Rebecca



Tu n'appartiendras à personne. Mis à part à moi. L.

Visiblement mes paroles n'eurent aucuns effets sur lui. Monsieur s'était placé à notre table, formée par le couple d'Asher et Day, ainsi que les mariés, et enfin moi. Enfin, lui et moi à présent. Je m'étais mise à écouter Dayana discuter avec Sébastian de son projet à l'avenir, quant à Asher il avait un drôle de moyen de montrer que Day était à lui. Rien qu'à lui.

Eh oh ! On ne la caresse pas comme si c'était notre animal domestique, sale taré va !

Anastasia prenait parfois part à la conversation mais elle aimait observer les invités sur la piste de danse, et surtout, oui, surtout, elle avait à l'œil sa mère qui forçait un peu trop sur le champagne.

Un rire assez discret me fit détourner mon visage pour le poser finalement sur le déchet devant moi.

Pas très sympathique comme surnom.

Je n'étais pas d'humeur à ce qu'un autre mec me fout en rogne ce mois-ci. Alors déchet lui conviendrait. Je le regardai longuement mais ni de moi ou de lui ne voulait détourner le regard. Son costume blanc avec cette touche de gris aurait pu, si j'avais été une invitée, me tromper sur l'homme qui aurait épousé Ana. Mais Sébastian avait un costume blanc qui ressortait assez bien, un costume blanc et doré. Drôle de couleur, avais-je pensé en le voyant la première fois, mais il aimait arborer les couleurs de la luxure.

« Becca, tu devrais aller danser avec euh...Jonathan, c'est cela ? Tu donneras envie aux autres couples d'y aller aussi ! lança soudainement la mariée, avec un énorme sourire aux lèvres. »

Et puis quoi encore ? On devait jouer les mascottes aussi ? Je posai mon regard cette fois-ci sur elle en haussant un sourcil interrogateur. Mes lèvres entrouvertes, j'hésitai à lui répondre mais si je m'y risquais de le faire, j'allais être désagréable et c'était son mariage.

Un petit effort, Becca. Kyle aurait apprécié ton geste !

En pensant à lui, j'eus un petit pincement au cœur avant d'abaisser mon regard sur une assiette de diverses et petites collations devant moi. Il aurait été le premier à me proposer d'aller danser avec lui, juste pour que l'on partage un moment à deux. Mais puisqu'il n'était plus là pour le faire, je devais me ressaisir et faire comme si je n'avais pas été touché par son départ.

« Ash-...

--Hors de question, je tiens à mes pieds ! »

Mordillant ma lèvre inférieure, je le fusillais du regard.

Saleté de sportif, comme si toi tu savais danser !

Et comme par hasard, le golden boy, avec son sourire béat, se leva avec une lenteur calculée et fit le tour de la table afin de me proposer sa main. Je le regardai longuement, enfin d'abord sa main après lui, chacun à tour de rôle, ne sachant pas si j'allais réellement accepter de danser avec lui. Finalement, après avoir regardé la piste de danse se vider et Anastasia me regarder avec des yeux de chiens battus, je m'étais dite : Pourquoi pas ?

Ou plutôt, j'écraserai les siens alors.

Il ne préféra rien dire jusqu'à ce que nous atterrissions sur la piste, un carré carrelé sous une tonnelle au milieu du splendide paysage qui le rendait aussi idyllique que dans les films. En jetant un coup d'œil à l'orchestre qui avait pris une petite pause, ils se mirent à jouer un solo, rien que pour nous deux et les quelques couples qui restaient. Ses mains s'aventurèrent jusqu'à ma taille, enfin, l'une d'elle remonta lentement afin de se saisir de ma main que j'avais levé en l'air. Elles s'entrelacèrent toutes les deux mais je fus quelque peu gêné en sentant que sa main descendait un peu trop bas à mon goût.

