Du plomb dans le crâne
- Mais... Qu'est-ce que c'est que ces carabistouilles ?
- Fiouuu ! Joli mot...
- Ta gueule Ral'kh, c'est pas le moment !
Devant moi la porte donnait... sur un mur de brique. D'une main hésitante, je caressai la surface rugueuse, pris au dépourvu. Je m'attendais à trouver une issue de secours, comme je l'avais imaginé. Je refermais la porte puis la rouvrit brusquement. Le mur de brique était toujours là. Ral'kh me regarda répéter ce manège absurde plusieurs fois, contenant ses gloussements, mais au bout d'un moment, ce fut trop pour lui aussi, et il explosa de rire en se tordant au sol.
- Tu devrais voir ta tête ! Mouhahaha ! Réussir sa sortie, il disait !!!
Je claquai la porte dans un élan d'humeur et le fusillai du regard. Attends, tu vas voir ce que tu vas voir. Je commence à en avoir marre de respecter les règles !
Je me tournai dos au mur et tendit les bras. "Je veux une porte en bois qui donne sur une sortie de secours, et cette-fois je la veux au milieu de la pièce !" pensais-je très fort.
Aussitôt dit, aussitôt fait, et je vis apparaître une porte identique à la première entre les fauteuils, sur le tapis du salon. Je me pressais vers ma création et en fis le tour. La porte n'avait vraiment l'air de donner sur rien. Je posais ma main sur la poignée. Non loin, Ral'kh tentait de retrouver son souffle et d'essuyer ses larmes. Je tirais tout doucement vers moi. Les gonds jouèrent sans le moindre grincement.
- Quoi ? Encore ??! m'exclamais-je en voyant un autre mur de brique là où je m'attendais, au pire, à voir l'autre côté du salon. Mais comment c'est seulement possible ?
- Je crois qu'il est impossible de sortir d'ici, dit Ral'kh avec un sourire léger. Je te l'ai déjà dit, ça, non ? J'espère que cette fois tu retiendra la leçon ! Toujours écouter un diablotin.
- Tout à l'heure tu as dit que tu étais mon confident, c'est ça ? demandais-je en faisant disparaître les portes que j'avais créées.
- Tout à fait. C'est, pour ainsi dire, mon job. J'attends dans une pièce fermée qu'un type se pointe et me confie ce qu'il a sur le cœur.
- Eh bien laisse moi te dire que tu me tapes sérieusement sur le système...
Ral'kh ne répondit rien. Abattu, je me laissai tomber dans un fauteuil et soupirai. J'avais pourtant été certain de réussir à m'échapper de cette prison, mais j'en étais tout à coup nettement moins sûr. Je regardai autour de moi pensivement, m'attardant sur les meubles anciens et les décorations choisies avec goût. Quel drôle d'endroit. Une prison dorée, où tout ce qu'on imagine devient possible, et hantée par un monstre, si j'en croyais la présence de mon voisin immédiat.
Pour le moment, le monstre faisait peine à voir. Il me tournait le dos et boudait en sirotant son cinquième ? sixième ? verre de whisky. J'ignorais qui m'avait mis dans ce pétrin, mais il y étais aussi, et jusqu'aux genoux.
- Ral'kh ? Tu ne sais pas qui est responsable de ce qui nous arrive, par hasard ? demandais-je tout doucement.
- Je suis prêt à parier que c'est de ta faute, grommela-t-il sans se retourner. Mais ça ne m'étonne pas qu'on puisse t'en vouloir, depuis que t'es entré dans la pièce tu fous le bordel...
Okay. Il ne m'avait pas encore pardonné. Mais j'étais coincé avec lui jusqu'à ce qu'on réussisse tous les deux à quitter cette pièce. Et vu qu'il n'y avait, je le rappelle, aucune porte nulle part, ça pouvait durer un moment. Il fallait que je trouve un moyen de réparer notre relation. Je croyais me souvenir qu'il fallait toujours essayer de bien s'entendre avec ses voisins... et ses codétenus !
- Je suis désolé, je... je me suis énervé sans raison. Je ne voulais pas te vexer.
- ...
- Euh... Si tu veux toujours bien être mon confident, j'aimerais te raconter une histoire. Et en échange, tu me diras ce que tu sais de cet endroit et de la manière d'en sortir.
Ral'kh se retourna avec les yeux rougis et c'est d'une voix rauque qu'il me répondit :
- Je t'ai déjà dit qu'on pouvait pas sortir d'ici.
- Bon d'accord, alors disons que je me confie à toi et que toi tu réponds à mes questions, d'accord ? Et pas de mensonges, attention ! le prévins-je en tendant une main hésitante.
- Je ne mens jamais, Bavard ! dit-il avec un sourire... sournois.
À ces mots il me serra très vite la main, comme s'il avait peur que je la retire. Alors que je sentais ses doigts griffus dans les miens, il me regarda droit dans les yeux. Je vis les rougeurs et les cernes s'atténuer, puis disparaître complètement, tandis que sa voix retrouvait la pureté toute relative qu'elle avait eu plus tôt. Il ricana doucement et se lécha les babines.
Je lâchai sa main et me tournai vers le minibar pour cacher le sourire qui gagnait mon visage. "Donnez donc un os à ronger à ce petit diable, j'en ai plein en réserve", murmurais-je en caressant mon crâne nu, "quant à moi, je ne compte pas faire de vieux os ici..."
Ral'kh et moi trinquâmes à notre accord. Il y eut un soir. Il y eut un matin. Lever de rideau.
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Bonjour. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis l'auteur. Mais si, vous savez, le type que vous êtes entrain de lire. D'ailleurs c'est très bien, ça, faut continuer.
Enfin bon.. je dis ça, mais combien le font, hein ? Eh bien... au moins une ! @annesau7, ce chapitre est pour toi. Pour avoir été là dès mes débuts sur Wattpad, et pour continuer à me faire rire à chaque commentaire que tu postes (et aussi parce qu'elle a au moins deux siècles de plus que moi et qu'il faut respecter les anciens, mais c'est pas vraiment le sujet).
Continuez de lire, continuez de commentez, et continuez de critiquer le fan-fics tout en les lisant en secret (oui, tout le monde le sait, on t'as cramé toi là-bas au fond...)
Salutations sournoises et cruelles, et bisou sur la fesse droite !
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