CHAPITRE XXXIV


Point de vue , Externe

Louis était toujours au-dessus d'Harry, se laissant embrasser de manière plus sauvage que tendre. Après tout, il embrassait Harry Styles, ce n'était pas le héros d'un conte de fée. Ses paroles résonnaient encore dans sa tête, il voulait voir ses cicatrices, ou du moins c'est ce qu'il avait cru comprendre. Le fait d'y repenser le déconcentra un instant, faisant reculer le bouclé. Il croisa le regard dilaté d'Harry et baissa les yeux. La pression qu'il exerça sur sa taille le fit rougir, et si ça n'avait pas été Harry, il aurait pu penser à un geste rassurant. Mais il prit le risque de lui poser, ou plutôt de lui murmurer la question comme si il n'avait pas vraiment envie d'entendre la réponse.

- Tu le...

Il se coupa et regarda le bouclé froncer les sourcils avant de souffler.

- Tu veux vraiment les... voir ?

Et le plus grand sourit. Il sourit beaucoup trop facilement au goût de Louis. Mais même si il était faux, il avait envie d'y croire. Un peu. Harry lui embrassa la joue, longtemps, doucement. Et passa une main dans ses cheveux pour lui relever et dégager son front.

- Oui.

Louis regarda ses avants-bras sur lesquels il s'appuyait pour tenir au-dessus d'Harry. Il n'avait pas spécialement envie de partager ça avec lui, ça l'engageait à partager une partie de sa vie qu'il n'avait pas spécialement envie d'évoquer avec le bouclé. Mais peut-être qu'il s'intéressait vraiment à lui. Alors Louis se redressa et attrapa la main d'Harry.

- Viens.

Il l'entraîna sur le lit et s'assit en tailleur entre les jambes longilignes du brun. Ils se regardèrent un moment avant que le bouclé avance une main pour attraper le poignet gauche de Louis. Le châtain le regarda les yeux grands ouverts et recula brusquement son bras.

- Non.

- Désolé.

Louis releva la tête et regarda Harry baisser la tête en se mordant la lèvre. Il avança la main vers son visage et lui releva le menton doucement. Le moment était différent, l'ambiance était légère. Louis avait moins envie de lui coller son poing dans la figure et Harry n'avait plus spécialement envie de le pousser à bout. Ils chuchotaient, il y avait de la tendresse, ils étaient quelque part, parallèle au monde extérieur, voulant rester seuls. Ils découvraient quelque chose de nouveau, quelque chose à deux, qui deviendrait symbolique. Louis cligna des yeux comme un enfant et sourit doucement pour rassurer le bouclé.

- C'est juste que... Je préfère que ce soit moi qui le fasse.

Harry hocha la tête et regarda chaque geste du châtain qui relevait ses manches. Louis les releva jusqu'aux creux de ses coudes et ne bougea plus, fixant le vide. Harry le regarda et pensa que c'était maintenant à lui de continuer. Il se rapprocha légèrement de Louis pour l'enfermer encore plus dans leur bulle et attrapa ses poignets le plus doucement possible comme si il voyait la fragilité du plus petit. Il se surprit à paraître tendre, à vrai dire, il ne prenait pas le temps de réfléchir. Il retourna légèrement les avants-bras de Louis et aperçu les marques blanchâtres et croûtées pour les plus récentes. Il ralentit sentant le châtain respirer fort et serrer les poings. Il regarda les veines de ses bras faire ressortir les cicatrices et les colorer légèrement. Et oui. Elle étaient jolies. Elles étaient Louis. Harry passa légèrement ses doigts dessus, le contraste entre les deux types le fit frissonner. Le châtain était en détresse, il le voyait. Il avait mal, il le savait. Mais il ne ressentait rien, il essayait, vraiment et ça Louis l'ignorait. Mais c'était comme perdre son humanité, s'enfermer à l'extérieur des autres, être différent, être à l'écart, se fuir soi-même. Fuir ses émotions, ses sentiments, ses envies. Fuir sa vie. Être une ombre. Il releva la tête vers Louis qui le regardait anxieusement.

- Tu vas mourir ?

Louis sursauta et eut l'impression d'entendre l'air se briser autour de lui. Comme si un mur de glace l'entourait. Harry le regarda, toujours en caressant ses avants-bras. Mais seulement les marques récentes.

- Je... Mmh... Je ne suis pas malade...

