Liam



Ne m'abandonnes pas...R.



Mes pupilles se posèrent sur chacun d'eux. Enfoncé sur mon siège, je les regardais un à un en me demandant si un jour ou l'autre j'allais regretter mon choix. Mais la vie qu'elle m'offrait valait plus que celle que j'avais eue par le passé. L'on ne choisissait pas sa famille, c'est vrai, malgré tout, je l'aimais telle qu'elle était. Le silence pesant qui régnait dans la pièce ne me dérangeait pas contrairement à ma mère. Ivankov pensait surement que j'allais déclarer la seule chose qu'il attendait de moi, il me regardait avec un sourire que je méprisais depuis que cette balle s'était enfoncée dans sa poitrine. Ce vieil homme assumait pleinement son acte sinon il ne se serait jamais tenu dans cette pièce et ne m'aurait jamais tenu tête avec ce regard victorieux qu'il n'avait aucune honte à afficher.

Après la conversation qu'il avait eue avec Jonathan lorsque j'avais été déboussolé par l'attaque qu'avait subie Becca, il était certain que je serais le seul capable à contrôler cette organisation. Il pensait qu'en écartant Rebecca de cette manière, j'allais me plier à toutes ses volontés mais la chose qu'il avait faite était impardonnable. Je lui avais tout donné. Mon corps, mon esprit, mon âme...en pensant le satisfaire. En croyant que devenir ce qu'il était allait m'aider à survivre dans cette vie. Il avait vu en moi un garçon facile à manipuler et je m'étais laissé faire sans me reprocher les crimes, qui, par le passé, j'avais pu commettre pour lui.

Nerveusement, après que Sasha ait fait les cent pas dans la pièce, en ne sachant comment réagir face à cette assemblée de personnes réunies dans la salle de conférence de mon entreprise, elle s'assit. Elle déglutit péniblement et lança un regard à son fils qui, les bras croisés, adossé contre l'énorme vitrine donnant sur la ville, gardait un visage neutre.

« Tu vas garder le silence encore longtemps ? lança mon père en me fusillant du regard. »

Il se tenait assis, près de ma mère, à tripoter son canif. Il le faisait tournoyer dans sa main avant de le poser à plat sur la table lorsque je finis pas poser mon regard sur lui. Il soutint le mien sans ciller, échangea un rapide regard avec Jonathan et poussa un petit soupir, se détendant.

« Je vais être bref. »

Mes parents se redressèrent de leur siège, attendant visiblement que je continue à parler. Mon grand-père ne détacha pas ses yeux de mon visage, quant à Jonathan, il finit par rejoindre la table afin de prendre place. Finalement, en lançant un regard à Zakone derrière la porte vitrée, il fit signe à un homme d'approcher avec plusieurs documents à la main qu'il récupéra. La poussant de son épaule, il me rejoignit d'un pas lent et déposa le tout devant moi.

« J'ai besoin que vous signez un document.

-- C'est à propos de quoi ?

-- De nous.

-- Soit plus précis Liam, me demanda Jonathan en fronçant petit à petit des sourcils. »

Je finis par poser mes yeux sur Zakone qui distribuait un papier à chacune des personnes ici présentes. Ma mère me regarda, hésitante à vouloir lire le contenu de ce papier, alors que son époux se jeta littéralement dessus afin de savoir ce qu'il en était. Ivankov ne posa son regard sur le document qu'une fois que Jonathan s'exclama que cette décision était absurde.

« Tu ne peux pas prendre cette décision ! s'écria celui-ci en s'étant levé de son siège et secouant vigoureusement la feuille dans sa main. »

Le rire satisfait de mon père s'ensuivit. Il fut légèrement déstabilisé par cette prise de décision soudaine mais opina de la tête en me montrant son accord. J'aurais été surpris qu'il ne soit pas heureux de me voir me retirer de la course.

« ...C'est pour elle ? s'enquit ma mère en joignant ses deux mains sur son visage. »

Sa voix tremblante me serra le cœur. Je savais qu'elle m'avait élevée comme si j'avais été une part d'elle. Qu'elle avait pris soin de remplacer son ainé par moi en me voyant débarquer chez elle. Sasha avait été la mère que je m'étais refusé d'avoir en provoquant sa chute. Je l'avais toujours considéré comme ma mère, une femme importante dans ma vie, bien qu'au fond de moi j'avais toujours su qu'un jour ou l'autre je devrais m'en détacher. Pour son bien et pour le mien.

« C'est absurde. Je ne vais pas signer ça. Tu sais ce que ça veut dire si je le fais ?

--Je te demande une simple signature. Est-ce que cela te tuera ?

--Oui, me répondit-il avec toute l'honnêteté dont il était capable. »

J'eus un petit rire en l'entendant.

