CHAPITRE XXIII


Point de vue , Externe

Le châtain tourna la clé dans la serrure et entra dans l'appartement en prenant soin de refermer la porte et retirer ses baskets. Il se dirigea vers le salon et s'allongea dans le canapé, faisant sursauter le chat. Il le regarda du coin de l'oeil et remarqua qu'il ne connaissait pas son nom.

- Dan ?

La brune arriva de la cuisine, un torchon dans les mains.

- Ouais ?

- C'est quoi le prénom de ton matou ?

- Voyou.

Liam releva la tête.

- T'es sérieuse ?

- Quoi ?

- C'est nul. Tu aurais dû l'appeler Gros Tas.

- Il était maigre avant.

- Tu lui as fait des pâtes au fromage à lui aussi ?

Elle se pencha vers lui et lui donna un coup de torchon.

- Idiot.

- J'ai faim.

- Bah viens m'aider.

- J'ai la flemme.

- Liam.

- Ok mais je coupe juste les légumes.

Le garçon souffla et se leva du canapé pour aller jusqu'à la cuisine.

- Bon tu viens ?

- Je ne vais pas encore partager mon lit avec toi.

- Trop tard je suis déjà dedans.

- Tu vas encore prendre toute la couette.

- N'importe quoi.

Dan entra dans la chambre et se laissa tomber en étoile sur le lit, arrachant un cri de surprise au châtain.

- En plus tu ronfles.

- On peut s'occuper autrement si tu veux entendre autre chose que des ronflements.

La jeune fille se redressa et appuya à l'aide de ses coudes sur le ventre du châtain.

- T'es vraiment abruti. Je ne serai jamais un de tes coups de baise.

- Ne jamais dire jamais.

- Quand on est face à un garçon comme toi on peut le dire.

- Un garçon comme moi ?

- Oui. Qui se sert des femmes comme des jouets, un coup de rein et tu les jettes.

- Tu crois que les femmes sont toutes des saintes ?

- Euh...

- Pardonne-moi. J'oubliais que vous les femmes vous êtes sages, vous ne baisez pas. Vous faîtes l'amour avec des hommes qui vous aimes.

Liam venait de dire ça sur un ton ironique qui le fit rire malgré les coups de poings que lui donnait Dan.

- Arrête de rire !

- Non mais vous êtes vraiment naïves les filles.

- T'es un gros macho.

- Non c'est la vérité.

La brune s'assit en tailleur et se mit à bouder.

- J'ai le droit de croire au vrai amour et aux papillons dans le ventre.

- Et t'as jamais pensé à l'interdit ? Au contraire de tout ton monde féerique et ta vision parfaite de l'amour ?

- Quand je vois certains garçons et la façon dont ils traitent les femmes, non.

- Ouais. Bon arrête de bouder.

- Non.

Le châtain se redressa sur son flan gauche et commença à donner des coups dans la joue rebondie de la brune à l'aide de son index.

- T'es rigolote.

- Faudrait savoir. Je suis bizarre, rigolote, idiote.

- Bon allez viens, j'te fais une place.

Dan fit un roulé-boulé sur le côté et s'entortilla dans la couette, dos à Liam. Le silence qui suivi dura peut-être cinq minutes. Cinq minutes où la brune voulait simplement se retourner et prendre le garçon dans ses bras. Parce qu'au fond, la compagnie ça lui faisait du bien. Même si c'était celle d'un branleur comme Liam Payne. Ces derniers jours il avait été plutôt cool avec elle. Il avait fait des efforts et ça se voyait. Elle aurait aimé lui dire, mais elle ne voulait pas prendre le risque qu'il réagisse au quart de tour. Elle entendit le châtain respirer bruyamment avant de prendre la parole.

- Merci.

Dan se tourna vers lui pour être sûre de bien entendre.

- Quoi ?

- Merci pour ce que t'as fait. De m'avoir laissé entrer dimanche soir, de m'avoir poussé à aller à l'hôpital, de m'aider, de m'héberger..

La brune sourit et ne put s'empêcher de l'interrompre.

- Rectification, tu t'incrustes chez moi.

- Et tu ne t'en plains pas.

Dan rougit et monta la couette jusqu'au-dessus de sa tête. Liam sourit et s'allongea sur le dos.

- J'ai pas ressenti beaucoup de manque depuis lundi. À part peut-être quand j'étais seul chez moi et aussi ce matin après que je me sois engueulé avec Zayn. C'est grâce à toi ça aussi. T'es une bonne psy.