La question l'avait vraiment brusqué. Il n'était pas malade. Harry ne pouvait pas lui poser ce genre de question comme si il parlait à quelqu'un atteint du cancer ou d'une autre maladie de la sorte. Non, il allait bien. Presque bien. Et Harry le compris et reposa sa question.

- Tu veux mourir ?

Le châtain sursauta de nouveau et ne pu s'empêcher de se recroqueviller sur lui-même comme un enfant venant de faire un cauchemar. Il mit sa tête dans ses bras et ferma les yeux pour éviter de pleurer. Il respirait fort et son coeur battait vite. Trop vite. Il suffoquait presque et Harry ne put s'empêcher de s'en vouloir, enfin. Et ça lui fit mal, enfin. Il le savait. Il l'avait promis. Il serait désolé. Un jour. Bientôt. Il attrapa Louis par la taille et le fit glisser jusque contre lui. Il passa une main dans son dos et sentit ses muscles se tendre. Sa deuxième main vint trouver la taille du châtain et la caressa doucement. Il se pencha et l'embrassa sur sa joue humide. Il savait qu'il pleurait mais il ne fit aucune remarque. Il le serra un peu plus fort et lui embrassa le cou jusqu'à son oreille.

- Tu ne peux pas vouloir mourir Louis. Tu peux pas. T'as même pas le droit. Tu l'as plus le droit. Je t'ai fait une promesse, t'as pas le droit de m'empêcher de la tenir.

Louis secoua la tête et pleura silencieusement un peu plus.

- Ça va aller tu sais. On va aller bien tous les deux. Tu ne peux pas vouloir mourir, t'as pas le droit. Louis. Regarde-moi.

Il essaya de reculer et de lui faire relever la tête.

- Louis.

Harry prit son visage entre ses mains et le releva de force, sans lui faire mal. Du moins, il l'espérait. Il regarda les joues de Louis s'humidifier de plus en plus et il l'embrassa de nouveau. Doucement. Le châtain recula et regarda le bouclé le dévisager.

- Tes cicatrices sont très jolies, mais seulement quand elles ne datent pas d'hier.

Louis sentit son coeur louper un battement. Peut-être même deux. Mais il ne sourit pas pour autant et ne s'arrêta pas de pleurer. Il renifla et essaya de parler entre deux hoquets.

- Je... Je veux pas mourir tu sais... C'est juste que...

- Que quoi ?

Louis s'essuya les yeux et plongea ses yeux azurs dans ceux d'Harry.

- Je le dois.

Et le bouclé n'eut pas les mots pour lui répondre. Il se contenta de fermer les yeux et de le prendre contre lui pour l'allonger à ses côtés sur son lit simple. C'était bien pire que ce qu'il imaginait. Louis n'était pas seulement détruit, il était clairement au bord du gouffre. Et il pensa un instant que c'était peine perdu. Jusqu'à ce qu'il regarde le corps tremblant de Louis contre lui. Il était conscient de ce qui l'attendait. Le meilleur, comme le pire. Et le pire il le savait, ce serait de se sauver lui-même. Parce que sauver Louis et l'abandonner ensuite il n'y arriverait pas. Il devait s'éloigner de son gouffre avant de rattraper Louis.

Zayn était assis en tailleur devant sa télé, manette en main et terminant son mode campagne dans son jeu de guerre. Il jeta la manette sur le tapis et se laissa tomber contre le canapé pour attraper son téléphone : aucun nouveau message. Il souffla au moment où on frappait à sa porte. Il ne compris pas pourquoi, mais sur le coup il se leva rapidement, même si ses cotes lui faisaient un mal de chien, pour aller ouvrir et tomber nez à nez avec le livreur de pizza du coin de la rue. Il prit la pizza et paya, se sentant ridicule après s'être rendu compte de la réaction qu'il venait d'avoir. Il retourna s'asseoir le carton dans les mains, l'ouvrit et prit une part pour la mettre dans sa bouche. Il reprit son téléphone et le regarda un moment. Il avait sans doute l'air pathétique à attendre comme ça de recevoir un message, mais ça faisait seulement trois jours, d'habitude ça ne durait pas aussi longtemps. Mais peut-être que cette fois ça avait été la fois de trop. Peut-être qu'il avait vraiment mit fin à leur histoire ambiguë. Il ouvrit une nouvelle fenêtre et commença à taper un message. Il le regarda un moment mais finit par le jeter sur le canapé pour reprendre sa manette. Il lança une nouvelle partie mais se fit tirer dessus dès les premières minutes. Zayn jeta sa manette de mauvaise foi et prit de nouveau son téléphone, il regarda le message qu'il avait écrit et l'effaça.

