Rebecca


Tu veux t'échapper mais c'est trop tard. L.



Encore un peu et je lui aurais planté ce couteau en plein cœur. Mais j'avais joué sur le second tableau. Être classe. Rester classe. Se contrôler et ensuite lui parler. Mais un rire nerveux fit vibrer ma gorge, le son qui en ressortit le laissa perplexe. Il ne savait pas si je riais réellement ou s'il était juste nerveux.

Non, il était vraiment nerveux.

En posant mon regard sur mon alliance, qui n'était autre que celle que j'aurais du continué à porter avant que Kyle ne s'en aille, j'avais relevé mon regard afin de le regarder. Que devrais-je dire ? Comment devais-je réagir ? Oserai-je lui tenir tête une fois de plus ? Il était mon Boss. Une chose que je venais finalement de comprendre. Cependant, il désirait plus qu'une simple relation amicale ou même professionnelle, ce dont je ne pouvais lui offrir. Je vis arriver alors le serveur, qui nous apporta nos plats. Nous n'avions pas pris d'entrées tous les deux.

Ce n'était pas avec leur encas que j'aurais attendu le plat patiemment.

J'avais remercié le serveur d'un petit sourire crispé, avant qu'il ne s'en aille sans même que l'homme devant moi ne lui montre un quelconque signe de remerciement, ce qui ne fit que me tendre encore plus. Il attendait ma réponse, observait chacun de mes faits et gestes et faisait en sorte de ne parler que lorsqu'il avait quelque chose à dire.

« Cela ne me dérange pas de chercher une autre chambre d'hôtel aux alentours. D'ailleurs, j'ai des connaissances.

Il se moqua de moi en riant aussi ouvertement devant moi.

--Vous me désirez et vous persistez à me fuir.

--Je n'ai jamais nié le fait que je vous désirais, mais je n'ai jamais accepté d'être la femme qui assouvirait vos désirs. »

Prenant ma fourchette et mon couteau, je commençais à manger mon plat tout en jetant un rapide coup d'œil au sien. C'était du canard à l'orange. Je n'aimais pas le canard, alors je n'avais pas à saliver devant son plat...Pourtant, il était si bien présenté et cela sentait si bon que je venais même d'hésiter d'aller demander au serveur de m'apporter la même chose.

Un peu de bon sens, Becca. Ne pense pas à ça maintenant !

C'est vrai. Mais si je faisais attention à toutes ses paroles, je finirais par me doper pour m'enlever une migraine atroce.

« Becca ? »

Je levais mes yeux après ma première bouchée puis le surpris me sourire. C'était un sourire sincère.

Je crois que j'ai manqué un épisode, mais je ne sais pas quoi...

J'avalai avec quelques difficultés avant de poser mes ustensiles aux extrémités de mon assiette.

« Je peux savoir pourquoi vous me souriez ainsi ? demandai-je brusquement, légèrement déstabilisée.

--Bientôt vous avouerez vouloir être celle qui satisfera mes besoins.

Le coup de poignard qu'il me planta me fit écarquiller des yeux. Mes lèvres s'entrouvrirent doucement tandis que je le regardai dans les yeux.

--Que dois-je faire pour que vous arrêtiez de me courir après ? Dites-moi ce que je dois faire pour que vous cessiez de me draguer aussi ouvertement ?

--Une nuit. Il me faut une nuit à vos côtés et je vous ferais la promesse que je cesserai de me comporter ainsi avec vous.

--La parole fait un homme. Si vous manquez à votre promesse, j'espère que vous aurez une bonne conscience après.

--Je ne manque jamais à mes paroles. Alors vous acceptez ? »

Accepter ? Il fallait que je troque mon corps pour qu'il me laisse tranquille ?

Vous savez, cette boule que vous avez au fond de votre gorge qui ne vous aide clairement pas à avaler votre salive...Et ce serrement de poitrine aussi. Qui vous serre tellement que vous avez l'impression qu'on vous presse comme un citron. Il me prenait pour une dépravée. Non, Liam Greyson prenait ce qu'il voulait quand il le voulait. Les mots que je lui avais dit ne lui avaient clairement pas servi à quelque chose. Cela rentrait par une oreille et ça ressortait par l'autre. Alors nous n'étions que des pions à ses yeux ? Avait-il au moins un minimum de sentiments pour sa fiancée ?