- Tu devrais aller le voir.

- Quoi ?

La tête brune sortit de sous la couette pour faire face au regard noisette du châtain.

- Tu devrais aller voir Zayn.

- Il va me recaler.

- Ne le prévient pas.

- Comment ça ?

- Bah tu ne lui dis pas que tu viens. Tu y vas sur un coup de tête. Tu verras son vrai visage quand t'es pas avec lui. Il n'aura pas le temps de mettre son masque de Zayn fort et intouchable.

- Tu réfléchis bien.

- J'ai fait quelques cours de psycho.

- Ouais alors je t'arrête. N'en dit pas plus. Je vais te trouver encore plus bizarre.

- T'as raison. Moins t'en sais sur moi, mieux c'est.

- Et moins tu en sais sur moi, mieux c'est aussi.

- Demain après les cours.

- Quoi ?

- Tu vas chez lui demain. Et si ça va mal. J'ai mon téléphone.

- Bonne nuit Dan.

La brune sourit et regarda Liam lui tourner le dos et ses muscles se tendre. Elle sourit et chercha elle aussi à s'endormir.

Louis avait beau tourner et se retourner dans son lit en se triturant l'intérieur des bras, il n'arrivait pas à dormir, pensant à ce que lui avait annoncé son père. Niall et ses parents allaient venir dîner chez lui et il devrait faire comme si tout allait bien. Et même si Louis était bon comédien devant son père ou Alfa, là c'était différent, parce que cette soirée lui ferait remonter trop de souvenirs. Il finit par fouiller dans son lit et sortit son téléphone de sous la couette pour envoyer un sms sans grande espérance de réponse.

à Styles - hé !

de Styles - qu'est-ce que tu veux louis ?

Le châtain relu plusieurs fois le message, ne pensant pas recevoir une réponse aussi immédiate.

à Styles - pourquoi tu ne dors pas ?

de Styles - je ne dors jamais en semaine.

à Styles - pourquoi ?

de Styles - mêle-toi de tes affaires louis.

Louis se sentit gêné par la réponse.

à Styles - comment il faut faire pour être heureux ?

de Styles - comment je suis censé le savoir ?

à Styles - bah tu l'es. non ?

de Styles - tu es vraiment naïf.

à Styles - alors comment on fait semblant ?

de Styles - j'arrive.

Louis jeta son téléphone sur le lit et se cala au fond de son lit en attendant que la fenêtre de la salle de bain se fasse entendre.

Le bouclé gara sa Rover près du trottoir quelques minutes plus tard et descendit pour faire le tour de la maison. Un chemin qu'il prenait trop souvent depuis quelques temps. Il enjamba la fenêtre et referma derrière lui avant de se diriger vers la chambre. Il entendit la respiration du châtain au niveau des couvertures et retira ses chaussures pour s'allonger à côté de lui, sentant le corps de Louis se raidir.

- Pourquoi tu veux être heureux ?

Il y eut un silence et la petite voix cassée de Louis prit Harry par surprise.

- Pour rendre service à mon père.

- Ça va être simple alors.

Louis se tourna vers lui et pour la première fois il se surprit à vouloir le chercher du regard. Peut-être que l'obscurité de la pièce lui donnait un peu d'assurance.

- Quoi ?

- Je le fais souvent.

- Alors je fais quoi ?

- Tu penses à un souvenir joyeux ou quelque chose qui te fais oublier tes problèmes, un idéal, comme... les supers-héros.

- Tu penses à quoi toi ?

Harry tourna la tête et verrouilla son regard dans les yeux à moitié fermés du châtain.

- Je pense que tu devrais arrêter de vouloir entrer dans ma tête Louis. Je te fais assez peur.

- Tu penses aux moments où tu t'en prends à moi ?

- Non.

- Dis-moi.

- Louis.

- S'il te plait ?

Louis venait de chuchoter, le bouclé souffla et détourna le regard, ne voulant pas voir la réaction du châtain.

- Être débarrassé de mon père.

Il sentit le garçon sursauter à ses côtés.

- Quoi ? Mais c'est horrible.

- Non Louis. C'est tout ce qu'il mérite et c'est tout ce que je veux.

Et là, des multitudes de questions emplirent la tête du plus petit. Mais la curiosité est un vilain défaut. Encore plus avec Harry Styles et ses réactions inattendues.

- Il... Il a fait quoi ?

- Rien et tout à la fois.

- Pourquoi ?

Le brun ne voulait pas se braquer devant Louis.

- Arrête Louis... Tu devrais dormir.

