Soirée pyjama, comme avant

— Tu veux commander quoi pour manger, Alex' ?

— Mm... une pizza, qu'est-ce que tu en penses ?

Aiden sortit de sa chambre après avoir enfilé un t-shirt et un jogging tout en hochant la tête. Il rejoignit Alexei qui mettait le premier DVD du Seigneur des Anneaux dans le lecteur, prenant son téléphone au passage pour passer leur commande habituelle. Le blond s'allongea tranquillement sur ses cuisses en se couvrant d'un plaid, lui arrachant un sourire nostalgique, et lança le film. Les deux amis se plongèrent dans l'intrigue, qu'ils connaissaient par cœur, et donnaient les répliques des personnages avant ces derniers, se tordant rire si l'un d'eux faisait une erreur. Alors que le premier film touchait à sa fin, le mannequin se leva pour aller mettre le deuxième en annonçant :

— Je te préviens, je compte bien me faire tous les films.

— Eh bah... heureusement que je ne suis pas fatigué...

— C'est clair ! En fait, Aiden... pourquoi tu es venu au club aussi tard ?

Le brun se crispa légèrement à l'entente de la question et dû se faire violence pour ne pas déglutir. Le plus jeune le rejoignit sur le canapé, reprenant sa position initiale, et il caressa ses cheveux en répondant d'un air détaché :

— J'étais occupé autre part avant. Mais je voulais reprendre ma carte de membre... alors... hum...

— Oh... tu étais avec ce... "P" ?

— Euh... je... non, pas vraiment, bafouilla Aiden, pris de court par les questions.

Il grimaça légèrement en voyant Alexei froncer les sourcils. Maintenant, il pouvait être sûr que son ami n'allait pas le lâcher, il allait être obligé de lui inventer un gros bobard. Il ne pouvait pas lui dire la vérité. Il n'avait pas le droit. Tout ce qui appartenait au harem devait rester au harem, c'était la règle. Il commençait donc à réfléchir à son mensonge en prenant une part de sa pizza, devenue froide depuis longtemps, mais il fut interrompu en cours de route par son ami.

— Aiden. C'est qui ce mec ? Tu as le droit d'avoir retrouvé quelqu'un, pas la peine de me le cacher.

— Alex'... ce... c'est pas...

— Ne me mens pas, s'il te plaît...

L'ancien manager soupira en posant son repas sur la table basse. La panique commençait à monter doucement en lui. Pourquoi, alors qu'il avait réussi à le cacher pendant des années, son passé devait-il ressurgir maintenant ? Il ramena ses jambes contre son torse et les encercla de ses bras, enfonçant sa tête dedans. Il ne pouvait pas faire face à Alexei. Il ne pouvait pas lui avouer ça.

Il ne se doutait pas qu'ainsi, il paraissait plus fragile que jamais au yeux du mannequin. Ce dernier le regarda faire avec surprise. Même s'il sortait d'une dépression, Aiden n'était pas du genre à se montrer aussi vulnérable. Il se mordit la lèvre, inquiet. Qui que soit cette personne, elle n'était pas bonne pour son meilleur ami.

— Je peux pas en parler, Alexei, souffla faiblement le brun.

— Aiden... ce mec... c'est qui ?

—... je peux pas...

Sous le regard médusé de Alexei, il commença à se frotter l'arrière de l'oreille, un air angoissé sur le peu qu'il pouvait encore distinguer de son visage. Jamais il ne l'avait vu ainsi, aussi fragile, proche de la rupture. Il caressa doucement ses cheveux, lui demandant gentiment de lui expliquer, mais son ancien manager secoua négativement la tête.

Aiden avait peur. Cette relation, il devait la garder secrète. Si jamais il l'apprenait, Alexei aurait sans aucun doute des ennuis et il serait obligé de retourner dans cette prison dorée. Et il n'en sortirais plus jamais ou alors... mort. Il étouffa un sanglot effrayé en se mordant le bras, ce qui ne rassura pas le mannequin. Le blond tenta de faire un câlin à son ami mais il le repoussa doucement.

