CHAPITRE XX


Point de vue , Externe

Harry regarda le message encore une fois et réfléchit à une réponse qui, évidemment, déstabiliserait le châtain de l'autre côté de l'écran. Déjà que Tomlinson osait lui donner un ordre, le bouclé n'allait pas obéir sans rien dire. Et la provocation était finalement la solution. Il ouvrit un nouveau message et sourit en coin en imaginant la réaction qu'aurait Tomlinson.

à Tomlinson - tu m'suces ?

Evidemment la réponse ne se fit pas attendre.

de Tomlinson - t'es vraiment con.

de Tomlinson - reste chez toi.

Le bouclé sourit.

à Tomlinson - j'arrive dans dix minutes.

de Tomlinson - non !

de Tomlinson - je ne veux pas !

à Tomlinson - il faut que tu apprennes à assumer tes paroles louis ;-)

Harry remit son téléphone dans sa poche et leva les yeux vers Liam en se passant une main dans le cou.

- Désolé Payno, je t'aurais bien proposé de rester là mais j'ai un truc à faire.

- Ouais pas de problème je comprends. Je vais rentrer me poser.

- Ouais fait pas de conneries et tu m'appelles si t'as besoin.

- Merci.

Liam prit ses clés de voiture dans sa poche pour sortir de la maison suivit par Harry. Il remonta dans sa Volvo, le bouclé dans sa Rover. Liam quitta le quartier en direction de la ville pour rentrer chez lui. Il avait évidemment pensé à aller voir Zayn. Mais c'était sans doute plus une mauvaise idée qu'autre chose. Il le connaissait par coeur et il savait qu'il ne le pardonnerait pas comme ça et qu'il risquait de s'énerver. Liam décida de rentrer chez lui et d'aller se coucher jusqu'au lendemain.

Quant à Harry, il roula jusqu'au quartier voisin et s'arrêta pour se garer le long du trottoir en face de chez Tomlinson. Il coupa le contact et descendit de la voiture, rangeant ses clés dans sa poche. Il partit en direction de l'arrière de la maison, traversant le jardin et escaladant le bout de muret pour pouvoir entrer par la fenêtre de la salle de bain. Il referma les battants et se dirigea vers la chambre. Personne. Le châtain était sûrement descendu chercher un truc à manger. Harry regarda les livres étalés sur le bureau et alla s'asseoir sur la chaise en prenant un crayon pour griffonner quelques lignes sur la copie de Tomlinson. Il l'entendit monter les marches une dizaine de minutes plus tard et s'arrêter à l'entrée de la pièce.

- T'écris comme une fillette Louis.

Il l'entendit souffler et devina qu'il bougeait pour entrer.

- Je t'avais dit de ne pas venir.

Harry se tourna vers lui, le crayon tournant toujours au bout de ses doigts.

- Tu te doutes bien que je n'aurais pas laissé passer cette occasion, surtout que c'est sur ta demande.

- Et bah j'ai eu tort.

- Non.

Le bouclé posa le crayon et se leva pour aller fermer la porte de la chambre, en prenant soin de rester proche du châtain.

- T'as juste flippé quand je t'ai provoqué.

Louis baissa la tête.

- Je ne suis pas gay.

Oui il n'était pas gay, mais il n'était pas assez fort pour affronter le regard du bouclé. Et il ne voulait pas être forcé à faire des choses répugnantes. Mais il se sentait quand même obligé de le préciser. Et contrairement à ce qu'il imaginait, la réponse du brun fut bien différente.

- Je sais Louis.

- Alors pourquoi ?

- Quoi ?

- Pourquoi t'as fait croire ça à tout le lycée ? Et quand bien même ce serait vrai, pourquoi se servir de la sexualité de quelqu'un pour se moquer ?

- Louis...

Le bouclé regarda doucement le châtain. Après tout il avait bien raison. Pourquoi est-ce qu'il avait balancé cette rumeur ? Peut-être parce que les mots étaient l'atout principal chez lui. Le verbal plus que le physique. C'est pour ça qu'il ne le frappait pas, parce que pour Harry, une parole était bien plus blessante qu'un simple coup. Et pour la première fois, il chercha le châtain du regard, mais tout ce qu'il voyait c'était de la haine, le même genre de haine qu'il ressentait à son égard. Et si ça commençait comme ça, la situation deviendrait bien plus noire qu'elle ne l'était.

- T'es un connard, tu ne sais pas ce que ça fait d'être montré du doigt et fuit par tout le monde pour une rumeur à la con, lancée par un con !

