Rebecca



Je t'effraye tellement ? L.


Je ne me pardonnerais jamais cet acte. Je n'avais pas réussi à dormir même lorsque je m'étais allongée sur le canapé. Je sentais encore ses doigts en moi. Son souffle chaud sur mon visage et sa voix rauque s'immiscer dans mon esprit, mon cœur, mon âme même. J'ai toujours su que cet homme était effrayant, maintenant je ne pouvais plus revenir en arrière. C'était tellement stupide de ma part d'avoir fait cela. Et maintenant, je devais résider quelques jours encore en sa compagnie.

Il faut que je me trouve une chambre d'hôtel.

S'il pensait que j'allais rester dans la même suite que lui, attendant plus qu'il me fasse jouir tous les soirs jusqu'à la fin de ce séjour, il se gourd complètement ! Et si j'avais mis mes lunettes de soleils préférés, ce n'était surement pas pour les lui montrer mais plutôt pour lui cacher mes horribles cernes. J'avais oublié de prendre un anticerne avec moi et honnêtement, je n'avais réellement pas l'envie de tirer jusqu'à une boutique pour n'acheter seulement que cela. J'étais tellement épuisée que cela ne servirait qu'à me fatiguer encore plus.

Belle-maman se posera des questions.

Et je n'étais pas prête à lui répondre que je venais de coucher avec un mec engagé ! Ce qui me torturait le plus, c'était de savoir que le gros con en face de moi me souriait, aux anges, comme si ce qu'il s'était passé ne l'avait aucunement dérangé.

Vous avez pris votre pied, pas pleuré.

J'étais franche. Ce qui s'était passé cette nuit, ce fut...incroyable. En fait, je n'avais pas les mots pour décrire ma soirée. Mais j'étais honteuse de savoir que je l'avais laissé faire plusieurs fois en une seule nuit. Que je n'avais pas eu la force de le repousser, mon corps avait parlé pour moi-même. D'ailleurs, je ne l'avais pas que laisser faire, de mon côté je m'étais surprise d'avoir été aussi fougueuse, d'avoir répondu aussi farouchement à ses baisers et d'avoir même fait en sorte de le dominer.

Buvant une énième gorgée de son café, Liam reçut un coup de fil qu'il décrocha immédiatement par la suite. Le suivant des yeux, il s'était levé et s'était penché contre les remparts de la terrasse. Les yeux plongés sur un magnifique paysage, je m'étais adossée contre mon siège et avais croisé les bras devant ma poitrine. Fermant mes paupières, je finis par croiser mes jambes et essayai de respirer calmement. Le comprimé avait fait son effet, mais c'était sa voix qui me surchauffait. Il me rendait nerveuse. Me mettait les nerfs à vifs. Lorsque j'eus réussi à faire le vide dans ma tête, je rouvris mes yeux et sursautai en le voyant tout près de moi, attendant visiblement une réponse à la question qu'il vint à me poser.

« Et bien ?

--Qu'y a-t-il ? demandai-je en me redressant avec lenteur.

Je pris ma veste et la posa le long de mon bras gauche avant de me saisir de mon sac à main.

--Viendrez-vous avec moi ?

--Où ça ?

--J'ai un rendez-vous d'affaires avec l'un de mes partenaires, j'ai besoin que vous veniez.

--Pourquoi faire ? Vous êtes un grand garçon, non ?

--Vous êtes celle chargé des affaires de l'entreprise.

--Et comme par hasard, vous avez besoin de moi. »


Idiote, bien sur qu'il a besoin de moi.

Il esquissa un petit sourire. Vous savez, celui qu'il ne cesse d'afficher lorsque je suis avec lui. Celui qu'il m'avait montré la première fois que nous nous étions rencontrés. Celui agaçant qui vous donne des envies meurtrières.

Et bah c'est lui !

« L'envie de me jeter dans une fosse vous passera, Becca.

--Ne m'appelez pas comme ça.

--Est-ce trop intime ?

--Oui. »

Mes yeux croisèrent les siens, et au vu de l'émotion qui traversa ses pupilles noires, je compris que je venais de le frustrer. Il m'avait clairement dit que nous n'aurions plus qu'une relation professionnelle après l'acte. Il perdit sa bonne humeur et je m'en étais réjouie. Pourquoi serais-je la seule à culpabiliser ? C'était lui qui avait osé faire cela à sa fiancée. Et j'ai fais ça pour ne plus l'avoir dans mes pattes.

« Dois-je réellement vous accompagner ?

--Vous êtes mon employé. »

Comme si cela suffisait !

Ah si, là il me faisait clairement comprendre que le Boss, c'était lui. Que je n'avais pas le droit de lui refuser quoique ce soit et que cela pouvait me couter non seulement mon salaire mais aussi mon boulot ! Grâce au ton qu'il avait employé, j'avais réussi à interprété sa colère.

Un point pour Becca, et un !

