CHAPITRE VI


      Harry Edward Styles

    Mal de crâne. Mal de crâne. Mal de crâne. Putain. J'ai même pas la force d'ouvrir les yeux. J'ai aucun souvenir de la soirée d'hier, mais vu mon état, c'était sans doute une bonne soirée. J'ai l'impression que mon crâne s'est transformé en ruche tellement ça bourdonne. Je crois que je vais gerber. J'arrive même pas à me bouger, j'ai l'impression d'avoir une masse sur le corps là.

    — Bordel.

    Je crois que j'ai peut-être abusé un peu trop hier soir. J'ai l'impression que les rayons du soleil vont me brûler à la Damon Salvatore ou je sais pas trop qui là.

    — Putain c'est quoi ce bordel encore.

    Ok, la blondasse à poil dans mon pieu et qui bave sur mon t-shirt me confirme que j'ai trop bu. Je vais la faire dégager de là vite fait. Ou alors je lui gerbe dans les cheveux. Ouais, non, elle va dégager.

    — Oh réveille-toi !

    — Mmh...

    J'ai beau la secouer, elle continue de marmonner en se retournant.

    — Putain mais c'est pas vrai.

    Aux grands maux, les grands remèdes.

    — Ah mais putain t'es malade ou quoi !

    Oui bon dans le genre galant j'aurais pu faire mieux que de la pousser par terre. Mais j'ai une sale gueule de bois alors prendre le temps de réveiller une fille qui m'a juste servi à me vider les couilles, ça va cinq minutes.

    — Merci, c'était sympa, je te raccompagne pas.

    Elle se relève avant de me regarder stupéfaite.

    — Pardon ?

    — Dégage.

    — Harry, tu peux pas me virer comme ça.

    Comme si j'avais besoin d'une scène de ménage dès le matin.

    — Ah parce qu'en plus t'insistes ? Tu veux que j'te vire à coup de pieds au cul ?

    Je la regarde ramasser ses affaires avant de quitter ma chambre.

    — T'es vraiment un connard.

    Je souris à sa remarque et je me traîne sans attendre jusqu'à la cuvette des toilettes pour décuver.

    Et putain, qu'est-ce que j'ai gerbé. Un bon whisky en plus, j'ai vomis au moins deux-cents balles là. Fais chier. En plus il est neuf heures, il va falloir que je me trouve une gueule potable pour aller en cours. Je vais tenter de prendre une douche quand mon estomac décidera d'arrêter de me faire gerber, parce que là ma gorge me brûle et je vais finir sans voix.

    Après m'être rincé la bouche et laver les dents trois fois, j'ai enfin fini sous la douche avec l'eau froide pour me réveiller et évidemment, me mettre de mauvaise humeur.

    En peu de temps je suis habillé, pas coiffé et avec des cernes sous les yeux. Ça va encore être une journée de merde, surtout si l'autre abruti n'est pas là. Parce que ça fait un peu trop longtemps que monsieur est malade et j'avoue que dès qu'il revient je n'ai pas l'intention de le louper.

    — Bon mon sac, et mes mails et...

    Je m'arrête dans mon élan d'ouvrir mon ordi et relève la tête pour voir mon reflet dans le miroir. Putain pourquoi je fais ça. Pourquoi je vais vérifier mes mails à neuf heures et demi pour voir si l'autre débile m'a écrit. Pourquoi j'ai l'impression qu'il s'est passé un truc. Pourquoi même je pense à ça. Et pourquoi je le fais tout le temps, de vérifier machinalement, comme si c'était un truc important. Putain.


      Point de vue, Externe

    — Bah alors ? Encore une dure soirée ?

    — Non comment tu sais ça ?

    — Je sais pas, peut-être tes cernes de trois kilomètres.

    — Bon et à part des remarques désobligeantes, vous avez des bonnes nouvelles ?

    Le bouclé s'assit sur le muret à côté de la grille, les mains sur sa tête pour tenter de faire passer la migraine, attendant que Zayn parle. Ou même Niall. Peu importe, il lui fallait des bonnes nouvelles ou même des mauvaises ou même qu'un pigeon lui chie dessus parce que penser à sa boîte mail c'était la pire sensation qui puisse exister à ce moment même.

    — J'ai trouvé un truc sur Tomlinson.

    Harry releva la tête vers le métis qui avait maintenant toute son attention, attendant qu'il continue sur sa lancée.

