Dernière soirée
Aiden se regardait dans le miroir de sa salle de bain, détaillant son visage où il avait dessiné des petites tâches de rousseur pour véritablement ressembler au personnage de son cosplay. Il tenta de calmer les tremblements incessants de sa main et de ravaler la boule de stress qui lui nouait la gorge. Samedi était arrivé bien trop vite, plus vite qu'il ne le voulait. Il était effrayé à la simple idée de se rendre à l'Oasis et de faire ce que Philippe lui ordonnera. Il voulait rester chez lui et se cacher sous sa couette pour ne plus jamais en sortir. Un fracas dans la cuisine le sortit brusquement de ses pensées. Il quitta rapidement la salle de bain en criant :
— Jean ?! Je peux savoir ce que tu as fait ?!
— Hum... il se peut que j'ai fait tomber par inadvertance une tasse.
— Tu fais chier franchement, c'était laquelle ?
Jean préféra ne pas répondre et montra un des morceaux restants de la pauvre tasse au plus jeune. Voyant qu'il s'agissait d'une qu'il gardait pour ses invités, il se contenta de soupirer à nouveau et d'aller chercher à Jean de quoi nettoyer. Quand il revint, ce dernier attrapa la manche de sa chemise blanche pour le retenir, un pli soucieux se dessinant sur son front.
— Tu ne fais que trembler depuis tout à l'heure et on dirait que tu vas fondre en larmes n'importe quand.
— Désolé d'être un peu stressé par ce qui m'attend !
— Ne t'en prends pas à moi, Aiden...
— Et pourquoi pas hein ? Puisque de toute façon, je vais attendre bien sagement que tu viennes me chercher pendant que je vais me faire défoncer le cul !
L'ancien manager avait commencé à parler d'un ton bas pour finir par hurler. Cela ne sembla pas surprendre Jean pour autant. Il posa le balais pour prendre doucement ses joues entre ses mains, les caressant de son pouce, et chuchota :
— Je t'ai dit que tu n'étais pas obligé d'y aller. Tu peux encore renoncer.
— Non, je ne peux pas. Tu as besoin de cette preuve pour avoir quelque chose de solide et tous nous sauver. Mais je... j'ai tellement peur...
La peur le rendait fou. Ne pas savoir ce qui l'attendait était effrayant. Le châtain ne serait pas là quand il se retrouverait prisonnier de l'Oasis, il serait tout seul avec les maigres défenses qu'il avait réussi à reconstruire depuis la mort de Marc. Il ne faisait aucun doute que ces dernières seraient facilement rompues. Elles étaient déjà en train de fissurer...
— Tu ne dois pas avoir peur, Aiden. Dans une semaine tout au plus on sera de nouveau ensemble.
— Je me fous d'être avec toi, mentit difficilement le plus jeune, je veux juste sortir de là.
Aiden tenta de retirer les mains du plus vieux de ses joues mais ce dernier l'en empêcha en l'embrassant tendrement. Le brun offrit un semblant de résistance avant de céder et de laisser ses lèvres rosées se mouvoir en harmonie avec les siennes. Il sentit ce tas d'émotions contradictoires habituellement logées au fond de lui remonter et former une boule dans sa gorge, la compressant jusqu'à le rendre presque muet. Quand Jean le lâcha, il dut se retenir de ne pas s'accrocher à la veste de son déguisement pour se coller contre lui et se perdre dans ses bras pour le reste de la nuit. Il choisit plutôt de lui plaquer le balais contre le torse et de retourner dans sa chambre afin de parfaire son costume.
Il enfila la veste de la brigade d'entraînement puisqu'il avait choisi de se déguiser en Marco Bott, un de ses personnages favoris de Shingeki no Kyojin, afin d'être assorti avec son meilleur ami pour qui il avait prévu un cosplay de Livaï Ackerman. Christian, lui, devait être Erwin Smith, puisque Alexei adorait le couple que formaient les deux protagonistes dans les esprits de multiples fans. Et pour son cousin... il s'agissait de Jean Kirschtein. Allez savoir pourquoi, découvrir qu'un des autres personnages qu'aimait Aiden portait son prénom mais qu'en plus le couple formé par ce dernier avec le personnage du plus jeune était un de ses préférés l'avait décidé à choisir de se déguiser ainsi.