« J'accepte. »

Une nuit et il m'oublierait. Une nuit qui me hanterait jusqu'à la fin de mon existence. Une nuit où je me sentirais sale en sachant que je serais allée à l'encontre de mes principes. Une nuit et ma vie recommencerait. Il se marierait et je reprendrai ma vie avec Bad et Ana...Day, maman et papa. Une nuit seulement.

« Ce soir alors, me déclara-t-il soudainement au moment même où je m'étais saisie de ma fourchette pour manger une seconde bouchée. »

Cependant, je l'avais relâché doucement sur la table et avais préféré boire le verre de vin devant mon assiette. En le voyant à moitié-vide, alors que je ne l'avais pas touché, j'en avais conclu que l'on devait demander au serveur de venir nous resservir à chaque fois que l'on aurait envie de boire. Levant ma main, lui faisant alors un signe, je lui demandai la bouteille. Liam roula des yeux, surpris mais ne me fit aucune remarque.

« Ce soir alors. »

Le serveur posa la bouteille entière sur le milieu de la table. M'en saisissant, je sentis la main de Liam sur la mienne, me déconseillant alors de ne pas dépasser le taux d'alcool que nous devions ingurgiter en temps normal.

Je tiens l'alcool, pas besoin de me materner.

C'est ce que j'aurais voulu lui dire mais j'étais tellement en colère, écœurée aussi et perdue que je n'avais même pas la force de lui dire quoique ce soit. Me dégageant brusquement de son contact, je pris la bouteille entière et m'en versa le contenu dans le verre jusqu'à ce qu'il soit à ras bord avant de la faire passer dans mon autre main. Ma main droite prit alors le verre que je vins à vider d'un trait.

« Où alors demain... ?

--Ce soir, avais-je répliqué.

--Vous en demanderai-je trop ?

J'eus un petit rire.

--Et bien demander à une parfaite inconnue de coucher avec vous, ce n'est pas trop demandé ?

--Vous êtes mon employé.

--Et en plus de cela, je suis votre employé ! rajoutai-je ensuite en riant une nouvelle fois.

Posant le verre vide sur la table, je me resservis une nouvelle fois sous les regards des autres clients.

--Vous me dégoutez, finis-je par lui avouer. »

Il n'osa même pas répondre. De toute manière, je me doutais qu'il veuille me répondre. Les larmes aux yeux, je commençai à boire mon second verre de vin. M'arrêtant à la moitié, je recommençai à manger mon assiette.

Je ne suis pas faible. Je ne l'ai jamais été. Je ne dois pas l'être.

Si Kyle avait été présent, que m'aurait-il dit ? Aurait-il été déçu ? Il était mon Boss. Je ne pouvais démissionner du jour au lendemain, les offres ne courraient pas les rues depuis quelques temps. Porter plainte ? Ah oui, et avec quelles preuves ? Quels témoins ? Il était PDG, nom de Dieu. Un riche PDG qui mériterait de souffrir au moins milles douleurs pour ne pas se sentir au-dessus des autres.

Il ne pourrait pas me forcer à coucher avec lui. Je savais qu'il n'était pas de ce genre-là...Mais je ne pouvais pas continuer incessamment ce jeu du chat et la souris entre nous deux.

Il avait dit une nuit n'est-ce pas ? Soit.

Je me sentirais, sans doute, honteuse après. Je culpabiliserais. Surement. Je finirais par pleurer à chaudes larmes en repensant à Kyle, à notre relation et à ce qu'il aurait fait de moi après tant d'années...Ce n'était pas la bonne période pour que ce connard de PDG me dise cela. Pas quand je devais aller les voir demain. De toutes les périodes, de tous les jours qu'il aurait pu y avoir...Il a décidé qu'aujourd'hui, que ce soir-même, serait le meilleur.

« Il serait temps que vous cessiez de boire.

--D'accord, maman, lui avais-je ensuite lancé avant de me lever brusquement de mon siège.

C'était déjà mon quatrième. Et j'avais mangé à moitié mon assiette, sans même déguster mon plat puisque mes pensées avaient beaucoup trop divagué.

--Où allez-vous ?

--Dans "notre" chambre. »

Avant même qu'il ne puisse me répondre, je m'étais élancée d'un pas décidé à l'extérieur du restaurant. Suivi de monsieur grande gueule sur mes talons, je me fis brusquement arrêtée près d'un pilier et même plaquée ci-contre.

« Qu'avez-vous ?

