CHAPITRE VIII


      Point de vue , Externe

    Liam venait d'aller faire son jogging matinal, sa routine du samedi matin. Il courrait dans le parc à la sortie de la ville, ses écouteurs dans les oreilles puis il retournait dans le centre pour aller boire un café dans son bar habituel. Celui où il se rendait avec Harry, Niall et Zayn.

    Harry, un garçon assez réservé. Ils s'étaient connus en arrivant au lycée; se retrouvant dans la même classe, ne connaissant personne. Il lui avait seulement demandé une gomme puis ils avaient parlé, ils s'étaient trouvés des points communs, des blagues stupides, des bons moments, des mauvais. Harry était là à chaque fois qu'il en avait besoin, Liam s'était fait la promesse de faire la même chose.

    Niall, il ne le connaissait pas non plus, il l'avait juste défendu à la cafétéria quand il se faisait agressé pour avoir refusé de donner son dessert. Plutôt stupide et ironique à l'heure actuelle. Mais Niall était un garçon fragile, il ne ferait pas de mal à une mouche. Après ça Liam et Harry l'avaient pris sous leur aile, il était devenu plus sûr de lui.

    Et puis il y avait Zayn. Zayn qu'il avait rencontré dans ce bar-là d'ailleurs. Un samedi matin, il était entré, s'était installé à côté d'une table où un garçon buvait seul. Il avait ri. Il avait ri de voir un garçon de son âge être au whisky à neuf heures du matin. Il avait ri, jusqu'au moment où ce garçon s'était mis à pleurer. Liam était un garçon vraiment froid, distant, insolent et désagréable mais ce jour-là il s'était senti mal. Il n'avait rien fait de plus que de boire son café puis de passer près de la table du métis en y déposant un mot. Un simple mot avec écrit qu'il était là chaque samedi matin. Le samedi suivant, il était assis devant son café, à la même table. Pendant un instant il s'était senti stupide d'avoir fait ça. Il s'était senti stupide jusqu'à ce qu'il voit la tête du métis passer la porte. C'était leur rencontre, c'était leur histoire. Zayn était sans doute la personne qui comptait le plus pour Liam, celui pour qui il aurait fait n'importe quoi, parce que Zayn pouvait tomber à n'importe quel moment.

    C'était trois garçons différents mais pour Liam, c'était des frères, des gars en or, qui, malgré leurs caractères, avaient une histoire. On est ce qu'on est par nos événements passés, notre passé nous forge. Il est là et on ne peut pas l'oublier, on ne peut pas s'en défaire, ce serait se perdre soi-même. Liam continua de fixer le bar devant lequel il était posté, Le lion d'or.

    — Bon soit tu rentres, soit tu pars. Mais à rester là, tu fais peur aux clients.

    Le garçon sortit de ses pensées et se tourna vers son interlocutrice. Une jeune femme, plutôt petite, avec des formes là où il fallait, des cheveux longs bruns. Elle portait un short avec un tablier noir par dessus, des Dr Martens rouges et un t-shirt à l'effigie d'un groupe de musique. Les joues rosies par le froid, elle était postée à l'entrée du café. Il avait l'impression de l'avoir déjà vu, mais il ne savait plus exactement où. Il la dévisagea un instant.

    — Tu m'écoutes ? Ça fait cinq minutes que t'es immobile ici.

    — Ça va, c'est bon, je rentre.

    Il leva les yeux au ciel et entra dans le café en bousculant la jeune fille qui leva les yeux au ciel à son tour. Quel garçon arrogant, il n'y avait même pas besoin de le connaître pour savoir que c'était un garçon désagréable. Liam une fois dans le café se dirigea vers une table du fond, près de la cheminée. Il sortit son téléphone et attendit qu'on vienne prendre sa commande. Un raclement de gorge lui fit relever la tête. Encore elle.

    — Encore toi.

    — Excuse-moi de travailler ici. On n'a pas tous un père avocat bourré de fric qui peut répondre à tout nos besoins.

    — Comment tu sais ça ?

    — Toute la ville le connaît. Mais bon, si tu pouvais me donner ta commande ce serait gentil, j'ai pas le temps de discuter avec un branleur comme toi.

    — Un café avec un nuage de lait. (Levant les yeux de son téléphone) Attends ! Un branquoi ?

    Liam secoua la tête, mais la brunette était déjà repartit vers son comptoir. Branleur. Il réfléchit un moment essayant de se rappeler où il avait entendu ça. Le bruit de la tasse se posant devant lui le fit sursauter. La brune lâcha un rire.

