Paniqués, horrifiés, angoissés... Je ne sais pas quel mot décrit cette situation au mieux, mais c'en est un dans le genre. Ces voix ne nous sont pas inconnues, loin de là, ce sont celles de nos pères à tous. S'ils nous trouvent nous sommes perdus. Ce sont tous de grands conseillers ambassadeurs de leur territoire respectif, ici, à Jabtys, la ville neutre. Ce sont eux qui règlent les problèmes touchant à tous les territoires, nous sommes donc censés leur faire honneur, être des enfants modèles, ce que nous étions plus ou moins jusqu'à ce soir...

Je commence à regretter notre curiosité. Après tout, quelle idée de s'introduire dans la Grande Bibliothèque ! Notre plan avait bien fonctionné jusque-là.

L'idée était simple, juste avant la fermeture de la Bibliothèque, au coucher d'Inrah, Kai a mis le feu, à distance, à une petite charrette de l'autre côté de la place pour créer une diversion. Une fois le gardien sur le lieu de l'incendie, mon frère et moi avons soulevé toute la troupe pour que nous passions au-dessus des caméras et nous nous sommes posés sur les grandes étagères. Puis lors de la ronde, Dune a crée un gardien de terre qui a assuré au véritable gardien qu'il n'y avait rien de particulier à l'étage supérieur. Enfin, quand la Bibliothèque fut vide, Euros et moi avons fait descendre tout le monde des étagères et nous sommes partis à la recherche d'informations.
Comment pouvions-nous prévoir l'arrivée de nos parents !

Je regarde Euros, il me fait signe de ne pas bouger, le moindre geste peut nous trahir. Kai, quant à lui est prêt à partir en courant. Il n'a pas tort, il se peut que ce soit notre seule chance si nos pères continuent d'avancer. Leurs pas se rapprochent de plus en plus. Je vois dans le regard de Dune qu'elle panique. Ils sont de plus en plus proches. A trois rayons, peut-être un peu plus. Kai est sur le point de partir. Euros le retient. Heureusement, sinon il nous aurait trahis. En effet, les trois adultes se sont arrêtés au rayon précédent et se sont assis autour d'une autre petite table.

Profitant de cette chance, Euros et moi faisons voler tous les manuscrits jusqu'à leur place sur les étagères dans le plus grand silence. Mais nous en gardons un, celui intitulé « Voyages et Découvertes d'un Homme Fou », qui, malgré son titre, est le seul à nous permettre d'approfondir nos connaissance sur les terres du Nord et ses possibles habitants.
Puis les adultes ont recommencé à parler, et cette fois-ci, nous pouvions tout entendre de leur discussion.

"  - Mes chers amis et confrères, commence le père de Kai, je dois vous informer d'une nouvelle de la plus grande importance, et c'est la raison pour laquelle je vous ai fait venir ici si tard dans la nuit.

- Vous souhaitez marier votre fils à l'une de nos filles ? demande en plaisantant le père de Dune.

- Nos enfants n'ont rien à voir là-dedans, Ebarun, réponds vivement la Salamandre.

- Allons, dites-nous Fëanor, poursuit le mien, je crains le pire.

- Et vous avez raison Aydan ! Notre planète Thasres court un grave danger. Le Feu ravage la terre et le ciel, les rivières fuient vers le Nord. La moitié de mon territoire est déjà brûlé !

- Cela a toujours été le cas, non ?

- Non, le territoire du Feu est aride normalement, pas en flammes !

- N'avez-vous pas tenté d'éteindre cet incendie ?

- Si, mais comme je l'ai dit, les rivières fuient vers le Nord, nous n'avons presque plus d'eau.

- Mais quelle est l'origine de ce feu terrifiant ?

- Nous pensons qu'il s'agit d'un mage très puissant, qui puise son pouvoir dans notre ancienne terre, Inrah.

- Que peut-on faire ?!

- Il faut d'abord découvrir la source véritable de l'incendie sans faire de suppositions, dit calmement mon père, ensuite s'il s'avère que cette théorie est la bonne, il faudra trouver un moyen pour couper le lien entre le sorcier et Inrah. En attendant d'être sûrs, la seule chose que nous pouvons faire est de chercher un moyen pour éteindre ces flammes et empêcher leur propagation.

- Vous avez raison Aydan, réplique Fëanor plus calme, j'en parlerai demain lors du Grand Conseil de l'Assemblée et nous leur ferons part des mesures à prendre. "

Il se lève sur ces mots, suivis des deux autres et sortent de la Bibliothèque pour rentrer chez eux.