Remise à zéro

Aiden était de nouveau devant la porte du manoir et ce malgré les révélations que Jean lui avait faites le matin même. Il était obligé de venir, ne serait-ce que pour ne pas éveiller les soupçons, mais aussi et surtout pour prévenir Mike. C'est pourquoi il jeta à peine un regard à Simon quand il lui ouvrit et monta aussitôt vers le harem. Une voix froide le stoppa en plein milieu des grands escaliers du hall et il dut retenir une grimace en l'entendant.

— Aiden. Serais-tu pressé ?

— Pardonnez-moi, monsieur, j'ignorais que vous étiez ici, répondit-il en se tournant vers le bas des escaliers où se trouvait son horrible maître tout en évitant soigneusement son regard.

— Ce n'est rien. Dis-moi, que fais-tu dans la nuit de samedi à dimanche ?

— Je fête l'anniversaire d'un ami. Je fais partie de l'organisation, je ne peux pas l'esquiver, monsieur, pourquoi ?

— Ce n'est rien, rejoins-moi vers trois heures du matin à l'Oasis, j'ai à te parler, ordonna-t-il.

Aiden dû se mordre la joue pour ne pas hurler. Il n'avait plus aucun doute maintenant, Jean disait vrai. Il se contenta de hocher la tête puis reprit son chemin, suivit par le petit blond qui lui ouvrit la porte de la grande pièce orientale. Il salua les nouveaux avant de donner une accolade à Mike, chuchotant rapidement à son oreille :

— Les autres sont vivants. L'Oasis, un bar en ville, c'est lui qui le gère. Ils sont retenus là-bas. Il les force à se prostituer. Il va m'y emmener ce week-end, mais un ami va me sortir de là. Il va tous nous sortir de là. N'éveille surtout pas ses soupçons et protège les deux petits.

— Non tu ne peux pas...

— Fais-moi confiance, je vais gérer.

Il se décolla de son ami avant qu'il ne puisse protester davantage et suivit Simon dans la même pièce que la veille où se trouvaient toujours Samuel et Armin. Une nouvelle fois, il ne fit que parler avec les deux jeunes hommes en leur montrant les positions à connaître lorsque le maître viendrait leur rendre visite. Il espérait qu'il pourrait agir avant que ça n'arrive. Ils ne méritaient pas ça.

Il repartit du harem au bout d'une heure, évitant soigneusement de croiser son maître, et roula vers le Guardian Club, pressé de retrouver un endroit familier où il ne pourrait pas le suivre. Cette fois, il put entrer même sans sa carte de membre. Il alla directement vers les sièges de Jean et Christian pour trouver son meilleur ami. Cependant, lorsqu'il arriva, il ne trouva que Jean assis sur le sien, l'air concentré sur des papiers.

— Alexei n'est pas là ?

— Mm ? Oh, bonsoir à toi aussi, Aiden.

— Oui, c'est ça, bonsoir, répondit-il en levant les yeux au ciel, alors ?

— Lui et Christian sont partis dans la chambre, il ne vont sûrement pas revenir avant une petite heure.

Aiden soupira légèrement. Alexei était la seule raison pour laquelle il était venu, alors il allait devoir l'attendre. Il allait se diriger vers le bar quand la voix de Jean l'arrêta, non sans provoquer en lui une soudaine montée d'angoisse.

— Aiden, j'aurais besoin que tu me fournisses des renseignements sur le Sultan. Plus j'aurais d'informations, plus vite je pourrais venir t'aider.

— On peut en parler dans ton bureau, demanda le brun après une légère hésitation.

— Oui, suis-moi.

Le manager suivit le châtain en direction des bureaux du club. L'angoisse lui nouait tellement les entrailles qu'il regarda à peine les soumis autour de lui. Il avait tellement peur de ce qui allait lui arriver. Mais il ne l'avouerai pour rien au monde, surtout pas à Jean. Il entra dans le bureau de ce dernier et prit place sur les chaises en face de lui en soupirant légèrement.

