CHAPITRE XL


Point de vue , Externe

Louis cligna des yeux à la vue du peu de soleil qui filtrait par la fenêtre puis il regarda autour de lui. Il se remémora rapidement les éléments de la veille. Le parachute, la tête de con d'Harry, l'état dans lequel il l'a retrouvé, le motel, les confidences du bouclé. Il baissa les yeux pour apercevoir le bras d'Harry lui entourer le torse et essaya de se tourner tant bien que mal pour lui faire face. Il dormait. Pour de vrai. Il n'avait pas mentit, l'alcool lui permettait de pouvoir avoir un sommeil sain. Il affichait une expression détendue qui fit presque rougir Louis. Ce dernier se surprit même à lui trouver un air quelque peu innocent, alors il l'embrassa rapidement, doucement et se recula aussi vite. Harry se mit à sourire en gardant les yeux fermés et il se rapprocha pour l'embrasser à son tour. Il lui rendit un baiser beaucoup plus approfondi que le premier, passant une main dans le cou de Louis pour le rapprocher et le laisser jouer avec sa langue. Le châtain se sentit légèrement manquer d'air et se recula pour faire face aux yeux verts. Il rougit et bafouilla.

- Alors... Mmh... On fait quoi aujourd'hui ?

Harry regarda le châtain jouer avec ses mains sans oser le regarder et plongea sa tête dans son cou.

- Rien.

- Rien ?

- On reste là, toute la journée.

- Et on fait quoi ?

- Je te l'ai dit, on fait rien. À part passer du dessus de la couette à dessous.

- J'ai faim.

Louis se mit dos au bouclé et ferma les yeux. Il sentit le lit bouger et compris qu'Harry venait de se lever pour quitter la chambre. Le châtain profita de ce moment pour retirer son sweat afin d'être en t-shirt pour se glisser sous la couette. Il enfouit sa tête dans l'oreiller et attendit sûrement plus d'une dizaine de minutes que le bruit de la porte se fasse entendre pour laisser entrevoir de nouveau l'autre garçon. Il referma la porte derrière lui et jeta un sac plastique sur le lit. Louis sortit la tête.

- C'est quoi ?

- De la nourriture.

Le châtain fouilla dans le sac et en sortit un paquet de gâteaux au chocolat. Il commença à en manger, pendant qu'Harry retirait sa veste pour le rejoindre. Il se mit face à lui et le regarda manger.

- Tu sens encore l'alcool.

- On ne parle pas la bouche pleine.

Il haussa les épaules.

- C'est juste un biscuit.

- C'est de la provocation ?

- Oui.

Le bouclé lui retira le paquet des mains et s'approcha de lui.

- T'es content des réponses que t'as obtenu ?

- Quoi ?

- T'as profité du fait que je sois bourré pour me poser des questions.

- Et tu t'es laissé faire.

Harry rit légèrement et se mit sur le dos.

- Louis. Tu ne me prends vraiment pas au sérieux.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Je sais exactement quelles questions tu m'as posé. Et les réponses que je t'ai donné.

Louis se tourna vers lui.

- Alors t'as menti ?

Le regard émeraude du brun se posa sur le plus petit.

- Pourquoi je te mentirais ?

- Parce que t'es Harry Styles.

- Et alors ?

- Je sais pas. Je ne vois pas pourquoi tu me confierais des trucs aussi...

Il s'arrêta un temps.

- Glauques et... graves.

- Tu trouves ma vie glauque ?

- Oui.

- Mais t'en connais pas la moitié.

- Oh.

- Quoi ?

- Je sais pas. À t'entendre, vivre ta vie ce serait comme vivre un cauchemar éveillé.

Cette fois ce fut au tour d'Harry de se taire pendant un moment, le temps que Louis l'observe du coin de l'oeil.

- Louis ?

- Oui ?

- On se réveille d'un cauchemar.

- Non.

- Non ?

- Quand il dure trop longtemps, ça devient trop tard, c'est un cercle vicieux.

- Comme la drogue ou l'alcool ?

- Je pense pas. Il n'y a pas de traitement pour ça. Et à un certain stade, la volonté ne suffit plus.