Il avait bien joué son rôle depuis le début. Le frère cadet irresponsable dont je devais m'occuper. Un rôle qu'il avait tenu à avoir jusqu'à ce que je lui avoue que cette vie n'était pas faite pour moi.

Je vais finir par me perdre, lui avais-je avoué. Et il m'avait conseillé de revenir et de me reconstruire, avec une femme, une épouse qui bâtira un foyer pour moi.

Une chose que j'aurais à protéger. À chérir. À aimer...

Jessica aurait joué ce rôle à la perfection mais je me voilais la face, je savais que les sentiments que j'éprouvais pour elle, allaient tôt ou tard s'évaporer.

Alors, quand mon grand-père se décida à ouvrir la bouche, ce fut pour la refermer. Une colère sourde faisait vibrer les veines de ses tempes. D'une main, il faisait bouger son stylo de gauche à droite au-dessus des écritures, parfois il relisait la même ligne et j'apercevais sa main resserrer le stylo. Il se mit à tousser plus d'une fois mais n'émit aucuns autres sons. Ivankov ne prit même pas la peine de me regarder qu'il se leva pour gagner la sortie de la pièce.

Bien, c'était la réaction que je voulais de sa part.

Brusquement, je m'étais levé de mon siège attirant l'attention de tous les membres de la pièce. Zakone tourna les talons, devança mon grand-père, en quittant la pièce. Ivan s'était arrêté en m'entendant un bruissement de vêtements. C'était le frottement de mes habits contre le siège. De plus, il y eut le bruit d'une chaise roulante bouger. Ma mère essuya du revers de sa main ses quelques larmes et cligna plusieurs fois des paupières.

Le silence n'avait que trop duré.

« Je ne ferais plus partie intégrante de votre vie. Je ne serais plus un Vaskov à vos yeux et aux yeux du gouvernement. Je déclare qu'au moment où vous sortirez de cette pièce, vous ne serez que des inconnues à mes yeux.

--Tu perds tout pour une simple...fillette ? siffla mon grand-père en me jetant un regard plein de dédain.

Le soutenant, je lui esquissai mon plus beau sourire et lui répondis :

--Ce n'est pas une simple fillette, Ivan, c'est ma femme.

Son visage devint rouge de colère et se retournant complètement vers moi, il agita son bras en l'air en hurlant :

--La mafia a besoin de toi et tu oses tourner le dos à ta famille ?! J'aurais du achever cette femme tant que j'en avais encore le temps ! J'aurais du comprendre que tu étais vraiment le fils de ton père le jour où tu as refusé de tuer cette-... »

Elle m'avait vu faire un crime atroce. Des yeux innocents avaient connus l'horreur en me voyant retirer la vie d'un homme. Et j'avais eu pour mission d'éradiquer tout témoin qui pourrait devenir un danger...Elle avait fini amnésique et avait perdu l'usage de ses jambes. Ivankov m'avait demandé de la tuer, mais j'avais pris pitié d'elle. Cette femme avait assez souffert et j'avais compris la raison de cette haine dans les yeux de James Vandell. Il était seulement venu venger la souffrance de sa sœur...Mais il avait échoué en s'en prenant à Rebecca.

Il aurait pu lui faire du mal, mais je sais qu'il l'avait désiré rien qu'au moment où Kyle lui en avait parlé. Une lueur dansait lorsque James parlait de Becca, et c'était ce qui m'avait mis le plus en colère.

« Signez ces documents, exigeai-je d'une voix dur.

--Je comprends, annonça simplement mon père qui se leva de son siège. Je n'aurais pas tout renoncé pour une femme mais si tel est ton souhait-...

--Ne sois pas hypocrite avec moi, tu n'avais jamais considéré le fait de m'accueillir dans ton foyer, ce n'est que par obligation que tu m'as élevé. D'ailleurs, tu pensais m'évincer la place un jour ou l'autre... »

Il ne réfuta pas mes dires. Ainsi la vérité était telle qu'elle était. Bien que les seules personnes qui m'aiment vraiment soient Sasha et Jonathan, à présent cela m'importait peu de l'avis ou l'affection que me portaient les Vaskov à mon encontre. À vrai dire, j'avais la simple impression de n'être qu'un vulgaire pion sur un jeu d'échiquier.

« Je tuerais cette garce, Liam.

--Touche-là, Ivan et je te tue.

--Tu n'as pas eu le cran de le faire quand j'ai failli la faire sauter ce n'est pas maint-...

--J'ai simplement pitié de toi. Vis autant que tu le pourras mais ça m'étonnerait qu'en cellule tu survivras.

Ses yeux s'agrandirent brusquement en m'entendant. Pensait-il que je ne serais pas capable de vendre quelques informations pour le cloitrer derrière les barreaux ?

