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Je commençais tout d'abord à lire, à déchiffrer cette langue. Comment pouvais-je l'éviter?

Elle m'appelait. J'y étais réduite, à vie. Elle était ma drogue, elle consumait mes sentiments et mes émotions pour les faire vivre.

Sans elle je n'étais rien, et sans moi elle ne pouvait exister. Nous étions complémentaires depuis maintenant quelques années.

Jamais plus nous ne pourrions nous quitter, personne ne pouvait nous séparer.

Elle était simplement ma raison d'exister. Ma raison de ressentir, de partager, de vivre, de sensibiliser. Elle me brûlait de l'intérieur, et je la faisais exister.

Elle était mes paroles, mes pensées, mes émotions, mes peurs, mes craintes, mes joies.

J'aimais sentir cette adrénaline monter dans mon corps quand j'étais sur scène. Les yeux du public rivés sur elle, je retenais mon souffle le temps de quelques secondes, appréciant ce silence pesant et si léger à la fois. Comme une brise de vent traversant une chaleur d'été. Un frisson me parcourait de tout mon corps, j'entendais les palpitations de mon coeur.

La pianiste s'apprêtait à jouer, et, avec une certaine retenue dans ses mouvements, le son se fit entendre. Ainsi, les notes se posèrent dans l'air; le rendant plus vivant, avec du sens.

Je ne pouvais plus attendre le moment où mon souffle parcourrait ce métal. Un métal pourtant si froid il y a quelques minutes, et maintenant si chaud.

Mes premières notes étaient posées. C'est alors que la pièce "Nocturne No.20 in sharp minor" pour flûte et piano de Chopin se fit reconnaître.

L'air de cette mélodie était connue de tous, pourtant, seuls les musiciens pouvait la faire vivre.

J'aimais ça; pouvoir faire vivre la musique. Je me sentais réellement vivante, je sentais mon corps en vie, ancré dans le sol de cette scène. Les murs renvoyaient le son de toute part. Chaque personne du public ressentait sa propre interprétation du morceau. Certains se rappelaient des souvenirs, d'autres rêvaient de leur futur... mais moi, j'y ressentais une certaine nostalgie.

Puis vinrent les dernières notes de l'oeuvre de Chopin. Un silence. Les applaudissements augmentèrent crescendo.

J'avais réussi, j'étais tellement fière de moi ! J'avais travaillé si dur pour réussir à jouer parfaitement "Nocturne No.20" !

Peu de temps après, les artistes se retrouvèrent dans les loges. Un homme se stoppa devant moi et me regarda fixement. Il était vêtu d'un costume noir, d'une cravate parfaitement nouée et ses cheveux étaient extrêmement bien soignés. On aurait cru un homme d'affaire.

- Bonjour Mademoiselle Alice. Je suis Stephen Laurens et je dirige le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. On peut discuter s'il vous plait ?

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