- T'es pas une gonzesse..

Le métis souffla et posa sa tête sur ses genoux. Non il n'était pas une gonzesse, mais au fond que ce soit le cas ou pas, c'était pas important. Il avait mal, presque aussi mal que les coups qu'il recevait par son père, il s'en voulait, il voulait le voir et lui dire qu'il était désolé. Et il voulait qu'il lui réponde que c'était une erreur et qu'il ne pouvait pas vivre sans lui, qu'il l'aimait et qu'il ferait tout pour lui. Mais peut-être qu'il avait tout gâché et que maintenant ce serait mieux. Qu'ils avaient tout les deux besoin de ça pour avancer et vivre.

Louis cligna plusieurs fois des yeux pour s'adapter à la faible lumière de sa lampe de chevet. Il était allongé et releva la tête pour croiser les yeux d'Harry. Il sursauta et tomba du lit.

- Abruti.

- Toujours agréable à ce que je vois. Tu devrais dormir ça te rendrait peut-être moins antipathique.

- Tu me donnes envie de t'embrasser.

- Tu me donnes envie de vomir.

Harry sourit et s'allongea sur le dos.

- Et c'est moi qui suis désagréable.

- Oui.

- Louis.

- Quoi ?

- T'as l'air con par terre.

- Tu m'as poussé.

- T'es la mauvaise fois incarnée toi.

Louis fit une petite moue et se traîna jusqu'au bord du lit pour remonter dessus. Il grimpa et se laissa tomber sur le ventre d'Harry qui lâcha un cri aigu.

- Fillette.

- On dirait un pokemon qui ne sait pas marcher. Un Bulbizarre.

- Fefsdgme laop

Le bouclé haussa les sourcils.

- T'as dit quoi ?

Louis releva la tête vers Harry.

- Ferme-la.

Et il laissa retomber sa tête sur le ventre du plus grand. Harry regarda la touffe de cheveux de Louis et laissa sa main aller se perdre à l'intérieur. Les cheveux de Louis avait l'air épais mais au final ils étaient plutôt légers et doux. Il le regarda passer son bras autour de sa taille et attraper l'autre pour faire le tour de son corps, Louis ramena également ses genoux contre lui et enfonça sa tête contre son ventre. Harry continua pendant un moment de jouer avec les cheveux du châtain, il aimait bien les cheveux de Louis. Oui il les aimait bien. Et visiblement, ça ne gênait pas le plus petit, vu que sa respiration se fit plus lente jusqu'à s'endormir contre le ventre d'Harry.

Liam ouvrit les yeux brusquement et passa une main sur son visage. Il tourna la tête vers son réveil, 4h12. Ok, ses cauchemars habituels ne l'empêchaient pas de dormir, mais celui-là avait été un peu trop loin. Il se sentit soudainement mal. Mal de l'avoir écouté, mal de l'avoir lâché alors qu'il savait bien que c'était impossible. Mal d'avoir passé une bonne journée alors que lui il souffrait. Mal de l'avoir laissé se jeter de nouveau dans la gueule du loup et de même pas avoir le courage d'envoyer un message. Alors il se leva et se traîna jusqu'à son armoire, il l'ouvrit et prit un sweat rouge Nike qu'il enfila par dessus son t-shirt avant d'enfiler un jean qu'il trouva par terre. Il attrapa son téléphone au pied de son lit et passa une main dans ses cheveux avant de quitter la pièce pour descendre les escaliers. Il enfila une paire de baskets et prit ses clés de voiture. Liam s'apprêtait à ouvrir la porte d'entrée quand la lumière du couloir s'alluma pour laisser apparaître son père.

- T'as vu l'heure ?

- Oui.

- Remonte dans ta chambre Liam.

- J'ai pas le temps.

- Où tu vas traîner encore ?

- Nulle part. Retourne te coucher, c'est bon, j'ai pas le temps de me prendre la tête.

- Je te préviens, je ne vais pas me déplacer pour venir te chercher au commissariat.

- Pour changer tu vas me dire.

- C'est un reproche ?

- Bon ça va, j'ai pas le temps de te faire une liste. On verra ça plus tard.

- Tu devrais arrêter de me prendre de haut Liam. Je reste ton père.

- Ouais, sur un bout de papier et un chèque, dans ces conditions-là, oui, t'es mon père.

- Liam !