    — Je peux savoir pourquoi tu ris ?

    — Pour rien, branleur.

    La façon dont elle insista sur le dernier mot fit enfin réagir le garçon. Il venait de comprendre. C'était elle. Elle s'apprêtait à partir,

    — Attends c'était toi ?

    La jeune fille se retourna après avoir récupérer deux verres vides sur une table.

    — De ?

    — La fille de l'autre fois.

    — Celle que t'as bousculé sans t'excuser ? Oui c'est moi.

    — C'est marrant, on ne se connaît pas mais je te trouve déjà chiante.

    — T'es vraiment antipathique.

    Liam bu une gorgée de son café et la regarda bizarrement.

    — Antipaquoi ?

    La brune ne pu s'empêcher de sourire en coin.

    — Et en plus t'es stupide, t'es pas gâté dans la vie toi.

    — Je ne te permets pas !

    — Je me permets toute seule.

    Sans rien répondre, le châtain termina son café et reposa la tasse. Il se leva, la brune fit un pas en arrière. Souriant, il sortit trois pièces de sa poche et les tendit à la serveuse.

    — Le café c'est deux.

    — C'est un pourboire.

    — C'est généreux, cinquante centimes de plus, je vais pouvoir vivre avec ça.

    — T'es arrogante en plus.

    Liam sortit un billet de cinquante de sa poche et lui tendit. Elle le prit et le regarda sans comprendre.

    — Tu pourras t'acheter de la bonne humeur avec ça.

    — Tu devrais peut-être le garder alors.

    Le garçon se sentit bouillir de l'intérieur. Quelle fille insupportable. Il serra les poings et se dirigea vers la sortie.

    — Au fait !

    — Quoi encore ?

    — Mon nom c'est Dan. Si jamais tu décidais de me donner rendez-vous histoire de voir à quel point je peux être chiante.

    Liam se mit à rire en secouant la tête. Décidément cette fille était vraiment hors du commun. Il réfléchit et la regarda un moment. Elle était mignonne, mais Liam et l'amour c'était comme les maths. Incompréhensible. Il n'avait jamais eu de relations sérieuses, ni même de véritables relations. Des histoires d'un soir, oui. Mais sérieuses, non. Il n'en avait pas envie non plus, les filles c'était vraiment prise de tête. Il était bien tout seul.

    — Tu viens vraiment de dire ça ? Non parce que moi et les filles c'est le truc pas compatible tu vois ? Genre les x et y dans les maths ou pourquoi le ciel est bleu et l'herbe verte. C'est des trucs bizarres, sans réponse. Désolé, mais t'es vraiment bizarre. Wow. Tu dois être le genre de filles qui a des chaussons lapin, qui regarde Harry Potter avec une licorne en peluche et un gros chat qui dort toute la journée.

    — Une fille bizarre ?

    — Ouais, très, très bizarre.

    — Donc je suis une fille bizarre et tu es un branleur.

    — Incompatible.

    La serveuse sourit.

    — Sans doute.

    Liam secoua la tête et la regarda partir vers une autre table. Il sortit dehors, l'air frais le frappant de plein fouet. Il regarda l'heure, dix heures.

à Zayn - j'arrive.

    Le châtain marcha jusqu'à l'immeuble qui faisait l'angle de la rue et entra. Il prit les escaliers jusqu'à l'étage du métis et frappa. Une minute. Deux minutes. Rien, puis finalement des pas légers se firent entendre et la porte s'ouvrit sur un Zayn à peine réveillé, en caleçon, les cheveux ébouriffés et une barbe naissante. Liam le dévisagea un instant et remarqua ses yeux rougis et ses hématomes sur le ventre.

    — Ça va pas ?

    — Si ça va, je me réveille c'est tout.

    Liam entra et referma la porte derrière lui. Zayn ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il était déjà reparti en direction de sa chambre. Le garçon souffla et le suivit. En entrant il l'attrapa par le bras et le tourna face à lui. Il le fixa un instant et attrapa son visage entre ses mains pour passer délicatement ses pouces sous ses yeux.

    — Tu pleures depuis combien de temps ?

    Zayn retira les mains de Liam.

    — Je pleure pas.

    — Oh me la fait pas à moi, Zayn. Pas aujourd'hui. C'est ton père ?

