Liam


Ma vie a changé à cause de toi. R.


Les pièces furent vides à mon arrivée. J'en avais déduis qu'elle était encore restée à la soirée et qu'elle avait fait de nouvelles connaissances, ce qui étendrait certainement son influence en tant que chargé d'affaires.

En vidant mon chargeur, j'avais étalé les balles qui me restaient sur les draps du lit et étais resté à les observer pendant quelques minutes.

«Réfléchir engendre de mauvais tirs. Alors vise toujours à cet endroit-là. »

Doucement, je m'étais assis au bord du lit, me laissant porter par l'émotion. J'étais terrifié à l'idée de la perdre, bordel...Moi ? Liam Vaskov, amouraché d'une femme ? Si l'on m'avait dit cela, en remontant six ans en arrière, je leur en aurais ri au nez. Mais c'était impossible pour moi de le faire à présent, la vérité m'avait assenée un sacré coup à la poitrine, me paralysant même. Cela me poussa à de nouvelles réflexions sur mes prises de décisions.

« Regarde ce qu'on fait aux traîtres, Liam. »

Ivankov Vaskov était peut-être l'homme d'affaires le plus craint de la mafia et même des autorités gouvernementales, il suffisait qu'une erreur soit faite pour qu'il dépose finalement les armes. Maintenant que la gaffe avait été faite, il ne restait plus qu'à la dévoiler et j'étais certain que sa peine sera lourde. Très lourde même. Corruptions, blanchissement d'argent, trafics illégales d'armes et de drogues...C'était ce que j'avais décidé de fuir en m'en éloignant. Et c'était ce que mon père voulait à tout prix. Un réseau qui s'étendait des côtes le long du continent américain à celles du continent européen à celui asiatique. La richesse avait pourtant un prix. Grand-père avait décidé de mettre de côté sa famille depuis que sa femme fut abattue devant ses yeux.

Il l'avait cimenté.

Mais il avait eu besoin d'un successeur et sachant que son fils avait manqué d'une bonne éducation, son fils ainé fut celui qu'il avait choisi d'élever comme son propre fils tout en lui apprenant les fils du métier. En résumé, j'étais celui qui devra diriger la mafia à sa mort. Et à vrai dire, maintenant que tout me rattrapait après mes efforts, j'en avais conclu que je ne pouvais plus rien faire.

Me redressant avec lenteur, je m'étais rapproché du meuble face à moi et m'étais saisi de mon téléphone afin de pouvoir contacter Jonathan. Composant son numéro, j'attendis durant quelques secondes puis entendis finalement le son de sa voix :

« Allo ?

--Tu dois retourner à New York, lui commandai-je brusquement.

--Pourquoi ? Tu penses que je foutrai ta relation en l'air avec Rebecca ? C'est pour ça, hein ?

--On a un gros problème, tu devrais aller voir papa pour le lui demander puisqu'il profite de la situation.

--Qu'est-ce qu'il se passe Liam ? finit-il par me demander, d'une voix emplie d'inquiétude.

Sachant que je n'avais pas l'habitude de lui parler sur ce ton ferme et tranchant, je pense que Jonathan commençait à flipper.

--Je ne peux pas vivre cette vie, vous aviez raison, Jon...

--Mais Liam, que vas-tu dire à Rebecca ?

--Elle sera vite mise au courant.

--Quoi ? s'exclama-t-il, sans doute choqué par la décision que j'avais prise.

--Je ne m'amusais pas avec Rebecca ou bien l'utilisait seulement pour mettre fin à ma relation avec Jessica, ou encore pour te montrer de qui de nous deux pourrait obtenir cette femme, Jonathan. Rebecca...

--Je n'arrive plus à te comprendre Liam...Qui est Rebecca pour toi ?

--Je crois Jon, que Rebecca, je n'y arriverais pas sans elle.

Il y eut un silence entre mon interlocuteur et moi. Pesant. Qui voulait dire que je venais de tourner une nouvelle page de ma vie et que j'étais justement en train de l'écrire en ce moment même.

--Ce n'est pas une femme de ce monde, si elle n'est pas comme maman, tu devras prendre sur toi et faire avec.

--Je ne lui ai laissé aucun choix depuis le début Jonathan. Elle ne peut plus revenir en arrière.

--...Tu veux dire que tu comptes te remettre au travail, et quand je dis au travail c'est-...

--Pas au téléphone Jonathan.

--Je viens te voir alors, on en discutera plus posément comme ça et puis Rebecca sera sans doute avec toi. Je détendrais l'atmosphère au moins.

Avant de lui répondre, j'avais pris un temps et lui avais ensuite demandé :

--Tu ne m'en veux pas ?

--Si, bien sur mais la famille passe avant les femmes n'est-ce pas ?

J'eus un petit rire en l'entendant, légèrement détendu grâce à lui.

--Ah parce que Rebecca passe avant moi c'est ça ? reprit-il après m'avoir entendu.

--Tout à fait.

--Et ce n'est même pas sa femme...souffla-t-il au téléphone, parlant sans doute à lui-même.

--Pas encore du moins. »

Nous ne nous étions pas attardés au téléphone. Jon et moi avions toujours pris des précautions concernant la haute technologie. Tout ce qui était puce de géo-localisation, traceurs, ou celles sur écoute, nous avions été briefé à l'époque. Enfin, je l'avais briefé dessus puisque monsieur s'était trouvé une place dans l'organisation et il semblerait que cela lui plaisait d'en faire partie.

