Liam
Retire cette flèche de toi. R.
Je l'observais longuement. Assis sur le canapé, vêtu d'un simple T-shirt uni blanc et d'un pantalon gris avec des chaussures italiennes blanches, il ne me prêtait aucunement attention. Il avait l'air obnubilé par son téléphone. Une nouvelle copine ? Une seconde peut-être...Non, trois alors. J'étais certain qu'il textotait avec plusieurs personnes. Et je n'étais pas sûr qu'il m'ait même entendu le lui faire la remarque.
Mon petit-frère était un coureur de jupon. Un pourri gâté qui n'avait pas la valeur de l'argent. Une chose qu'il n'avait pas pris le temps de vouloir connaitre puisque notre famille est riche comme crésus. Il était d'ailleurs ravi que j'aie monté ma propre affaire pour qu'il puisse continuer sur les pas de mon père. Nos opinions sont très diversifiées. Nous n'avons pas les mêmes points de vus et sommes très différents. Même physiquement parlant. Même si nous faisions à peu près la même taille, il était bronzé de peau, j'étais juste halé. Il avait des yeux bleus et moi noirs. Je tenais de grand-père et lui, de notre mère. Et au niveau de notre caractère, nous avions quelques similitudes mais il était assez impulsif. De plus, il a un côté joueur que je n'avais jamais apprécié. Pourtant, c'est mon petit frère et qu'il soit coupable de certains choses, je prendrais toujours son parti.
La famille c'est sacré.
« Tu viens passer tes jours chez moi, pourtant tu ne prends pas le temps de décoller tes yeux de ton téléphone, lui fis-je remarquer en ramenant avec moi des canettes de bières.
Il leva ses yeux bleus dans ma direction et esquissa un petit sourire avant de me répondre finalement, rangeant son téléphone dans sa poche.
--Je vois que tu prends tes distances avec Jess. Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda Jonathan en saisissant la canette que je lui tendis.
--Il y a des choses que je dois régler avant que je ne rentre à l'appartement. »
Bien sur, nous étions dans le second, celui que je n'avais pas quitté depuis mon retour. Pour Jessica, elle comprenait totalement de son côté que je ne veuille pas partager encore une vie commune durant cette période. Non à cause de ces coutumes de mariage qui dit de ne pas voir la mariée un mois avant, ou bien le jour même de notre mariage...
Des conneries oui.
...Mais parce que je ne voulais en aucun cas qu'on l'associe à mon ancienne vie et pour l'instant, j'avais dans l'intention de l'enterrer.
« Grand-père va péter les plombs.
--Pourquoi donc ? lui demandais-je soudainement en fronçant petit à petit des sourcils. »
Je me tins sur l'accoudoir du canapé puis ouvris ma canette tout en l'observant. Jonathan effaça son sourire en voyant mon air sérieux ressortir. Je n'aimais pas que l'on me cache ce qu'il se tramait au sein de ma famille, même si j'avais pris des distances avec eux, je ne voulais pas qu'il y ait certaines tensions entre nous ou bien que l'on ne me dise rien.
« Papa trouve trop dangereux pour l'instant de prendre son parti. Tu les connais...A toujours se battre l'un contre l'autre pour être à la tête de notre famille.
--Papa est téméraire, il ne peut pas être à la tête de notre famille, lui répondis-je avant de boire une première gorgée.
Jonathan et moi regardions alors l'écran de ma télévision éteinte. En silence. Nous réfléchissions à ce qu'il pouvait se passer et tout ce qu'il se passerait même après si jamais papa et grand-père officialisait leur petite gue-guerre.
--L'entreprise familiale doit être repris par toi, Jon. Après que tu ais fais un petit stage chez grand-père hein !
Il eut un petit rire avant de continuer à boire.
--Liam, grand-père est de ton côté. Il ne me laissera jamais reprendre l'entreprise.
--Je me suis retiré. Et ils le savent très bien tous les deux.
Posant sa canette sur la table basse, il tourna son visage vers moi et me regarda d'un air grave.
--Tu n'es plus le même qu'il y a six ans.
--Dis-moi, Jon...En toute franchise. N'es-tu pas heureux de reprendre l'entreprise ?
Je le regardai à mon tour, un sourire se dessina sur mon visage.