« Ouch ! »

Il grogna sur le coup de la douleur puis haussa un sourcil en s'apercevant du sourire que j'avais affiché sur mon visage. Quoi ? Bon, ok pour ce coup, j'avais intentionnellement fait glisser mon pied au-dessus du sien. De toute façon, je ne faisais que le prévenir que ces orteils seront en bouillis s'il continuait.

Beau gosse ou pas coco, je ne suis pas prête pour une relation. Certainement pas avec toi.

C'était agréable n'est-ce pas ? Que de garder ses distances. J'étais sûre qu'il n'était pas du même avis, mais quoiqu'il puisse dire ou faire, je n'allais certainement pas me mettre à le laisser me faire du rentre-dedans. Déjà qu'il avait mon numéro, il n'allait pas m'en demander plus. C'est vrai ? Pour qui se prenait-il ?

« Vous êtes vraiment engagés, c'est cela ? me lâcha-t-il soudainement en regardant droit devant lui.

Puisqu'il faisait une tête de plus que moi, même avec mes talons, ses yeux ne se posaient que sur le paysage derrière moi.

--Non, en toute franchise, je ne suis avec personne mais vous êtes un type coriace. Je pense que vous avez très vite décelé mon mensonge, hein ?

Il ne me répondit pas. Je n'étais pas assez bête pour croire que le petit numéro de la fille engagée allait marcher, enfin sur le coup, si...Jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'il n'avait pas du tout cru en mes paroles.

--Vous allez quand même changer de numéro ?

--Certainement pas.

--Alors aurais-je le droit de vous proposer un rendez-vous ?

--Ecoutez Jonathan. Je ne suis pas faite pour les relations.

--Les coups d'un soir me vont très bien vous savez ?

Levant les yeux au ciel, je finis par lui écraser le pied mais il n'émit qu'un drôle de gémissement qui m'amusa.

--Je ne veux pas non plus que cela arrive entre nous.

--Pourquoi pas ?

--Je ne vous désire pas. Très franchement, que ce soit vos yeux bleus, votre peau bronzé qu'on ne voit que dans les films, vos tablettes ou votre carrure...Je ne suis pas intéressée.

Il baissa brusquement son regard sur moi et je fus surprise de le voir autant surpris que moi par cette révélation soudaine. Quoi ? Il n'a jamais vu de femme ne pas le désirer ou c'était bien sa première fois ?

--En désirez-vous un autre ?

Oui, et c'est mon Boss.

--Non.

Oh que non, je ne sais pas pourquoi cette pensée a traversé mon esprit mais ce n'est pas du tout cela.

--Alors-...

J'eus un éclat de rire qui l'arrêta dans sa lancée. Oui, j'étais la première à ne pas l'avoir rembarré de suite comme je venais de le faire. Il s'était tu sur le coup, visiblement dérouté, puisqu'il trouvait cela à la fois étrange et frustrant qu'une femme ne le désire pas.

--J'ai été fiancé par le passé. Et je ne me remets pas de ma rupture, lui expliquai-je alors. »

Jonathan planta son regard au fond de mes yeux et y vit toute la sincérité que je pus lui faire preuve en lui avouant cela. Kyle et moi...Même si cela datait d'il y a six ans. Je ne cesserais, et je le sais, de penser à lui. La souffrance que nous avions tous les deux éprouvés ce jour-là...Jamais je ne pourrais l'oublier, comment le pourrais-je seulement ? Pourtant, j'étais sure que la mienne fut plus douloureuse que la sienne à ce moment-là.

La danse terminée, je me dégageai doucement de lui tandis qu'il restait planté sur la piste sous le choque. Apparemment, lorsque je repensais à Kyle, je ne pouvais pas si bien jouer la comédie que les acteurs de cinéma. Je ne pouvais que leur montrer la souffrance que j'avais eu et avais toujours au fond de mes pupilles. Ce n'était pas une toile de mensonge que j'avais crée, pour que les autres puissent compatir, c'était une fatalité qu'il s'était passé autrefois. Je ne le regrettais pas. Rien de notre relation, je ne la regrettais. Mais je haïssais juste le fait de n'avoir pas su profiter de tous nos moments ensembles. Je pleurais rarement. Même ce jour-là, je n'avais pas versé une seule larme. Pourtant...Lorsque le lendemain, j'étais rentrée au loft et avais retrouvé Bad sur le canapé...