    Le métis releva la tête et le châtain croisa son regard noisette. Il n'avait pas besoin d'en dire plus pour le comprendre. Il le prit instinctivement dans ses bras et le métis éclata en sanglot.

    — Putain Zayn, arrête d'aller le voir sérieux.

    — Je...

    Le châtain enfouit sa tête dans le cou de Zayn et plaça ses mains sur sa taille. Il sentait son torse se gonfler irrégulièrement contre le sien. La respiration de plus en plus saccadée.

    — T'as dormi cette nuit ?

    Zayn hocha la tête négativement.

    — Alors tu vas dormir.

    — Mais...

Liam sourit à la vue du regard paniqué du basané.

    — Je vais juste prendre une douche, parce que l'odeur de sueur c'est limite.

    — Tu pars pas hein ?

    — Non Zayn. Va t'allonger.

    — Tu me rejoins après ?

    — Ouais, arrête de paniquer. Je sais bien que tu t'inquiètes tout le temps, que t'as toujours peur que je ferme la porte de ton appartement et que je revienne pas. Mais je serai toujours là, même si tu m'envoies chier, même si tu m'insultes, même si tu me frappes je resterai. Tu comptes plus que tout pour moi, j'ai besoin de toi. L'oublie jamais, si tes parents t'ont lâchés, moi je suis pas comme eux. Peut-être que je suis un gros con ou même un branleur mais je suis pas comme eux. Parce que moi je tiens à toi Zayn.

    Le métis se gratta la nuque comme il le faisait à chaque fois qu'il se sentait gêné et se mit à sourire. Liam était sûrement un con, mais pour Zayn il était un pilier. Il était venu vers lui sans même le connaître. Ni lui, ni son histoire. Il était le seul à lui avoir tendu une perche, et Zayn n'avait pas réfléchi, il avait foncé, il l'avait attrapé parce que c'était la première fois en cinq ans qu'on avait envie de l'aider, qu'il sentait une ouverture, qu'il avait l'espoir de s'en sortir, et tout ça grâce à un seul garçon. Zayn regardait Liam comme si il avait peur qu'il soit qu'une illusion, qu'il disparaisse et ne revienne pas, peur d'être encore abandonné. Puis le plus jeune le prenait dans ses bras et tout allait mieux. Avec Liam c'était comme ça, c'était différent, différent de sa relation avec Niall ou de celle avec Harry. Parce que Liam était différent, peut-être que c'était seulement avec lui. Peut-être que Liam n'arrivait pas à montrer ses sentiments, ses émotions, mais avec Zayn il était lui-même. Il avait besoin de Zayn, comme Zayn avait besoin de lui. Ils se sauvaient mutuellement, ils se retenaient à la surface.

    — Moi aussi j'ai besoin de toi Liam.

    Liam attrapa le métis par la taille et lui caressa le dos. Zayn eut un frisson, ce qui fit rire le châtain.

    — Je te fais de l'effet dis-donc.

    — La ferme Payno.

    Liam frotta sa joue contre celle de Zayn et le lâcha pour aller dans la salle de bain. L'autre garçon se traîna jusqu'à son lit et se laissa tomber dedans, remontant la couette sur sa tête. Il ferma les yeux et essaya de dormir, attendant que Liam vienne le rejoindre. De son côté le châtain venait d'entrer dans la cabine de douche. Il fit couler l'eau chaude sur lui et attrapa un shampoing pour se laver les cheveux. Il venait régulièrement passer des nuits ou des journées avec Zayn, pas parce qu'ils avaient une relation, mais parce que Zayn l'appelait quand il allait mal et qu'il avait peur de faire une connerie. Liam avait déjà pensé à emménager avec lui, mais le métis avait sûrement besoin de garder un espace et qui sait comment les gens réagiraient. Ils étaient tout les deux, ils connaissaient leurs sentiments, leur relation, mais pour les autres ce serait trop étrange, ambiguë. Le châtain ferma l'eau et sortit de la douche, attrapant une serviette pour s'entourer la taille. Il en prit une autre et la passa dans ses cheveux, se dirigeant vers la chambre.

    — Je peux t'emprunter un caleçon ?

    — Dans le premier tiroir y en a des neufs j'crois.

    — Merci.

    Liam ouvrit le tiroir de la commode et sortit un caleçon rouge, Calvin Klein de l'emballage et l'enfila par dessous sa serviette.

    — Bon tu viens ?

    — Attends je ranges les serviettes.

    — On s'en fout, j'ai froid.