Ses magnifiques yeux noirs parcoururent une dernière fois sa chambre, cherchant quelque chose qui pouvait lui donner le courage d'affronter les épreuves à venir. Ce fut vain et il se résolut donc à sortir de la pièce. Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte pour regarder Jean qui l'attendait sur le canapé en buvant tranquillement un café, et tenta de puiser dans cette image paisible la force dont il avait besoin.
— Pourquoi es-tu parti, demanda soudainement le gérant du club en se tournant vers lui.
— Quoi ?
— Jeudi, quand on a couché ensemble, tu avais l'air de vouloir rester pourtant tu es parti. Pourquoi ?
— Je..., il souffla se laissant tomber près de lui afin de mettre un peu d'ordre dans ses idées, je ne sais plus où j'en suis quand on est ensemble. Mais de toute manière, je préfère attendre la fin de toute cette histoire avant de décider quoi que ce soit.
Le châtain hocha la tête et finit en silence son café, ne doutant pas que ces paroles avait dû avoir du mal à sortir de la bouche de Aiden. Une fois que sa boisson fût terminée, les deux hommes se levèrent et quittèrent l'appartement pour se rendre au club. Ils devaient y être un peu en avance afin de fignoler l'organisation de l'anniversaire de Alexei et d'accueillir les invités.
~~~
Alexei s'approcha de son mari, une coupe de champagne à la main, et s'assit tranquillement sur ses genoux en regardant les personnes danser autour d'eux. Son dominant passa doucement les bras autour de sa taille et posa son menton sur son épaule, caressant délicatement son ventre.
— Heureux ?
— Bien évidemment ! Mais je veux ouvrir mes cadeaux moi !
— Attends encore un peu, chaton, rigola le châtain, mais tu n'es pas avec Aiden ?
— Mm... je pense qu'il est très occupé avec ton cousin...
Christian hocha la tête en posant son regard sur les deux hommes et relâcha son époux pour lui prendre sa coupe, avalant quelques gorgées de liquide alcoolisé. Le mannequin joua avec les cheveux de sa perruque en regardant son meilleur ami fuir le second gérant du club, s'amusant de les voir jouer au chat et à la souris.
— Tu crois qu'ils vont finir ensemble ?
— Je crois, oui. Mais je pense qu'il va falloir attendre quelque temps...
— Il n'oubliera jamais Marc... mais je suis content de le revoir comme ça...
— Espérons que ça dure...
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Mm ? Que j'espère qu'il restera comme ça, rien de plus mon chaton. En fait, il t'a dit qu'il allait partir en vacances une petite semaine ?
— Hein ? Non !
Alexei se leva en faisant la moue et alla vers le brun, lui attrapant le bras pour le tirer près du buffet. Ce dernier le suivit sans trop comprendre, jetant un regard à Jean qui était derrière lui. Il paniqua légèrement quand son meilleur ami lui demanda :
— Tu pars où en vacances ?
— Euh... je...
— On part en Normandie tout les deux, mon p'tit chat, répondit un certain châtain à la place du pauvre Aiden en passant ses bras autour des épaules du plus jeune.
— Pourquoi tu m'en as pas parlé, Aidichou ?
— Parce que je... c'est ta soirée, je ne voulais pas t'en parler tout de suite ! Tu es en train de t'amuser !
