Retour dans le passé
Jean et Aiden se laissèrent tomber sur le lit, blottit l'un contre l'autre et les cheveux encore mouillés. Le châtain commença à fermer les yeux mais la voix du manager l'en empêcha quand il demanda doucement :
- Où tu étais ?
- Aiden...
- Non, je veux savoir. On dormira plus longtemps demain, je travaille pas... il faudra juste que je parte en Italie après.
- Tu pars en Italie, grogna Jean.
- Un shooting, je pars une semaine... mais n'essaye pas de détourner le sujet ! Explique-toi !
- Très bien, soupira-t-il après une petite hésitation, va nous faire des cafés parce qu'on risque d'en avoir pour longtemps.
Le brun s'exécuta et revient avec deux grandes tasses de latte macchiato, s'excusant auprès de son dominant parce qu'il n'avait pas racheté de capsule à expresso. Il s'assit près de lui sous les draps. Jean prit une grande inspiration, but au moins la moitié de son mug et commença à raconter ce qui lui était arrivé.
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Quand Jean réussit à enfin ouvrir les yeux, il constata qu'il était dans une pièce assez sombre mais dotée d'une fenêtre juste en face de lui. Sa forme lui indiqua qu'il était sûrement dans le grenier d'un vieux manoir. Après cette rapide analyse de son environnement qui lui permit de reprendre ses esprits, il remarqua que ses bras étaient suspendus, attachés au plafond par les poignets grâce à une chaîne, et qu'il touchait à peine le sol avec ses pieds. Son gilet et ses armes lui avaient été retirés mais il avait encore ses vêtements, ce qui au fond le rassura. Mais il sentait le sang se coaguler autour de son mollet non-soigné. Et cela le fit grimacer, la blessure devait être soignée sinon il risquait une infection. Un bruit de porte lui fit redresser la tête alors qu'un homme venait se placer devant lui en demandant narquoisement :
- Tu me reconnais, non, Jean ?
- Comment oublier le second inutile de mon père tout aussi inutile ?
- Ne lui manque pas de respect, gamin.
- Je t'ai vexé, mon petit ours brun ?
La remarque du châtain fut accueillie par une claque qui manqua de lui décrocher la mâchoire. Mais il ne montra pas sa douleur et plongea ses yeux verts dans ceux gris aciers de son vis-à-vis. Ce dernier, agacé par son comportement, attrapa sans douceur le col de son pull et chuchota avec son air le plus menaçant :
- Tu ne sortiras pas d'ici vivant, Jean, et ce ne sera pas avant que tu me supplies de tuer.
- Cours toujours, je te tuerai par moi-même avant.
De nouveau, une claque tomba sur sa joue. Elle fut nettement moins forte cette fois comme si l'homme était déstabilisé par les mots de Jean. Le châtain n'était pas doué en manipulation pour rien... Il sortit de la pièce avec un cri rageur, laissant le plus jeune enfin relâcher la tension de ses épaules. Il pensa à Aiden et son cœur se serra quand les regrets commencèrent à l'assaillir, quand l'idée qu'il ne le reverrai peut être plus s'y mêla... il grogna, refoula les larmes et tenta de poser ses pieds au sol pour calmer le tiraillement de ses bras. Les journées allaient être longues... très longues...
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- Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite, demanda Aiden, la tête posée sur le torse de son dominant.
- Après ? Pendant un mois, il ne s'est pas passé grand chose. J'ai même eu le droit à un médecin pour soigner ma blessure au mollet. Je pense qu'il était partit en mission pour ma tante et que personne n'avait pas le droit de me toucher. Tant mieux, en fait...
- Pourquoi tant mieux ?
- Le deuxième mois... Ça a empiré...