- Comment tu sais ça ?

- Parce que c'est ce que je vis tous les jours.

Le garçon ferma les yeux pour ravaler la boule qui se formait dans sa gorge.

- Louis...

- Je sais pas si j'ai envie de te parler de tout ça. Alors je me tais avant de t'en dire trop.

- Je veux que tu me parles. Je t'ai parlé moi.

- Tu étais bourré. C'est plus difficile pour moi, je suis sobre et conscient. Ou peut-être qu'inconscient correspondrait mieux, vu tout ce que je fais sans avoir de contrôle sur les conséquences que ça aura.

- Tu vois petit Louis, la différence entre toi et moi, elle est là. C'est que moi j'ai besoin d'être bourré pour assumer mes problèmes, alors que toi t'assumes chaque jour. Tu me l'as déjà fait remarquer. Chaque jour tu te lèves et tu te regardes dans le miroir. Alors oui tu te vois peut-être comme une personne pathétique mais moi je ne peux pas faire ça tu vois. Je ne pourrai jamais me lever le matin et me regarder dans les yeux devant un miroir. Je passe mon temps à me fuir, à fuir ce que je suis et à fuir ma vie.

Louis prit une inspiration.

- Il y a deux ans mes parents ont voulu se séparer. Ils se disputaient sans arrêt pour tout et n'importe quoi et ils ne me voyaient plus. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer et à être sociable alors je me renfermais sur moi-même. J'ai essayé de leur faire comprendre par tous les moyens possibles. Et quand je dis tout, c'est vraiment tout. J'ai été premier de la classe et aussi le dernier, j'ai fait de l'athlétisme en haut-niveau, je cherchais n'importe quel prétexte pour me battre, à l'école, dans la rue, n'importe où. Il y a des soirs où je ne rentrais pas chez moi, je sortais, j'ai brûlé des voitures, je me suis retrouvé plusieurs fois en garde à vue, j'ai fumé, j'ai bu, je rentrais à des heures pas possible mais tout ce que je trouvais en rentrant, c'était des disputes. Toujours le même refrain. Alors j'ai voulu viser plus haut, j'avais mal, un putain de mal de chien et je savais pas comment le retirer et puis j'ai regardé une série. Une série complètement conne que je maudis maintenant parce qu'elle a juste contribué à me détruire. Le personnage avait l'air d'aller mieux quand il faisait ça. Moi aussi, je voulais aller bien. Alors je suis monté dans ma chambre et j'ai fermé la porte pour m'asseoir dos à elle et j'ai fouillé dans un tiroir pour trouver ce que je cherchais. Et je l'ai fait.

- Fais quoi ?

- Tu le sais très bien. Laisse-moi finir.

- Non Louis. Tu ne peux pas avancer si tu ne le dis pas clairement. Fais quoi ?

- Je me suis mutilé. Une fois. Au début c'était juste une fois quand ça faisait trop mal. Et c'est devenu une habitude. Une habitude insupportable. Je pouvais pas m'en empêcher alors j'ai essayé de le faire remarquer pour qu'on m'aide.

Le châtain se mit à sangloter.

- Mais tout a empiré, les disputes, les problèmes financiers. Ils ont rien vu et encore aujourd'hui mon père voit quedal. Alors je n'ai plus rien dit. J'ai continué à m'enfoncer. Et quand j'ai su que je revenais, je pensais retrouver Niall et je me suis dit qu'il allait m'aider à m'en sortir et j'avais toute la volonté du monde. Sauf que ça ne s'est pas exactement passé comme prévu. J'étais vulnérable et t'en as profité. Vous en avez profité. Mais vous me faisiez du mal sans que j'ai besoin de m'en faire moi-même alors je ne disais rien parce que ça m'aidait. J'ai laissé tomber l'idée de m'en sortir, parce que vraiment, j'en ai plus la force. Alors tu vois, même avec toute la volonté du monde, j'en serais pas capable.

Il se mit dos à Harry et se recroquevilla sur lui-même en suffoquant. Le bouclé resta quelques minutes à le regarder si vulnérable avant de passer ses bras autour de lui, le plus doucement possible, comme si il venait de se rendre compte qu'il pouvait le briser. Il commença à lui effleurer la nuque avec ses lèvres et sentit l'odeur de biscuit qui émergeait de ses cheveux. Le châtain se risqua à lui prendre la main pour la serrer le plus possible.