— Aiden... dans quoi tu t'es embarqué ? Est-ce... est-ce qu'il te fait du mal ? Parle-moi.

— ... Ça fait longtemps, tu sais. Ça fait longtemps que je suis embarqué là-dedans. Mais je peux en parler... il le saura.

Le brun préféra se taire avant d'en dire trop, devant la mine inquiète de Alexei qui essaya encore un peu d'insister, en vain. Il finit par tourner la tête vers la télé, regardant le film et commentant le jeu des acteurs pour dérider son meilleur ami. Puisque apparemment, il ne pouvait rien faire de plus.

~~~

Jean regardait tranquillement passer les soumis et soumises devant lui à la recherche d'un.e potentiel.lle partenaire pour la soirée. Ici, tout le monde savait qu'il était bi, il avait donc son lot de prétendants.antes. Mais aujourd'hui, personne ne l'intéressait. Il avait envie d'avoir de nouveau le corps de Aiden près de lui. Il était si beau quand il était endormi. Il ne lui dirait sûrement jamais, mais il avait passé une bonne partie de leur nuit ensemble à l'observer. Un sourire rêveur naquit sur ses lèvres alors que son imagination dérivait vers des images un peu plus obscènes du brun couinant son prénom dans toutes sortes de positions.

Un raclement de gorge interrompit ses pensées. Devant lui, un dominant d'une quarantaine d'années lui tendait un dossier, l'air grave. Il grimaça et saisit les papiers en le remerciant. Le visage de l'homme ne lui disait rien qui vaille. Après l'avoir feuilleté rapidement, ce fut à son tour d'être inquiet. Même pire. Il ne voulait pas croire ce qu'il avait vu. Cette dernière feuille, les notes de ce qui s'était passé ce soir. Ce n'était pas possible.

Il se leva précipitamment et monta vers les bureaux pour y trouver son cousin. Il entra sans frapper et jeta le dossier sur son bureau avec un juron. L'angoisse allait le rendre fou, c'était quasiment certain. Le plus vieux leva des yeux interrogatifs vers lui, le regardant tourner en rond dans la pièce, à la limite de l'implosion. Il savait que c'était sa manière à lui d'extérioriser son inquiétude, si bien qu'il lui demanda ce qui le tracassait.

— Le sultan, tu connais, lui répondit son cadet en s'arrêtant soudainement et en s'approchant.

— C'est le gérant d'un club un peu plus loin, non ? Ah, je me souviens que tu voulais enquêter sur lui parce que des Doms t'ont rapporté des trucs pas nets, non ?

— Ouais. C'est ce que j'ai fait. C'est un proxénète. Ces serveurs offrent des services au clients et c'est lui qui empoche le fric. Sauf qu'ils sont pas... Ils ne sont pas consentants.

Christian grimaça en entendant ce que lui disait le châtain et prit le tas de feuilles. Il s'agissait des fiches descriptives des serveurs. Il regarda le visage des garçons, tous différents, et leurs prénoms : Karim, Antoine, Quentin, François et Robin. Ils avaient presque le même âge que son mari ou son cousin. Il reposa les fiches et releva la tête vers Jean. Il pouvait comprendre que le sort de ses garçons le préoccupe, mais il devait forcément y avoir autre chose pour le mettre dans cet état. Il l'interrogea du regard, conscient que la suite n'allait sûrement pas lui plaire. Le plus jeune inspira. Il semblait avoir du mal à mettre les mots sur la suite. Quand il y arriva enfin, il ne put retenir un léger tremblement dans sa voix :

— Le sultan a annoncé ce soir qu'il y aurait bientôt un nouveau serveur.

— Tu as des informations sur lui ?

— On en a beaucoup plus que tu ne le crois, annonça-t-il avec une mine sombre, il s'agit de Aiden.

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