- Page 7 -
Décembre
— Comme vous le savez, le but de cette réunion est de vous permettre de vous positionner en priorité pour votre stage du second semestre. Vous ne devez cet avantage qu'à la qualité de vos écrits. Pour le reste, c'est à vous de vous montrer persuasif. Bonne soirée !
La dizaine d'étudiants présents applaudirent chaleureusement leur directeur.
Puis, ils se dispersèrent dans la salle, oscillant entre les tables dressées pour le cocktail et les PDG venus pour l'occasion.
À la différence de ses camarades, Ludivine fila vers le fond de la pièce. Elle se sentait gauche, empesée dans la robe bleue électrique que lui avait prêtée Sasha.
Prise par le temps, elle avait expédié son dossier sur l'entreprise Amaterra. Elle ne s'attendait pas à avoir l'une des meilleures notes de sa promotion et, de ce fait, de gagner la chance de pouvoir négocier son stage en priorité.
Encore moins de devoir le faire lors d'une soirée habillée.
La jeune femme avait bien pensé à se défiler quand Jean-François Caméri, au détour d'un couloir, lui avait glissé.
— Votre père vous transmet ses félicitations.
Jusqu'ici, elle avait gagné le pari de tenir ses parents à distance. Si son doyen faisait remonter qu'elle avait manqué cette réception, nul doute que Papa débarquerait à Nice.
Adieu colocation et liberté chéries !
De mauvaise grâce, elle avait demandé conseil à Sasha qui s'était empressée de lui fournir des tenues toutes plus courtes et voyantes les unes que les autres.
— On va à une soirée « pro » à l'école, pas faire le trottoir ! s'était exclamée Ludivine en levant à hauteur de ses yeux une tunique transparente.
— Pour rappel, il y aura Arnaud de Ferrand. Tu lui as tapé dans l'œil, autant qu'il apprécie au mieux la marchandise.
Désespérée, Ludivine avait choisi ce qu'elle estimait être la robe la plus longue de la garde-robe de sa copine : elle lui tombait un peu au-dessus du genou, moulait ses formes... et était d'un bleu explosif !
Sa sortie de la salle de bain avait provoqué nombre de commentaires élogieux. Bastien, en boxer dans la cuisine, s'était fendu d'un splendide « Regarde Ludivine, je bande ! » qui avait provoqué l'exaspération de toutes les filles de la colocation.
Quoi qu'il en soit, elle se sentait aussi à l'aise qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Un peu envieuse, elle observait Sasha, rayonnante dans sa robe à paillettes, qui passait d'un groupe à l'autre comme si elle était maîtresse de cérémonie.
Ludivine rassembla son courage : rester cachée ne lui servait à rien. Elle fit un pas en direction de la foule quand une voix grave stoppa son élan.
— Bonsoir mademoiselle Des Costes.
***
Arnaud avait écouté avec politesse le discours stéréotypé de cette blonde sans intérêt. Depuis qu'il avait fait son entrée, son regard était captivé par la présence de Ludivine.
Cette robe, bien que trop voyante, mettait en valeur ses formes généreuses. Arnaud n'avait pu réprimer un large sourire : elle avait un corps digne d'être baisé par lui.
Elle serait même encore plus séduisante dans certaines guêpières que Éva, elle avait plus de seins. En revanche, il n'avait guère apprécié de la voir trébucher avec ses talons : quelques bons coups de martinet lui apprendraient à se mouvoir comme il faut. Un doigt ou deux dans son anus aussi peut-être.
Le quarantenaire musela les idées qui lui venaient. Avant de lui faire quoi que ce soit, il lui fallait son accord. D'ici là, elle n'était qu'une boîte à fantasmes de plus.
Lorsqu'il l'avait vue gagner un coin de la salle seule, il se fit la réflexion que l'occasion était trop belle. Il n'aurait sans doute pas de seconde chance.
***
— Monsieur de Ferrand.
Putain, quelle voix ! Grave, sensuelle. Et cette manière contrite de baisser les yeux.
Arnaud fit appel à des années de maîtrise de soi pour ne pas l'empoigner par les cheveux et l'embrasser avec une brutale possessivité.
— À la différence de vos camarades, je vous trouve peu prompte à solliciter un stage. Aucune des compagnies présentes ce soir ne vous conviennent-elles ?
— C'est que je n'aime pas demander monsieur.
— Une chose que je vais m'empresser de corriger, songea Arnaud.
Il ne pouvait détacher ses yeux de ses lèvres pleines, encore moins les imaginer autour de son gland, les mains liées, à genoux entre ses cuisses.
– Monsieur ?
Arnaud cligna des yeux, une interrogation muette se lisait dans le regard de Ludivine.
— Sachez que j'ai apprécié à sa juste valeur la qualité de votre intervention. Si vous souhaitez faire votre stage au sein de ma compagnie, n'hésitez pas à dire dans votre lettre de motivation que je vous recommande.
— Je ne sais pas comment vous remercier monsieur.
Arnaud se retint de lui suggérer la dizaine de manières qui lui conviendrait. Il devait d'abord jouer sa première carte.