— D'abord... j'aimerais te demander... Tu veux toujours te venger de moi ?

— Tu m'as rendu d'immenses services, que ce soit en me sortant de l'état dans lequel j'étais ou en me prévenant de ce qui allait arriver. Mais je pense que tu dois toujours payer. Sauf que te faire condamner en justice... ça reviendrait à condamner Christian aussi, et je ne peux pas faire ça à Alexei.

— Alors comment ?

— Soumets-toi à moi, annonça-t-il après un léger temps de réflexion, et ne trahis pas la promesse que tu lui as faite en le tuant. Tu dois me protéger, ma vie avant la tienne. Et ne crois pas que ça veut dire que je suis amoureux de toi.

— Je vois, souffla le gérant dont les yeux se voilèrent un instant de tristesse.

Le brun ne saurait dire pourquoi, mais cela lui fit légèrement mal au cœur, de voir Jean dans cette position de faiblesse. Il n'était pas comme ça normalement, il était même plus fort que lui pour affronter la mort, pour supporter le fait qu'il le haïsse... Mais il se résolut à ne faire aucun commentaire et choisit de changer de conversation, comme si de rien était, en lui donnant les informations qu'il avait sur le Sultan.

— Et donc, son véritable nom, demanda le châtain quand il eût fini d'exposer ses connaissances.

— Philippe Giraud. C'est tout ce que je peux te dire sur lui, Jean.

— Très bien. Je devrais réussir à prouver ce dont il est coupable. Tu n'es pas obligé de...

— Il te faudra des témoignages, non ? Je peux témoigner contre lui une fois que je serais là-bas, il faudra juste que je sache à quoi ressemble ton informateur pour lui faire passer une lettre. Ensuite, tu viendras me chercher.

— Aiden... je... mon informateur peut demander aux autres de...

— Non. S'ils n'osent pas le faire, ça ne servira à rien. Je m'en occupe, compris ?

— Très bien, capitula Jean en soupirant tristement, quand est-ce que tu dois y aller?

— Dans la nuit de samedi à dimanche vers trois heures du matin.

— Donc samedi sera notre dernière soirée ensemble...

Aiden se mordit légèrement la lèvre en regardant Jean se lever, son air mélancolique collé au visage. Mais il ne fit rien pour le retenir lorsqu'il alla lui ouvrir la porte du bureau. N'ayant plus aucune raison de rester, il se dirigea vers la sortie. Au dernier moment, il prit le poignet du châtain et le tira doucement à lui.

— Si samedi c'est notre dernière soirée, alors on peut en profiter aujourd'hui, non ?

— Tu veux en profiter pour faire quoi ?

— Pour faire ce que je t'ai dit. Et après, on remettra les choses à zéro entre nous. N'oublie juste pas ce que tu m'as dit. Tu lui dois.

— Après ça, je pourrais faire de toi mon soumis si j'en ai envie ? Je te protégerais encore mieux comme ça. Et tu seras amoureux de moi.

Le brun ne manqua pas de ricaner légèrement en voyant que le plus vieux ne laissait pas tomber l'idée de le soumettre avant de hocher la tête. Il ne le laisserait pas faire, de toute façon. Jamais il ne se soumettra à lui.

Il tira Jean dans le couloir et rejoignit les chambres du club. Le gérant le guida vers celle qui lui était réservée, près de la pièce de son cousin, et ils y entrèrent tous les deux. Avant même que Aiden ne puisse lui donner un ordre, Jean le plaqua contre la porte pour l'embrasser sauvagement, mordillant ses lèvres sans vergogne. Il lui arracha quelques grognements de protestation jusqu'à ce qu'il arrive à reprendre le dessus sur le baiser en le poussant sur le lit. Une fois qu'il fut à califourchon sur son partenaire, il grogna :

— C'est moi qui domine.

— Parce que tu penses vraiment que je vais me laisser faire, se moqua le châtain en se léchant les lèvres.