--Bien sur que je le suis. Mais je dois encore prouver ma valeur.
--J'ai Jessica à protéger et à aimer Jonathan. Je veux une femme, des enfants, une famille unie...Je ne veux pas de ce monde. Il est trop dangereux, même pour moi.
Il tiqua en entendant ces mots et détourna son visage de moi.
--Jessica...commença-t-il en fixant un point dans le vide, devant lui.
--Jessica ne doit pas être plus au courant de ce qu'elle en sait déjà.
--Tu ne lui diras pas pourquoi tu es parti en Allemagne ?
--Je lui ai dis que j'avais du régler des affaires là-bas et que j'avais rendu visite à grand-père.
--Maintenant, nous sommes d'origines allemandes ! lança-t-il sur un ton ironique.
--Plutôt ça qu'elle sache de quelle origine nous sommes réellement. »
Il me fusilla du regard, visiblement, il détestait toujours que je lui cache trop de choses à mon propos, et surtout à propos de la famille. Mais au moins, ils s'efforçaient tous, que ce soit ma mère, mon père ou lui de jouer le jeu devant elle lorsque l'occasion s'y présentait. Le monde était trop dangereux pour Jessica Williams. Je l'étais encore plus en tant que Liam Vaskov. Mais en tant que Liam Greyson, ce n'était plus pareil, je pouvais aller et venir dans son mon de quand je le voulais puisque je ne représentais rien pour elle qu'un simple PDG possédant un lourd passé. Et il avait du mal à le comprendre, mais il n'avait jamais voulu s'engager dans une relation sérieuse, trop effrayé d'avoir une vie à protéger. Mon frère était au moins honnête avec lui-même, il n'était pas encore apte à protéger qui que ce soit tant qu'il ne vivait pas la même chose que moi.
« Jaden m'a dit que tu as mis Zakone en rogne. Tu commences à créer des conflits intérieurs au sein de notre famille, Liam, me rapporta-t-il en se levant du canapé sur lequel il s'était affaissé depuis une heure déjà. »
Je me levais à mon tour, prenant sa canette vide de la table avant d'aller jusqu'à la cuisine pour les jeter. Je le vis me suivre jusqu'au comptoir gris, tandis que j'y étais derrière. Me tournant, pour lui faire face, je le vis me regarder en attendant une réponse et m'expliquant ce qu'il se passait.
« Ecoute-moi bien Jonathan. Tu ne te mêles pas de ça. Je te l'ai toujours dis mes-
--Affaires sont les miennes, et non celles de la famille, me coupa Jonathan en levant les yeux au ciel avant de s'asseoir sur un tabouret. Non, Liam. Pas cette fois-ci. Pas quand Jessica va devenir ma belle-sœur dans quelques mois et que tu crées des troubles entre Zakone et Papa.
--Zakone n'est pas fiable et mon entreprise est touchée à cause de leur relation. Si je risque de la briser, soit, je le ferais...Mais ils sauront tous les deux que je ne serais pas spectateur de leur stupide alliance.
--Ce sont des partenaires depuis une dizaine d'années, Liam.
--Il a touché à mon Empire. J'anéantirais seulement le sien.
Sois au moins rassuré que je ne le brise pas.
Jonathan roula des yeux en me regardant, sachant que j'étais extrêmement sérieux.
--Si tu fais ça, Zakone te répondra. Et tu replongeras dans la même situation qu-...
--Non, il ne fera rien. »
J'étais peut-être trop sur de moi, comptais peut-être un peu trop sur les informations qu'on m'avait fournie, mais c'était soit ça, soit rien. Ce n'était pas qu'une question d'argent dedans, c'était une question de sureté. Des choses illégales s'étaient produites. Des choses qui avaient attisé la curiosité des agents du gouvernement. Je ne pouvais pas risquer de laisser passer cela en sachant que mon Empire s'effondrerait si cela continuait à l'avenir. Je voulais en connaitre la raison, car les risques, je les connaissais déjà.
« Liam, s'il te plait. »
Il soutint mon regard, ce que je n'appréciais pas. Que je n'appréciais aucunement déjà des autres personnes mais encore plus lorsque c'était lui, car il savait qui j'étais réellement et savais que je le prenais comme une marque d'irrespect. Il me défiait, et cette fois-ci, ce n'était pas en rapport avec Jessica mais avec mon Empire, ce qui ne le concernait nullement. Il abaissa le regard le premier en sachant que ma mâchoire se contracta puis détourna sa tête en direction de la baie vitrée de mon appartement au loin, dans le salon.