- Commence déjà par te calmer si tu ne veux pas que je m'énerve.

Louis haussa les épaules.

- Tu sais faire que ça de toute façon.

- Tu ne me connais pas Louis.

- Et j'en ai pas envie.

- Il va le falloir pourtant.

Le plus petit fronça les sourcils.

- Quoi ? Tu vas me montrer que tu sais frapper plus fort ?

Harry souffla en secouant la tête.

- Oh Louis... Tu exagères.

- Non ! Tu penses qu'à toi, tu penses jamais à ce que les gens ressentent.

- Ça ne m'intéresse pas.

- C'est bien ce que je dis, t'es un connard.

Louis essaya de passer sur le côté mais le bouclé lui attrapa le poignet et s'approcha de son oreille, sachant pertinemment que ses paroles auraient l'impact espéré.

- Je serais un connard tu ne serais plus là Louis.

Il sentit les muscles de l'avant-bras de Louis se tendre.

- Tu as peur ?

- Tu le sais.

Et malgré tout, ça le fit sourire. Parce que si Louis vivait avec la peur, c'est qu'il y pensait tous les jours et c'était ce qu'il voulait. Tout se passait comme prévu.

- Je ne vais pas te forcer.

- De ?

- À me sucer.

Le châtain rougit sans le vouloir. Ce genre de conversation le gênait toujours. C'était comme ça avec son ancienne petite amie, elle était assez directe et Louis était plutôt réservé et discret. Alors en présence de Styles c'était encore plus gênant. Et il savait qu'il ne se priverait pas d'aller le raconter à tout le monde. Le bouclé lui releva la tête pour le forcer à le regarder.

- Fais pas ton coincé Louis.

- T'es gay ?

Pour la première fois le bouclé eut envie de rire. Un rire vrai tellement la question était stupide et le ton de Louis enfantin et craintif. Mais il l'avait assez provoqué alors autant être franc pour une fois.

- Non Louis. Mais j'aime voir la panique dans tes yeux.

Louis se retira de la poigne du bouclé.

- Je ne panique pas et je ne le ferai pas !

- Tu sais... l'alcool ça fait planer.

- Ça veut dire quoi ça ?

- Que tu pourrais te retrouver à genoux sans t'en rendre compte.

La panique passa à nouveau dans le regard bleu du châtain.

- Tu viens de dire...

Harry partit s'allonger sur le lit en souriant, fier de ce qu'il provoquait chez Tomlinson.

- Une bouche reste une bouche Louis.

Louis fronça les sourcils et préféra éviter de croiser le regard du bouclé en allant s'asseoir à son bureau pour continuer sa philo en espérant oublier la présence du garçon derrière lui.

- Je t'ai fait un plan pour ton devoir.

Le châtain ne répondit rien et commença à écrire sur sa copie propre. Ignorer. Il fallait l'ignorer et ne pas lui montrer ses faiblesses. Toujours concentré sur son texte, Louis ne remarqua pas le bouclé debout derrière lui, jusqu'à ce qu'il sente son souffle dans sa nuque. Il se pencha à sa gauche et commença à lui expliquer ce qu'il avait relevé comme concepts et intérêts philosophiques dans le texte.

De l'autre côté de la ville, Liam était au fond de son lit, essayant tant bien que mal de dormir. Il tourna encore une fois sur lui-même puis souffla pour attraper son smartphone sur la table de chevet. Il fallait qu'il lui parle, qu'il sache qu'il n'avait pas fait de conneries. Et si il devait l'harceler pour ça, alors il le ferait jusqu'à avoir une réponse.

En ville, le métis était assis sur son lit, entouré de quelques livres et de son ordinateur, lisant plusieurs fois la copie qu'il avait glissé dans sa poche avant de partir ce matin de chez la blonde, griffonnant et rayant certains passages pour en écrire d'autres, faire des annotations. Il aimait la littérature, alors pour lui c'était un moyen de se vider la tête. Il passa le crayon derrière son oreille pour attraper son téléphone qui n'arrêtait pas de vibrer sur le sol. Il regarda le nom s'afficher et se décida à répondre. Il savait très bien que Liam ne le lâcherait pas tant qu'il n'aurait pas de réponse. Mais Zayn n'avait pas envie de lui parler. Il avait envie que Liam s'inquiète et qu'il souffre comme lui actuellement. Mais il avait aussi envie de lui faire comprendre qu'il avait été trop loin.

de Liam - zayn.

de Liam - réponds-moi.

de Liam - j'ai besoin de savoir que ça va.

