Violence
En voyant les yeux de Jean ouverts, Aiden tenta de se redresser. C'était sans compter sur les réflexes de l'homme qui attrapa son poignet avec un grognement et le serra jusqu'à lui faire lâcher le couteau. Il s'en saisit avec une rapidité hallucinante et le lança dans le mur en face, le faisant siffler à côté des oreilles du brun.
— La-lâche-moi !
— Crie pas, du con, tu vas réveiller Morgane et son mari...
— Lâche-moi, reprit plus bas le manager en le fusillant du regard.
— Pourquoi tu essaies de me tuer, alors que je t'ai clairement dit que c'est tout ce que j'attends pour enfin me libérer de la culpabilité qui me ronge ? Tu réfléchis, couillon ?
— Arrête de m'insulter !
— Moins fort je t'ai dit, grogna le châtain en saisissant ses longs cheveux de son autre main pour l'empêcher de trop gigoter.
Il se leva sans lâcher ces derniers alors que Aiden tentait de se débattre, griffant sa main en grognant de douleur. Jean attrapa les petites cordelettes qui pendaient à côté du rideau qu'elles maintenaient normalement fermé. Il retourna sur le lit, toujours en traînant le brun derrière lui, et le rallongea de force dessus, appuyant sa jambe sur son thorax pour le maintenir en place. Il attacha ensuite ses poignets avec les cordes qu'il relia aux pieds du lit, lui mettant donc les bras en croix. L'ancien manager tentait de lui donner des coups avec ses jambes, ce qui le fit soupirer.
— Calme-toi, Aiden. Calme-toi.
— Va chier ! Je te déteste ! Tu mérites de crever pour ce que tu lui as fait ! Je te déteste !
— Aiden.
— Crève ! Crève, connard ! Je veux te voir crever !! Je veux que tu payes !!
Jean tenta encore un peu de le calmer en l'appelant, mais voyant que cela ne servait strictement à rien, il se leva et sortit de la chambre pour lui laisser un peu d'espace, embarquant au passage le couteau de cuisine. Une fois à l'extérieur de la pièce, il s'appuya contre la porte fermée en inspirant profondément et ferma les yeux. Il aurait dû se douter que Aiden aurait aimé se venger, mais au fond, ça lui brisait le cœur, il ne voulait pas de ça. Il n'avait jamais voulu ça. Il se redressa puis alla poser le couteau en sécurité et piquer d'autres cordes de rideaux. Il était conscient que le brun lui en voulait au point de vouloir le tuer, mais il fallait qu'il le calme et l'empêche de faire quelque chose qu'il pourrait regretter. Il revint dans la chambre et attacha ses chevilles de la même manière que ses bras avant de remonter sur le lit et s'asseoir entre ses jambes écartées. Il semblait s'être un peu calmé puisqu'il ne protestait plus que par des grognements menaçants.
— C'est bon ? Tu es calmé ?
— Dégage !
— Je vais être plus clair alors, articula Jean en tentant de garder son sang-froid et en attrapant le visage du manager avec force pour plonger ses yeux verts dans le noir des siens, si tu ne fermes pas ta grande gueule, je fais en sorte que tu ne puisses plus parler.
— Ah ouais ? Et comment ?
— De quoi garder ta jolie bouche bien ouverte avec un truc dedans ? Qu'est-ce que tu en penses ?
Aiden se contenta de grogner mais ne répliqua pas, n'ayant pas la moindre envie de se prendre quoi que ce soit dans la bouche. Il espérait que le regard noir qu'il lui lançait suffirait à le déstabiliser et à lui faire comprendre toute la haine qu'il éprouvait à son égard.
Jean se mordit la lèvre. Il était triste d'avoir été obligé de l'attacher, mais il ne voulait pas spécialement se faire tuer durant son sommeil. La rage qu'il sentait dans son regard lui brisait le cœur. Il l'aimait, réellement, mais il lui avait fait tellement de mal. Rien ne pourrait jamais changer ce qui s'était passé. Sa décision n'était peut-être pas la meilleure, mais sur le moment... qu'aurait fait les autres à sa place ? La culpabilité le rongerait sûrement toute sa vie. Et si lui, qui avait été entraîné à tuer, culpabilisait, qu'en serait-il de Aiden quand il se serait vengé ?
— Aiden, tu penses vraiment que tu pourras vivre avec une mort sur la conscience ?
— Je ne comptais pas vivre plus... plus longtemps, grogna Aiden en tentant de retirer les cordes qui le maintenaient immobile.
— C'est ta seule solution ?
— Ma seule solution ?! Tu l'as tué ! Pour sauver ton cul !
— Et le tien, celui de Christian et celui de Alexei ! Tu aurais choisi quoi, hein ?! De tous nous laisser crever là-bas ?!
— Je m'en fous ! Il n'aurait pas dû mourir là-bas ! Tout est de ta faute ! Je veux juste que tu disparaisses et pouvoir le rejoindre ! C'est trop dur sans lui !
— Je sais que c'est dur. Mais tu vas vraiment me faire croire qu'en imaginant tout ça dans ta petite tête, tu as pensé à ce que ressentirait ton meilleur ami, que dis-je, ton frère, si tu le faisais ? Tu vas laisser tomber, tu ne vas même pas essayer ? La vie vaut la peine d'être vécue. Si tu ne vis pas pour toi, alors vis au moins pour lui. Et ne fais pas des choses qu'il n'aurait pas souhaité te voir faire.
- Je... t-tais-toi, souffla Aiden en fermant ses magnifiques orbes charbon pour tenter de retenir ses larmes, tu ne le connaissais pas...
Il cessa de se débattre. Toutes ses forces l'avaient quitté en entendant Jean. Sa résolution de se venger puis de rejoindre son amour, avait été si facilement balayée par la simple idée de le décevoir et de faire souffrir Alexei.
Jean avança doucement sa main vers sa joue mais se stoppa devant la grimace de dégoût que lui lança le brun. Ça ne servait à rien d'essayer, il ne l'aimerait jamais. Pourtant, c'était tout ce qu'il voulait. Il voulait juste Aiden. Il avait eu peur, si peur ce jour-là. Il avait paniqué, laissé sa raison prendre le dessus, et il l'avait tué. Il n'avait même pas hésiter, il ne lui avait laissé aucune chance. Il fallait que ce soit crédible. Autrement, qui sait ? Ils seraient sûrement tous morts. Et il refusait d'imaginer perdre son cousin et l'homme qu'il aimait depuis si longtemps.
— S'il te plaît, ne fais pas ça, Aiden... Beaucoup plus de personnes que tu ne le penses tiennent à toi...
— Ah oui ? Genre toi ?
— Oui. Genre moi. Je suis désolé pour ce que j'ai fait. Sincèrement.
— Ta gueule, connard, souffla le brun.
Jean soupira longuement. Ils se regardèrent longtemps les yeux dans les yeux en silence avant que le sommeil ne finisse par emporter Aiden. Son épuisement, qu'il soit physique ou psychologique, l'avait rattrapé. Le châtain soupira doucement. Même son visage endormi semblait torturé. Il retira chacun des liens, mais, après une légère hésitation, décida d'attacher ses poignets l'un avec l'autre. Juste histoire de ne pas se retrouver avec un couteau planté dans son cœur meurtri au réveil.
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