Rebecca



À croquer ! L.


« Ne flippes pas, je m'appelle juste Becca. Enfin, Rebecca. »

C'est ce que je lui avais dis lorsque je l'avais vu pour la première fois. Mon seul compagnon, et le seul que j'ai décidé d'avoir depuis que notre relation avait débuté. Enfin, tant que la mort ne nous sépare pas...encore. A chaque fois qu'il me regardait, je voyais ses yeux pétiller, et à chaque fois que je me réveillais près de lui, je me sentais en sécurité. Parfois, nous sortons rien que tous les deux. Seulement pour nous retrouver seuls. Face à l'océan. Et nous regardons l'horizon et le soleil se coucher. En silence. Nous ne pouvons déranger ce qui se passe à ce moment de notre existence. Et ce dégradé de couleur nous envahit totalement lorsque nous l'apercevons, dans un monde de sérénité face aux troubles du lendemain.

Il ne m'a jamais trahie. Ou quitté. Nous ne formons plus qu'un. Il est là pour moi, il l'est toujours d'ailleurs, et je suis là pour lui. A chaque heure de mon existence.

S'il n'était pas là dans ma vie, je pense que je me sentirais bien seule depuis son départ.

« Bad, j'ai mal. »

Ces mots ne sortent que très rarement de mes lèvres. Mais cet océan de bleu qui m'absorbe me donne l'impression que je me perds. Je n'ai plus de point de repères. Pourtant, j'essaye d'avancer. Seule. Le sable fin, sous mon corps lourd et en sueur, m'apaise légèrement. Bien que je ressente le fait que je pèse dessus. J'avais l'impression de m'enfoncer à l'intérieur. La musique de « Message to Bears », dont le titre était « You are a Memory », se répétait en boucle dans mes oreilles. Et mon cœur saignait toujours à son écoute, comme à cet instant précis.

Me roulant sur le côté, je plissai mes yeux puis le vit s'approcher de moi avec une élégance que je lui avais toujours enviée. Il était magnifique. Il avait ce pelage blanc, qui le ferait sans doute disparaître dans les terrains enneigés, et ses magnifiques yeux bleus si perçants, ressemblaient à la mer des caraïbes en plein soleil. J'adorais lorsqu'il s'approchait de moi avec cette fierté et cette souplesse que sa race possédait naturellement. S'allongeant à mes côtés, sa gueule s'approchant de mon visage, il le sentit et poussa un léger grognement qui voulait tout dire. Je devais prendre une douche.

Fermant mes paupières, j'esquissai un petit sourire mais qui s'effaça rapidement après m'être replongée dans mes pensées. En sentant mon téléphone vibrer dans la poche de ma veste, je supposais que ce devait être ma mère.

As-tu rencontré quelqu'un ? Tu ne donnes plus de nouvelles depuis un certain temps...

Non. Si je vous lisais ce message avec l'intonation qu'elle aurait mis dans ces mêmes mots, ce ne serait pas de l'inquiétude que vous entendrez mais plutôt du ravissement. Comme si mon boulot ne me bouffait pas assez de mon temps libre comme cela.

Un petit gémissement de sa part, et je sus qu'il était temps pour lui et moi de rentrer. Ce n'était pas agréable de s'assoupir sur le bord de la plage, de plus, en sueur. Me redressant avec une lenteur calculée, je m'étirai avant de me lever. Jetant un dernier petit coup d'œil au coucher du soleil, je me tournai vers le husky près de moi qui se tenait sur ses pattes et préférait le regarder au lieu de poser ses yeux sur sa maîtresse. Dire qu'un coucher de soleil avait plus de succès que moi. D'un côté, je le comprenais. Rien n'était attirant chez une fille puant la transpiration et en jogging. Moi-même j'aurais préféré regarder le coucher du soleil que moi s'il y avait eu un miroir me reflétant à cet instant.

Je reçus un second message. Ce qui était devenu habituel depuis quelques temps déjà. Les affaires de l'entreprise allaient toujours bons trains et j'étais celles qui les faisaient avancer. De toute façon, c'était mon métier.

Retirant les écouteurs de mes oreilles, je me mis à lire le premier SMS puis pris du temps pour lire le second. Qui l'aurait cru. Anastasia Hopkins se mariait dans trois semaines déjà. Depuis le lycée, de nous deux, celle qui se marierait en première devait être moi. Elle pensait que les hommes clopineraient devant moi comme un défilé de mode où des mannequins de grandes marques attendraient d'être choisis pour en devenir l'égérie. Mais dix ans plus tard, je figurais sur la BlackList des hommes.