    — Il a déjà vécu ici.

    — Quoi ?

    — Avant le lycée, jusqu'au collège, en deuxième année.

    — Comment t'as su ça ?

    — J'ai été sur le site des archives de la mairie.

    — Et toi Niall ?

    — J'ai été le voir.

    — Et ?

    — Bah j'ai pas eu le temps de parler de mon faux chat perdu qu'il m'a claqué la porte à la gueule.

    Zayn ne perdit pas une seconde avant de s'agacer.

    — T'es sérieux ? Mais je vais lui casser la gueule à ce pd.

    — C'est bon Zayn calme-toi, tu me donnes mal à la tête. Raconte Niall.


FLASH-BACK

      Niall James Horan

    Bon il est dix heures, je pense que Louis est réveillé. Vu qu'Harry m'a demandé d'aller vérifier si il est vraiment malade ou si il nous évite, je vais prendre mon courage à quatre mains pour y aller. J'appréhende sa réaction quand il me verra devant sa porte. Surtout quand je vais lui sortir le coup du chat perdu alors que je n'ai même pas de chat et que même si j'en avais un, ça ne marchera pas car c'est l'excuse la plus naze du monde. Comment quelqu'un pourrait croire ça déjà hein ? Les chats perdus ça existent pas, ce sont des chats en ballade et si il arrive qu'ils se fassent écrasés... bah ils meurent et voilà, c'est dommage. Mais les chats perdus ça n'existent pas.

Je finis finalement par arrêter de me recoiffer dans le miroir de l'entrée et je sors de chez moi pour aller jusqu'à la maison voisine. Je monte les marches du perron et frappe deux fois avant d'entendre des pas et voir Louis à peine réveillé ouvrir la porte.

    — Niall... Quelle mauvaise surprise.

    Son regard froid me met mal à l'aise et je parviens seulement à bafouiller quelques mots.

    — Mmh je... j'ai perdu mon chachien... Euh mon chat.

    Chachien non mais n'importe quoi. J'ai envie de me gifler tellement cette situation est ridicule. J'essaie malgré tout de le dévisager mais je ne sais pas comment je suis censé voir qu'il est malade. Il vient de se lever. Tout le monde a une gueule de merde au réveil. Il me regarde toujours en silence et je sens que ça ne va plus durer longtemps. Je dois essayer une dernière fois.

    — Louis je...

    — Au revoir.

FIN FLASH-BACK


    — Et il m'a claqué la porte à la figure.

    — Non mais il manque pas de couilles quand il est tout seul celui-là !

    Harry toujours une main sur le front et les yeux légèrement fermés fit un signe dans le vide vers le métis.

    — Bon Zayn ça va. Arrête de gueuler.

    — Désolé.

    Le bouclé se leva et regarda sa montre.

    — C'est rien Niall. On va être à la bourre si on y va pas et j'ai Histoire.

    — Oh tu vas voir Tomlinson.

    — Peut-être, j'en sais rien. Le problème c'est que je crois que j'ai baisé ma partenaire d'exposé dans les toilettes de la boîte ce week-end.

    Les deux autres garçons ne purent s'empêcher de rire.

    — Ouh dur. Tu l'as jeté après je parie ?

    — Ouais et je suis partit avec sa copine que j'ai viré de ma chambre ce matin avant de gerber.

    — T'es impossible comme mec.

    Harry haussa les épaules et suivit Niall et Zayn jusqu'à sa classe. Ils croisèrent Alfa, seule, encore une fois. Le bouclé la suivit du regard et comprit qu'encore aujourd'hui Tomlinson ne serait pas là. Il fit un signe de tête aux deux autres et entra s'asseoir au fond de la salle de classe. Liam arriva avant que le prof, levant les yeux à son passage, ne ferme la porte. Le châtain vint se laisser tomber sur sa chaise.

    — Bah alors t'as couru le marathon de Pékin ou quoi ?

    Essoufflé, Liam mit sa tête dans ses bras pour reprendre une respiration correcte.

    — M'en parle pas, ma voiture est tombée en panne et il y avait plus de bus. La galère dès le matin. Y a intérêt à ce que Tomlinson soit là parce que j'ai besoin de me détendre un peu.

    — Te réjouis pas trop vite Payno. Il n'est pas là.

    Le châtain releva vivement la tête.