- Tu ne penses pas qu'il peut y avoir une lueur dans un cauchemar ? Une lueur que tu passes inconsciemment ton temps à chercher et qui, quand tu l'aperçois, tu te dis que finalement, tout n'est peut-être pas perdu ?

Le murmure du bouclé surprit Louis qui osa se tourner de nouveau. Malgré le fait qu'il sentait le regard du plus grand sur lui, il ne releva pas la tête.

- Et si on passe à côté ?

- C'est que ce n'était pas la bonne.

- Je comprends pas.

Harry sourit légèrement.

- Tu es merveilleux Louis. Fragile et merveilleux. Comme du cristal. Je pense qu'on a toujours le pouvoir de reprendre le contrôle, et ce pouvoir c'est l'espoir.

- Tu l'as vu ta lueur ?

- Oui.

- Pas moi.

- Peut-être parce que tu ne le veux pas. Peut-être que ton subconscient n'accepte pas encore l'idée que tu puisses en avoir une. Que tu puisses en avoir besoin.

Le bouclé l'embrassa légèrement en lui relevant la tête.

- La mienne elle est en face de moi. Ma lueur elle est en face de moi. Je peux la voir n'importe quand, quand je te regarde. Là je la vois à travers tes larmes.

Louis rougit, laissant le garçon lui essuyer la joue.

- Tes larmes sont précieuses, ton sourire, tes lèvres. Tout est précieux chez toi. Jusqu'à tes cicatrices.

Harry fit descendre ses bras le long de ceux de Louis pour effleurer légèrement ses marques.

- T'es précieux Louis. T'es mon cristal.

Louis se mit à secouer la tête.

- Tu ne peux pas dire ça. Pas après tout ce que tu m'as fait. T'as pas le droit.

- On a tous les droits quand ça en vaut la peine. Je pourrais te confier ma vie si il le fallait et tu aurais entièrement le contrôle. Tu pourrais te venger, me faire vivre un enfer. Je ne pourrais pas t'en empêcher. Parce qu'en réalité c'est déjà le cas. T'as déjà le contrôle. Et tu le sais, je l'ai vu dans tes yeux. Ton regard a changé du jour au lendemain et je n'ai aucune idée de pourquoi ou comment. Tout ce que je sais, c'est que ma vie ne dépend plus de moi maintenant.

- Et si je ne veux pas de ça ? Si je ne veux pas du contrôle ? Et si j'm'en fous de toi et de ce que tu ressens ? Si je veux juste que tu sortes de ma vie et que tu ne reviennes plus jamais ?

- Je sortirais de ta vie.

Le châtain baissa la tête pour regarder ses avants-bras. Il avait le contrôle. Totalement. Entièrement. Harry venait de le lui offrir. Niall avait raison, c'était lui la faille. Mais les paroles du bouclé ne l'avait pas empêché de réfléchir pour autant et le blond avait sans doute oublié de préciser un détail. Un détail pas sans importance. C'était que sa faille à lui, c'était Harry. Mais ça, le concerné ne le savait pas, et Louis devait à tout prix s'assurer que ça n'arrive pas. Et rien que ça, ça lui faisait comprendre qu'il ne pourrait pas faire sortir Harry de sa vie.

- T'as compris hein ?

Louis sortit de ses pensées et releva la tête.

- Quoi ?

- Que tout ça, c'est lié. Que si toi tu es ma lueur, ça veut dire que je suis aussi la tienne. Mais tu ne le sais pas encore. Tu ne le veux pas encore.

- L'astronomie et maintenant la philosophie.

Le regard du bouclé s'assombrit instantanément.

- Bordel Louis, arrête de faire ça.

- De ?

- De faire ton rebelle pour changer de sujet. C'est terriblement frustrant.

- Désolé.

- Je me contrôle vraiment pour ne pas te sauter dessus. Maintenant.