Lorsqu'il sentit la vibration sous son oreiller, Liam espérait voir le nom de Zayn apparaître, mais la réponse que le châtain reçut n'avait rien de ce qu'il espérait...

de Zayn - comment tu veux que ça aille putain.

de Zayn - lâche-moi !

Il se prenait un sacré coup de poing dans le ventre.

à Zayn - bébé...

Le métis souffla et essuya ses yeux pour répondre une dernière fois avant d'éteindre le téléphone et de le jeter au bout du lit.

Liam ouvrit le dernier message reçu et il sentit ses boyaux se tordre.

de Zayn - ferme-la liam. j'ai besoin de recul.

Zayn lui faisait clairement comprendre qu'il ne voulait plus le voir pour l'instant et tout ça à cause d'une putain de poudre blanche qui lui était montée à la tête quand il avait besoin d'oublier ses problèmes. Liam ne pensait qu'à Zayn depuis qu'il le connaissait parce qu'il lui permettait de se sentir fort et important. Le métis était la priorité du châtain et il venait de tout foutre en l'air avec ses vieux démons qui refaisaient surface. Il avait merdé. Il avait merdé au point de foutre en l'air sa plus belle relation. Et tout ce qu'il avait envie de faire c'était de prendre sa voiture et d'aller le voir. Le voir et lui dire qu'il était désolé, qu'il ne pouvait pas le laisser. Pas maintenant. Mais il avait fait le choix de ne pas le mêler à ça. Alors si Zayn voulait du recul, il en aurait. Le temps que Liam avance lui aussi. Pour l'instant il était trop fier avec un coeur de pierre. Mais parfois, les pierres se brisent. Les statuettes des vierges pleurent dans les églises et là c'était son coeur qui pleurait. L'eau plus forte que la pierre. Alors ouais, pleurer c'était faible. C'était montrer ses faiblesses et Liam l'était. Parce que Zayn était sa force, et sa faiblesse à la fois. Et le fait qu'il lui dise ça lui déchirait l'intérieur. Il jeta son téléphone au sol et se cacha sous sa couette pour pleurer recroquevillé sur lui-même.

La blonde retournait sa chambre depuis au moins une demi-heure, mais sans succès. Elle ne retrouvait pas cette maudite copie qu'elle devait rendre dans deux jours. Et elle savait très bien que son professeur n'accepterait aucun retard, ni des excuses comme quoi son chien avait confondu la feuille avec ses croquettes ou que son petit frère le lui avait déchiré.

- Enzo !

Le petit garçon arriva en courant dans la chambre de son aînée.

- Bah tu déménages ou quoi ?

- Tu aurais pas vu ma copie de littérature par hasard ?

- Non pourquoi ?

- Je ne la trouve pas. Elle était sur mon bureau et pouf elle n'y est plus.

- Et pourquoi tu m'accuses ?

- Je ne sais pas. Peut-être parce qu'il est déjà arrivé que tu confondes mes devoirs avec des feuilles à dessins.

- Je t'ai déjà dit que j'avais pas vu les écritures et que la feuille était retournée.

- Mmh.

- J'te jure c'est pas moi.

- Ouais j'te crois ptite tête. Désolé.

- Je peux t'aider si tu veux.

La blonde hocha la tête et continua de fouiller dans les tiroirs pendant qu'Enzo grimpait sur le lit pour regarder dans les cahiers.

- Louis est venu ?

Alfa se redressa pour le regarder.

- Non pourquoi ?

- J'en sais rien, ça sent le garçon sur ton lit.

La jeune fille se raidit sur place.

- Quoi ? Non. Impossible.

- Ah si je t'assure. Je sais faire la différence entre ton parfum vanille et un parfum de garçon.

- C'est... mmh... celui de papa.

Alfa passa une main sur son bras en fronçant les sourcils.

- T'as un ptit chéri et tu veux pas que les parents le sachent ?

Elle releva la tête et se mit à rougir. Il ne fallait surtout pas que son frère raconte quoique ce soit à ses parents sinon elle serait vraiment dans la galère. Déjà pour avoir laissé entrer quelqu'un en pleine nuit, qui plus est un garçon et pour couronner le tout, Zayn Malik. Et ça c'était vraiment le détail à garder pour soi.

- Enzo.

Le petit garçon se mit à sautiller.

- Sérieux ? T'as un ptit chéri ?

- Non j'ai pas de petit chéri. Tu dois rien dire à papa et maman.