    — Quoi ? Putain c'est une blague ! Il hiberne ou quoi ?

    — Moins fort putain. J'en sais rien, je vis pas avec.

    — Payne, Styles, fermez-la.

    Les deux garçons tournèrent la tête en soufflant et commencèrent à écouter le cours.

    — Non mais t'as vu la tonne de papiers là ?

    — Ouais, tu vas te tuer à la tâche si ça continue...

    — Déjà que c'est avec Tomlinson, faut en plus que ça dure cent-douze ans... Je peux même pas lui donner son feuillet à cet abruti.

    — Bah donne-le à la blonde, elle lui transmettra.

    Liam leva les yeux au ciel.

    — Encore elle, mais j'en ai marre. De toute façon j'ai pas le temps, j'ai un rendez-vous médical pour mes reins.

    Harry prit soin de corriger son camarade en ricanant.

    — Ton rein.

    — Oh ça va.

    Le châtain réfléchit et se mit à sourire en regardant le bouclé griffonner sur sa feuille. Sentant un regard sur lui, le concerné releva la tête.

    — Pourquoi tu me regardes comme ça ?

    En guise de réponse, Liam montra le feuillet en l'agitant.

    — Hors de question Payno.

    — Allez ça va sonner je dois partir juste après. Tu vas la voir tu lui balances les papiers et tu te barres. Steuplé, pour une fois que je fais l'effort de travailler.

    — Putain Liam. T'es chiant.

    — Je te demande plus rien après.

    Harry marmonna en se remettant à écrire.

    — Allez pense à ma santé.

    Il souffla et posa son stylo pour prendre les feuilles qui pendaient sous son nez.

    — T'es vraiment chiant. T'es mieux quand tu fais ta tête de con.

    — Merci ! Je t'embrasse pas hein, mais c'est cool.

    La sonnerie retentit et Liam fit un clin d'oeil à Harry avant de partir en vitesse. Le bouclé regarda les feuilles qu'il tenait dans les mains.

    — Fais chier.

    Il se leva et sortit de la classe, cherchant la blonde du regard vers les casiers.

    — Louis réveille-toi.

    Le garçon remonta sa couette au-dessus de son visage, tentant de faire comprendre qu'il était bien trop tôt pour se lever. Evidemment, son père n'allait pas le lâcher et Louis le savait, mais il laissa tout de même échapper un grognement.

    — Louis, j'ai besoin que tu ailles faire des courses.

    — Je dors.

    — Tu veux que je te fasse comme ta mère te faisait à quatre ans ?

    — T'oserais pas.

    Le père de Louis relâcha la couette et fit mine de partir pour que Louis daigne sortir la tête du lit.

    — C'est bon, ça va je me lève. Prépare la liste.

    Un sourire triomphant passa sur le visage de l'adulte avant qu'il ne quitte la chambre. Louis avait peut-être changé mais il n'oubliait pas son enfance. Surtout pas quand sa mère lui jetait des verres d'eau froide sur le visage pour le réveiller quand il refusait de se lever. Même aujourd'hui la menace continuait de marcher. Louis passa une main sur son visage et partit dans la salle de bain prendre une douche rapide. Il se brossa les dents et tenta de coiffer ses cheveux, mais impossible. Il mit un sweat gris et et dévala les escaliers pour rejoindre son père près du bar. Onze heures et quart. Autant dire que Louis n'était pas du tout réveillé, ayant eu du mal à s'endormir, la nuit avait été courte.

    — Bonjour fils !

    — ...'jour.

    — La liste est là, je t'ai mis de l'argent.

    — Ok.

    — Prends tes clés parce que je risque d'être partit quand tu rentreras.

    Le garçon acquiesça, toujours le regard dans le brouillard.

    — Merci Louis. J'espère que tu n'auras pas trop de mal à rattraper tes cours.

    — Non, ça ira.

    — Claque la porte en sortant, je vais à la salle de bain.

    Le père de Louis s'éloigna dans le couloir de gauche et l'eau commença à se faire entendre de la salle de bain. Louis regarda vite fait la liste de courses et la fourra dans sa poche avec l'argent. Il se dirigea vers la porte et prit bien soin de la claquer. Peut-être trop...

    Le bouclé se dirigea vers la jeune blonde qui était actuellement en train de ranger son casier et lui tendit un amas de feuille.