« Vous formiez un si beau couple ! s'exclama Ana en tapant joyeusement dans ses mains. »

Ma poitrine se serra puis se desserra. Mon cœur battait à tout rompre, j'étais sans doute en train de me rappeler de comment cette relation m'avait brisée au plus au point. Aimer faisait mal. Tellement...Qu'aujourd'hui même, je n'arrivais plus à en débuter une nouvelle. Je ne pourrais me relever d'une autre rupture, aussi brutale que celle qu'avec Kyle.

« Une piètre danseuse mais nous avons au moins donné l'envie aux autres d'y participer, non ? intervint le golden boy derrière moi en esquissant un sourire.

Il observa tout d'abord le couple de mariée avant de se rendre compte, avant moi, que Day et Asher avait déserté. Me tournant sur la piste de danse, je les vis tous les deux, se crêper le chignon sur celui qui mènerait la danse.

--Je parie dix dollars qu'Asher mènera, déclarais-je subitement en m'asseyant lourdement sur mon siège.

--Et moi, que c'est la jolie brune, continua Jonathan s'asseyant à mes côtés.

--Et moi que l'un des deux quittera la piste de danse car ils n'ont pu se mettre d'accord, rajouta Sebastian en les observant au loin.

Les minutes passaient, chacun de nous observaient le couple sur la piste qui commençait déjà à danser jusqu'à ce qu'Asher prenne les commandes et que Day ne se plie finalement à sa volonté...

--Dix dollars ! Allez, allez ! réclamais-je subitement en me tournant vers eux et tendant ma main droite afin d'empocher la monnaie.

--Tu devrais plutôt me les donner, finit par dire d'une voix enjôleuse Jon. »

Mon visage se tourna en direction de la piste et...Ah non...Oh merde ! C'est Day qui dirigeait totalement la danse là.

Putain de tigresse qu'elle était celle-là. Pour une fois, un soutien de ta part ne m'aurait pas dérangé.

Tandis que Sebastian chercha dans sa poche de pantalon son porte-monnaie, Jonathan lui refusa d'un signe de tête. Bien que le marié insista, Jonathan fut catégorique. C'était son mariage, il n'accepterait rien de lui. Puis ce fut à mon tour.

« Je veux un rendez-vous.

--Le beurre, l'argent du beurre, et un rendez-vous ? Et puis quoi encore ? Dix dollars, sinon rien.

--Tu paieras le déjeuner. Pour un total de dix dollars, n'était-ce pas convenu que tu me dois dix dollars ? »

Le regardant longuement, plissant mes yeux ambrés, je finis par plonger ma main dans mon sac à main mais n'en sortit que ma trousse et quelques autres bricoles. Bloc-notes, stylo...Ah, je venais de retrouver ma lime à ongles. Et oh, je ne savais pas que j'avais mis mon petit tube de crème Nivea à l'intérieur. Je l'avais cherché de partout.

« Alors ? fit-il en sachant que je n'avais que ma carte bancaire et quelques cents.

--Je choisis l'heure, la date et le lieu.

--Tu as mon numéro, non ? »

Encore un peu et je lui faisais avaler de force mon tube de crème. Mon regard noir le fit rire mais je n'étais réellement pas d'humeur à plaisanter alors il ferait mieux de se la fermer. Ce qu'il fit justement, tout en gardant son sourire qu'il ne prenait pas la peine de réprimer. Il avait peut-être obtenu son rencard, mais il n'allait rien obtenir de plus. J'étais assez directe et je ne me fiais qu'à ma première impression. Ce séducteur ne sera jamais plus qu'un obstacle dans ma vie, rien de plus ni moins.

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