Liam
Je t'ouvre mon cœur, et ça me fait peur. R.
Je rentrai dans la chambre directement après avoir longé le petit couloir qui donnait sur deux portes, celle de la salle de bain et de la chambre luxueuse qui nous attendait. Après avoir raté mon coup, la veille, j'espérais me rattraper en la faisant jouir toute l'après-midi. Néanmoins, au lieu de me suivre comme je le pensais, je l'entendis s'exclamer dans mon dos :
« Mais c'est un hôtel sur l'eau cet engin ! »
Me tournant, je la vis se tenir à l'autre bout, sur le seuil de la porte, regardant à l'intérieur de la salle de bain. Il y avait une douchette en face de la baignoire triangulaire, placée dans l'un des coins, si je m'en souvenais bien, de plus il y avait deux lavabos contre l'un des murs avec un long miroir accroché contre celui-ci, juste au-dessus.
Elle qui voulait paraitre classe, c'était raté.
Bien évidemment, après la biographie que je lui ai faite de Jessica, toute autre femme aurait réagi de la même manière qu'elle. Se sentir gênée, oui. Et ensuite, tenter d'être à la hauteur des attentes que je fixais aux femmes, puisque j'avais vécu aux côtés de la femme parfaite. Cependant, ce que Rebecca ignorait, c'était que je l'appréciais comme elle était. Malgré le fait qu'elle venait de me surprendre en me parlant aussi familièrement, j'avais l'impression qu'il n'y avait plus ce malaise qu'elle ne cessait d'installer entre nous.
Je savais que cette femme était forte. Je savais aussi que depuis le début de notre relation, Becca continuait de placer des barrières entre nous. Néanmoins, il suffisait que ma peau rentre en contact avec la sienne pour que je la sente frissonner.
En la rejoignant rapidement, je me tins derrière elle, au milieu de la pièce, en attendant qu'elle veuille bien détacher son regard de la gigantesque baignoire pour le placer sur moi. Pivotant sur elle-même, elle releva légèrement son visage et me regarda avec un petit sourire.
« Tu n'as pas encore vu le jet. »
Elle leva son index et cligna plusieurs fois des yeux, déstabilisée. Rebecca ouvrit la bouche pour me parler, mais la referma en abaissant en même temps son index. Cela dépassait sans doute son entendement. Elle me contourna une fois qu'elle eut repris ses idées, et se dirigea en direction de la chambre qui nous attendaient, et ce, depuis ce matin. Dépassant le pas de la porte, je la refermai doucement derrière moi, en la suivant ensuite du regard. Elle s'assit au bord du lit aux draps soyeux et dorés, puis plaça son regard sur moi comme interloquée.
« Tu m'as emmené ici pour m'impressionner ? finit-elle par me demander, haussant un sourcil interrogatif.
--Un tour en mer ferait fondre n'importe quelle femme, surtout si elle est sur un yacht luxueux.
Son sourire illumina son visage. Durant un instant, elle resta à me regarder droit dans les yeux et je me demandai si elle ne cherchait pas à savoir à travers mes pupilles noires, qui j'étais réellement.
--Il suffit d'être avec la bonne personne sur un yacht luxueux, pour pouvoir profiter de ce tour en mer.
M'avançant prudemment jusqu'à elle, je l'aperçus se relever avec lenteur comme pour s'apprêter à me fuir.
--Suis-je la bonne personne ? lui murmurai-je d'une voix rauque en m'arrêtant juste devant elle.
Sa respiration se coupa, tandis que ses lèvres s'entrouvrirent sur le moment. Durant de longues secondes, elle resta ainsi avant de se rasseoir finalement, remplissant ses poumons d'air.
--Il n'y a pas que ton incapacité à gérer ta colère, Liam, pas vrai ?
Ses yeux soutinrent le regard que je posai sur elle. Celui-ci la tendit brusquement puisque son sourire en coin s'effaça rapidement.
Voilà que le malaise revenait.
--Nous ne devrions pas parler de cela, lui dis-je ensuite en me penchant vers elle. »
Au lieu de se laisser aller contre les draps, elle resta parfaitement droite et ne bougea pas même si mon visage n'était qu'à quelques centimètres du sien. Mes deux mains empoignèrent les plis des draps, de chaque côté de son corps, et je finis par détourner légèrement mon visage sur le côté, incapable de soutenir le regard qu'elle posa sur moi.
Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait parler de ce sujet maintenant. Ni même pourquoi est-ce que cela l'intéressait autant. Fermant mes yeux, j'humai son parfum qui se mélangeait au mien, puis me sentit frissonner après qu'elle eut passé ses mains autour de mon visage. M'obligeant à placer mon visage correctement devant le sien, je l'entendis me demander :
« Est-ce que je risque ma vie en restant à tes côtés ? »
Mes yeux s'ouvrirent doucement. Je lui commandai d'un regard de me relâcher, ce qu'elle fit avec hésitation, puis me redressai. Reculant de deux ou trois pas en arrière, je me mis à faire les cents pas devant elle, contractant petit à petit ma mâchoire carrée. Devais-je lui dire la vérité ? Devais-je subir ce regard apeuré et voir sa réaction ?
