles, jusqu'à ce que nous nous rendions compte que nous n'avions plus rien à nous dire. J'avais toujours peur de faire une gaffe, de l'entendre pleurer ou hurler que mes paroles n'étaient qu'une toile de mensonges. J'essayais de placer un sujet de discussion dans notre conversation, mais, et Tony, et moi le savaient...Tous les sujets convergeaient vers Kyle.
Ce devait être dur pour lui, mais il m'avait dit qu'il le supportait beaucoup mieux depuis qu'elle en parlait, au départ ça avait été dur...Très dur, jusqu'à ce qu'il en prenne l'habitude et accepte de son côté que Kyle ne soit plus de ce monde. Katherine avait toujours été sensible, il avait toujours fait en sorte de mesurer ses mots avec elle et ce depuis le début de leur relation, alors c'était facile pour lui de vivre avec elle aujourd'hui.
« Je...Je pense que je vais rentrer, je suis encore épuisée par le trajet vous savez...
--Oh oui, vas-y, nous ne voulons pas te retenir.
Lorsque je m'étais levée, déposant ma tasse à moitié vide sur le plateau, j'avais écarquillé des yeux et m'étais légèrement éloignée de Katherine qui s'écria sur le moment :
--Oh non, je voulais te demander des nouvelles de Kyle et-...
--Kate, laisses-la rentrer.
--Mais Kyle-...
--Kate !
Je n'avais pas pensé à intervenir entre eux. Je n'avais pas la force de le faire. Et puis Tony savait comment gérer sa femme et ses crises alors je préférais rester en retrait.
--Bien...Je suis désolée...Je...
--Merci Rebecca d'être passé, me dit-il avec un sourire triste qu'il effaça rapidement de son visage.
Je n'avais pas osé regarder Katherine, elle devait être juste perdue et attristée. Dans l'incompréhension aussi. La dernière fois que j'avais fait l'erreur de la regarder, j'avais vu toutes ses émotions traverser son visage ce qui m'avait serré le cœur.
Après avoir repris mes affaires dans le couloir, j'avais hésité à les saluer tous les deux mais m'étais figée en voyant la scène sous mes yeux. Tony était accroupi devant sa femme et la consolait tandis qu'elle lui répétait ses mêmes mots : pourquoi n'appelle-t-il jamais ? Pourquoi ?
Quittant leur foyer, je m'étais élancée dans la rue.
« Si vous voulez que je vienne vous récupérer, appelez-moi, m'avait dit Liam. »
Non, je ne voulais pas l'appeler. J'avais juste le besoin de rester seule, avec mes souvenirs et mes pensées. Avec ma douleur...Mais je voulais être seule. Je pense même que faire un petit tour à Central Park ne me ferait pas de mal, c'était le seul endroit qui arrivait à me détendre, en dehors de la plage à L.A.
En rentrant dans la suite après des heures de marches, j'avais remarqué que j'y étais seule. Pas le moindre signe de Liam, il n'y avait personne, rien que moi et seulement moi.
Déposant mon sac sur la table basse devant le canapé, je m'étais dirigée dans la chambre et avait posé mes chaussures à talons aux pieds du lit après les avoir enlevé devant la porte d'entrée. Les habitudes ne changeaient jamais, c'était comme à la maison ! M'enfin, Bad me manquait un petit peu. J'avais l'impression que ça faisait une éternité que j'habitais ici. Passant dans la salle de bain, j'ouvris le robinet pour me faire couler un bain et mit des petites boules de savons qui sentaient les fruits rouges à l'intérieur. La mousse, pleins de mousses...Je voulais beaucoup de mousses ! Alors j'en mis la moitié du bocal transparent dedans. De toute manière, la baignoire était immense et j'avais besoin de me détendre.
Retirant mes affaires, je finis par n'être qu'en sous-vêtements, prenant tout mon temps, je les pliai puis les amena dans la chambre et les posa au bord du lit. Je les rangerais dans ma valise après avoir fini de prendre mon bain. Revenant sur mes pas, je fermai derrière moi la porte et poussai un long soupir tout en bougeant ma tête des deux côtés afin de faire craquer ma nuque. Détachant mon soutien de gorge, je le déposai au bord du lavabo plus loin et fit glisser ma culotte sur le sol à ses pieds. Me dirigeant d'un pas lent jusqu'à la baignoire, je m'étais penchée afin de fermer le robinet mais j'eus un instant d'hésitation. Mon regard se porta sur la porte mais je m'étais rappelée l'avoir fermé derrière moi.