Le regardant dans les yeux, je le poussai à me lâcher, puisqu'il m'avait tenue par mes épaules pour me retenir contre ce pilier, avant de lui dire calmement :

--Je ne suis pas une poule de luxe. Je ne suis pas un jeu. Si je ne veux pas de relations avec quelqu'un, c'est bien pour une raison. Tout le monde en a. Tout le monde. Alors respectez-moi un minimum et ne m'obligez pas à coucher avec vous.

--Je ne vous ai pas obligé à le faire.

--Et si j'avais refusé ? Croyez-vous que vous n'auriez jamais eu la détermination de continuer à me faire du rentre-dedans aussi ouvertement ?

Il ne me répondit pas.

--Votre problème, Monsieur Greyson, c'est qu'aucune femme ne vous a jamais refusé quelque chose. C'est qu'aucune ne vous a défié comme je le fais aujourd'hui. C'est que...C'est que vous n'avez jamais réellement aimé une personne comme j'ai pu le faire. Vous n'avez pas vécu cette expérience et vous croyez que l'amour n'est qu'éphémère.

--A quoi bon croire en quelque chose qui disparaitra ? A quoi bon chercher le grand amour quand on sait qu'il finira par s'envoler ? Même vos sentiments disparaissent au fur et à mesure, que ce soit les vôtres ou les siens.

--Non. Croyez-moi, Liam. Je l'aime. Même après ces années. Je l'aime et je l'aimerais toujours. Je l'aime et je le ferais encore et encore. Je le répéterais, devant vous, devant le monde entier s'il le fallait...Oui, je vous désire. Oui, peut-être que lorsque vous me touchez, je ressens des choses. Mais jamais, oui, jamais, ô grand jamais je ne ressentirais ce que j'ai ressenti quand Kyle Patterson me touchait.

--Vous ne me connaissez pas. Je peux vous faire jouir rien qu'avec mes doigts, Rebecca... »

Faisant glisser mes doigts le long de son visage, je l'avais encadré afin de lui sourire froidement. Rien qu'avec ses doigts hein ? Ne comprenait-il pas que tout cela n'était pas un jeu ? Que le cœur, que les sentiments, que les émotions des gens étaient plus importants que son égo d'homme ? Ou même que son désir lui-même ? Que ce n'était même pas une question de désirer ? Je plongeai ensuite mes yeux dans les siens et y vit une telle intensité dans ses yeux que cela m'en effraya presque. Jusqu'à que ces paroles ne sortent de ma bouche.

« Peut-être. Peut-être Liam. Mais il était le seul à qui je pensais jour et nuit. Il était le seul vers lequel je pleurais. Vers qui je passais le plus clair de mon temps. Il était le seul que j'embrassais amoureusement, le seul homme où je criais son seul nom lorsque j'atteignais la jouissance. Il était mon tout, Liam. Il était tout ce que j'avais de plus cher en ce bas-monde. Si l'on m'avait demandée de me tuer pour lui, je l'aurais fais. De descendre du Paradis jusqu'à l'Enfer, pour lui, je l'aurais fais.

Je pris un temps et fermai mes yeux avant de les rouvrir une minute plus tard. Je fis glisser mes mains autour de sa nuque avant de les descendre lentement sur ses épaules.

--Alors Liam. Peut-être que tu seras le seul à me faire jouir avec tes doigts. Mais Kyle avait mon cœur. Toi, tu ne l'as pas. Sans doute, as-tu celui de Jessica...Mais le mien...Le mien... »

Je ne voulus pas finir ma phrase. C'était inutile. Le repoussant doucement, j'avais fais en sorte de me dégager de lui afin de m'éloigner. Je gagnai alors le hall de l'hôtel mais en sentant mon téléphone vibrer, je m'étais arrêtée au milieu avant de regarder l'écran afficher :

Katherine.

Etait-ce un signe pour me dire que je devais rester ferme sur mes valeurs ? Que je devais rester déterminée ?

Je répondis alors en prenant une énorme inspiration. Lorsque je m'étais lentement tournée sur moi-même, au loin, je voyais Liam me dévisager d'un regard. Il était troublé. Au moins, j'avais pu lui faire sortir ne serait-ce qu'une émotion.

« Coucou ma puce, je voulais savoir si tu serais à New York, cette année encore ?

--J'y suis justement, je viens d'arriver il y a quelques heures à peine.

--Tu me diras quand tu passeras ? Tony et moi t'attendons avec impatience tu sais ?

J'avais pris mon front entre mes mains. Oui, cela faisait depuis ses six dernières années qu'ils m'attendaient tous les deux.

--Est-ce que demain, dans l'après-midi ça ira ?

--Super, j'allais justement te le proposer-...