— D'une façon simple, mademoiselle Des Costes.
Ludivine le regarda, de plus en plus perplexe. Arnaud sortit de la poche intérieure de sa veste une enveloppe épaisse qu'il lui tendit. Le grain du papier était doux sous ses doigts.
— Je vous demande de lire seule et au calme son contenu. Interdiction d'en parler à qui que ce soit ; ce qui se trouve à l'intérieur n'est destiné qu'à vous. J'attends votre réponse, quelle qu'elle soit. Et sachez que cela n'entravera en rien votre demande de stage chez Amaterra.
— Merci monsieur.
Sur un dernier signe de tête, Arnaud de Ferrand quitta Ludivine, soucieux que l'émotion qui tendait son membre ne soit pas trop visible.
Parfaite ! Elle serait parfaite.
***
— Quatre stages éventuels et deux numéros de téléphone. Je n'ai pas perdu ma soirée. Et toi Lu ?
— J'ai des pistes, mal aux pieds et je suis crevée.
— Où est ma bordelaise championne des rallyes ? s'exclama Sasha avec un clin d'œil complice.
Ludivine lui répondit d'un sourire avant de poser la tête contre la vitre de la voiture et de fermer les yeux.
Elle espérait ainsi simuler une fatigue qu'elle ne ressentait pas. Elle ne pouvait le nier : la surprise avait fait place à l'excitation.
Sa copine, heureusement, avait été trop occupée par son propre démarchage commercial pour remarquer son conciliabule avec Arnaud de Ferrand. Une veine, sinon elle en avait pour la nuit !
Arrivées à l'appartement, Ludivine céda de bonne grâce la priorité salle de bain à Sasha. Elle préférait de loin filer dans sa chambre pour s'y enfermer.
Assise sur son lit, elle joua quelques secondes avec l'enveloppe avant de la décacheter. Oui, comme le dirait sa mère, la curiosité était un vilain défaut. Mais ce message incarnait une certaine forme de tentation.
À l'intérieur, elle trouva un papier épais plié en deux.
« Mademoiselle Des Costes. Non Ludivine.
Je ne suis pas homme à perdre mon temps. Encore moins à faire des compliments ou à envoyer des fleurs.
Sachez que vous m'avez séduit, et que j'ai une proposition à vous faire. Elle n'a rien de professionnel.
Néanmoins, compte tenu de son caractère particulier, je souhaiterais m'entretenir avec vous de vive voix à ce sujet.
Me faut-il une réponse rapide de votre part ? Oui. Je n'attendrais pas après vous. »
Au fur et à mesure que défilaient les mots, Ludivine sentit un doux frisson parcourir son dos. Aussi fou que cela puisse paraître, ce texte qui aurait dû la révulser lui donnait l'envie de jouer et d'aller au bout de cette histoire.
D'une bien étrange façon, ce ton autoritaire la fascinait. Peut-être parce qu'on ne s'était jamais adressé à elle de cette manière. D'aussi loin qu'elle se souvenait, aucun adulte n'avait jamais eu besoin de faire preuve d'autorité : elle avait toujours su imposer ses choix en simulant un côté docile. Elle reprit sa lecture :
« Si vous souhaitez me rencontrer, ma carte se trouve dans l'enveloppe. Il vous suffit de m'envoyer un SMS disant "Je suis d'accord" et je vous recontacterai.
Au plaisir de vous revoir, mademoiselle Des Costes »
Ludivine fouilla pour trouver la petite carte dont parlait Arnaud de Ferrand.
Il s'agissait d'un simple bout de carton sur lequel était écrit à la main un numéro de portable. L'étudiante reste un moment à triturer le bristol entre ses doigts. L'envie de savoir disputait à l'envie, plus raisonnable, de jeter la lettre à la poubelle.
Mais ce monsieur de Ferrand avait titillé sa curiosité. Il ne l'avait vue qu'une seule fois avant leur brève discussion de ce soir. Qu'avait-elle pu dire ou faire qui fasse qu'un homme de cette prestance la remarque elle ?
Baissant les yeux sur le numéro, Ludivine admit qu'accepter ce rendez-vous demeurait le moyen le plus simple de répondre à cette question.
***
Arnaud était occupé à monter une jolie serveuse au corps gracile dans l'un des salons privés du Club quand son portable sonna.
Après son départ de l'école, il avait demandé à Andrew de l'y déposer. Sa conversation avec Ludivine l'avait excité, et il se trouvait trop âgé pour se soulager seul dans son lit comme un adolescent. Surtout quand on payait une fortune à l'année pour avoir sous la main tout ce qu'il fallait pour se vider les bourses.
Il avait donc réservé une pièce et la fille qui allait avec. Cette jeune blonde avait eu le temps de poser la coupe de champagne commandée par Arnaud sur la table basse avant que ce dernier ne la retourne et ne la baise par-derrière sans autre forme de procès.
Il raffermit sa prise sur ses cheveux tout en jetant un œil à l'expéditeur du SMS. La fille cria plus fort quand Arnaud s'enfonça en elle avec encore plus de vigueur.
Numéro inconnu : « Je suis d'accord »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top