    Le châtain laissa échapper un rire et vint se glisser sous la couette du métis. Il le rapprocha pour avoir son torse contre son dos et passa ses mains autour de sa taille.

    — Dors maintenant. Je reste là.

    — Tu veux pas parler un peu ?

    — Wow tu fais la meuf là ?

    — Non c'est juste histoire de me fatiguer.

    — Petit con.

    Le métis se mit à rire et se tourna pour faire face au châtain. Liam avait sûrement envie de parler, mais voir Zayn pleurer lui faisait comprendre que ce n'était pas le moment d'en rajouter avec ses problèmes.

    — Et toi Liam ?

    — Quoi ?

    — Ça va ?

    — Je fais avec.

    — Tes parents ?

    Liam souffla et ferma les yeux pour faire redescendre la boule qui se formait dans sa gorge. Le métis sentait le torse du châtain se tendre, il voulait l'aider comme lui le faisait, alors il tenta de passer une main sur sa joue et dans son cou. La respiration de l'autre se fit irrégulière et il ouvrit finalement les yeux.

    — Je vais partir.

    — Quoi ? Mais Liam tu peux pas.

    — Calme toi, je pars pas de la ville. Je vais me trouver un appartement.

    — Où ?

    — Près de chez toi, promis.

    — Tu as pas peur qu'il te donne plus d'argent ?

    — Il continuera tu sais, tant que je lui demande pas d'être un père.

    — Liam...

    — Quoi ?

    — Dit pas ça. Il t'a élevé avec ta mère.

    — Tu parles, c'est les gouvernantes qui m'ont élevé. Lui il travaillait tout le temps, et elle, elle allait prendre le thé.

    — Ce sont tes parents.

    — Non ! Ce sont deux personnes qui ne pouvaient pas avoir de gosse alors ils en ont acheté un pour être sûr d'avoir un héritier et que leur argent n'aille pas dans des associations parce qu'ils sont égoïstes et radins.

    — Ils t'ont pas acheté, ils t'ont adopté.

    — C'est pareil. C'était pas par envie.

    Liam se tourna dos à Zayn et ferma les yeux. Il fallait qu'il arrête de penser à tout ça, de ressasser sans cesse son passé. Oui il avait une vie de rêve, une grande maison, des amis, de l'argent. Mais l'argent ne faisait pas le bonheur. À ce stade pour Liam, il aurait préféré être pauvre mais être aimé et soutenu de ses parents. Enfin pour ça, il aurait fallu qu'il en ait. Des parents. Sa mère biologique était décédée à sa naissance et son père biologique ne se sentant pas capable de l'élever seul l'avait déposé à l'orphelinat. Au début, Liam imaginait sa vie comme dans les films, il passerait quelques années ici avec d'autres enfants puis quand il aurait sept ou huit ans un jeune couple viendrait l'adopter et lui donnerait l'amour qu'il n'avait pas eu. Il imaginait qu'ils iraient au zoo le week-end, voir des matchs de football avec son père, faire la fierté de ses parents en ramenant des bonnes notes. Liam avait envie de rire intérieurement. Comment avait-il pu être aussi stupide. Il avait fini par comprendre, après que ce soit les gouvernantes qui passaient leur temps à s'occuper de lui, qu'on l'avait adopté parce que la femme du couple ne pouvait pas être enceinte et parce que l'homme ne voulait pas que sa fortune soit reversée à des associations pour aider les personnes dans le besoin. Il avait tout essayé pour attirer leur attention, avoir des bonnes notes, fuguer, faire des conneries. Combien de fois il s'était retrouvé au poste de police pour avoir l'espoir de voir son père arriver furieux... Mais combien de fois Armène, la gouvernante, était arrivée en lui promettant de ne rien dire. Peut-être que l'amour pour ces gens c'était de faire des chèques de cinq milles pounds par mois. Mais ce n'était pas ce que lui voulait. Il avait juste était adopté pour être utile. Pas pour être aimé. Et il se détestait de ne pas l'avoir compris plus tôt. Zayn se rapprocha de lui, il savait que ce sujet était sensible pour Liam, même à dix-huit ans.

    — Je suis désolé Liam...

    Pas de réponse.

    — Regarde-moi Payno.

    Toujours rien. Le métis se mit à sourire, puis commença à passer par-dessus le châtain pour être en face de lui. Liam décida au même moment de se tourner et Zayn se retrouva sur lui.

    — Même avec toi je domine.

    — T'es lourd.