    — Tiens ! Tu donneras ça à ton copain. C'est les cours qu'il doit rattraper et les papiers de l'exposé, je sais pas trop quoi. Et rappelle lui de bosser, Liam fera pas tout tout seul. C'est clair ?

    Alfa regarda d'abord les feuilles que lui tendait le brun et releva la tête vers lui. Elle trouvait Harry d'une arrogance indescriptible. Elle n'avait jamais vu ce garçon faire une bonne action ou rendre service à quelqu'un à part dans son intérêt et avec ses copains. Harry Styles était ce genre de garçon populaire que tout le monde adule alors que lui ne pense qu'à sa petite personne. Tout ce qu'elle détestait. Elle prit son courage à deux mains et osa une réponse sèche.

    — Et pourquoi tu viens me voir ? C'est toi qui est dans sa classe et son camarade d'exposé c'est ton pote.

    — T'es sa copine. Tu crois que j'ai que ça à foutre d'aller rendre visite à ton petit copain ? Ça me casse assez les couilles de devoir transmettre ça.

    — T'as peur qu'il te saute dessus ? Tu sais, vu qu'apparemment il est gay.

    Face au ton provocateur employé par la blonde, Harry s'approcha d'elle dangereusement.

    — Baisse d'un ton avec moi ! J'ai peur de rien du tout et encore moins d'une pédale. De plus c'est Liam son camarade pas moi.

    Alfa ne put s'empêcher de laisser échapper un sourire en coin, ce qui eut le don d'agacer encore plus le bouclé. Comment osait-elle le provoquer de cette façon alors qu'elle savait de quoi il était capable.

    — Bah pourquoi tu t'énerves alors ? Parler de Louis te mets dans un état...

    — Putain qu'est-ce que tu peux être insupportable. Je vais aller lui balancer ses feuilles de merde et basta.

    Sans attendre de réponse, les nerfs à vifs, il tourna les talons et la jeune fille ne put s'empêcher de sourire face au fait qu'elle venait de tenir tête à son ennemi. Elle ne mit tout de même pas longtemps à ressentir une certaine culpabilité en pensant à la façon dont elle venait d'inciter Styles à allez chez Louis. En dehors du lycée, le garçon était bien plus vulnérable. La blonde se sentait mal et fière à la fois. Elle avait réussi à tenir tête à Styles, mais à quel prix ? D'autant plus qu'elle l'avait énervé, ça ne promettait rien de bon. Elle le vit fourrer les feuilles dans son sac à dos avant de sortir du bâtiment.

    ☽

    Zayn bu une gorgée de son Fanta avant de se mettre à fixer l'irlandais qui torturait ses haricots à l'aide de sa fourchette.

    — Niall.

    — Mmh...

    — Niall !

    Le blond sortit de ses pensées et releva la tête.

    — Quoi ?

    — Tu le connais pas toi ?

    — De ?

    — Bah Tomlinson.

    Niall se mit à fixer son plat et serra un peu plus sa fourchette. Pourquoi Zayn lui demandait-il ça d'un coup. Il chercha une réponse mais se retrouva vite mal à l'aise.

    — Bah non, je... pourquoi ?

    — Bah tu sais comme il a vécu là jusqu'au collège... Et que toi tu vis ici depuis toujours.

    — Il y avait plusieurs écoles tu sais, moi mes parents m'avaient mis dans le privé.

    — Ouais c'est vrai. Désolé. Tu nous l'aurais dit sinon.

    Niall sourit timidement. Bien sûr qu'il leur aurait dit. Ou peut-être pas finalement.

    — Bon sinon toujours célibataire ?

    Le changement de conversation ? La solution à tout les problèmes de l'irlandais. Et ça marchait plutôt bien.

Harry était assis dans son Range Rover depuis une bonne dizaine de minutes, essayant de se calmer. Comment cette pauvre fille avait osé le provoquer et lui tenir tête de cette façon. Elle avait visiblement oublié bien vite ce qu'il était capable de lui faire. Il souffla et démarra sa voiture, prenant la route vers le quartier de Tomlinson.

    Louis descendit du bus et marcha jusqu'à chez lui. Arrivé devant sa porte, il déposa les deux sacs de courses et commença à fouiller les poches de son jean : pas de clés dans celle-là, ni dans l'autre et rien dans celles de derrière à part le ticket des courses. Il fouilla la poche de son sweat. Rien non plus.