- Pourquoi ? T'as fait quoi ?

- J'ai aidé un...

Elle se stoppa et chercha un autre mot. Non, elle ne pouvait pas dire un ami, car Zayn était tout le contraire de ça. Même si il ne s'était pas acharné sur elle l'année dernière vu qu'il était pas là, il avait failli la faire replonger dans la dépression en arrivant. Lui et son charme à deux balles. Lui et ses paroles dégueulasses pour se faire accepter par Styles. Tout ça avant l'arrivée de Louis quelques semaines après.

- Quelqu'un en galère.

- C'est gentil ça non ?

- J'en sais rien. Mais tu dois rien dire aux parents.

- Ok.

Et sans rien dire de plus il sauta du lit et retourna dans sa chambre. Laissant Alfa posée contre son bureau, se passant une main sur le visage espérant que son charmant petit phénomène de frère ne gafferait pas.

- Niall ?

Le blond descendit les escaliers et arriva à l'entrée de la cuisine.

- Ouais maman ?

- Tu peux venir t'asseoir cinq minutes ?

Elle lui montra du bout de sa cuillère en bois le tabouret près de l'îlot central. Niall la regarda du coin de l'oeil et alla s'asseoir sans rien demander. Après tout, quand sa mère prenait ce ton-là, c'est qu'il y avait quelque chose d'important dont elle voulait parler. Le blond assit sur le tabouret noir, croisa les bras sur la table et attendit que sa mère finisse de plonger les tomates dans l'eau bouillante pour s'asseoir près de lui.

- Hier j'ai été aux courses.

- Mmh.

- J'ai vu Mark. Le père de Louis.

- Oh.

Niall se crispa sur sa chaise. Il avait toujours dit à sa mère qu'il ne parlait plus beaucoup à Louis parce qu'ils avaient chacun leurs amis et qu'ils avaient beaucoup changés. Mais jamais il avait dit lui faire plus ou moins du mal.

- On a un peu discuté.

- De quoi ?

- De toi, de Louis. Il ne parle pas beaucoup de toi...

Le garçon regarda sa mère et remarqua la lueur de tristesse qui persistait dans ses yeux.

- Maman... Je t'ai déjà dit que Louis et moi on était plus... pareils...

- Niall. Tu peux me dire tout ce que tu veux, je te connais. Tu as changé dès qu'il a déménagé. Tu étais heureux quand tu l'as vu revenir s'installer ici, tu étais impatient de le revoir au lycée mais rien. Tu ne m'as jamais rien dit sur vos retrouvailles.

- On n'est pas dans la même classe. J'ai mes amis et il a les siens.

- Oui mais je sais qu'il te manque.

- Et alors ? Tu crois que t'es une bonne fée et que tu vas changer ça ?

- Son père nous a invité à manger. Ton père, toi et moi.

Le blond releva la tête. Non ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas aller chez Louis après ce qu'il lui faisait. Il ne pouvait pas l'affronter.

- Quoi ?

- Oui, vendredi soir.

- Je ne sais pas si je suis là.

- Niall. Tu verras que vous êtes toujours les mêmes quand vous êtes ensemble. Ça va changer.

- Si seulement...

- Pardon ?

- Non rien. Ok. Vendredi. Maintenant j'ai du boulot. À tout à l'heure.

Sa mère sourit et retourna près de ses casseroles pour préparer la suite du diner, ignorant totalement que son fils était complètement paniqué à l'idée de se retrouver toute une soirée en face du regard meurtrier de Louis. Il ne pourrait pas non plus regarder son père droit dans les yeux sachant qu'il était responsable du mal-être de son fils...

Liam avait réussi à calmer sa respiration et ses larmes. Cela faisait au moins une bonne grosse demi-heure qu'il pleurait comme un con au fond de son pieu. Il sortit la tête de sous la couette et regarda autour de lui. Il avait faim, son ventre le criait, mais il avait la flemme de se faire à manger. Il lui fallait un truc pour penser à autre chose. Et c'est quand il laissa ses yeux se poser sur la table de nuit qu'il venait de le trouver. Il se pencha pour ouvrir le tiroir et en regarder le contenu. Deux sachets de poudre blanche et ses yeux qui dérivent de l'un vers l'autre jusqu'à se poser finalement sur son téléphone. Il pensa à appeler Zayn pour aller squatter chez lui, mais les derniers messages du métis lui revinrent en mémoire et il fallait qu'il agisse au plus vite avant de sombrer plus qu'il ne l'était. Alors il se leva et prit les deux sachets de la table de nuit, celui qu'il avait dans son sac de cours et celui dans la table basse du salon et il les vida dans les toilettes du premier étage avant de tirer la chasse d'eau. Le médecin avait raison, il devait arrêter. Mais réduire ses jours de consommation ou la quantité, c'était des foutaises. Lui, il voulait que ça s'arrête maintenant et c'est ce qu'il avait en tête. Arrêter d'un coup et retrouver Zayn au plus vite même si ça serait difficile. Il retourna dans sa chambre ramasser son téléphone et le colla à son oreille après avoir fouiller dans son répertoire. Une sonnerie. Deux. Trois. Une respiration à l'autre bout du téléphone. Elle ne parlerait pas et il le savait, parce qu'elle, elle avait écouté le docteur et que c'était à lui de parler en premier, alors il prit une inspiration et déballa ce qu'il avait sur le coeur à ce moment précis.