    Le basané fronça les sourcils et passa son pousse sur une marque au niveau du front de Liam.

    — Hé j'avais jamais remarqué que t'avais une cicatrice là.

    Le châtain regarda Zayn qui souriait. Il souriait grâce à lui. Liam était soulagé et heureux de voir que les larmes de Zayn avaient laissé place à son rire. Il se sentait important. Avec Zayn il avait l'impression que tout était facile, qu'il avait besoin de rien d'autre que lui.

    — Cette position est vraiment trop bizarre, je sens tes parties contre moi c'est assez spécial.

Le métis repassa de l'autre côté pour se rallonger correctement.

    — Désolé, mais au moins tu souris.

    — Toi aussi. Maintenant tu devrais dormir.

    — Ouais.

    Zayn posa sa tête sur l'oreiller et ferma les yeux, Liam le regarda un moment et ferma les yeux à son tour.

    — Je te laisserai jamais tomber Payno, toi aussi t'es la personne qui compte le plus pour moi.

    Liam ne répondit rien. Il savait que Zayn avait du mal à exprimer ses sentiments alors il préférait faire comme si de rien n'était. Qui sait. Peut-être qu'un jour il arriverait à lui dire tout ça face à face. Quand il irait mieux. Quand ils iront mieux.

    — Enzo reviens ici !

    — Non !

    — T'es chiant !

    Alfa contourna le canapé avant de grimper les escaliers à toute allure. C'était samedi et elle devait garder son petit frère, ses parents étant tous les deux partis travailler. Sauf que comme dans toute relation frère et soeur, il fallait des prises de têtes. Et c'est exactement ce qui était en train de se passer. Le plus jeune ayant découpé des vêtements de son aînée. Alfa arriva à rattraper son frère à l'étage mais Enzo lui ferma la porte au nez.

    — Enzo ! Tu ouvres la porte !

    — Non !

    — Ça va mal aller !

    — J'ai dit que j'étais désolé. Je croyais que tu les mettais plus ces vêtements et c'est pour la bonne cause, c'est pour l'épouvantail du potager de l'école.

    — Je sais pas exactement comment je dois prendre cette explication.

    — Je préfère pas répondre, je veux pas aggraver mon cas.

    Le garçon se mit à rire de l'autre côté de la porte, la blonde sourit.

    — Pense à faire tes devoirs.

    Au même moment la sonnette retentit en bas.

    — Va ouvrir.

    — Me donne pas d'ordre farfadet.

    Alfa rigola et remit ses cheveux en place en descendant les escaliers pour aller ouvrir la porte.

    — Niall ?

    Si la surprise se lisait sur le visage de la jeune fille, c'était le malaise qui ressortait sur le visage du garçon.

    — Salut.

    Le blond sur le pas de la porte se passa une main dans les cheveux. Alfa se demanda ce qu'il faisait chez elle et surtout comment il avait eu son adresse.

    — Je peux savoir ce que tu fais ici ?

    — Je peux entrer ?

    — Tu manques pas de culot toi.

    — C'est important.

    Alfa leva les yeux au ciel et s'apprêtait à se décaler sur le côté quand son frère arriva derrière elle.

    — Alors c'est qui ?

    Enzo regarda Niall un instant, il n'eut pas besoin de le dévisager pour savoir qui il était. Il le regarda effrayé avec une envie de lui sauter dessus pour lui dire ce qu'il pensait mais sa soeur lui fit les gros yeux.

    — Monte dans ta chambre Enzo.

    — Pourquoi ? Tu vas pas le laisser rentrer chez nous quand même ! Je vais le dire aux parents.

    — Enzo, s'il te plait.

    Le garçon souffla et repartit vers les escaliers mais il ne retourna pas dans sa chambre. Il s'assit en haut des escaliers et attendit de savoir ce que l'irlandais faisait là. Comment il pouvait oser venir chez eux après ce qu'il avait fait à sa soeur avec ses copains. Enzo était jeune, mais il avait bien vu Alfa aller mal, passer des soirées enfermée à pleurer dans sa chambre. Il l'avait vu maigrir et aller chez le psy pour s'en sortir. Il l'avait vu se battre pour aller mieux. Enzo ne supportait pas de le voir ici, pas seulement pour le passé de sa soeur mais parce qu'il savait également que c'était les mêmes personnes qui s'en prenait à Louis. En bas, la blonde laissa entrer son interlocuteur et referma la porte derrière lui.

    — Viens.