    — Putain, je savais bien que j'allais oublier un truc.

    Ses clés étaient restées sur le bar. Louis était assez maladroit et tête en l'air, surtout à la levée du lit. Il se maudit intérieurement, se traitant encore d'incapable et s'assit sur les marches du perron. Il devait rester là à attendre soit le retour de son père en début de soirée, soit le prochain bus pour retourner en ville chercher les clés directement sur son lieu de travail. Sachant que dans son quartier le bus ne repassait que dans deux heures et demi, il devait attendre dans tous les cas. Pour combler le tout, il avait également oublié son téléphone portable et n'avait donc pas la possibilité de téléphoner ou de jouer à Fruit Ninja. Heureusement qu'il ne faisait pas trop froid et que le soleil était présent, rester dehors était agréable.

    Au bout de quelques minutes, Louis sentit son ventre gargouiller. Il n'avait pas déjeuné et il était sûrement midi passé. Les minutes défilaient : cinq, dix, quinze... Le cours des pensées de Louis fut interrompu quand un moteur à la sonorité trop familière s'arrêta à sa hauteur. Styles était garé devant chez lui.

    — Journée de merde bonjour...

    Harry prit les feuilles dans son sac et descendit de sa voiture sans couper le contact, n'ayant pas l'intention de rester toute sa vie ici. Il contourna le devant du véhicule et se dirigea vers Louis, qui se releva précipitamment. Alors maintenant il venait jusqu'à chez lui pour le faire souffrir. Génial. Il n'était plus à l'abri nulle part décidément. En voyant la scène, le bouclé leva les yeux au ciel. Quel crétin ce Tomlinson, il n'était pas armé non-plus.

    Arrivé à sa hauteur, Harry lui tendit les feuilles.

    — Les cours à rattraper et des feuilles pour l'exposé avec Liam.

    Louis attrapa les papiers avec méfiance.

    — Pourquoi tu viens me les donner ?

    — Liam avait un rendez-vous médical, il ne m-

    Le mécheux agita distraitement la main pendant qu'il parcourait les feuilles.

    — Oh j'ai pas demandé à savoir sa vie. On a une boîte aux lettres tu sais. Tu aurais pu t'épargner cet échange vocal entre nous.

    — T'as décidé d'être chiant ? On est en dehors du lycée là, tu sais que rien ne me retient.

    Louis se raidit et ne répondit rien, attendant que Styles parte. Sauf que visiblement, le bouclé n'avait pas l'air décidé à bouger. Louis osa un oeil vers lui et remarqua qu'il regardait autour de lui, comme si il venait pour la première fois dans ce quartier.

    — Tu peux partir tu sais.

    Harry reposa son regard sur le mécheux qui s'était remis à fixer les papiers.

    — Qu'est-ce que tu fous dehors ?

    — Je bronze.

    — T'as vraiment un humour de merde.

    — J'ai oublié mes clés, mon père est parti bosser donc je suis enfermé dehors jusqu'à ce qu'il rentre ou que le bus arrive.

    Cette fois c'est Styles qui lui fit signe de se taire.

    — Bon ça va me déballe pas ta vie non plus.

    — Bah pose pas de questions alors.

    Le bouclé rigola en indiquant le perron.

    — Regarde sous le pot de fleurs.

    C'était la première fois que Louis entendait le rire de Styles. Un rire un peu rauque, qui donnait envie de rire aussi. Quoiqu'en réalité Louis trouva ça vite insupportable, d'autant plus car c'était un rire moqueur.

    — T'es pas dans un film.

    — Ouais je sais. Sinon je serais pas ici avec toi.

    — Rien ne te retiens ici.

    Harry le regarda une dernière fois, il était vraiment insupportable. Il fit demi-tour pour retourner à sa voiture mais s'arrêta devant sa portière et fit la chose la plus stupide. Une chose qu'il regretterait tôt ou tard. Il lança un regard vers Tomlinson.

    — Montes.

    Louis releva la tête pour regarder vers Styles maintenant accoudé contre son capot. Pourquoi est-ce qu'il lui demandait de monter en voiture avec lui ? Après tout il serait bien capable de le kidnapper et l'emmener dans une forêt pour le torturer et le laissait pourrir. Louis le dévisagea pour la première fois sans ciller.

    — Non merci.