« Je peux faire la cuisine tu sais ? lui informai-je alors en me tournant pour aller ouvrir le réfrigérateur.
--Steak frites ça ira.
--De toute façon, c'est la seule chose que j'arriverais à te faire...
--C'est pour ça que je t'ai dis ça ! »
Ce qui était bien dans notre relation, c'était que malgré nos disputes et leurs ampleurs, nous n'arrivions jamais à ne plus nous parler. De toute manière, nous n'étions pas rancuniers, une chose assez bien au sein de notre famille. Quoique papa l'était contrairement à grand-père.
****
Quelques jours plus tard,
« Je t'ai mis quelques chemises et j'ai fais en sorte que tu ais une trousse de secours dans ton cabas. »
Jessica avait pensé que m'aider à faire mes bagages nous habituerait à notre vie de couple. Je n'avais pas refusé son aide, à sa place, j'aurais tout mis en boule et aurais tout fourré dans mon sac en moins de deux. Je la voyais vérifier une troisième fois que tout était bien mis dans mon sac, chemises d'un côté, pantalons de l'autre, paire de chaussures de rechange ainsi qu'une trousse à pharmacie et celle hygiénique. J'allais être dans une chambre d'hôtel de luxe, pas faire un safari. J'étais certain que l'hôtel me fournirait tout ce dont j'aurais besoin. Surtout si c'était un cinq étoiles et que ma chambre était une suite VIP.
« Quand est-ce que tu pars ?
--Demain à 10h.
--Jaden t'emmènera ?
--Non, j'irais seul.
Elle fronça des sourcils, tandis que j'arrangeais le col de ma chemise, devant mon miroir. Je la voyais se tenir à quelques mètres derrière moi, les poings sur les hanches et ses cheveux roux cascader le long de ses épaules.
--Je ne compte pas me faire tuer, ne t'inquiète pas.
--Oh que si je m'inquiète, tu ne me dis rien depuis ton retour et ton garde du corps ne t'accompagne pas.
--C'est un voyage d'affaire, lui rappelais-je en lui souriant afin de la rassurer du mieux que je le pouvais.
--Avec qui iras-tu déjà ?
Je poussai un petit soupir puis me tourna vers elle.
--Le responsable d'affaires de l'entreprise.
--Et l'avocat ?
--Je n'ai pas besoin de lui. »
Jessica me fusilla du regard avec ses yeux verts, elle décida de s'approcher de moi pour arranger les plis de mes vêtements, ce que je n'aimais pas car j'avais l'impression que nous étions déjà mariés. J'avais besoin en ce moment de mettre une certaine distance entre nous et de lui montrer que s'attacher à moi n'était pas le mieux à faire, me coller non plus. Elle s'en rendait compte mais ne voulait pas me perdre alors elle avait décidé de camper sur ses positions, chose audacieuse de sa part, qui m'avait montrée une nouvelle facette d'elle que je n'avais jamais vu jusqu'ici.
« C'est une femme.
--Et alors ? Dois-je n'engager que des hommes au sein de mon entreprise ?
--Ce n'est pas ce que je voulais dire.
--Tu n'as pas assez confiance en moi Jessica.
--Pas quand tu me caches des choses.
--Non...C'est vrai. Mais ton amie influence tes opinions. Apprends-lui déjà à savoir choisir ces hommes avant de faire profiter ces conseils à d'autres qui n'en ont pas besoin.
--Ne parles pas d'elle comme ça, Liam.
--Tu as assez de personnalité pour ne pas choisir de devenir comme elle. Fais les bons choix, chérie. Et arrête de l'écouter, lui conseillai-je, en faisant glisser mes mains autour de sa taille pour la rapprocher de moi. »
Elle voulut m'embrasser sur le moment mais je n'avais pas envie de lui montrer que mon désir avait quelque peu diminué ces temps-ci alors j'avais légèrement relevé ma tête et l'avait plus collé contre moi. Jessica comprit que je ne voulais pas le faire et décida de poser sa tête contre son torse.