La raison ? Dois-je vous expliquer qu'avec le sexe opposé, je suis une garce froide et égocentrique qui n'hésite pas à les rabaisser. Non par manque de confiance en moi, ou par complexe d'infériorité, loin de là...J'essaie juste de leur montrer qu'il ne suffit pas de belles paroles, d'un corps bien dessiné ou d'une belle gueule pour avoir ce qu'ils veulent, tout simplement. Ce qu'ils n'ont pas l'air d'apprécier. Que grand bien leur fasse, je ne changerais pas ma personnalité !

Je l'étais devenue au fil de mes années au sein de cette entreprise. Les femmes d'affaires ont la réputation de ne représenter que l'image de l'entreprise, pas le niveau intellectuel en son sein. Quoi de plus amusant que d'être celle qui négocie les contrats avec ces machistes ?

Certains pensaient pouvoir me dompter, et ils repartaient ensuite la queue entre les pattes. Je les découvrais, par la suite, mariés à des bimbos riches et sans cervelles qui les rendaient surs d'eux. Bien qu'elles aient les formes de Beyoncé, elles avaient le QI d'un poisson rouge. La plupart m'évitait, enfin ceux qui me connaissaient. De toute manière, ce n'était pas mon problème, je me fous de ce qu'ils peuvent bien faire pour flatter leurs égos surdimensionnés de mâles. Tant qu'ils ne me mènent pas la vie dure, je préfère rester dans l'ignorance.

Refermant la porte d'entrée de mon loft, j'enlevais mes baskets tout en textotant avec Ana. Elle m'attendait sans doute de pied ferme ce week-end pour acheter ma robe de demoiselle d'honneur. Je priai intérieurement pour qu'elle ne choisisse pas quelque chose de trop extravagant ou de voyant. Elle avait le don pour confectionner une tenue insolite qui nécessitait toujours qu'on attise le regard des autres.

Comme à son habitude, Bad se précipita sur mon canapé pour s'y allonger en attendant que je lui allume la télévision. Un autre mâle à la maison ? Je pense que Cupidon en a conclu que ce ne sera pas indispensable. Un autre SMS apparut sur l'écran de mon téléphone, Erick. C'était un avocat d'affaires, qui bandait sur Dayana à chaque fois qu'il la voyait en ma compagnie. Elle était aussi une amie du lycée. On s'était perdu de vue juste après l'obtention de nos diplômes mais bien vite nous nous étions retrouvés. Parfois, elle venait prendre un café lors de ma pause déjeuné. Et trop souvent, Erick nous tenait compagnie à ces heures-ci. Les asiatiques étaient à son goût. Surtout si elles possédaient une belle chevelure noire et lisse et avait une peau mate.

Je ne lui ai toujours pas dis qu'elle était fiancée.

Rendez-vous, demain, dix heures dans le bureau du Boss.

Le nouveau PDG était revenu de son voyage d'affaires. Depuis mes six années au sein de cette entreprise, je ne l'avais jamais croisé. Vu, oui. Dans les journaux ou les infos à la télévision. Jamais en personne. Il était sexy à en damner un saint, et le pire dans tout ça, c'était qu'il n'était pas seulement beau, il était intelligent et indépendant. Bien que ses parents possèdent une entreprise familiale depuis des générations, il a quitté son cocon pour créer la sienne. Et cela, en étant à la rue puisque son père lui avait coupé les vivres. A force de côtoyer Kembi, j'avais à peu près toutes les informations concernant mon patron. Elle était ma collègue de boulot, la chef de produit. Si je n'avais pas vu son regard s'illuminer à l'entente de Liam Greyson, je ne serais pas si sure de conclure sur le fait qu'elle devait fantasmer sur lui jour et nuit, avec son poster collé au-dessus de son lit.