Pourquoi maintenant ? Alors que je me sentais si bien à ses côtés. Pourquoi en parler maintenant, hein ? Un petit sourire naquit sur mon visage, j'étais dans une telle frustration que cela accroissait mon agacement.
« Pourquoi est-ce que tu n'es jamais capable de me dire ce qu'il se passe réellement ?
--Tu sais très bien pourquoi, lui avais-je répondu en m'arrêtant subitement.
--Tu devrais avoir peur que je te fuis en me cachant la vérité...
--La vérité Rebecca... ! »
Je finis par serrer des dents et me tourna lentement dans sa direction pour me regarder. Passant mes incisives sur ma lèvre inférieure, je finis par porter mes mains derrière mon crâne et fis craquer les articulations de ma nuque. Je ris nerveusement en voyant l'air grave qu'elle affichait sur son visage.
« Liam, je ne cherche pas à te fuir, je cherche à te connaitre.
--Tu cherches simplement des excuses pour t'éloigner de moi, Becca.
--Si je l'avais voulu, premièrement je n'aurais jamais accepté de te côtoyer...
--Tu n'as eu aucun choix là-dessus, tu sais que tu ne t'échapperas jamais de moi.
--Parce que tu penses que je t'appartiens, Liam ! s'exclama-t-elle en levant ses bras en l'air, montrant l'absurdité des propos qu'elle disait.
--Le problème est là, Rebecca. Tu m'appartiens, que tu le veuilles ou non, lui répondis-je calmement. Tu es à moi, repris-je en articulant chacun de ces mots afin de lui faire comprendre cette réalité qu'elle ne voulait reconnaitre. »
Elle poussa un soupir, exaspérée par mes propos apparemment. Rebecca se leva sous mes yeux et eut dans l'intention de prendre la porte de sortie. Me plaçant juste devant la porte, elle poussa un second soupir, excédée par mon comportement, puisque je lui bloquais intentionnellement la porte.
« Moins tu en sais sur moi, Rebecca, plus tu seras en sécurité.
--Je ne veux pas partager ma vie avec un inconnu Liam.
--Tu n'as pas besoin de savoir ce qu'il se passe actuellement pour savoir la personne que je suis.
--Si, justement. J'ai l'impression de ne plus vivre parce que tu ne me dis rien de ce qu'il se passe. Ce n'est pas une simple affaire de fraude, sinon on n'aurait jamais attenté à ma vie. »
Passant une main sur mon visage, je m'aperçus que ses paroles m'avaient piqué au vif. Tellement que mes poings se mirent à former des boules avant que je ne les relâche puis ne les resserre. Finalement, je finis par céder en m'apercevant du regard qu'elle posa sur moi.
« On cherche à me nuire, lui annonçai-je franchement. Et la meilleure façon de le faire, c'est de s'en prendre à toi.
--Pourquoi ?
--Je n'en sais rien.
--Li-...
--Je te dis la vérité, je n'en sais rien.
Elle abaissa son visage sur le sol, croisant ses bras devant sa poitrine avant de le relever.
--Je-...
--C'est pour cela que je dois t'avoir à l'œil jour et nuit. C'est pour cela que je refuse que tu démissionnes. Je veux te voir en vie, à chaque heure de la journée, chaque minute et chaque seconde.
--Ne serait-ce pas mieux que nous mettions fin à notre relation ?
--Non.
--Juste publiquement.
--Cela finira par se savoir. Ils finiront par le savoir. Ses hommes jouent dans la cour des grands, Becca.
Elle perdit l'assurance qu'elle n'avait pas arrêté de faire preuve en voulant me tenir tête, elle dut comprendre pourquoi je n'avais pas voulu lui en dire plus.
--Est-ce que ma famille est en danger ? me demanda-t-elle brusquement, inquiète.
--Tes parents sont surveillés.
--Et mes amis...?
--Aussi. »
Elle entrouvrit ses lèvres, et décroisa lentement ses bras, de plus en plus étonnée. Ses paupières finirent par cligner de façon frénétique, et alors qu'elle se dirigeait vers le lit afin de s'y asseoir au bord, je l'avais brusquement retourné et enserré dans mes bras. Son sac glissa le long de son bras et s'échoua dans un bruit sourd sur le sol, ses bras étaient allongés le long de son corps, de plus, son regard s'embuait de larmes.
« Tu n'es pas la bonne personne pour moi, Liam, me confia-t-elle dans un murmure.
--Je le serais, pour toi, je le serais.
--Non...
Elle secoua négativement sa tête et glissa ses mains sur le bas de mon costume. Lorsqu'elle l'empoigna, Rebecca me souffla :
--Je crois que je prends conscience de ce qu'il se passe, Liam.
--Personne ne posera la main sur toi. Je te promets que je tuerais le salaud qui est entré dans la chambre d'hôtel ce jour-là.
--Ton monde m'effraie davantage que ta personne, tu sais.
--Et ma personne est prête à mourir pour que tu sois protégée de mon monde.
--Ne dis pas ça ! s'écria-t-elle sur le coup, en tirant le bas de mon costume vers le bas. Ne dis pas ça... »
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