- J'ai été voir Harry. Je lui ai dit pour la drogue et aussi pour Zayn. Il m'a giflé. Deux ou trois fois. Mais il avait raison. J'ai merdé. Toi aussi t'avais raison. Tout le monde avait raison. Et ça me fait bien chier. Je suis rentré chez moi. Je me suis allongé dans mon lit et j'ai envoyé des tas de sms à Zayn. Tu sais comme les vieilles gamines dans les séries télés. Il m'a dit que je devais le laisser et qu'il avait besoin de recul. Ça m'a achevé. Et je fais que de pleurer comme un con depuis presque une heure. Si ça c'est pas pathétique. Je crois que je deviens un gros cliché.

Il s'arrêta de parler et reprit sa respiration. Il entendait toujours la respiration régulière de son interlocutrice. Elle n'avait pas raccrochée. Et maintenant il allait attendre qu'elle parle. Parce que c'est ce qu'il voulait. Même si elle racontait une blague nulle ou qu'elle lui parlait de son chat il s'en fichait parce que là, n'importe quoi aurait été bon pour lui faire penser à autre chose.

- J'ai fini mon service et je fais des pâtes au fromage, il y en a assez pour deux.

- J'arrive.

Il raccrocha et laissa tomber le téléphone à côté de lui pour partir vers la salle de bain se passer de l'eau sur le visage. Après tout, peut-être qu'il pourrait trouver un remède dans les pâtes au fromage. Ce n'est pas considérer comme une drogue ça au moins.

- Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant, Descartes. On a conscience avant, on prend conscience après, Wilde. L'obéissance au devoir est une résistance à soi-même, Bergson. La conscience est la raison pratique représentant à l'homme son devoir, Kant. Et tu peux noter pour finir que...

N'ayant pas de réponse ou de signe d'exaspération venant du châtain, le bouclé allongé sur le lit tourna la tête vers le bureau et aperçu sa tête vaciller. Il avait écrit toute la soirée alors forcément au bout d'un moment il commençait à somnoler sur son bureau, enfonçant le bout de son crayon dans sa joue pour se retenir de tomber de fatigue. Harry le regarda et leva les yeux au ciel en se tournant sur son flan gauche.

- Viens-là Louis.

Louis redressa doucement la tête et posa son crayon sur le bureau avant de se lever de la chaise pour se traîner jusqu'au lit, les yeux à moitié fermés. Il se frotta les yeux et se laissa tomber sur le lit pour se coucher contre le bouclé, la tête dans son cou. Il n'avait pas conscience de ce qu'il faisait à ce moment-même. Tout ce qu'il savait c'est qu'il était horriblement fatigué et que le cou du bouclé sentait exactement la même odeur que le t-shirt qu'il lui avait laissé. Oui. Cette même odeur de con et au fond, ça le rassurait un minimum. Même si il sentit Harry se crisper à son contact, il ne bougea pas. Et même si le bouclé avait une folle envie de le repousser pour éviter qu'il le touche, il passa un bras dans son dos et un sur sa hanche pour le rapprocher un peu plus.

- Tu sais que demain je redeviendrai un salaud ?

Pour toute réponse, il sentit le châtain se frotter un peu plus contre son cou en se rapprochant le plus possible de lui. Parce que oui, la somnolence est un état second dans lequel on n'est plus vraiment conscient. Harry souffla et baissa la tête pour le regarder s'endormir une deuxième fois. Louis, toujours avec la même fragilité qu'il pourrait se faire un plaisir de briser en quelques paroles. Car oui, demain, il serait toujours un salaud sans pitié à mi-chemin entre l'enfer et le néant.

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