--Si tu veux que ton organisation survive, signe ce foutu papier et dégage d'ici. »

Les lèvres scellées, rageusement, il quitta la pièce en hurlant que j'aille me faire foutre en russe. Bien entendu, je savais que par fierté, il ne signerait pas ce papier. Ça m'était égal, en fait. J'avais voulu l'humilier et je venais de le faire.

Il ne contrôlait plus rien maintenant. Ces hommes ne répondaient plus que par moi depuis qu'il avait organisé ce vulgaire kidnapping. Ils avaient découvert qu'Ivan était vieux, faible et pas aussi sain d'esprit qu'ils le pensaient tous. Un leader jeune et puissant, c'était ce qu'ils désiraient tous et Zakone avait réussi à me les apporter au creux de ma main rien qu'en établissant une simple description de ma personne et du travail que j'avais effectué autrefois. Cependant, cela reviendrait à Jonathan et personne ne contestera ma décision.

« Voilà, me présenta ma mère en se levant avec lenteur de son siège afin d'avancer jusqu'à moi.

Elle me montra sa signature et me regarda dans les yeux avec un petit sourire triste. Lorsque je tendis la main pour récupérer la feuille, je finis par l'enserrer dans mes bras.

--Je suis désolé, mais tu es mêlée indirectement à toute cette pagaille et je sais que je ne veux plus rien à voir à faire avec cette vie.

--Tu ne veux plus être connecté à ça...je le sais, me répondit-elle seulement en me serrant plus fortement. Je...suis juste triste que tu es en venu à là.

--J'ai foutu en l'air la vie de Rebecca, c'est le moins que je puisse faire, lui chuchotai-je au creux de son oreille. »

Me rappelant du moment où elle s'était écroulée devant moi, je finis par serrer mes dents.

Nous sommes restés ainsi pendant de longues minutes. Elle s'accrochait à ce dernier souvenir tandis que je profitais de ce moment. J'y avais beaucoup réfléchi, et c'était bien la seule chose que je puisse faire afin de garder mes distances avec cette famille. Lorsque Sasha sera la mère du nouveau parrain, elle sera aussi un moyen de pression.

Me reculant finalement d'elle, celle-ci s'étant écartée rapidement de ma personne afin d'aller rejoindre son mari, qui l'enlaça dans ses bras, je me surpris à avaler difficilement ma salive. Une boule au fond de ma gorge s'était formée lorsque j'avais vu son mari arborer une mine attristée mais c'était seulement parce que sa femme s'efforçait de ne pas sangloter.

Le plus difficile à calmer était Jonathan. Il bouillonnait d'impatience de m'en coller une. Il pensait que la solution n'était pas celle que je vins à avoir pour pouvoir continuer de vivre avec Rebecca, en paix. Mais si je continuais à croire que vivre une vie normale en étant un Vaskov pouvait être possible, j'allais finir par être déçu de ma propre stupidité.

« Tu penses à quoi en faisant ça ?

--Je ne peux plus vivre avec ce poids . Je ne veux plus vivre en pensant que cette famille est en train de pourrir comme j'ai pourri en acceptant de faire du mal.

--Pourrir ? s'exclama-t-il en balançant la feuille sur la table.

--Tu sais très bien ce que je veux dire. Être un Vaskov veut dire de renoncer à ce que tu voudrais être. C'est aussi commettre ce que tu ne voudrais pas commettre.

Il en rit nerveusement.

--Bien. Vis ta vie comme tu le souhaites. En étant juste un Greyson ou un autre homme. Mais je ne signerais pas cela. Que tu le veuilles ou non, je suis ton frère.

--Alors ne t'attends pas à ce que je te salue dans la rue.

--Tu le regretteras.

--C'est impossible de mourir sans regrets. »

Salut à toutes celles qui suivent cette histoire et me suivent, vu que c'est bientôt le nouvel an et que je voulais vous faire la petite surprise de mettre les chapitres de fins le 1er janvier, je me suis dit que ce serait mieux si je finis le livre petit à petit. Du coup, pour aujourd'hui, je vous poste ce chapitre et demain, le suivant et ainsi de suite !

Je suis extrêmement désolée de vous avoir fait patienter jusqu'ici. J'aime avancer mes histoires avant de poster les chapitres et puisque j'en ai d'autres en cours (Bonus:  et des nouvelles qui attendent juste la fin des autres livres pour que je puisse les poster ), je fais en sorte de m'avancer le plus possible pour ne pas à retarder les publications comme je l'ai fait plusieurs fois ! haha <==*Pan*

Sur ce, j'espère que vous avez passé un joyeux Noël et que le nouvel An se passera aussi bien que Noël, enfin pour ceux et celles qui le fêtent !

Merci en tout cas pour vos soutiens, n'hésitez pas à me parler en MP, j'avoue que je réponds là-bas plus vite qu'en commentaires :/

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