Le suivant silencieusement jusqu'à l'extérieur de l'hôtel, je vis au loin une voiture noire qui ressemblait à une Lamborghini Huracán. Le prix de cette voiture équivalait à cinquante mois de salaire avec mes heures sup's ! Mon Boss s'avança jusqu'à la voiture, laissant sortir de là un homme qui lui donna les clés de celle-ci, puis s'en alla à l'intérieur de l'hôtel. Je ne m'étais pas aperçue que mes jambes s'étaient enracinées devant les escaliers de l'hôtel. J'avais juste été fortement intimidé par le luxe que ressortait cette voiture. Il faut dire qu'en étant la fille d'un ancien entrepreneur de voiture de luxe, j'étais assez bien renseignée à ce sujet. Mais papa avait fait faillite, les ventes n'étaient plus aussi bonnes, les clients faisaient trop de crédits et ne les remboursaient pas totalement. Il avait déjà des dettes impayées avant même de s'être lancé dans cette affaire. Il n'avait pas vu les risques et y avait foncé la tête baissée.

Malheureusement pour lui, les clients n'étaient tous pas des riches hommes, bien que L.A en ait des centaines, rares sont de ceux qui connaissaient l'affaire de mon père. Certes, à la fin, j'ai cru que nous allions finir par ne plus pouvoir gérer nos finances et ces dettes énormes sur notre dos, cependant un acheteur nous avait fait une belle offre. C'était un ami de papa, il avait toujours travaillé dans le commerce et sachant qu'il lui en devait une, il avait décidé de l'acheter pour la totalité de nos dettes. Notre famille sera toujours redevable à la sienne. Celle-ci s'est installée à New York après l'ascension de ces nouvelles affaires.

Raison du départ ? Scandales.

A cause de qui ? La petite fille chérie.

Elle avait un ou deux ans de moins que moi, mais Karina pouvait faire preuve d'une grande immaturité lorsqu'elle le voulait. Parce que son mec l'avait plaqué, elle s'était jetée sur un investisseur, le partenaire de son père, et le père même du gars qui avait rompu. Je ne vous dis pas le problème qui en était ressorti ! Mais cela fait depuis quelques années déjà que je n'entends pas beaucoup parlé d'elle, je ne sais pas ce qu'elle est devenue et je n'en ai pas du tout envie de le savoir !

« Vous vous êtes décidés ? lança Liam, immobile devant la voiture, la portière ouverte.

--J'arrive ! »

Descendant précipitamment les escaliers, je m'avançais jusqu'à lui d'un pas mal assuré, sachant que je venais tout juste de sortir de mes réflexions. En bref, voilà pourquoi lorsque je vois des voitures qui coutent des milliers de dollars, je reste assez perplexe. Quand certains doivent travailler dur pour ne serait-ce qu'acheter une clio, d'autres se payent des Lamborghini.

Ainsi va la vie !

« Où va-t-on ?

M'installant sur le siège passager, bouclant ma ceinture, je m'affaissai confortablement contre le siège en cuir avant d'arranger ma coiffure.

--Vous le saurez bien assez tôt. »

Il démarra la voiture mais ne mit pas sa ceinture. L'avait-il oublié ? Mon regard se porta sur sa ceinture au loin puis sur son torse. Commençant à conduire, il remarqua bien après avoir tourné à un angle et étant à présent devant un feu rouge, que je l'observais silencieusement sans dire quelque chose.

« Qu'y a-t-il ?

--Rien.

--Pourtant vous ne me lâchez pas du regard.

--C'est faux.

--Vu depuis le temps que vous me regardez, lunettes ou pas, je ne suis pas assez débile pour ne pas remarquer que votre regard est porté sur moi.

--Votre ceinture.

Il haussa un sourcil interrogateur et tourna sa tête vers moi, tapotant du bout des doigts de sa main gauche sur le volant. Visiblement, il pensait que je venais de lui faire une petite blaguounette et que j'allais en rire par la suite.

--Êtes-vous sérieuse ?

--Non, je plaisantais, haha, j'aime faire ce genre de blague à tous les conducteurs, lui avais-je répondu en haussant un sourcil à mon tour.

Non, je suis très sérieuse pauvre idiot.

--L'ironie dont vous faites preuve me laisse à croire que vous l'êtes.

--A votre avis ? lui lançai-je alors en levant les yeux au ciel.

--J'aime vivre dangereusement, me fit-il brusquement. »

Je ne lui répondis pas. Je ne préférai pas le faire. Il voulait vivre dangereusement, cool. C'est bien, s'il voulait des sensations fortes c'était son problème, pas le mien. Liam n'était pas du genre à impressionner les femmes, de toute manière il n'en avait pas besoin pour le faire. Il fallait juste le voir pour le savoir. Ce mec était entouré de charismes, tel un papier cadeau, et à l'intérieur, il était aussi dangereux qu'un fondant au chocolat.

Et dix kilos en plus, et zou ! Tout d'un coup !

