Puni

À peine Aiden fut-il sorti de l'ascenseur qu’il se rua vers l’appartement de Alexei et Christian pour presser frénétiquement la sonnette. Il priait pour que le couple soit là et vienne lui ouvrir avant que Jean ait fini de monter les cinq étages qui les séparaient. Il tremblait. Il avait peur. Jean lui avait fait peur. Pendant un court instant, il avait cru que Philippe était avec lui. Peut-être qu'il s'était trompé, une nouvelle relation BDSM n'était pas ce qu'il lui fallait. Après tout, ce qui était en train de lui arriver maintenant était dû à une relation BDSM.
La porte d’entrée finit par s’ouvrir devant lui au bout de ce qui lui parut une éternité. Christian le regardait, un air surpris peint sur son visage. Apparemment, Jean ne l’avait pas encore prévenu de ce qui c’était passé, c’était donc sa chance d’entrer. Il aurait préféré que ce soit Alexei qui lui ouvre, il aurait été plus rapidement à l’abri, mais c’était déjà mieux que rien. Il tenta d’entrer, mais le châtain l’arrêta en posant une main sur son épaule, les sourcils froncés.

— Aiden ? Tu te serais pas trompé d'étage, par hasard ?
— Laisse-moi entrer, Christian.

Il ne voulait pas avoir à s'expliquer plus. Pas à Christian. Il irait tout répéter à son cousin. Il allait à nouveau essayer de passer en force quand son meilleur ami arriva dans la pièce, échevelé, et enfilant avec difficulté avec un peignoir. Il regarda son mari en hochant doucement la tête et Christian soupira légèrement. Il le relâcha et s’écarta pour le laisser passer, ce qu’il s’empressa de faire. Aussitôt, il fut réceptionné dans les bras de Alexei qui murmura un remerciement à son dominant en caressant les cheveux bruns de son ami.
Il lui avait juste suffit d’entendre que c’était lui et de le voir pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Heureusement pour lui, Christian semblait avoir aussi compris que Aiden n’allait pas bien, et même s’ils les interrompaient au début d’une séance qui s’annonçait fantastique, il ne pouvait pas le laisser. Son dominant l’avait d’ailleurs bien compris puisqu’il referma la porte après le passage de Aiden et lui fit un discret signe pour lui indiquer qu’il allait dans son bureau pour les laisser seul. Il le remercia avec un sourire, caressant les cheveux bruns de l’homme qui s’accrochait à lui en tremblant.
Christian s’éclipsa discrètement, passant par sa chambre pour récupérer son portable, avant de se rendre dans son bureau. Sur l’écran, il vit que déjà plusieurs appels manqués s’affichaient et ils venaient tous de son cousin. Une pointe d’inquiétude monta en lui. Ce n’était pas normal que Aiden débarque chez lui en tremblant et que Jean ne fasse que l’appeler. Il appuya sur l’icône en forme de téléphone pour le rappeler en se mordant la lèvre, les sourcils froncés.

Christian ! Bordel, tu as pas idée d'habiter en haut de sept étages, lui répondit quasi-aussitôt une voix essoufflée, il est chez toi ?
— Exact. Tu étais en train de monter les escaliers ?
Oui, tous les ascenseurs étaient pris. Sauf que je n’ai pas réussi à le rattraper...
— Il est avec Alexei. Mais je peux savoir pourquoi ton soumis débarque chez moi en tremblant comme une feuille ?
J’ai merdé. Je l’ai touché par surprise, il s’est renfermé. Il devient méchant quand il fait ça, alors on s’est engueulé dans la voiture, j’ai trop haussé le ton et… merde, je suis un con. Je peux venir lui parler ?
— Non. Laisse-lui le temps de se calmer. Alexei s’en occupe, fais-lui confiance. Je te tiens au courant de ce qui se passe, ok ?
Je… Ah… ok, je suppose que tu as raison. Je vais attendre. J’attends tes messages.
— Tout va bien se passer, Jean.

~~~

Une fois que Christian les laissa seuls dans le salon, Alexei entraîna Aiden vers le canapé, où il le fit asseoir avant de le rejoindre. Il caressa de longues minutes ses cheveux, attendant que ses tremblements se calment sans rien dire. Le brun lui parlerait quand il serait prêt à le faire, il ne pouvait que patienter et le rassurer du mieux qu’il pouvait.

— Il m’a pincé, finit-il par souffler, ça m’a fait peur…
— Il l’a vu ? Vous en avez parlé ?
— Je… crois ?

Alexei fit la moue et pencha légèrement la tête sur le côté, pas sûr de bien comprendre. Aiden fronça légèrement les sourcils. Il était en train de réaliser ce qu’il avait fait. Et il se sentait profondément idiot.

— Il a voulu en parler dans la voiture. Sauf que… je… je lui ai dit des choses pas sympas, chez mes parents… et… j’étais énervé, j’ai crié, il a crié et… j’ai eu peur…
— Aiden, Alexei caressa doucement la joue de son ami avec un regard triste, c’est rien qui ne peut pas se régler. Mais d'abord il faut que je sache… tu veux rester avec Jean ?
— Je… je crois oui… il… il me fait du bien j'ai juste… j'ai juste paniqué. Beaucoup. Et il a essayé de me rassurer mais je l'ai repoussé. Merde je suis vraiment…
— Hé, tu as vécu un traumatisme. Tu ne peux pas toujours être parfait. Ça va aller, ok ? Rentre, parlez-en calmement. Je t'accompagne à la porte et je reste derrière, si ça ne va pas tu auras juste à venir me rejoindre. D'accord ?

Aiden hocha doucement la tête. Il savait que c'était sûrement la meilleure solution, pour autant il était effrayé. Savoir que son meilleur ami serait derrière la porte le rassurait légèrement, assez pour qu'il se dise qu'il pouvait le faire. Alexei sourit et se leva en tendant la main vers lui. Il l'attrapa en prenant une longue inspiration et se redressa à son tour. Il ne voulait plus laisser sa peur le contrôler.