Après m'être douché, j'étais resté un long moment dans le salon faisant tournoyer le fond d'un vin corsé dans ma coupe. Y avais ensuite fait les cents pas, frustré qu'elle ne soit pas encore revenue de la soirée. En regardant l'horloge accroché au mur, juste au-dessus de la télévision, j'y avais lu minuit et demi. Passant une main dans ma chevelure, j'avais froncé petit à petit des sourcils et avais décidé de joindre Jaden. Néanmoins, lorsque ma main avait pris le téléphone posé sur le meuble de ma chambre, j'entendis la porte s'ouvrir.

« Becca, j'espère que tu as une bonne raison de t'être aussi longtemps attardé. »

Parcourant hâtivement le long couloir menant au salon ouvert, et avais aperçu Jonathan se tenir près de mon canapé. Mes yeux s'agrandirent sur le coup de la surprise puis je m'étais lentement approché du couloir rejoignant la porte d'entrée.

« Elle n'est pas encore rentrée, c'est ça ?

Secouant négativement ma tête, j'avais contracté ma mâchoire et étais resté un instant immobile au milieu de la pièce.

--Jaden sait peut-être où elle est, tu as essayé de le joindre ? »

Me remémorant brusquement du visage qu'elle avait affiché lorsque je lui avais confié que si une autre femme me faisait le même effet qu'elle me faisait, je ne serais pas contre à passer une nuit à ses côtés, je m'étais raidi sur place. Bordel, j'avais oublié que les femmes prenaient tout à cœur...

ET bordel, t'as merdé Liam.

« Je vais le faire maintenant, je pense qu'elle est pour l'instant furieuse contre moi, lui avais-je répondu en m'élançant alors jusqu'à ma chambre afin de reprendre mon téléphone.

--Qu'est-ce que t'as foutu ?

--Les femmes prennent trop à cœur nos paroles Jon.

Revenant dans le salon, j'avais commencé à composer le numéro de Jaden jusqu'à ce que mes pupilles se posent sur la porte contre laquelle l'on asséna de violents coups.

--T'as invité tes gars Jon ou est-ce que je dois sortir mon Beretta ? lui avais-je demandé en haussant un sourcil interrogateur. »

Il posa à son tour son regard sur la porte d'entrée, retira doucement sa veste en cuir et se saisit de son flingue qu'il avait caché à l'arrière de sa ceinture. Le maintenant entre ses deux mains serrées, il me fit signe du menton que je pouvais aller ouvrir et qu'il tirerait sur tout ce qui bougeait.

Prudemment, je m'étais approché de la porte et m'étais mis à réfléchir sur la situation. J'étais en fait, soulagé que Rebecca ne soit pas dans l'appartement, ça aurait été le clou du spectacle et je pense qu'elle n'aurait jamais pu faire avec. Cette vie. Cette journée...Moi. En posant ma main sur la poignée, j'avais fais un signe à Jon de se rapprocher de quelques pas en avant avec ma main gauche, puis lui avais commandé de s'arrêter afin que je puisse entendre les pas de l'individu s'éloigner.

Une fois que je n'entendis plus rien, j'avais doucement ouvert la porte et avais regardé dans deux directions, celle de gauche et de droite, voyant soudainement disparaitre une silhouette qui avait décidé de prendre les escaliers par la porte de secours au fond du couloir. En avançant d'un pas, je sentis la pointe de mon pied rencontrer un objet. Baissant les yeux sur le sol, j'aperçus une boite en carton emballé sur laquelle l'on avait disposé une lettre collée au nœud papillon.

« Touche pas à ça Liam, me conseilla Jonathan en s'approchant de moi.

Néanmoins je l'avais prise et avais refermé la porte derrière moi.

-- Liam, putain, tu ne sais même pas ce qu'il pourrait y avoir dedans !

--Si on voulait me tuer Jon, on l'aurait fait depuis longtemps. Et je doute qu'on utiliserait pour ça une jolie boite si bien décorée.

Ce qui m'intrigua ce fut le nom qu'on avait écrit sur le dessus de la lettre.

« Rebecca J.»

--Tu ne devrais pas l'ouvrir, vint-il à me dire en me voyant m'asseoir sur le canapé tout en regardant la lettre dans l'une de mes mains.

Jonathan rangea son flingue dans sa ceinture, puis retroussa les manches de son pull blanc et s'avança jusqu'à moi.

--C'est à Becca...Tu ne penses pas que tu devrais le laisser dans cet état ? Si elle apprend que-...

--Elle n'en apprendra rien, et je compte sur toi pour ne rien dire, finis-je par lui dire en jetant l'enveloppe sur la table basse et ouvrant la boite en tirant sur les extrémités du nœud papillon bleu nuit ».

Soulevant le couvercle, je finis par me questionner sur le contenu de cette boite. Peut-être que je n'aurais jamais du ouvrir son cadeau. J'espère que cela ne la contrariera pas, du moins, que sa colère lui passera en apprenant que j'avais osé voir le contenu de la boite sans son consentement.

En la posant sur la table basse, je m'étais levé et avais poussé un long soupir, agacé qu'elle ne soit toujours pas rentrée à cette heure-ci.

« Liam, souffla mon frère d'une voix étrangement faible. »

Le regard rivé sur l'intérieur de la boite. Mon regard suivit immédiatement le sien et ni lui, ni moi, n'avaient prévu que ce genre de chose se produise. En serrant des dents, j'étais resté à regarder la vidéo défilée tout en regardant ce que l'on me montrait d'elle.

« Tu crois...commença mon frère sans avoir la force de relever son regard de l'écran de la tablette. »

Brusquement, mon regard se posa sur la lettre et je compris que ce cadeau n'était pas adressé à Rebecca, mais que c'était simplement un moyen de pression qu'ils avaient à présent sur moi. A ce moment-là, les engrenages dans mon cerveau se mirent en marche et divers mécanismes s'enclenchèrent. Comme le fait que tuer ne serait plus un problème pour moi. Plus depuis que je l'avais vu dans cet état.

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