Non sérieusement ? Ce mec n'était pas quelqu'un avec qui l'on pouvait vivre une véritable relation sans que nous nous fassions piétiner notre cœur, notre corps ou notre âme.

Amen mes sœurs, je ne suis plus dans ce lot !

Enfin je crois.

« Cela vous surprendrait-il ? me demanda celui-ci après que le feu ait passé au vert.

--Non.

--Pourquoi ?

--On doit toujours mourir de quelque chose.

Son rire se répercuta brusquement contre les vitres de la voiture, de mon côté, j'avais placé mon regard sur la route devant nous.

--Sérieusement, qui allons-nous voir ?

--Pourquoi voulez-vous tant le savoir ?

--Lorsque je négocie avec quelqu'un, je fais en sorte d'avoir toutes les informations le concernant en ma possession, ça me permet d'établir une stratégie d'approche avec la personne.

--Je ne vois pas en quoi cela vous serait utile de savoir qu'il ou elle aime le rose ou possède une maison à la campagne.

--Justement, ces quelques éléments révèlent des traits de personnalité de la personne qui vous aidera à mieux la cerner. Dans le commerce, vous trouverez alors ses attentes au vu du projet ou du produit que je lui proposerai.

--Avez-vous fait des études de psychologie ?

--Seulement deux ans. »

Il fut silencieux. Mais je me suis aperçue après que je le lui ai révélé cela qu'il avait été surpris et impressionné. Impressionné, je ne suis pas certaine, mais surpris, oui...Il l'était. D'ailleurs, je pense qu'il ferait beaucoup plus attention à ses paroles ou à ses agissements s'il sait que j'ai une certaine facilité à cerner les gens rien qu'en les écoutant et les observant.

« Alors ?

--Nous allons rendre visite à mon père.

--Quoi ?! m'étais-je soudainement exclamée en me redressant du siège.

Il tourna son regard sur moi, voyant que j'étais assez perturbée par sa réponse, il le reposa sur la route et me demanda :

--C'est à propos de cette affaire. »

Et quand il parlait de cette affaire, c'était bien celle qu'il m'avait assignée. Celle dans laquelle je devais jouer Sherlock.

« Détendez-vous, je suis certain que vous vous entendrez bien.

--S'il a le même caractère que le vôtre, j'en doute.

Ses lèvres s'étirèrent indubitablement à mes dires.

--Mon frère et mon père ont un caractère similaire, le mien est légèrement différent. On m'a toujours dit que je ressemblais en tout point à mon grand-père.

--Vous avez un frère ? »

Je n'aurais jamais imaginé qu'il en ait un. Je pensais qu'il était fils unique, pourri gâté et de cela, j'avais une explication à son côté arrogant. Surtout que j'avais pu comprendre pourquoi il croyait sérieusement que toutes les femmes seraient à ses pieds en quelques paroles.

« Un petit frère. »

J'opinai alors de la tête sans relancer la discussion. Mon cerveau était en train de faire une sorte de modelage du mini-Liam. Mais je n'arrivais vraiment pas à savoir quel tête il aurait ni même son caractère.

« Comment est vôtre père ?

--Il...est plutôt audacieux. Toujours confiant et assez sociable. C'est un homme à qui "non" n'est pas dans sa liste de vocabulaire surtout. »

Pourquoi pensais-je subitement à ce débile ?

Oui, je parlais bien de l'ami de Sebastian qui lui avait servi de témoin et avec lequel j'ai eu le plaisir de converser, tout en lui écrasant les pieds.

« Avez-vous assez d'informations à présent ?

--Hum...je ne pense pas, mais lorsque je le verrais je pense que je pourrais me faire une idée de qui est l'homme qui vous a...

Je le regardais de haut en bas avant de laisser passer entre mes lèvres avec une petite moue :

--...conçu.

La voiture ne bougea plus. J'en déduisis que nous étions arrivés à destination.

--Techniquement parlant, ma mère serait plutôt celle qui l'aurait fait. »

Il retira les clés du contact et ouvrit sa portière avant de sortir, je fis ensuite de même de mon côté avant de claquer la porte à ma sortie afin de la fermer. Un bruit sourd retentit ce qui ne me permit pas de le voir arriver à mes côtés après qu'il ait contourné sa voiture.

« Je suis certaine que les gènes de votre mère se sous-expriment. Je doute que vous auriez été ainsi sinon, avais-je répliqué en repensant à l'irrespect qu'il avait fait preuve en me sautant la nuit dernière.

Le devançant de quelques pas, je m'étais alors figée en l'entendant me dire :

--Dans ce cas Rebecca, tu es dans le même cas que moi. Refuser était l'un de tes innombrables choix. J'espère que tu le savais, n'est-ce pas ? »

Ma bouche s'ouvrit en grand, je restais bouche-bée par ses paroles.

Quel salop !

Le choix ? Quels choix avais-je entre lui accorder seulement cette nuit et ne plus rester dans sa ligne de mire...et celui de le snober et de me voir pourchasser par cet homme sans scrupules ?


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