D'après son texto, je devais être assez matinale puisque j'avais un rendez-vous avec mon patron. S'il était aussi arrogant que ce dont j'avais entendu, j'allais avoir une sacrée journée de merde. Et c'était peu de le dire en fait puisque demain soir, je mangeais chez mes parents. Et au repas ? Adopte-un-mec.com. C'était le sujet préféré de ma mère, encore heureux que mon père soit trop occupé à laver ses ustensiles pour la troisième fois depuis le début de la soirée. Ma mère est...Comment dirais-je...terrifiée à l'idée que je ne veuille pas me marier, et que je veuille même rester vieille fille avec un chien pour compagnie. Je lui avais répondu qu'elle devait être satisfaite de ma situation, je n'aimais pas les chats. A ce moment-là, je crois qu'elle s'était enfermée dans sa chambre pour pleurer tout en écoutant « My Heart Will Go On » de Céline Dion. Assez mélodramatique, mais on s'y habituait. Comme si ma vie n'avait pas assez de problèmes comme cela. Je devais aussi penser à me marier.

Soupirant, je finis par sortir de ma douche, vêtue d'un long pantalon blanc à motifs de hiboux et avec un débardeur noir, d'ailleurs j'avais même acheté des chaussons à tête de chouettes...Ou de hiboux, m'enfin ces choses se ressemblaient tellement. Accourant jusqu'à moi, à la sortie du couloir menant à ma cuisine ouverte, je vis Bad arriver en grognant.

Moi aussi j'avais faim.

En allant prendre dans le placard des raviolis, j'en versai deux gros bols et les mis chacun leur tour dans le four à micro-ondes puis les ressortit et les apporta jusqu'au salon. J'avais allumé la télévision dans ma lancée lorsque je m'étais dirigée sous le jet d'eau, sinon Bad serait venu me mater sous la douche en attendant que je lui mette quelque chose d'intéressant sous la dent. C'est vrai que bander alors qu'une femme prenait une douche, c'était assez anormal, à moins qu'un mâle ne sache contrôler ses pulsions. Faut dire la vérité, y'a quoi de sexy quand une personne se lave ?

Me mordillant la lèvre inférieure, mes yeux fixèrent l'image que me renvoyait ma télévision. Bon, d'accord, quand c'est Bradley Cooper qui prend une douche c'est plus pareil. Lui, c'est l'exception. Les autres, c'est autre chose ! Je sentis le regard de mon chien posé sur moi. Le croisant, je restai à le fixer dans les yeux. Non, je n'ai rien à me reprocher, rien du tout. Pas la peine de me regarder comme ça, je suis une femme, je n'ai pas eu de relations depuis six ans et d'ailleurs mes coups d'un soir remontent à six mois en arrière.

« Ok, t'as gagné. Par contre, on ne mate pas les miss canines ce soir. »

Ah oui, oui ! Quand c'était le défilé des femelles à la télévision, il grognait bien après la plus belle d'entre elles pour commenter. Et lorsque j'osais faire une remarque, bien qu'elles soient toujours-enfin presque- railleuses, il me fusillait du regard. J'avais intérêt à garder le silence après sinon il me sautait dessus. Assez susceptible comme mâle, mais facile à vivre au moins.

C'était le seul mec avec lequel je m'entendais à la perfection, et avec lequel j'avais une relation fusionnelle. Toujours là pour me protéger en cas de besoin, pour me réconforter et lorsque je rentrais le soir, il m'accueillait chaleureusement. Bon, cloitrée entre quatre murs, c'est vrai que ce n'était toujours pas amusant mais je faisais en sorte de le sortir le plus souvent possible.

Le seul témoin de mon passé, c'était Bad. En quelque sorte, il m'a aidée à remonter la pente. Je lui dois beaucoup, enfin pour un chien. Mais je pense qu'un steak saignant et les miss canines à la télévision, il était déjà plus que reconnaissant.

Quoique ce soir, c'était ravioli.

****


Sandra avait la sale manie de faire attendre les employés dans la fameuse salle d'attente de ceux qui passaient encore leurs entretiens pour intégrer l'entreprise. Cette vieille mégère allait m'entendre ! J'avais une négociation à faire dans les deux heures qui venaient, devais finir de revoir le dossier et le projet ainsi que le cahier des charges, et elle avait trouvé le moyen de me faire patienter avec les...

Mon regard se porta sur une dizaine de stressés. Mon Dieu, et dire qu'il n'y a pas si longtemps que cela, j'étais à peu près comme eux. Sauf que visiblement, lorsque je stressais, je faisais abstraction de tout ce qui était aux alentours de ma personne et agissais comme une sorte de retardée mentale. Difficile à avouer mais véridique, d'après les vidéos d'Ana lorsque j'attendais les résultats de mes diplômes, je réagissais comme une folle venant d'un asile.