Les paroles qui sortirent ensuite de la bouche du concerné n'étaient qu'au départ une pensée. Mais même en le disant dans un souffle, le bouclé avait entendu chacun des mots.

- T'es quoi au juste ?

- Ça dépend. Toi, comment tu me vois ?

Louis se mit dos au bouclé.

- Mmh... Je vais dormir.

- Non... J'ai besoin de l'entendre.

- Tu vas me détester.

- C'est déjà le cas.

- Tu vas t'énerver...

- Je partirai.

La tension qui régnait dans la pièce s'intensifia avec le silence qui dura longtemps. Trop longtemps au goût d'Harry qui appréhendait la suite, alors que le châtain réfléchissait à la façon dont il pouvait répondre sans s'attirer les foudres de Styles. Puis au final, la solution était peut-être d'être franc et de laisser les paroles sortir sans réfléchir. Dans un murmure.

- Je pense que t'es quelqu'un de sombre, une sorte d'incarnation des ténèbres. T'es le mauvais côté, t'es en quelque sorte le mal. Ton regard parle pour toi, quand tu regardes les gens on dirait que tu veux les voir souffrir, que c'est ça qui te rend heureux. Je ne comprends pas comment on peut aimer détruire quelqu'un sans le connaître, juste pour se sentir bien. À moins d'être... détruit soi-même. Je sais que tu as plusieurs toi, et c'est vraiment flippant. Je ne pense pas que tu sois malade genre schizophrène ou bipolaire. Je pense que c'est un truc juste à toi. T'as besoin d'effrayer les gens, de les embrigader dans ton monde. Comme une descente aux enfers, t'enchaînes les gens pour les enfermer dans un néant. (Louis sentit qu'il se perdait dans ses pensées) J'en sais rien... T'es comme un cauchemar dans lequel on est prisonnier. En fait tu es...

Harry s'approcha de l'oreille de Louis et chuchota.

- Je suis ?

Louis osa se tourner vers lui et baissa la tête, serrant ses avants-bras.

- Un monstre qui se nourrit de la souffrance des autres.

Le bouclé lui sépara les bras ce qui lui fit lever les yeux pour l'affronter.

- Un monstre...

Louis regarda son torse se gonfler rapidement.

- Tu penses que je suis condamné à faire le mal ?

- Je pense que tu ferais fermer tous les cabinets psychiatriques à cause de ce qu'il y a dans ta tête.

- Je ne peux pas être sauvé ?

- Si, mais c'est trop tard. Je pense que t'es vidé à l'intérieur, que tu es rongé comme... Spider-Man par Vénom.

- J'ai un Vénom à l'intérieur alors ?

- Oui.

- Je suis une cause perdue ?

- Un cas désespéré.

Harry força le châtain à le regarder.

- Et si je te demandais de m'aider ?

- Je te répondrai d'aller te faire foutre.

Le brun sourit et se leva pour remettre ses chaussures avant de se tourner de nouveau vers Louis et de se pencher pour le prendre au dépourvu en lui caressant la joue à l'aide de son pouce.

- Être un cauchemar fait que je suis sans cesse dans ta tête. Ça pourrait presque me faire sourire. Bonne nuit mon ange.

Harry se redressa et remit sa veste en place voulant se diriger vers la salle de bain mais il fut stoppé dans son élan par la poigne de Louis sur son avant-bras. Il ne bougea pas, attendant que le châtain parle, ou plutôt chuchote,

- Reste encore...

- Je ne peux pas. La nuit est le jour pour les monstres Louis. Je dois sortir.

Et il s'éclipsa par la fenêtre, laissant le châtain recroquevillé sur lui-même avec une prise de conscience sur ce qui venait de se passer. Louis parlait trop. Il laissait le bouclé entrer dans sa tête et y mettre la pagaille sans pour autant que ça ne lui déplaise. Parce que laisser son esprit parler à sa place le libérait, quitte à énerver Harry Styles. En même temps, il n'était plus à ça près mais il se sentait se briser à l'intérieur autant qu'il se sentait s'alléger. Et dans sa Range Rover noire, Harry en arrivait à la même conclusion. Se voir autant en si peu de temps et entre deux crises de nerfs les enlaçaient dans une relation destructrice. Un jeu dangereux où sans le savoir ils se tiraient vers le bas et se détruisaient mutuellement.