Ose rentrer pendant mon bain moussant et je te fais la peau.
Ok, oui, je l'avouais je n'étais totalement pas détendue du tout. Mais ce mec me rendrait un jour ou l'autre hystérique. Rien qu'à penser à lui, mes poils s'hérissaient. Je me décidai finalement de me mettre dans la baignoire en espérant réellement qu'il n'allait pas me déranger en prétextant qu'il avait besoin de la salle de bain.
Allez, détends-toi Becca. On dirait que t'as un bâton dans le cul !
Je crois que je ne haïrais jamais autant une journée que celle-là. J'étais passée de frustrée à anxieuse, puis à déprimée. Je vous le dis, le changement brutal d'humeur m'a fait un choque et le temps que mon cerveau fasse en sorte de le gérer, je réfléchissais au moyen le plus efficace pour ne plus recroiser les yeux de mon Boss sur le lieu de mon travail. Mis à part me crever les deux yeux afin de ne plus avoir à le voir, ou bien...tout simplement changer de boulot. Mais merde, qui me paierait déjà cinq mille dollars ? Me donnerait une voiture de location tout frais payé et ne me discriminerait pas parce que je suis de sexe féminin ? J'aimais ce boulot. Je l'aimais à en crever. Je vivais à travers ce boulot, j'aimais ce que je faisais. Je suis passionnée par mon métier et rien au monde ne pourrait m'en éloigner.
Oui, ça faisait déjà une bonne vingtaine de minutes que je pensais à cette journée.
Fermant mes paupières, je m'étais lentement laissée glisser contre la baignoire afin de mouiller complètement mon corps et d'y immerger mon visage à son tour en prenant une bonne inspiration.
Mon cœur manqua soudainement un bond et mes yeux s'ouvrirent brusquement dans l'eau. Cette impression que mes mouvements étaient lents, que le monde vous coupait de tout oxygène, que ma vision se troublait...C'était ce qu'il était en train de se passer à ce moment-même. Je ne me noyais pas comme dans les films non...Ce n'était pas une mort lente et douce que j'avais.
Elle était brusque. Violente. Je voulais hurler.
Non...Non, je ne voulais pas mourir. S'il vous plait. Je vous en supplie, ne me ôtez pas la vie.
Tandis que cette main se resserrait autour de mon cou comme un étau, que je m'agrippais à celle-ci afin de la retirer, je compris que cette personne était venue déposer un cadavre dans cette baignoire. Tentant de me redresser, battant de mes jambes pour l'éclabousser, je levai mes bras en l'air afin de l'arrêter mais il évitait mes mains pour ne pas que je le touche. J'essayai de m'agripper au bord de la baignoire mais je me sentais glisser à cause du savon. La mousse ainsi que l'eau volèrent dans tous les sens pendant mes efforts, en vains. Cette personne était plus forte que moi.
On me retirait la vie. Et ce n'était pas la mort qui était venu. C'était un meurtrier. Un humain. Quelqu'un comme moi.
Ce qui fut normalement une chose qui devait durer cinq bonnes minutes pour cet enfoiré, dura une éternité pour moi. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Que se passait-il ? Qui était-ce ? Liam... ? Non...Non, pas lui. J'étais certaine que bien qu'il puisse être dangereux, il n'était pas capable de tuer quelqu'un. Pas moi. Non...Qui était-ce ?
Soudainement, je pus attraper quelque chose. C'était du textile, je le sentais. C'était un vêtement. Réussissant à sortir ma tête de l'eau afin de respirer, une main s'écrasa sur mon crâne pour me faire replonger. Au moment où il tapa mon crâne contre la baignoire, la douleur fut vive mais je ne la sentis que pendant une courte durée.
Le choque fut le résultat de ma perte d'énergie.
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