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Jean n'en pouvait plus. Il avait horriblement mal aux bras, les chaînes ayant été retendues par son dernier gardien lorsqu'il était venu lui servir son dîner. Quand la porte s'ouvrit, il redressa aussitôt la tête avec toute la fierté dont il était capable pour affronter le regard du second de son père. Il se planta devant lui avec une petite table roulante recouverte de toutes sortes d'objets coupants.
- Pitié, c'est tellement cliché, ricana le plus jeune.
- Peut-être mais je veux que ta mort soit lente. Très lente... je vais venger ton père.
- À t'entendre on dirait que vous étiez en couple. Oh, attends, vous étiez en couple ?
- Tais-toi, cria l'homme en lui assénant un poing dans la mâchoire, faisant cracher du sang au châtain.
- Tu sais... me frapper sert à rien. On me dis souvent que j'ai une grande gueule, se moqua-t-il, ne pouvant empêcher son esprit de vagabonder vers son soumis en faisant cette remarque.
Son bourreau, agacé par son comportement, pris un couteau affûté et coupa son pull tout en enfonçant légèrement la lame dans sa peau. Jean ne put s'empêcher de couiner de douleur et de surprise avant de se taire pendant tout le reste de la torture, fier comme jamais et déterminé à résister le plus longtemps possible.
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Le châtain reposa sa tasse de café, qu'il venait de finir, et regarda le manager appuyé contre lui. Ce dernier avait du mal à garder les yeux ouverts mais il restait attentif à son histoire malgré tout. Jean soupira légèrement et le questionna :
- Tu veux dormir ?
- Non. Je veux savoir la suite...
- Hé bien... ça a duré environ un mois et demi où il a testé toutes les tortures qu'ils connaissaient sur moi. J'étais très affaibli...
- Comment tu t'en es sorti ?
- C'est assez compliqué...
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Combien de jours ? Depuis combien de jours était-il ici à subir toutes ces tortures ? Il voulait dormir, juste un peu...
- Debout ! C'est l'heure de tes soins, cria une voix extrêmement horripilante auprès de son oreille.
- Dégage, tu pues de la gueule.
- Tu vas apprendre à la fermer, oui ?!
Un poing atterri sur son ventre couvert de coupure plus ou moins profondes et cicatrisées. Il toussa un peu, le souffle coupé par le coup, mais retint les larmes qui menacèrent de couler. Le second baissa les chaînes pour qu'il puisse poser les pieds aux sols et, le trouvant assez faible, détacha ses poignets. Jean reprit presque aussitôt ses esprits. C'était sa chance.
Avec une vitesse dont il ne se croyait pas capable, il attrapa un des couteaux posé sur la tablette servant à le torturer et le planta dans le cou de l'homme sans aucune hésitation. Il ne fut pas long à se vider de son sang à ses pieds. Le châtain attrapa les bandages et les appliqua sur ses différentes blessures avant de mettre sur lui les affaires de l'homme et prendre son pistolet.
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- Et c'est comme ça que tu t'es enfui ?
- Ouais... Après je suis parti quelques temps dans le cabinet médical d'un ami qui m'a soigné et m'a laissé me reposer sans trop poser de questions. J'ai attendu que le gang se calme, ça été assez long, juste le temps que cela arrive aux oreilles de ma tante qui a rappelé l'accord qu'on a passé. Et me revoilà, près de toi...
- Alors toutes tes cicatrices...
- Viennent de là, en effet. Elles ont bien guéries mais les marques vont rester... le plus grave c'est ma jambe, expliqua Jean en caressant doucement la joue du brun, elle a été mal soignée au départ et je boîte maintenant. Parfois elle me fait mal et je dois prendre une canne.
À la tête que fit Aiden, le châtain devina qu'il trouvait l'idée de la canne assez attirante. Il rigola légèrement et l'embrassa avec tendresse. Le plus jeune se lova contre lui et ferma les yeux, sombrant peu à peu dans les bras de Morphée même si les rayons du soleil estival commençait à passer à travers les rideaux de la chambre.
Jamais il n'avait fait d'aussi agréables rêves.
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