Liam
Il faut y mettre un terme. R.
Le point m'indiquait cet endroit. Il clignotait plusieurs fois et cela m'inquiétait fortement puisqu'il n'y avait au milieu de la route qu'un camion de glace. J'étais certain que grand-père ne lui aurait pas fait de mal, mais peut-être que ça avait dégénéré. Peut-être qu'en ouvrant les portes arrières du camion, je la retrouverais morte, ou agonisante...
Me perdant dans mes pensées, je finis par atterrir à devant le camion. Après de longues minutes à rester planter là, devant l'arrière du véhicule, je finis par ouvrir les deux portes et surprit un homme accroché à l'une d'entre elle. L'un d'entre eux faillit se jeter sur moi mais braquant mon arme sur lui, il leva ses mains en signe de reddition et déglutit péniblement à la vue de mon arme. L'autre baissa la tête. Puis ils restèrent silencieux ne voulant pas me forcer à tirer inutilement alors qu'ils avaient simplement voulu se protéger.
« Rebecca...Où est-elle ? grondai-je brusquement en les regardant à tour de rôle. »
Je sentis leurs regards sur moi, pourtant aucuns ne prirent la parole.
Mon cœur battait à tout rompre, j'étais tendu, tellement que je n'arrivais pas à prononcer d'autres paroles que celles-ci. Immobile, les pupilles posés sur eux, je ressentais une envie terrible de les abattre sans aucune once de remords, agacé.
« Elle s'est enfuie, répondit celui qui était attaché et qui avait préféré baisser la tête. »
Enfuie ? Mais où ? Elle n'avait rien sur elle, j'étais certain qu'ils leur avaient tout retiré. En regardant l'homme qui n'avait pas de menottes au poignet, je plissai légèrement mes yeux. Ce visage m'était familier.
« Où est-elle ? lui demandai-je en lui commandant d'un signe de tête de descendre du véhicule. »
Il hésita à suivre mon ordre silencieux mais sachant que j'étais en position de force, il n'essaya pas de me faire patienter plus longtemps. Il descendit lentement, se tint avec quelques difficultés debout puis se tint face à moi, les mains toujours levées en l'air.
« Ivankov nous a demandé de la lui livrer personnellement...Mais elle a réussi à s'enfuir... »
Ma mâchoire se contracta brusquement et je fronçai des sourcils, leur montrant mon mécontentement. Grand-père pensait que c'était un colis ?! Et eux...Ils n'étaient même pas capables de la protéger, de la garder auprès d'eux ? Savaient-ils ce qu'elle risquait à se balader toute seule dans une région qu'elle ne devait pas connaître ? Putain !
Mais c'était de ma faute...J'aurais du répondre à ses questions. J'aurai du lui dire que je n'étais pas clean du tout. J'aurais du lui prévenir certaines choses me concernant. Cela aurait été préférable pour nous deux. Elle avait senti un froid, quelque chose se construire entre nous, une barrière immense l'empêchant de rentrer dans ce monde tout en noir et peint en rouge.
Maintenant, je ne savais pas où elle était, je n'avais plus aucune piste...Je perdais le fil...J'étais effrayé, je ressentais un poids peser sur mes épaules et ma tête qui allait finir par exploser. Les paroles de Vandell me revinrent subitement.
« Qui travaille pour James Vandell ? demandai-je ensuite en les regardant tous les deux. »
Celui qui était menotté échangea un regard avec son complice, mon arme à présent rangé, je me tenais debout, à une distance égale vis-à-vis de chacun d'eux en attendant que le collègue de ce britannique finisse par avouer son lien avec lui.
« Je vais vous dire une chose, commençai-je par leur dire en les regardant à tour de rôle, affichant d'ailleurs un visage inexpressif.
--Si je ne retrouve pas Rebecca Johnson dans les prochaines vingt quatre heures qui suivront, je vous tuerais. Vous dépècerais. Et je nourrirais des loups avec vos boyaux. Mais avant que je ne passe à l'étape trois, lorsque je vous tuerais, je ferais en sorte que vous vous souveniez de moi.