Louis passa une main dans le cou d'Harry et s'approcha d'un geste brusque pour l'embrasser. Il l'embrassa de manière un peu plus vivement que la première fois, comme si il n'y avait aucune règle, comme si il pouvait s'abandonner avec lui, ici. Il lui mordit la lèvre à plusieurs reprises, la sentant gonflée sous la pression. Le bouclé haleta et finit par réagir face au geste entreprenant de Louis. Il passa une main dans son dos pour le redresser et le mettre au-dessus de lui. Harry se redressa pour s'asseoir et se mettre à la même hauteur. Il passa ses mains dans les cheveux fins de Louis tout en quittant ses lèvres pour parcourir sa mâchoire. Il lui embrassa la joue et effleura le cou mat du châtain. Il se recula pour regarder Louis rougir et finit par poser ses lèvres dans son cou. Il l'embrassa jusque sous le menton puis remonta jusque derrière l'oreille. Louis trembla légèrement et ne put s'empêcher d'aller attraper les hanches du bouclé pour éviter de flancher. Cette réaction fit sourire Harry qui le fit basculer sur le côté pour se retrouver au-dessus. La chaîne argentée qui pendait autour de son cou vint rencontrer la peau du châtain. Le contact entre le chaud de sa peau et la froideur du bijou fit frissonner Louis de tout son être. Les lèvres d'Harry rencontrèrent sa clavicule et lui déclenchèrent une horrible sensation de torture au niveau des abdos. Il donna un léger coup de bassin pour faire redresser le bouclé et pouvoir reprendre possession de ses lèvres. Leurs respirations étaient fortes, dures, chacun d'eux osaient de nouveaux gestes, de nouveaux endroits. Harry se mit en appui sur une main et descendit l'autre le long du torse du plus petit. Il attrapa le t-shirt de Louis et commença à le relever quand des coups se firent entendre à la porte. Les deux garçons sursautèrent et tournèrent machinalement la tête vers la porte en bois où de nouveaux coups retentirent. Harry se releva sans regarder Louis et se dirigea vers la porte en remettant son t-shirt et ses cheveux correctement. Il ouvrit et tomba sur une femme d'une cinquantaine d'années.

- Oui ?

- Je suis la gérante, la chambre est réservée pour ce soir et doit être libérée pour 15h.

Le brun regarda sa montre.

- 14h. On prend une douche et on s'en va.

- Très bien.

La femme jeta un oeil à Louis toujours assit contre la tête de lit.

- Vous pourrez retirer les draps et les mettre dans le bac au bout du couloir ? Merci.

Harry referma la porte et jeta un oeil au châtain.

- T'es pas obligé de rougir comme ça petit Louis. T'as encore tes habits.

- C'est gênant.

- T'es toujours dans l'extrême.

Il leva les yeux au ciel.

- Tu veux prendre ta douche avant moi ?

- Non. Tu as plus besoin d'une douche que moi, vu l'odeur de whisky que tu dégages. Je vais m'occuper de ce qui traîne et des draps.

- Très bien. On retournera au camping pour récupérer nos affaires et je te ramènerai chez toi.

Louis se surprit à penser un petit "Déjà ?" mais ne dit rien et regarda le bouclé s'éloigner dans la salle de bain. Il attendit d'entendre l'eau couler pour sortir du lit et ramasser le sac d'emballages vides. Il se dirigea vers la poubelle et s'arrêta devant le miroir. Il remit ses cheveux en place et regarda son cou légèrement rougit et sa lèvre inférieure gonflée. Ce n'était pas étonnant que cette bonne femme ait des pensées déplacées vu l'allure de débraillé qu'il avait. Il eut à peine le temps de retirer les draps et d'aller les mettre dans le bac à linge qu'Harry était déjà douché et assit dans le fauteuil, la tête dans son téléphone.

- À ton tour. Je ne te propose pas de t'accompagner.

Son indifférence donna un peu d'assurance au châtain.

- De toute façon les douches je ne trouve pas ça érotique.

Il haussa les épaules et entra dans la salle de bain sous le regard stupéfait d'Harry.

Après avoir rendu les clés de la chambre, Louis et Harry remontèrent en voiture pour retourner au camping reprendre leurs sacs et redonner les clés du bungalow.