Le garçon ne prit pas la peine de répondre qu'il avait déjà refermé la porte derrière lui et qu'il s'installait derrière le volant. Il démarra et prit la route en direction de la ville. Une route qu'il connaissait que trop bien et qui lui redonner un peu d'assurance. Il roula une quinzaine de minutes avant de se garer sur le parking en face du bar. Liam descendit, ferma sa voiture, se dirigea vers l'immeuble et monta jusqu'au bon étage. Il ouvrit la porte avec le double de ses clés et la referma derrière lui en retirant ses chaussures. Il avança jusqu'à la chambre et entra. Liam resta un moment sur le pas de la porte. Voir la silhouette du basané respirer sous les couvertures le rassurait. Il aurait eu le temps de partir si il voulait, mais il retira son jean et le posa au pied du lit pour se mettre à l'intérieur. Il se rapprocha de Zayn et lui embrassa la nuque. Il le sentit bouger à son contact et passa une main sur son torse avant de murmurer,

- Ça va tes cotes ?

Le coeur de Zayn se mit à battre rapidement. Il était là, enfin, il était revenu. Il avait mit sa fierté de côté. Il en valait la peine. Il lui avait dit et il avait eu raison d'y croire. Il hocha doucement la tête, ayant peur de parler et de briser leur moment. Liam passa une main sur sa joue et lui souffla dans le cou.

- Je suis là. Ok ? Je suis là, et la prochaine fois que tu essaies de me virer de chez toi, je ferai pas la même erreur. Je resterai toujours là, toujours.

Il se tût et Zayn entraîna sa main sur ses cotes, il avait la vague impression que grâce à ça, la douleur s'atténuait. Alors il essaya de respirer malgré le léger picotement, mais il s'en foutait royalement d'avoir mal parce que Liam était là. Liam était toujours là.

- J'ai fait un cauchemar. C'est pour ça ce que je suis là. J'ai eu peur de te perdre et de jamais t'avoir dit que j'étais désolé. Désolé d'être un gros con, désolé de t'avoir dit des horreurs pareilles et désolé de t'avoir laissé croire que je t'abandonnais. J'ai pas envie de te perdre. Et si ça devait arriver sans que j'ai pu faire quoique ce soit, je préférerais te rejoindre plutôt que d'essayer de me reconstruire. Parce qu'une vie sans toi, j'en veux pas p'tit con.

Zayn sourit et Liam le comprit. Le basané bailla.

- Je suis fatigué.

- Dors.

Et comme pour répondre aux appréhensions de Zayn, le châtain prit la parole.

- Je serai là demain matin.

Zayn sourit dans ses moustaches et attrapa son oreiller pour se caler correctement.

Harry regarda Louis dormir avant de jeter un oeil au réveil. 9h30. Ils commençaient à 11h15 ce matin, alors il n'avait pas de raison de le réveiller. Il bougeait de toute façon, alors ça ne devrait pas tarder. Le bouclé sentit le souffle de Louis sur son ventre et ne put s'empêcher de contracter ses abdos ce qui fit sursauter le plus petit. Il tourna la tête avec les yeux à moitié ouverts et la mine endormie.

- Hé !

Harry se mit à rire légèrement en voyant la tête ébouriffé du châtain.

- Désolé, tu me soufflais dessus.

- T'es resté là toute la nuit ?

- Oui.

- T'as dormi ?

- Non.

- Pourquoi ?

Le bouclé sembla réfléchir mais le regard insistant de Louis l'empêcha de se concentrer.

- Tu bouges beaucoup.

- Oh.

Louis baissa la tête et fronça les sourcils en regardant le ventre du plus grand. Son t-shirt noir était légèrement relevé sur sa hanche droite, laissant entrevoir une légère trace noire. Harry suivit le regard de Louis et se mordit la lèvre.

- T'as un tatouage ?

Le châtain avança la main dans le but de relever le t-shirt d'Harry mais celui-ci le stoppa en se redressant brutalement sur le lit. Il passa une main dans ses cheveux et se leva, regardant Louis et son air incrédule. Il venait de faire tout ce qui lui déplaisait.

- J'ai fait quelque chose qui fallait pas ?

Harry le regarda méchamment. Louis paraissait si innocent. Beaucoup trop. Et ça frappa le garçon de plein fouet.

- Harry ?

Le bouclé cligna des yeux et fronça les sourcils.

- T'es trop curieux Louis.

Et il tourna les talons, quittant la pièce et laissant un petit Louis perdu sur son lit. La curiosité est un vilain défaut et Louis pourrait bien l'apprendre à ses dépends !

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