-Dis Harold, tu l'as trouve jolie, la fille là-bas ?

-Non.

Je l'avais suspecté d'être gay, pour tout dire. La fille que je venais de désigner était carrément canon. Il ne rougissait même pas, occupé à regarder le ciel avec des yeux rêveurs.

Je le secouai et tenta autre chose pour le faire sortir de sa léthargie.

-Tu sais, toutes les filles ne sont pas comme Oréa.

-Marine. On en a déjà parlé.

-Tu t'enfermes dans tes émotions, c'est dingue !

-Mais non. Je vais très bien. Je vais pas exploser tellement je contiens de sentiments ! Je ne suis juste plus attiré par personne, et c'est tellement mieux comme ça ! Je ne suis jamais déçu, triste, ou en colère. Mon âme se porte à merveille.

-La douleur fait partie de la vie.

-Ne joue pas au philosophe, Marine, ça te va pas au teint.

Il était toujours vachement morose, Harold. Des remarques pareilles, il en sortait toutes les minutes.

-J'essaie de te raisonner.

-Il n'y a rien à raisonner.

Et cette discussion avait lieu souvent. Je les avait surnommées "Les Essais avortés" , ces discussions pénibles. Car jusqu'ici, elles n'avaient entraînés que des regards mauvais et des moues réprobatrices.

Arriverai-je un jour à rendre cet imbécile d'Harold à nouveau humain ?

Parce que ce qui lui manque, à Harold, c'est de la confiance en l'autre.