--Kate...Je suis désolée, je suis un peu fatiguée...

--Oh oui, je comprends tout à fait, va te reposer, vas-y. »

Raccrochant à la suite de mes paroles, j'avais enfoncé mon téléphone dans la poche de mon sac à main puis avais regardé au loin Liam, qui s'était doucement rapproché de moi, après que j'eus terminé ma discussion.

« Où est cet homme ? me demanda-t-il brusquement en se plantant devant moi.

Son regard noir et pénétrant fit fissurer mon coeur. Et sa question me le brisa.

--Je ne sais pas.

--Je dois le savoir. Je dois savoir ce qu'il a bien pu vous faire subir pour que vous soyez dans cet état...Dites-le moi.

--Non. »

Pourquoi lui dirais-je ? Qui était-il ? Mon père ? Mon fiancé ? Mon copain ? Personne. Juste mon Boss. Juste un homme qui rêvait de me sauter et qui était juste frustrée que je refuse de me donner à lui.

Il me regarda longuement dans les yeux, mais je soutins son regard. Il n'avait pas l'air d'apprécier le fait que je le défie ainsi. Mais je n'allais pas soumettre, j'étais femme et humaine, il était homme et humain à la fois. Rien ne nous différenciait mis à part nos sexes ou nos statuts. Pour moi, il n'était rien qu'un homme à la tête d'un Empire.

« Rebecca. Ne jouez pas à ça.

Un rire moqueur fusa d'entre mes lèvres.

--Voilà où est le problème.

Il ne comprit pas mes paroles.

--Ce n'est pas un jeu monsieur Greyson. C'est la vie.

--Me tenir tête devrait être normal peut-être ? me rétorqua-t-il en fronçant alors des sourcils.

--Je doute que vous soyez roi, ou empereur. Vous n'êtes pas non plus une divinité. Mais le pire dans tout ça...

--Qu'est-ce donc ? osa-t-il me demander, tandis que je ne voulais plus continuer de parler.

--Même avec ses titres, je ne m'agenouillerais jamais devant vous, avais-je fini par siffler entre mes dents. »

Sa mâchoire se crispa, ses traits durs se tendirent et je sentis que ses nerfs battaient dans ses tempes. Cependant, au lieu d'une bonne réponse bien cinglante. Il m'offrit une chose que je ne m'étais jamais redoutée...Il m'offrit quelque chose de surprenant et qui fit serrer ma poitrine. Quelque chose qui me rendit si furieuse mais tellement vivante que...

Que je n'arrivais pas à savoir pourquoi est-ce que ma langue se mêlait à la sienne. Que lorsque je sentis mes pointes se durcir contre son torse musclé, je m'étais laissée aller contre lui en faisant glisser mes mains autour de sa nuque. Quand il me prit par la taille de l'un de ses bras, tandis que l'une de ses mains avait empoigné ma masse capillaire dans sa paume, je m'étais lovée contre lui en intensifiant ce baiser qui me fit douter de chacune de mes paroles.

Je le voulais aussi ardemment que lui. Je sentais cette chaleur nous envelopper. Son sexe gonflé dans son jean qui se frotta à mon antre humide. Je le sentis glisser son bras afin d'empoigner l'une de mes fesses pour presser mon bassin contre le sien. Et tout ça...Tout ça, je l'acceptais avec un énorme plaisir. Tout ça, j'avais conscience que malgré la haine que je pouvais lui montrer, que malgré tout ce que je pouvais lui dire. Si l'on m'accordait une seule nuit dans ses bras, je savais que je mettrais ma main à bruler pour pouvoir l'avoir pour moi...

« Où est-il Becca ? m'avait-il chuchotée au creux de l'oreille en me pressant contre lui. »

Il ne voulait pas me lâcher. Depuis que nous nous étions vus en ce début de matinée, non, depuis notre première rencontre, je savais qu'il avait toujours voulu sentir mon odeur. Lécher mes lèvres, les suçoter comme il était en train de le faire. Je savais que lorsqu'il m'avait vue, il m'avait désirée et j'avais eu la même envie, le même désir...

Alors lorsque je finis par le regarder droit dans les yeux pour lui dire ces seuls mots. Je savais que la distance nous frustrerait mais que malgré nous, nous ne pouvions faire autrement. Cette fatalité était la cause de ma froideur envers les hommes. Et je n'y tins pas compte lorsqu'il me lâcha doucement de ses bras, sous le choque de cette brutale révélation.

« Il est mort. »

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