Marchant au milieu de la pièce, tandis que la plupart était assis sur les chaises contre les murs. Certains revoyaient leurs CVs, d'autres se faisaient des questions-réponses. La plupart m'observait avec des yeux ronds. En fait, le bruit de mes talons sur le sol alerta les personnes autour de moi, je ne le faisais pas exprès, vraiment, juste que je ne supportais pas de repousser mon planning pour seulement parler avec mon Boss. Bon, ok, c'était mon Boss, mais j'avais des choses à faire, comme passer un contrat pour son entreprise...Vous voyez ce que je veux dire ? Parce que je crois que lui, il ne sait pas encore ce que je fous ici.

« Becca ! Si tu pouvais éviter de les stresser encore plus, commença la vieille secrétaire, qui avait du faire une dizaine de séance de botox pour paraître aussi jeune mais aussi refaite en même temps.

Je m'arrêtai au milieu de la pièce, le regard posé en direction de la gigantesque porte du bureau du PDG. Juste à sa droite se trouvait un comptoir où seulement Sandra y travaillait.

-- Merci. »

Levant les yeux vers l'horloge, juste au-dessus de la tête de la vieille femme aux cheveux bruns, j'avais croisé les bras devant ma poitrine et brusquement, une personne sortit de son bureau. C'était un homme de grande taille, très mignon en plus de ça, et qui avait non seulement l'attitude d'un garde du corps mais aussi la tenue avec. L'oreillette et le talkie-walkie en bonus. Inspirant un bon coup, j'expirai subitement avant de m'élancer précipitamment vers la porte. Ras-le-bol, il sautait sa fiancée ou quoi ? J'en suis sure qu'il ne tiendrait même pas vingt bonne minutes de toute manière. Apparemment, un nombre élevé en pourcentage témoignait que les beaux gosses ne savaient pas faire l'amour. M'enfin, je n'étais pas quelqu'un qui me basait sur des pourcentages ou d'autres écrits mais sur le fait accompli.

« Rebecca !

--La ferme Sandy ! répliquai-je, grandement irritée. »

J'aurai du toquer. Ou attendre. M'enfin, je n'aurai jamais du rentrer de cette manière. C'était assez théâtral, je l'avouais mais c'était la première fois que je réagissais aussi excessivement. C'était de sa faute, un peu de la mienne aussi. Bon, ok, ce n'était pas du tout de ma faute. Il fallait être franc dans la vie et je l'étais. Boss ou pas, je n'allais pas sacrifier un si joli contrat, que j'avais réussi à négocier après m'être autant investi, pour une petite discussion comme celle-là. Mais Liam Greyson était intimidant. Beaucoup trop même. C'était totalement différent de le voir en face à face que sur un écran. Qu'il soit énorme comme ceux des cinémas, ou pas. Je l'avais interrompu en pleine discussion téléphonique avec une personne, ou une affaire, importante, sinon il ne me lancerait pas ce regard si noir et transperçant. Bordel, moi qui avais cru qu'avec des yeux aussi banals que les siens, il ne pourrait me déstabiliser, c'était raté. C'est vrai quoi, presque tout le monde avait des yeux noisette, dont lui.

« Et vous êtes ? »

Sa voix grave retentit dans toute la pièce. J'avais l'impression qu'elle se répétait en écho à cause de la mauvaise isolation des murs, mais en fait cela se passait uniquement dans ma cervelle. Il se répéta, et, en voyant les traits durs de son visage se détendre, je me détendis brusquement puis revins à la réalité. Sa voix grave s'était adoucis et il semblerait qu'il n'ait affiché sur son visage qu'un sourcil levé et interrogateur.

« Votre employé, monsieur. Vous vouliez me voir n'est-ce pas ? lui demandai-je sur le coup en m'approchant petit à petit de lui.»

Il était adossé contre son bureau, juste devant celui-ci en marbre noir, mais plus je m'approchai, plus la vue me semblait plus incroyable encore que sa propre personne. La vue était magnifique le soir, j'en étais certaine. Derrière ces baies vitrées, on pouvait voir à peu près tous les buildings de L.A, d'ailleurs on pouvait apercevoir mon loft d'ici. Et même la plage. Bon, j'essayais juste de trouver un moyen de me désintéresser de lui. C'était incroyable ce que cet homme avait comme sex-appeal. Comme me le répétait Kembi à son sujet, « il fallait le voir pour le comprendre. » Mais comprendre quoi ?
Le fait qu'il dégageait une aura qu'un homme normal ne dégagerait pas.