- J'espère que tu n'as rien oublié petit Louis parce que j'ai pas l'intention de revenir.

- Ah bon ?

Le bouclé ferma le coffre et sourit.

- La prochaine fois je t'emmènerai dans quelque chose de moins... ringard.

Ce fut au tour de Louis de sourire, en pensant au fait que cela voulait dire qu'Harry avait l'intention de l'emmener ailleurs, avant de monter dans la voiture. Harry démarra et quitta le camping. Le châtain alluma la radio et bougea la tête en rythme en regardant le paysage. L'ambiance au sein de la voiture était beaucoup plus détendue qu'à l'aller. Harry fredonnait l'air de la chanson en tapotant machinalement sur son volant. Le défilement du paysage fit lentement somnoler Louis qui finit par s'endormir.

Au bout de quelques heures de route, Harry se gara devant la maison de Louis et coupa le moteur. Il le regarda un moment, se demandant si il avait bien fait de se confier autant, puis il vit les yeux du châtain papillonner. Louis regarda autour de lui.

- On est arrivés ?

Le bouclé hocha la tête et descendit de la voiture. Il prit le sac de Louis et lui amena sur le perron. Le châtain sortit à son tour de la Lamborghini et partit vers la porte d'entrée.

- Petit Louis.

- (Stoppé dans son élan, il se retourna) Quoi ?

- Je viens dormir avec toi ce soir.

Louis hocha timidement la tête et s'engouffra dans sa maison, restant derrière la fenêtre pour regarder la Lamborghini s'éloigner. Il regarda sur le bar et trouva un mot de son père lui indiquant qu'il pouvait manger et se coucher car il était de garde. Le garçon monta dans sa chambre et jeta son sac dans un coin de sa chambre avant de s'allonger sur son lit. Il sortit son téléphone de sa poche et lu le nouveau message.

de Niall - je viens de voir harry passer en toute modestie devant chez moi. il t'a ramené entier ?

à Niall - oui.

de Niall - ça s'est bien passé ? il t'a fait quelque chose ?

à Niall - on peut dire ça. non pas vraiment. quelques réflexions par-ci, par-là.

de Niall - tu vas pas m'en parler de toute façon, pas vrai ?

à Niall - possible.

de Niall - bonne soirée louis.

à Niall - bonne soirée niall.


Louis William Tomlinson

Il est 23h30. J'ai mangé de la macédoine en regardant une série niaise et je me suis couché. Je dois avouer que je lutte pour pas m'endormir parce que j'attends Harry. C'est con dit comme ça. Un peu pathétique. Genre, la fille qui attend son copain. Alors qu'en réalité je veux surtout lui demander de me parler de lui, vu que je l'ai fait. Et il me doit bien ça. Il me doit beaucoup de choses. Et je dois lui parler d'autres choses encore. Je réfléchis beaucoup trop et... Je sursaute. Il m'a fait peur l'abruti.

- Depuis quand tu passes par la porte ?

- J'ai décidé de prendre de meilleures habitudes.

- Pourquoi ? Tu comptes venir souvent ?

- Oui.

- Je préfère quand tu viens par la fenêtre. J'aime pas qu'on me change mes habitudes.

- Tu veux juste que je dérape.

- Non. C'est juste que... c'est notre truc ça.

Je crois qu'il rigole l'idiot. Bah quoi. C'est vrai non ? C'est notre truc le fait qu'il passe par la fenêtre. Si il se met à passer par la porte, ça fait trop gentleman poli. Et la politesse ce n'est pas Harry. J'entends la fenêtre de la salle de bain grincer. J'y crois pas. Il est ressorti pour revenir.

- C'est mieux comme ça ?

- Oui.

Je l'entends s'approcher du lit et retirer sa veste et ses chaussures.

- Tu me fais une place ?

- Y en a pas.

- Je vais me coller à toi. T'es tout petit de toute façon, tu prends pas de place.

Il m'énerve quand il me dit que je suis tout petit. Mais bon je me décale quand même parce que je ne vais pas le laisser dormir par terre. Je ne suis pas Harry Styles moi. Ahah, quel humour. Je le sens s'allonger derrière moi et se mettre sur le dos.