    — Tomlinson montes dans cette voiture.

    — Non.

    — Monte avant que je le fasse de force.

    Louis se sentit raidir sur place. Il regarda autour de lui et réfléchit.

    — Je peux pas, j'ai mes courses.

    Ils se parlaient fort, chacun à l'opposé de la rue.

    — Tu les mets dans le coffre soit pas con... Enfin...

    Le mécheux attrapa ses sacs en soufflant.

    — Ça va je sais, je suis un con merci.

    Il se dirigea vers l'arrière de la voiture et mit ses sacs dans le coffre. Il était peut-être encore temps de tenir tête à Styles et refuser son ordre au risque de se faire tabasser encore plus... Non. Louis n'en serait pas capable de toute façon. Il obéissait à Styles parce qu'il était trop faible pour lui tenir tête et surtout parce que la peur venait de le prendre aux tripes au moment de monter côté passager. Harry monta aussi et prit la route. Louis s'attacha et s'agrippa à la poignée de maintien plus par peur que pour le style que ça pouvait donner dans les films. À côté, Harry le remarqua et se mit à sourire en voyant l'effet qu'il provoquait sur Louis.

    — T'as peur ?

    — Non.

    Le bouclé fixa la route. Louis soupira.

    — Oui.


      Louis William Tomlinson

    Bien sûr que oui j'ai peur. Je suis même mort de trouille à l'idée qu'il soit à vingt centimètres de moi. Je suis mort de trouille à l'idée d'être dans une voiture avec Styles. Je suis mort de trouille à l'idée de comment ça va tourner. Je suis tellement mort de trouille que les jointures de mes doigts sont blanches tellement je serres la poignée pour me tenir. Il n'y a pas un bruit dans la voiture et ça me laisse le temps de regarder l'intérieur pour éviter de trop penser à ce qu'il va se passer. Ok c'est une belle voiture, sûrement le double du prix de ma maison. Mais je dois reconnaître qu'elle a la classe, encore plus si Styles n'avait pas été dedans. Il gâche tout lui. J'ai quand même pas mal de culot quand je me parle intérieurement. Je repense au fait que je lui ai limite répondu devant chez moi. Je ne suis vraiment pas pressé de retourner en cours...

    — Tu veux aller où ?

    Loin de toi.

    — Au commissariat.

    Ouais bon, peut-être que la première réponse aurait été mieux accueillie que celle-ci, vu la façon dont Styles s'est redressé et raidit sur son siège quand j'ai parlé. Il essaye de paraître détendu mais il n'y arrive pas. Je l'ai déstabilisé et c'est assez... intéressant à voir.

    — Ton père est flic ?

    — Commissaire.

Et là sans que je m'y attende ma tête rencontre le tableau de bord et putain ce que ça nique. J'y crois pas. Styles a freiné comme un abruti. Putain. En plus mon nez saigne facilement. Je savais que je n'aurais pas du monter dans cette voiture, encore moins avec Styles. J'arrive à me redresser et évidemment j'ai le nez qui saigne. L'autre abruti rigole et putain ce que j'ai envie de lui faire bouffer le volant.

— Tu pourrais t'excuser pour une fois au lieu de rigoler là.


      Point de vue , Externe

    Le bouclé rigolait mais intérieurement il ne comprenait pas pourquoi Tomlinson n'avait rien fait. Avec un père commissaire, il aurait pu tout balancer et se faire défendre. Mais non, il était assez stupide pour se laisser martyriser par lui et sa bande. Peut-être qu'il était fou et qu'il aimait souffrir...

    — Commissaire ?

    Louis se tenant toujours le nez fit un signe de la main vers la route.

    — Oui, maintenant démarre ou on va se faire klaxonner !

    Harry reprit son sérieux et se tourna vers le mécheux.

    — Dégueulasse pas les siège avec ton sang !

    Le mécheux leva les yeux au ciel exaspéré du comportement du bouclé. La tension entre eux était présente, beaucoup trop présente.

    — Donne-moi un truc pour essuyer alors !

    — T'es chiant putain !

    Harry se pencha vers l'arrière et attrapa un vieux t-shirt blanc qui traînait sur la banquette pour le tendre au mécheux. Louis dévisagea le bouclé et passa du t-shirt blanc au regard émeraude du brun. Déstabilisé il se remit à fixer le t-shirt.