Foutue Rebecca.
Je pensais à elle alors que je n'en avais pas le droit. Pas quand ma futur femme était dans mes bras et souffrait par ma faute. Je ne pouvais pas la détruire en ressentant quelque chose pour une autre femme.
Rien qu'une fois...Une seule fois...
Une nuit et c'était terminé, une nuit et mon désir reviendrait pour Jessica.
« Liam ?
--... ?
Mon visage s'abaissa vers elle. Lorsqu'elle releva le sien, ses yeux plongèrent dans les miens et j'aperçus une lueur anxieuse au fond de ses pupilles.
--Il n'y a personne d'autre que moi hein ?
--Tu veux vraiment le savoir ? lui demandai-je finalement en posant l'une de mes mains sur l'une de ses joues.
La caressant à l'aide de mon pouce, je la regardai sérieusement, prêt à lui révéler quelque chose que peut-être aucun n'aurait eu l'audace de faire.
--Oui.
Les larmes aux yeux, elle essaya vainement d'afficher un sourire mais ce fut une grimace qu'elle m'offrit à la place.
--Je suis attirée par une femme. Mais je vais en épouser une autre le mois prochain. Ma vie est avec celle que j'épouserai, pas avec celle que je désire. Alors Jessica, pardonnes-moi.
Elle se dégagea brusquement de moi, décontenancée. Je ne lui disais que la vérité, elle l'avait voulu et je ne pouvais pas lui cacher une autre chose encore.
--Vas-tu coucher avec elle ?...Non, l'as-tu fais ?
Je la voyais me tourner le dos, prête à pleurer à chaudes larmes.
--J'avais l'intention de le faire.
Jessica se tourna avec lenteur vers moi, abasourdie par mon honnêteté.
--Alors... ? souffla-t-elle, laissant rouler une larme le long de l'une de ses joues avant de l'essuyer très rapidement.
--Le désir ne dure pas, l'amour si. »
La jeune femme s'éloigna d'un pas précipité de moi, elle claqua la porte de la chambre dans laquelle nous avions été avant de continuer de marcher le long du couloir. La rattrapant finalement, je la plaquai contre le mur tandis qu'elle essayait de se débattre de cette cage humaine qui l'empêchait de s'échapper. Ses petits poings s'abattirent sur moi tandis que quelques larmes roulaient le long de ses joues.
« Je t'aime, ma belle, mais j'ai besoin de mettre un terme à ce désir.
--Ce n'est pas de l'amour que tu ressens pour moi dans ce cas-là, s'écria-t-elle en me giflant. »
Je comprenais qu'elle réagisse ainsi. Je le comprenais, oui, mais si je ne le faisais pas, notre mariage se passerait assez mal. Si ce désir que j'éprouve pour Rebecca s'efforce de subsister après notre mariage, il pourra détruire notre relation. Alors que s'il disparait avant, rien ne pourra nous arrêter. Rien ne pourra briser notre couple.
« Je ne veux pas me marier, je ne veux plus...Je ne veux pas ressembler à tes parents, je ne veux pas-...
Mes lèvres fondirent sur les siennes, et au lieu de me repousser, elle accepta ce baiser même si cela lui faisait mal de savoir que je coucherais avec une autre durant ce voyage. Je l'intensifiais en rentrant ma langue dans sa bouche, avant de finalement la ramener contre moi à l'aide de l'un de mes bras. Elle s'agrippa désespérément à moi jusqu'à ce que je mette brutalement un terme à notre baiser.
--Je te hais ! hurla-t-elle en me poussant brusquement. »
Je la voyais s'en aller furieuse après ce qu'il s'était passé. Je préférais lui dire la vérité que vivre dans le mensonge, devoir lui cacher certaines choses était déjà difficile. Je ne voulais pas non plus qu'elle souffre à cause du gros sac de cachoteries que je trimballais sur mon dos. Je faisais simplement en sorte de le vider tandis que j'avançais dans la vie, mais à certains moments, pour le faire, je devais faire des concessions.
« Jessica.
Elle s'arrêta devant la sortie du couloir.
--Le 20. Le 20 avril, nous nous marierons. Jusqu'ici, tiens-toi prête, lui déclarai-je avant de la voir s'en aller. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top