--Je m'appelle David Keller, je suis un agent infiltré qui travaille pour monsieur Vandell, intervint finalement celui qui était menotté. Rebecca nous a leurré au beau milieu de la route et nous a laissé en plan ici. Il n'y a eu aucuns crissements de pneus, pas de voix inconnues, elle est juste descendue et ses pas se sont éloignés dans l'une des deux directions. »
Voilà les paroles qui firent marcher mes méninges de plus en plus vite. Aucuns crissements de pneus, il était clair qu'il me disait qu'aucunes voitures ne l'avaient forcé à s'arrêter, personne n'était venu la chercher non plus, aussi...David venait de m'informer qu'elle avait tout bonnement fui. Brusquement, en rejoignant ma voiture, j'attrapai le GPS et étendis la zone autour du point rouge qui clignotait pour savoir où elle avait bien pu aller.
Il y avait une station essence pas très loin d'ici que je venais de dépasser, la prochaine était à des kilomètres et je me doutais qu'elle en sache quelque chose à moins qu'elle n'ait déjà fait cette route d'innombrables fois. Auquel cas, je vérifierai la vidéosurveillance de la prochaine station. De plus, celle que je venais de dépasser accueillait un petit café juste en face, si deux caméras l'avaient filmé, mieux valait prendre la peine de faire un petit détour.
Reposant le GPS sur le siège passager, je finis par ouvrir mon coffre et contournai ensuite ma voiture pour finir par le soulever. Une fois devant, mes yeux plongés sur le tas de matériel, j'en sortis un téléphone et m'avançai jusqu'aux deux hommes qui affichaient de drôles d'expressions en me regardant.
« Je travaille pour Ivankov, s'écria l'un d'entre eux.
--Et je suis son petit-fils. Tu penses vraiment qu'il en aurait quelque chose à foutre que je te fasse du mal ou pas ?
J'en ris un peu en le voyant reculer de quelques pas, près à décamper mais à moins de se faire écraser par ma voiture, il n'avait pas vraiment le choix. Soit me faire face et mourir courageusement, soit fuir comme un lâche et mourir en se faisant rouler dessus.
--Monte à l'intérieur, lui commandai-je finalement de faire.
Il ne fit pas ce que je lui ordonnai, ce qui m'ennuya grandement. Je n'avais pas que ça à foutre et il le savait.
--J'ai dis monte, repris-je soudainement en fronçant des sourcils.
Il obtempéra rapidement et se dirigea vers l'intérieur du camion. Lorsqu'il fut à l'intérieur, je m'approchai du camion et refermai les portes en ayant le plaisir de constater que ces cons étaient bien obéissants.
--Elles ne s'ouvrent que de l'extérieur, n'est-ce pas ? demandai-je après qu'il fut à l'intérieur. »
Bien évidemment, je parlais des portes du camion, puisqu'ils auraient très biens pu sortir étant donné qu'elles n'avaient pas été verrouillées. Celui qui travaillait pour Vandell hocha de la tête.
Les fermant par la suite en esquissant un petit sourire moqueur, je revins auprès de ma voiture pour prendre place. Installé sur le siège conducteur après ouvert ma portière, je composai le numéro de l'homme de main de grand-père...Mais le numéro n'était plus attribuée ce qui me tendit. Je tentais alors de composer un second numéro néanmoins, de mémoire, je ne me souvenais plus des deux derniers chiffres. Balançant brusquement mon téléphone à côté de mon siège, j'allumai le contact de ma voiture et la démarrai pour faire une marche arrière et appuyai d'ailleurs sur la pédale d'accélération, énervé.
En me dirigeant vers la station que je venais de dépasser, mon téléphone sonna. Le numéro qui s'affichait ne me disait rien qui vaille mais je ne m'étais pas attardé à des conclusions hâtives. En décrochant immédiatement, je collai le téléphone contre mon oreille et attendis qu'un son ne sorte de la voix de mon contact.
Il n'y eut qu'une simple respiration. Puis un raclement de gorge. Une seconde respiration qui me poussa à serrer de ma main gauche le volant, et enfin...
« Elle est avec moi. »
Quand ma bouche s'ouvrit pour lui répondre, il me raccrocha au nez et avec ces simples dires, ma mâchoire s'était tellement contractée que j'étais certain qu'elle allait finir par se briser dans la minute si je continuais à être aussi tendu.