    — Bon prends-le et garde-le, j'en veux plus.

    — Sûr ?

    Louis attrapa le bout de tissu du bout des doigts.

    — Ouais mais évite de te branler dessus, merci.

    Le garçon soupira et posa le t-shirt sur son nez pour faire une compresse et que le sang arrête de couler.

    Ils arrivèrent au commissariat une dizaine de minutes plus tard, le bouclé gara sa voiture en travers. Louis essuya une dernière fois son nez en se regardant dans le rétroviseur de façon à ne plus avoir de sang sur le bord des narines. Il ouvrit la portière et s'apprêta à descendre quand la voix du bouclé le coupa dans son élan,

    — Ça va ?

    Louis se retourna sur son siège, pas certain d'avoir bien entendu. Il se retrouva nez-à-nez avec le regard émeraude de Styles posé sur lui. Pour la première fois, il s'intéressait à son état en lui demandant sérieusement si il allait bien alors que pour le coup il n'y était pour rien. Louis fronça les sourcils pour montrer son incompréhension et descendit de la voiture, se dirigeant vers le coffre pour récupérer ses courses. Il eu à peine le temps de fermer le coffre que le Range Rover partit au quart de tour, laissant une fumée désagréable derrière lui.

    — Quel abruti.

    Louis se dirigea vers les portes du commissariat et entra tant bien que mal les bras chargés. Il connaissait bien l'endroit, son père l'emmenait toujours le samedi matin quand il était plus jeune. Le garçon entra dans le bureau de son père et fut surpris de le voir assit derrière son écran, lui qui était habituellement toujours en train de se déplacer d'un bureau à un autre.

    — Louis ? Il y a un problème ?

    — Oh non, rien de grave, j'ai juste oublié mes clés dans la maison et comme tu étais parti, je suis venu ici.

    — Je finis dans une heure ça te va ?

    — Oui, je vais aller attendre dans la cafétéria.

    — Très bien.

    Louis s'apprêtait à sortir quand son père l'arrêta.

    — Demain tu peux retourner en cours Louis. Je ne travaille pas.

    — Ok, cool.

    Oui, cool. Bien sûr Louis.

    — Tu devrais aller dormir Louis, il est déjà vingt-deux heures trente et tu n'as pas pris ta douche.

    — C'est bon papa, j'y vais.

Louis se leva du canapé et fit une accolade rapide à son père, avant de partir vers les escaliers.

    — Bonne nuit papa.

    — Bonne nuit Louis.

    Le mécheux monta les escaliers et alla directement à la salle de bain. Il retira son sweat et son t-shirt, se regardant un instant dans le miroir où il voyait ses côtes ressortir tous les jours un peu plus et même si il n'aimait pas ça, il ne pouvait plus changer. Il finit par retirer son jean et son caleçon avant d'entrer dans la cabine de douche et d'ouvrir l'eau froide sur ses épaules et le reste de son corps.

    Louis sortit rapidement de la douche et enfila une serviette autour de sa taille. Il se brossa les dents et mit un caleçon propre pour la nuit. Il sortit de la salle de bain pour aller chercher un vieux t-shirt mais son attention se porta sur son ordinateur ouvert, en veille. Il se pencha devant et ouvrit sa boîte mail.

- Bonne nuit Timy.

    Louis souffla et passa une main sur son visage. Pourquoi avait-il cette impression de besoin d'amitié, d'attachement avec un inconnu. Pourquoi est-ce qu'il avait envie que ce garçon s'intéresse un minimum à lui. C'était la première fois que Louis envoyait ce genre d'e-mail à Timy. Sans le savoir il installait une routine. Louis se leva et se dirigea vers son lit où il avait balancé le vieux t-shirt blanc de Styles avec les quelques taches de son sang au niveau de l'épaule gauche. Il le regarda sous tous ses angles, le bouclé faisait bien une taille de plus que lui. Il approcha le t-shirt de son visage. Non il ne sentait pas la sueur, il ne sentait pas non plus la lessive, il sentait le con. Louis enfila le t-shirt qui lui arrivait en dessous du bassin, sans réfléchir. C'était vraiment con de faire ça. Stupide, irresponsable, irréfléchi. L'odeur de Styles arriva aux narines du mécheux et s'imprégna sur son cou. Au final c'était plutôt une odeur agréable, une odeur de con certes. Mais une odeur agréable.

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