« Mlle Johannsen, c'est cela ?

--Johnson, lui répondis-je alors en m'arrêtant à une certaine distance. »

Vous savez, celle qui voulait dire, non, je ne rêve pas que vous me sautiez. Si ça avait été le cas je me serais rapprochée de dix mètres de plus jusqu'à le coller, comme le faisait Kembi avec à peu près chaque individu de la gente masculine. Et celle qui voulait aussi dire, je n'ai pas assez peur de vous ou de vos jeux de charmes pour être la victime dans votre jeu. Que ce soit au niveau professionnel ou dans la vie privée, cet homme n'était rien d'autre que mon Boss au sein de la hiérarchie de l'entreprise dans laquelle je travaillais, rien de plus.

Mais merde, un Boss à en tomber par terre.

« Je suis ravi que vous ayez pu trouver du temps dans votre emploi du temps pour venir me voir, mademoiselle Johnson.

--D'après Erick, vous vouliez me parler.

--Oui. »

Je restai quelques minutes, silencieuse, en attendant la suite, mais il ne parlait pas. Jetant de rapides coups d'œil au design de la pièce, je ne vis pas d'horloge m'indiquant l'heure. Bon cela ne faisait que quelques minutes que j'étais à l'intérieur de la pièce, et de mon plein grès qui plus est. Néanmoins s'il voyait que j'étais pressée, il me laisserait partir plus tôt. Enfin je l'espérais car la tension qui régnait dans la pièce me rendait assez anxieuse. Elle était pesante, et étrange. Non, aucunement sexuelle, je pense que je l'aurais reconnu sinon. C'était bestial. Quelque chose de dangereux et d'à la fois mordant. Et ce depuis que j'avais croisé son regard.

« Je voulais vous remercier pour avoir fourni tout vos efforts ces dernières années au sein de mon entreprise, je ne pensais pas trouver une femme aussi-...

--Êtes-vous en train de me virer ? le questionnai-je subitement.

J'espérais que ce ne soit qu'une énorme blague. Il ne put se retenir de rire, mais je ne cillais point. J'espérais que ça l'était, car il allait m'entendre, PDG d'une grosse entreprise internationale ou pas, si son excuse pour me virer était bidon, je n'allais certainement pas me laisser faire.

--Non.

--Pourtant, cela sonnait comme un discours qui, à la fin, réclamerait soit ma lettre de démission, soit mon licenciement.

Se redressant de son bureau, il fit glisser le bout de ses doigts sur le rebord du marbre puis se saisit d'un classeur refermant sans doute le dossier d'un projet, ou mon dossier personnel.

--J'ai été impressionné par le travail que vous aviez fourni ces dernières années, je tenais seulement à vous remercier Rebecca.

--Mlle Johnson, pour vous.

Ses yeux s'agrandirent sur le coup de la surprise. Oui, je plaçais des limites.

Ne soyez pas si surpris, toutes les femmes ne rêvent pas que vous les sautiez.

--Seulement pour me remercier ?

--J'espérais, en effet, que vous acceptiez un autre poste.

--Et c'est la raison de ce rendez-vous. »

Il opina de la tête avant de me tendre le dossier. Il ne bougea pas de sa place, et j'en déduisis que ce devait être moi qui devait m'approcher de lui. Et non le contraire. Après une légère hésitation, je m'étais approchée de lui et m'étais saisie du classeur. L'ouvrant après l'avoir pris, je commençai à tourner les pages et ne comprenais réellement pas en quoi cela concernait mes compétences professionnelles.

« Dans l'histoire, je suis Sherlock et vous, Watson huh ?

Mes yeux se levèrent dans sa direction, ne comprenant pas pourquoi je devrais incarner un espion alors qu'il avait un garde du corps pour lui et dont il devait avoir confiance. D'ailleurs, il était plein aux as, il pouvait monter une organisation d'espionnage rien qu'avec le salaire qu'il touchait par mois !

--J'aurais plutôt inversé les rôles.