- Tu vas me parler de toi ?

- Quoi ?

Je devine au mouvement des draps qu'il se tourne vers moi. Et évidemment je baisse les yeux. Parce que son regard, même dans la pénombre, me déstabilise un peu trop.

- Je t'ai raconté comment j'étais devenu une épave. Alors tu pourrais me raconter comment... enfin...

- Comment je suis devenu un raté ?

- C'est pas ce que je voulais dire.

- Mais c'est ce que tout le monde pense.

- Harry.

Je le sentis se tendre.

- Cherche pas plus loin Louis. J'en suis pas capable.

Et il s'est braqué. C'est vraiment surprenant de voir Harry Styles comme ça. De voir qu'il n'est rien à l'intérieur et qu'il se cache derrière une image. Il joue vraiment bien la comédie. Mieux que moi, même. Mais ces trois jours, c'était des efforts de sa part et je n'ai pas été super reconnaissant. Alors si lui ne me parle pas, je vais le faire. Encore une fois.

- J'imagine la mort exactement comme un saut en parachute.

Il tourna à nouveau la tête vers moi, un regard un peu perdu que je ne lui connaissais pas sur le visage.

- Quoi ?

Bon et là, je l'ai quand même regardé dans les yeux parce que je ne suis pas juste un faible. Je dois apprendre à affronter mes craintes et mes paroles.

- C'est ce que j'ai dit après le parachute. Que j'imaginais la mort comme ça. Comme une chute dans le vide qui dure peu de temps et qui pourtant reste très intense. Et après, plus rien, le calme, la recherche de la paix avant l'atterrissage.

- Je sais.

Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil pour l'inciter à poursuivre.

- Je sais que c'est ce que tu as dis.

- Mais...

- Je voulais juste que tu me le redises droit dans les yeux pour voir si tu assumais.

- Assumais quoi ?

Il y a vraiment des fois où je ne capte rien de ce qu'il dit. Mais je pense que c'est parce que je ne le connais pas assez. Niall a toujours l'air à l'affût du moindre détails dans ses paroles. Malik et Payne aussi ont l'air de toujours être en bonne entente avec lui.

- Le fait que tu veuilles mourir.

- Je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas l'assumer.

- Je pensais que t'étais un trouillard, que tu n'y pensais pas plus que ça.

Il souffla avant de reprendre.

- Tu vois, j'ai une vie pathétique, ratée. Et pourtant, j'ai beau faire n'importe quoi, je sais que je n'aurai jamais les couilles de me foutre en l'air.

Ça m'a fait de la peine de le voir dire ça en baissant les yeux. Il aurait presque eu l'air fragile.

- Tu sais, à partir du moment où t'imagines ce que ça ferait de te mettre une balle dans la tête, je pense que t'es obligé d'assumer le fait que ça reste la seule issue.

Il passa une main sur ma joue et m'embrassa doucement.

- Louis. Il va vraiment falloir que t'arrêtes tout ça et que tu acceptes de trouver ta lueur. Tu ne peux pas refuser sans cesse le fait que tu puisses t'en sortir. Même avec moi.

Et après ça, il a eu l'air vexé que je ne réponde rien. Alors il s'est mis dos à moi et n'a plus rien dit. En revanche, moi j'avais encore des choses à dire, surtout après avoir passé ma soirée à réfléchir.

- Harry ?

Silence. Je me rapproche de lui et cette fois c'est moi qui passe mes bras autour de lui, même si je suis plus petit. Et j'essaie de me hisser à hauteur de son oreille.

- Je ne regrette pas d'être venu.

Puis je cherche ses doigts. Et il me laisse les entrelacer aux miens.

- Et je veux bien. Je veux bien partager la petite lueur d'espoir qu'il me reste avec toi.

Et la pression qu'il a émise sur mes doigts à ce moment-là, je la connaissais très bien. C'est celle avec laquelle on veut s'empêcher de pleurer et ravaler nos larmes. Et je crois que c'était la plus belle preuve qu'Harry Styles pouvait me faire pour me montrer qu'il avait vraiment l'intention de tenir ses promesses.

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