Le métis se laissa tomber contre le mur, les mains sur le visage et les genoux contre son torse. Il n'avait pas voulu aller en cours ce jeudi. Il ne voulait pas voir Liam. Il ne voulait pas non plus voir Harry lui lancer des vannes douteuses. Même Niall il n'avait pas envie de le voir, parce que même si il n'était pas le plus intelligent, il savait très bien se faire comprendre. Et Zayn en avait clairement ras le bol de devoir faire face aux garçons et se montrer fort. Alors il avait décidé de prendre le contrôle de sa vie. Et il avait été voir son père pour une nouvelle fois essayer d'arranger la situation. Mais ça avait encore dérapé et toujours à cause du même sujet. Zayn essuya sa lèvre avec sa manche et serra ses cotes pour faire passer la douloureuse sensation de brûlure. Il ne savait pas ce qu'il avait fait pour que ça merde autant dans sa vie. La suite se passa très vite. Il entendit la porte claquer, un corps se laisser tomber près de lui et des bras l'encercler doucement. Ses larmes redoublèrent mais elles n'étaient plus seulement de tristesse. Elles étaient aussi de colère. Il essaya tant bien que mal de se débattre et finit par réussir à se détacher de la personne près de lui qui le regarda se relever doucement pour lui faire face, son regard humide et dilaté le transperçant de toute part, prêt à exploser.

- Arrête Liam ! Arrête d'être là quand je tombe. Tu me détruis encore plus. Tu ne peux pas entrer dans ma vie comme ça et me retenir quand je m'apprête à sombrer. Tu partiras un jour, je le sais. Et jusque-là, je suis rien sans toi. Je vis pour toi et j'en crève. Je ne veux plus dépendre de toi comme ça. Je ne le veux plus parce que quand tu partiras vraiment ça fera trop mal et je le supporterai pas.

Liam fronça les sourcils et encaissa les paroles du métis. Vivement. Douloureusement. Brutalement. Comme si il lui tirait une première balle. Il s'appuya sur ses mains pour se relever et faire face à Zayn.

- Je te détruis ?

Il essaya de le prendre dans ses bras, le garçon recula en secouant la tête.

- Mais Zayn. Je veux juste que tu sois heureux. Pourquoi tu veux me repousser comme ça ? J'ai l'impression que tu veux rester dans ta souffrance. Putain ! Je t'ai dis que je ne te laisserai jamais, je ne partirai pas. Fais-moi confiance un peu merde !

Zayn releva la tête et laissa un sourire ironique se dessiner sur ses lèvres.

- Te faire confiance ? Mais merde Liam ! Tu peux pas me demander ça alors que tu vas mal et que tu te drogues dans mon dos ! Merde ! Tu te drogues Liam ! Je sais pas où j'ai merdé mais je vais finir par croire que c'est de ma faute...

- Non ! Pense jamais ça.

Le châtain s'approcha du métis et il se laissa faire.

- Je suis désolé Zayn. C'était un coup de tête, je me soigne et ça marche. Putain Zayn. Tu peux pas dire ça. Gâche pas tout...

Et Zayn se laissa emporter, les larmes lui remontant aux yeux.

- Tu refusais que je t'aide mais là, ta p'tite serveuse de quartier tu t'es pas gêné pour lui demander de l'aide !

Liam fronça les sourcils et dévisagea Zayn, ne comprenant pas sa réaction.

- T'es jaloux ?

- Ouais. Parce que si elle tu la laisses t'aider, ça veut dire que moi j'en suis pas capable.

Le garçon ricana nerveusement

- Zayn. On se prend la tête pour une nana là ? Ok. Stop. Je crois que t'as pas compris quelque chose depuis le début. Il y a toujours eu que toi et même si un jour je devais avoir quelqu'un ou même toi, ce sera toujours la même chose. Ce sera toujours toi. Ce que je ressens pour toi c'est pas normal. Tu le sais. Je ne suis pas gay. On est pas gay. Mais j'ai besoin de savoir que t'es à moi, tu vois ?

- Laisse tomber Liam. Tant que tu voudras pas de mon aide, je ne veux plus de la tienne.

Une boule se forma dans la gorge du châtain.

- Tu... Tu peux pas me dire ça Zayn.

Le regard noisette du métis transperça le châtain, tout comme les paroles qui suivirent.

- Ça fait mal de se sentir impuissant hein ?

Et il le laissa là, au milieu du salon. Le regard dans le vide. Une porte qui claque. Un silence qui prend place. Des doigts qui tapent un numéro. Une sonnerie. Deux. Une respiration. Une phrase qui change tout. Un effort qui s'effondre. Peut-être.

- Dan ? Je suis en manque.

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