Il ne me laissait pas le choix. Je connaissais cet homme : il m'enverrait les coordonnées du lieu où ils étaient, il m'obligera à lui avouer la personne que j'étais réellement, la dissuaderai de vivre à mes côtés dans ce monde en noir et il finira par avoir ce qu'il voulait. C'est-à-dire, moi, à la tête de l'organisation en sachant pertinemment qu'en perdant Rebecca, je perdais ce dessein d'avoir une famille et une vie normales.
Mon téléphone vibra. En lisant le message qu'il m'avait envoyé, je me souvins que ce lieu correspondait à la planque que j'avais autrefois utilisée pour établir les projets de mes anciens crimes. Ivankov m'avait mis à la tête de la division de nettoyage, Zakone avait pris ma place aujourd'hui et Zerkov avait été son homme de main. Je n'en avais jamais eu. Grand-père m'avait toujours surestimé en pensant m'avoir crée à son image, un foutu religieux qui créait sa propre croyance...Néanmoins, en espérant que je ne tombe pas dans ces sentiments futiles, comme il le disait si bien, il avait échoué à m'en éloigner.
Car Sasha m'avait apporté le manque que je n'avais pas eu la chance d'avoir. Ce fut à cette période-là qu'Ivankov avait décidé de me retirer des mains de mes parents adoptifs. Parce que je m'affaiblissais en portant le poids de ces sentiments.
En m'arrêtant au bord de la route, je finis par frapper de toutes mes forces mon poing contre le volant avant de me prendre le visage. Depuis que j'avais posé mes yeux sur elle, j'avais su que rien ne se déroulerait comme je l'avais imaginé. Et pourtant, je ne le regrettais pas. Je ne regrettais pas d'avoir mis fin à ma relation avec Jessica, de m'être mis à courir après cette femme, de l'avoir fais jouir un nombre incalculable de fois depuis que je l'avais forcé à habiter avec moi....Mais maintenant, je savais que le destin avait été plus fort que moi. Car même si elle m'aimait, me désirait, s'était attachée à moi, Rebecca n'était pas assez inconsciente pour s'accrocher à une vie telle que j'avais aujourd'hui.
Elle était normale. Je ne l'étais pas. J'étais...un homme brisé qu'on forgeait pour le rendre plus fort. Elle était une femme ambitieuse qui rêvait simplement de tourner la page.
En fixant un point vide droit devant moi, j'essayais de me contenter de ces simples souvenirs. De me préparer psychologiquement à la décision qu'elle avait du prendre après qu'elle ait passé de mains en mains, de lieux en lieux et de s'être débattue comme une folle pour fuir.
Me forçant à me remettre en route pour me conduire jusqu'à elle, je me mis à composer le numéro de mon frère qui répondit au bout de la deuxième fois. Je n'avais jamais su lui dire combien une chose pouvait me raccrocher à la vie. Je n'avais jamais pu lui avouer le mal que j'avais pu causer à des personnes. Je n'avais pourtant jamais regretté mes choix, parce que grand-père m'avait toujours assuré qu'en les regrettant, la faiblesse me détruirait.
« Elle est avec toi ? me demanda-t-il directement.
Il y eut un moment de silence.
--Le britannique voulait simplement se venger, Jonny.
--Nous faisons parties de la mafia, il est normal que des hommes veulent se venger.
--Jonny...Elle va me quitter, lui dis-je d'une voix presque désespérée. »
Il ne me répondit pas. Il le savait. Je le savais. Tout le monde savait cela, même Sasha l'avait su en posant les yeux sur Rebecca, en sachant qu'elle avait fait ressortir cet homme, en voyant dans quel pétrin son époux nous avait mis tous les deux. Avoir Rebecca dans la mafia, c'était une faiblesse qui me coutait la vie, et la sienne serait constamment en danger.
« Si maman et moi étions heureux que tu t'engages avec Jessica, c'était parce qu'elle aurait pu te donner une chance de vivre normalement Liam. »
Je sais...
Je sentais une douleur vive et grandissante prendre place dans ma poitrine, elle grandirait même après pour me bruler à petit feu. Cette souffrance signifiait simplement que je subissais une énorme perte dans ma vie.
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