Changement

Aiden fixait son plafond, tournant son portable entre ses doigts. Il hésitait. Il devrait appeler Christian pour lui demander de l'aider à organiser une fête surprise à son meilleur ami, mais il avait peur que le blondinet ait déjà fait quelque chose sans lui, parce qu'il ne voulait pas voir sa tête de dépressif. Bien que son anniversaire ait eu lieu un mois et demi plus tôt, il se faisait un devoir de le fêter en même temps que Noël. Cela marquerait aussi son envie de recommencer à vivre normalement, bien que pour ça, il faille d'abord qu'il aille chez un coiffeur pour récupérer son ancienne coupe, largement plus adaptée à son visage que ses cheveux mi-longs mal disciplinés. Il finit par arrêter de se poser des questions et porta son téléphone à son oreille après avoir sélectionné le gérant du club dans ses contacts. Ce dernier ne tarda pas à répondre, grognant :

Oui ?

— Je te dérange, peut-être ?

Tout dépend de pourquoi tu appelles.

— Je veux faire une fête surprise pour l'anniversaire de Alexei, j'aurais besoin de ton aide.

Ok, je te rappelle alors, répondit le châtain à l'autre bout du fil en retenant tant bien que mal un soupir de plaisir qui ne passa pas inaperçu aux oreilles du brun.

Ce dernier ricana avant de raccrocher, retournant à l'observation de son plafond. Il n'avait plus rien à faire. Il était rentré à midi de Normandie et avait passé toute son après-midi à ranger son appartement, posant les photos semées un peu partout sur une petite console où il avait allumé une bougie bleue, la couleur favorite de Marc mais aussi celle de ses magnifiques yeux. Il se leva de son canapé et partit dans sa chambre afin d'enfiler un jogging et un t-shirt. Il mit une paire de basket et sortit de son appartement en enfonçant des écouteurs dans ses oreilles pour commencer à courir dans les rues parisiennes.

Alors qu'il s'étirait dans un parc à mi-course, un homme vint s'asseoir à ses côtés, le faisant légèrement sursauter. Il détailla ce dernier, reconnaissant sans problème sa chevelure noire parsemée de petits cheveux blancs et sa mâchoire carrée. Il déglutit en retirant ses écouteurs. Il ne parla pas, se contentant de s'asseoir à côté de ce dernier, qui ne dit rien non plus durant un long moment. Enfin, il articula froidement :

— Je peux savoir pourquoi tu as cet air négligé ?

— Des problèmes personnels, monsieur. Et vous ? Puis-je savoir ce que vous faîtes là ? Ce n'est pas dû au hasard, ni au fait que vous vous inquiétez pour moi.

— Mm... tu as toujours été tellement intelligent, Aiden, ricana son vis-à-vis, le faisant légèrement grogner, tu as raison. J'ai un petit problème de discipline avec quelques soumis du harem, j'aimerais que tu t'en occupes. Et puis, ça te permettra d'oublier ce jeune... mm... Marc, il me semble ?

— ... Comment...

— Je sais tout, chien, tu devrais le savoir, non ?

La mâchoire du brun se contracta à l'entente de cette phrase, lui remémorant son terrifiant cauchemar. Il tenta cependant de ne rien laisser paraître et demanda d'un ton qu'il voulut faire paraître détachée :

— Quand avez-vous besoin de moi, monsieur ?

— Dès demain soir, pendant au moins une semaine. Tu connais le chemin ?

— Oui, souffla Aiden en se levant.

L'homme l'imita. Avant qu'il ne puisse s'éloigner, il glissa la main derrière son oreille, appuyant sur la cicatrice en forme de "P" laissée par un fer rouge, et murmura :

— N'oublie pas à qui tu appartiens et à qui tu dois ta liberté, chien.

— Non, monsieur.

L'homme aux yeux de glace sourit avant de partir dans la direction opposée à celle du brun. Aiden ferma les yeux en inspirant profondément pour se calmer. Heureusement pour lui, il n'avait pas de marques de corde à cause de la veille, et il était certain que jamais il ne pourrait le savoir. Il n'y avait aucun témoin. Il remit ses écouteurs et reprit son footing, perdu dans ses pensées chaotiques.

Pourquoi fallait-il qu'il revienne au moment où il avait trahi sa promesse ? Au moment où il craignait le plus de le revoir ? Son cauchemar se rejoua dans son esprit, lui faisant accélérer le pas. Il avait peur. Peur de ce qu'il pourrait faire si jamais il finissait par apprendre ce que Jean lui avait fait. Ce n'était pas grand chose, mais pour lui c'était bien assez. Il devait être le seul à pouvoir lui faire ça, c'était les conditions qu'il avait posées pour lui rendre sa liberté. Est-ce qu'il ferait du mal à Jean ? Est-ce qu'il lui ferait du mal ? Il se mordit la lèvre. Trop d'interrogations tournaient en boucle dans sa tête et il revoyait sans cesse l'image de Jean sur cette chaise, à deux doigts de la mort, comme un mauvais présage.

Soudain, son téléphone se mit à sonner, l'arrachant à la vision qu'il avait eu durant la nuit. Il appuya sur le bouton de son écouteur pour décrocher, tentant de calmer les tremblements de sa voix :

— Allô ?

Hé bien, tu n'as pas l'air aussi bien que tout à l'heure.

— Rebonjour, Christian. Je... je fais un footing. T'en fais pas. Alors ?

Alexei n'attend que ça, je serais idiot de l'en priver, rigola le châtain en lui envoyant une pique sur le fait qu'il soufflait comme un bœuf.

— Hein ? Pourquoi il...

Je lui ai proposé de le fêter mais il a refusé. Il m'a dit que tu lui faisais la surprise tous les ans. Et que tu lui ferais aussi cette année, le coupa-t-il.

— Je vois... Mm... Je pensais le fêter avant Noël...

Cela me paraît être une bonne idée. Je peux réserver le club, si tu veux. Et aussi m'occuper des invités.

— Oui, ce serait parfait ! Je m'occupe d'organiser la soirée et le repas, alors. Et aussi de détourner son attention.

Très bien. Ce week-end ?

— Ça me va. On peut faire une soirée déguisée ? Il adore ça !

Bien évidemment. Je te laisse, parce que je vais avoir du boulot avec tout ça.

— Moi aussi. À plus.

Mm... Aiden ?

— Ouais, répondit le brun qui s'apprêtait déjà à couper l'appel.

Ça fait plaisir de te retrouver. Alex' va être heureux.

— Certaines choses m'ont ouvert les yeux.

Christian lui répondit par un grognement approbatif, avant de le saluer à nouveau et de raccrocher. Aiden leva la tête vers le ciel noir, couvert de nuage, et sentit une goutte s'écraser sur sa joue. Il savoura quelques secondes le contact froid de la pluie sur son visage avant de décider de reprendre sa course. Il rentra chez lui et fila aussitôt sous la douche pour se vider la tête.

Il allait vraiment devoir maîtriser Jean, autrement, il n'aurait que des ennuis.

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