    Niall la suivit jusqu'au salon et s'assit dans le canapé en cuir marron foncé. Il se tripotait les mains, ne sachant pas par où commencer. Alfa s'assit à côté de lui.

    — Tu comprendras que je t'offre rien à boire. Déjà je te laisse entrer.

    — Tu as un petit frère alors ?

    — Oui ! Et je t'interdis de l'approcher, toi ou tes copains.

    — Calme toi.

    La blonde devait faire preuve de sang-froid pour parvenir à garder son calme.

    — Qu'est-ce que tu fais là ? C'est Styles qui t'envoies ?

    Niall releva la tête paniqué.

    — Non justement, il ne doit pas le savoir.

    — Oh attends, il sait pas que t'es là ? Et si il l'apprend, il va me faire quoi ?

    — Rien, il te fera rien. Tu peux me laisser parler maintenant ?

    — Bah vas-y, tu vas pas camper là.

    — Tu dois être là pour Louis.

    La jeune fille rigola nerveusement.

    — Le laisse pas tomber surtout.

    — Niall...

    Alfa se leva et se posta devant le blond. Elle ne pouvait pas garder son calme plus longtemps.

    — Tu te prends pour qui Niall ? Tu me fais la misère pendant un an avec tes copains, tu fais la même chose à Louis. Alors que putain, c'était ton meilleur pote. Vous avez tout fait ensemble. Vous avez grandi ensemble et là il se fait défoncer dans les vestiaires et tu fais rien ? Tu crois quoi ? Que venir me parler ça va me faire changer d'opinion sur toi ? Tu veux avoir la conscience tranquille ? T'as été voir la copine, tu penses à lui c'est cool. Mais tu ne l'aides pas Niall. C'est pas en pensant à lui, en étant désolé que tu l'aides. Tu l'enfonces putain. Tu sais comment il est bordel. Il n'est pas stable mentalement, il va finir par se foutre en l'air si ça continue. Il ne m'écoute pas. Il dit qu'il n'a pas besoin d'aide, qu'il va bien. Non mais c'est la meilleure. T'y crois toi ? Tu crois qu'il va bien ? Je sais même pas comment je fais pour pas te gifler Horan. Tu me déçois. Je crois que le pire c'est que tu te détestes de devoir faire ça. T'en prendre à lui tu détestes ça, parce que c'est pas toi. Mais au final, je vais te dire, je suis bien contente que tu sois là à chaque fois qu'il souffre, parce que tu souffres aussi et ça, c'est le meilleur sentiment au monde. J'oublierai jamais ce que vous m'avez fait. Mais moi, je suis pas Louis, moi je m'en suis sortit. Lui, il y arrivera pas... Mais tu sais quoi ? Oui je serai là pour lui, oui je vais encore essayer de l'aider parce que la différence entre toi et moi Niall, c'est que moi j'ai pas l'intention de le regarder mourir à petit feu alors que je peux agir. Je suis pas lâche comme toi Niall. Je sais même pas comment tu fais pour te regarder dans un miroir. Tu me dégoûtes, je me respectes trop pour ça, je me rabaisserai pas à ton niveau, mais sache que j'ai envie de te cracher à la gueule. Alors, au lieu de me faire tes leçons à deux sous, réfléchit. Et maintenant tu sors de chez moi.

    Alfa serra les poings et baissa la tête. Niall qui l'avait écouté sans l'interrompre, se leva et partit vers la porte. Une fois dehors, il craqua et se mit à pleurer. Elle avait raison, et ça, ça lui faisait mal. Lui, il était pathétique, il avait laissé tomber Louis. C'était son meilleur ami et il l'avait laissé tomber. Il avait fait comme si il ne le connaissait pas et il le laissait se faire tabasser et se détruire. Parce que lui aussi il le savait, il savait que Louis allait mal et en partie à cause de lui. La blonde le détestait et elle avait raison. Il se détestait aussi, un peu plus chaque jour, mais il ne pouvait pas laisser Harry. C'était compliqué, trop compliqué. Il y aurait forcément des perdants.

    À l'intérieur, Alfa était assise dans la canapé. Il fallait bouger Louis. Ce soir. Enzo en haut de l'escalier avait tout vu et tout entendu. Il était fier de sa soeur, qu'elle ait remis cet idiot en place et qu'elle ait défendu Louis. Alfa sortit son téléphone et envoya un sms à Louis.

à Louis - je viens ce soir et t'as pas le choix ;)

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