— Oh vraiment ? Donc tu ne veux pas que l'on remette les choses à zéro ?

— C'est du chantage ça...

— Ouais, je sais, mais j'ai l'impression que c'est la seule chose qui marche entre nous.

— C'est pas faux, rigola Jean avant de se redresser pour l'embrasser de nouveau avec plus de douceur.

Les deux hommes se déshabillèrent mutuellement, partant à la découverte du corps de l'autre. En y réfléchissant bien, Aiden savait parfaitement qu'il ne faisait pas ça que pour sa vengeance. Il le faisait parce qu'à force d'imaginer ce qu'il pourrait faire à Jean pour lui faire payer, il avait fini par fantasmer sur lui. Sur ces lèvres qui l'avaient embrassés avec tellement de violence et de tendresse dans son appartement, sur ce corps qui semblait plus puissant que le sien malgré leurs morphologies similaires... sur ces yeux émeraudes qui le regardaient avec tellement de passion, tellement d'amour, que rester trop longtemps plongé dedans le faisait presque suffoquer. Comment n'avait-il pu rien remarquer à ses sentiments alors que de toute évidence ils étaient en face de lui depuis longtemps ?

Mais il le faisait aussi parce qu'il avait peur. Peur d'être de nouveau soumis, peur de devenir un prostitué, peur de ce que les hommes là-bas pourrait lui faire. Une légère caresse sur sa joue le fit sursauter et il plongea ses yeux noirs dans les émeraudes du plus vieux en dessous de lui. Jean lui sourit et il retrouva cette lueur dans ses yeux, cette lueur qui, sans qu'il ne le veuille, faisait un peu chavirer son cœur, cette lueur qui lui disait "je t'aime et je ferais tout pour toi, même si tu dois me détester". Et c'était déjà ce qu'il avait fait une fois, en tuant Marc pour le sauver.

— Aiden... Tu as peur de quelque chose, murmura-t-il en rapprochant leurs fronts.

— Tu viendras vite me chercher là-bas, hein ? Tu ne m'abandonneras pas ?

— Je supporte à peine l'idée que tu y sois, donc je ne te laisserai pas tomber. Je me répète sûrement mais tu n'es pas obligé de...

— Tais-toi. Promets-moi juste que tu feras vite.

— C'est promis, Aiden. Je te sortirai rapidement là.

Aiden souffla doucement, relâchant la pression. Cette promesse, les yeux dans les yeux, il voulait la garder précieusement. Parce que si jamais il essayait de lui faire du mal, de briser son mental, alors il aurait quelque chose à quoi se raccrocher. L'espoir que Jean viendrait vite.

Il s'ébroua légèrement pour reprendre ses esprits. Ce n'était plus le moment de penser à ça. Il avait des fantasmes à réaliser cette nuit. Il sourit légèrement et se leva pour aller fouiller dans les armoires à la recherche de cordes et de quelques accessoires jugés nécessaires à ses yeux. Le châtain le regarda s'activer, ses fesses musclées se contractant sous son boxer au gré de ses mouvements, et il ne put s'empêcher de trouver la vue très excitante. Se sentant à l'étroit dans son propre sous-vêtement, il profita du fait que Aiden ait le dos tourné pour pouvoir le retirer et libérer son sexe tendu couvert par une légère toison châtain foncée remontant jusque son nombril.

Quand le plus jeune se retourna, il fut surpris de le voir assis, complètement nu, en train de le dévorer du regard alors que sa main caressait lascivement son érection. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres et il le rejoignit, déposant quelques baisers sur son torse avant de le pousser sur le dos et d'attacher ses poignets à la tête de lit. Il commença à suçoter et mordiller son lobe d'oreille, souriant en sentant la repousse de la barbe de son soumis du soir frotter contre la sienne. Il partit ensuite jouer dans son cou où il laissa quelques marques de son passage. Il s'amusa à torturer le châtain ainsi avant de se redresser, pliant ses jambes et attachant ses chevilles à ses cuisses pour les maintenir écartées devant lui.