--Pourtant, je fais le plus gros du boulot, répliquai-je en déposant le dossier sur le bureau.

Durant ma brève lecture du dossier, il s'était déplacé pour faire face à la baie vitrée lui offrant une vue merveilleuse de la ville. Je le vis par la suite plonger ses mains dans ses poches tout en continuant de regarder droit devant lui.

--Avant que vous n'acceptiez ce travail, je voulais vous dire que je vous ai choisi vous, non pas par rapport à vos compétences particulières ni à votre physique. Mais parce que j'ai confiance en vous.

--Confiance en moi ?

J'en ris moqueusement et ouvertement.

--Vous ne me connaissez pas.

Plan A : Utiliser un moyen de pression, la confiance qu'il place en moi. Mais quand ça ne marche pas, on fait quoi ?

--Peut-être pas assez. Mais je sais que vous ne me trahirez pas.

--Comment le savez-vous ?

--De tout ce qui vous retient dans ce monde, c'est votre travail, Rebecca. »

Je fronçai petit à petit des sourcils, je pouvais toujours chercher une place au sein d'une autre entreprise, ce n'était pas un problème. Lorsqu'il se tourna pour me faire face et posa ses yeux sur moi, je fus légèrement décontenancée par le sourire qui s'était dessiné sur son visage. Un brin arrogant et séduisant.

« Vous êtes passionnés par le monde des affaires. »

Je ne lui répondis pas sur le coup. Il avait raison, je l'étais. L'on m'avait toujours reprochée de faire plus attention à mon travail qu'à ma vie privée. Mais j'étais une perfectionniste, j'aimais que tout soit en ordre et que tout aille dans mon sens. Une maniaque du contrôle, aussi.

Mon travail avait été juste le résultat de mes efforts durant mes années d'études.
Mon travail...Il me permettait de me sortir du quotidien et de ne plus penser à lui.
Mon travail, c'était la seule et unique chose qu'on ne pouvait me retirer car c'était une partie de moi. Ma fierté surtout. Et tout le monde savait que j'en avais une grande !

« N'ai-je pas raison ? me demanda-t-il avec ce sourire que je lui arracherais bien vite si je le pouvais.

Mais j'avais ma petite idée de comment le faire.

--Je suis désolée, mais je n'ai jamais accepté.

Ce n'était pas normal. Son sourire ne s'effaçait pas, pourtant je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert, il suffisait de regarder les lueurs qui traversaient ses yeux. Sauf que là, ils étaient vides d'émotions.

--Ce n'est pas un choix que vous devez prendre Rebecca.

--Sinon quoi ? Vous allez me virer ?

Le voyant s'approcher de moi tout en retirant ses mains de ses poches, me fit reculer de quelques pas en arrière. Je vous l'avais dis, il dégageait à lui seul une aura impressionnante et qui vous écrasait.

--Ne jouez pas avec le feu, Mlle Johnson.

Ah maintenant c'était Mlle Johnson !

--Je ne joue pas puisque je n'ai pas envie d'y bruler mes ailes.

--Vous êtes mon employé, en êtes-vous conscientes ?

--Assez pour savoir qu'un employé ne veut pas dire soumis.

--Mais j'en ai le pouvoir pourtant.

--Légalement parlant, non.

--Et sexuellement ? »

Ma bouche s'ouvrit en grand. Non, je n'étais pas surprise qu'un mec croit qu'une femme puisse être soumise au lit, juste qu'il me faisait clairement du rentre-dedans ce qui m'effrayait beaucoup plus que d'être viré.

Il étira son sourire, et si je n'avais pas levé mes yeux dans sa direction, tandis qu'il n'était juste qu'à quelques mètres devant moi, je n'aurais pas vu cette lueur amusée au fond de ses pupilles. Je fis en sorte de me remettre de ces dires tout en fermant ma bouche et scellant mes lèvres.

Ok, ce mec était très direct.

« Virez-moi, si vous le pouvez. Mais engagez-vous à assumer les responsabilités qui s'ensuivraient par la suite. »

Après mes dires, je m'étais détournée de lui pour quitter la pièce d'un pas mal assuré et précipité. Il était PDG d'une grande entreprise, alors oui, il pouvait se permettre ce genre de choses. C'était même habituel de voir ce genre de comportements sur ces personnes-là, mais c'était décadent de penser que le monde leur appartenait.


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