Le mannequin rigola légèrement en hochant la tête, signe que son excuse était acceptée. Christian les rejoignit alors, annonçant à son soumis qu'il pouvait enfin déballer ses cadeaux. Le plus jeune des quatre se rua vers la table avec un petit cri de joie et commença par les petits cadeaux, principalement basés sur des goodies et des mangas, pour finir par ceux de ses amis les plus proches et de son mari. Il commença donc par ouvrir le petit paquet de Jean, découvrant un collier violet avec une petite médaille en forme de patte de chat qui l'interpella. Il passa ensuite à celui de Aiden, un carton beaucoup plus gros et troué. Il s'empressa de l'ouvrir et découvrit à l'intérieur un petit chaton gris aux yeux vairons, tout comme lui. Il le prit délicatement dans ses bras et caressa sa petite tête avant de se tourner vers son meilleur ami et le cousin de son mari en les remerciant. Il reposa ensuite l'animal dans la boîte et attrapa le cadeau de Christian. Il découvrit un autre collier mais pour lui, cette fois. Il s'agissait d'un élégant ras-le-cou en or blanc auquel était accroché un petit pendentif assorti orné de diamants formant leurs initiales entrelacés. Le mannequin ne put retenir un cri de joie et se jeta au cou de son dominant, murmurant un délicat "je t'aime" à son oreille.
Après le déballage des cadeaux, tous les invités partirent sur la piste de danse ou près du buffet. Alexei joua avec son petit chaton sous le regard attendri de son dominant alors que Aiden allait danser sur les musiques entraînantes, jetant des coups d'œil stressés à sa montre. Alors qu'un slow commençait et qu'il s'éloignait de la piste, Jean lui attrapa le poignet et le tira contre lui pour l'enlacer et commencer à danser sur la bande son de la Belle et la Bête, Beauty and the Beast. Le brun tenta de le repousser, comme à son habitude, mais il suffit d'un simple murmure de Jean pour le calmer :
— Laisse-moi profiter un peu, Aiden, il me reste plus qu'une demie-heure avec toi et j'ai besoin de te parler.
— Pourquoi tu fais toujours ça ?
— Ça quoi ?
— Me convaincre que je fais n'importe quoi avec trois mots.
Le châtain rigola légèrement et serra un peu plus l'homme qu'il aimait contre lui. Ce dernier posait son menton sur son épaule et fermait doucement les yeux avant de chuchoter :
— Jean, j'ai vraiment peur.
— Tu peux rester ici, avec moi.
— Non. Non, tu sais très bien que je veux sauver mes amis là-bas. Il leur fera sûrement du mal...
— Aiden... ne t'en fais pas, ok ? Je serais là pour toi quand tu reviendras. Et on fera nos vacances en Normandie.
— Dans tes rêves, souffla le brun en lui donnant un léger coup de poing dans le ventre.
Jean rigola à nouveau et caressa son dos pour tenter de l'apaiser, ce qui eut plutôt pour effet de le bouleverser encore plus. Lorsque le slow se termina, le second gérant du club tira Aiden derrière lui jusqu'à l'étage et sa chambre. Une fois qu'ils furent seuls, le plus vieux attrapa une petite boîte sur la table et lui tendit sans un mot. Il l'ouvrit en haussant un sourcil et y découvrit un anneau en argent très simple.
— J'ai remarqué que tu avais un hélix. Mets-le quand tu seras là-bas, je ne pense pas qu'il te l'enlève.
— Tu as sûrement raison... Il est très joli, merci, Jean.
Le brun enfila l'anneau et déglutit légèrement quand son regard tomba sur l'horloge. Plus que quinze minutes avant le début de son calvaire... Il sentit la main du châtain se poser sur sa joue et il appuya doucement sa tête dessus.
— Tu vas y arriver, Aiden.
— Tiens ta promesse.
Jean hocha la tête et lui donna un dernier baiser. Aiden l'accepta sans aucune résistance. Les deux hommes se séparèrent presque à contrecœur et l'ancien manager s'éloigna, regagnant le hall. Il salua son meilleur ami et Christian ainsi que Historia, le petit chaton qu'il lui avait offert, et sortit du club. En arrivant sur le trottoir, il ne put s'empêcher de tourner la tête vers les fenêtres de l'étage pour y apercevoir Jean qui le regardait de la chambre. Il soupira légèrement en allant à sa voiture triturant nerveusement le piercing qu'il lui avait offert. Il se changea à l'intérieur de cette dernière avant de partir vers sa future prison. L'Oasis.
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