Il posa doucement sa langue sur son gland, appuyant sur la fente de ce dernier, ce qui lui arracha un discret gémissement. Il comprit facilement qu'il ne laisserait pas passer le moindre bruit d'entre ses lèvres, mais il ne fit aucune remarque. Il allait le faire crier, il devait juste prendre son mal en patience. Il le prit sensuellement en bouche tout en glissant un doigt en lui, prenant soin de bien le détendre avant d'y ajouter un deuxième pour commencer de délicieux mouvements de ciseaux. Il sentit Jean se cambrer contre lui, tirer sur ses poignets et grogner de frustration quand il se rappela qu'ils étaient attachés et qu'il ne pouvait pas le toucher. Il lâchait des soupirs et des gémissements contenus que Aiden considéra comme particulièrement excitants, c'est pourquoi il décida de le titiller un peu plus. Il se redressa et lâcha son sexe avant d'ajouter un troisième doigt qui tâtonna un peu partout en lui.

— A-Ah ! Là, s'écria Jean en tentant de ne pas perdre pied alors que Aiden pressait ce point en lui.

— Tu sais que tes bruits sont adorables, rigola le brun en continuant de le torturer.

Le châtain se contenta de grogner pour lui répondre, fermant les yeux pour savourer le plaisir qui s'écoulait en lui. Aiden décida que c'était le moment de prendre l'anneau pénien qu'il avait amené pour le mettre autour de son sexe avec un petit sourire moqueur. Il allait crier, il s'en faisait la promesse. Jean haleta légèrement en sentant le sextoy mais ne protesta pas. Il savait que Aiden l'avait ramené, s'il n'avait pas voulu qu'il l'utilise, il lui aurait déjà dit. Un couinement plaintif lui échappa quand le plus jeune retira ses doigts de son intimité. Il en voulait plus, tellement plus.

Il rouvrit les yeux et le vit enfiler un préservatif avant de le pénétrer d'un coup sec. Il se cambra et mordit sa lèvre pour ne pas laisser échapper son cri, ce qui sembla agacer Aiden. Le brun voulait l'entendre. Il attrapa l'écarteur buccal à côté de lui, une lanière de cuir avec à chaque bout un crochet métallique permettant de maintenir la bouche ouverte, et le présenta devant lui. Bien qu'excité à l'idée d'être forcé à ne plus retenir ses cris, Jean tourna la tête dans tous les sens pour l'empêcher de lui mettre. Il n'était pas complètement soumis et il voulait lui rappeler. Un coup de rein bien placé le stoppa et Aiden en profita pour lui enfiler l'accessoire avec un petit sourire moqueur.

Il commença ensuite à bouger, attrapant les hanches du châtain pour accélérer ses mouvements. Le gérant ne pouvait plus retenir ses gémissements, cette fois, et il se laissa aller dans les bras de Aiden. Au bout d'un moment, il lâcha quelques cris plus nombreux, les muscles de son intimité se resserrant autour de son sexe, sans pouvoir jouir à cause de l'anneau. Le brun continua de le pilonner, et lorsqu'il se sentit proche de la fin, il desserra son petit instrument de torture. Ils finirent par jouir tous les deux.

Et là, Aiden eu un déclic. Quand il se retira de lui, quand il le détacha, quand il croisa les yeux verts de Jean, il sentit qu'au final, il n'avait pas vraiment dominé leur échange. Jean l'avait juste laissé faire. C'était en tout cas ce que lui criait son regard. Il frémit légèrement. Pourquoi aimait-il ça ? Pourquoi avait-il envie de se lover dans ses bras pour chasser ses peurs, pour se sentir protéger ?

Il se détourna pour ne pas que son aîné le remarque. Il devait garder ça pour lui. Qui sait dans quel état il ressortirait de l'Oasis ? Il ne serait sûrement plus jamais pareil. Et peut-être qu'alors, Jean ne l'aimerait plus. 

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