~~~

Aiden entra dans l'appartement sans frapper ou sonner, lançant un dernier regard légèrement inquiet vers Alexei en fermant la porte, puis déposa ses affaires sur le porte manteau. Il n'y avait aucune trace de Jean dans le salon ou dans la cuisine. Il inspira profondément pour tenter de puiser du courage et se dirigea vers la chambre.
Jean était là, assis sur le lit, son téléphone entre les mains. Il se douta aussitôt qu'il avait dû être en contact avec Christian à partir du moment où il avait posé un orteil chez son meilleur ami. Et pourtant, il n'était pas venu le récupérer, il l'avait laissé prendre le temps de se calmer.

— Désolé, Loup, je n'aurais pas dû te crier dessus et te toucher aussi soudainement chez tes parents.

Aiden baissa la tête. Jean n'était pas le seul en tort, il lui avait fait du mal aussi. Il inspira profondément, et se mit à genoux devant le lit, les mains sur les cuisses, le dos droit et les yeux baissés vers le sol. C'était la première fois qu'il prenait cette position devant Jean. Il sentit son regard sur lui, plein d'interrogations, alors qu'il tentait de garder son calme pour parler sans faire trembler sa voix.

— Je… je suis aussi désolé. Je n'aurais jamais dû parler sur ce ton et être aussi méchant alors que tu as essayé de t'excuser. C'est de ma faute aussi…
— Alors, si tu es d'accord, j'aimerais te punir. En te faisant porter une cage de chasteté pendant une semaine. C'est bon pour toi ?
— Nutella.
— Je te laisse te déshabiller alors. Prends ton temps.

Le châtain sourit légèrement avant de se redresser et d'aller chercher la cage dans son armoire. Il s'agissait d'un objet tout simple, en plastique gris fumé. Jean avait préféré faire dans la simplicité. La cage était assez légère et peu contraignante, juste assez pour rappeler qu'elle était ici. Après l'avoir récupérée, il ne se retourna pas immédiatement, préférant laisser à Aiden toute l'intimité dont il avait besoin pour se changer.
Et il fit bien car le brun eut du mal à se déshabiller, énormément de mal. Il n'avait jamais été véritablement pudique mais depuis les événements de l'Oasis il avait beaucoup de mal à montrer son corps. Il avait honte des bleus encore violacés qui s'étalaient sur sa peau accompagnés des cicatrices laissées par les coups les plus violents. Mais il avait aussi l'impression que son corps était sale. Il se sentait dégoûtant. Il dut se faire violence pour parvenir à retirer son polo marine après deux longues minutes. Son pantalon tomba beaucoup plus facilement, mais le caleçon mit deux minutes de plus à le suivre. Il ferma les yeux, tenta de chasser son angoisse en ralentissant sa respiration, puis il appela Jean.
Son dominant se retourna et plongea aussitôt ses yeux dans les siens, sans s'attarder un seul instant sur son corps. Il se sentit presque aussitôt détendu, capturé par ses iris vert forêt qui ne le lâchaient pas un seul instant pendant qu'il enfilait habilement la cage autour de son sexe avant de la fermer par un petit cadenas, lui aussi en plastique. Il embrassa ensuite son front, avec toute la tendresse qu'il éprouvait pour lui, et quitta la chambre pour le laisser se rhabiller tranquillement.

Il voulait habituer en douceur son soumis aux accessoires que son ancien maître lui avait fait haïr et lui faire prendre confiance en lui. Parce que derrière la punition se cachait cette bonne volonté de retrouver le Aiden qui l'avait pris sauvagement au Guardian club, même si ce serait lui qui le prendrait cette fois. Et il ferait tout pour y parvenir.

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