il pleut
encore un automne
pluvieux
mon quinzième automne
un automne
pluvieux
(répétition, répétition des mots jusqu'à ce qu'ils ne forment qu'une masse pateuse dans ma bouche, qu'ils ne représentent plus qu'une série de sons s'enchainant sans sens et sans fin)

il pleut dehors
et il pleut dans mon coeur
j'aime la pluie
mais comme la mélancolie qu'elle amène, la pluie est bien plus jolie accompagnée d'une douce mélodie

il pleut dehors
et il pleut dans mes yeux
telle la fenêtre de ma chambre, ma vision se brouille
tu pourrais dessiner sur mes yeux comme si c'était de la buée
tu pourrais dessiner
toi et moi
ou un jardin ensoleillé
ou nous dans quelques années

un gros pull,
david foenkinos
et moi.
sous ma couette, la musique dans les oreilles, je dévore ses mots comme s'ils étaient la solution de tous mes maux
et ils le sont pour quelques instants seulement,
avant que la peur revienne m'envahir
avant que l'angoisse accompagne ma lecture comme un soir de cours

seule dans ma chambre
à attendre que le temps passe
seule dans mon lit
à veiller sur mon angoisse

les minutes s'allongent
les secondes plongent dans un univers inconnu
et le temps file sans même qu'on s'en rende compte
et le temps file avant qu'on puisse le rattraper

la vitesse du monde me parait insurmontable
la vitesse, l'ivresse
me sont inconnues

courir sous la pluie
pour oublier tous
les soucis
peut-être se rappeller
les étés chauds
les étés datant d'il y a quelques années
déjà

alors allongée
comme immobilisée
je me sens si faible
si petite, si frèle
alors alitée
comme une malade qui connaitrait déjà son sort
j'ai parfois l'impression de n'attendre que la mort
le repos extrême
la fin de tous les problèmes
j'ai parfois envie de partir
et de ne jamais revenir