CHAPITRE LX


Point de vue , Externe

Le père de Louis entra en trombe dans l'hôpital, cherchant un médecin ou une connaissance de vue. On lui avait dit au téléphone qu'Alfa Walcott avait répondu présente et il l'aperçut assise sur une chaise entourée de quatre autres personnes. Il vit aussi Harry et un médecin qui se mit à s'agiter en entendant une alarme se mettre à sonner. Visiblement, cette nuit était très mouvementée aux urgences. Mark se dirigea vers le groupe de jeunes, la blonde tourna la tête vers lui et se leva au moment où il arrivait à leur hauteur.

- Oh Alfa ! Merci d'être venu ! Je suis désolé, on était en mission, pas de téléphone à disposition. J'ai fait au plus vite. Mon dieu. Où est-il ? On peut le voir ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il est toujours en salle d'opération, depuis plusieurs heures maintenant mais le médecin vient d'arriver.

Elle fit un léger signe vers Harry qui regardait le médecin s'éloigner, avant de se concentrer de nouveau sur le père de Louis.

- Il a eu un accident de voiture en ville. Il a grillé un feu rouge et un camion l'a percuté. La scène est affreuse, ils ont dû faire évacuer les lieux. Quand on est arrivés, il était déjà en salle d'opération. On a eu aucune nouvelle pour le moment. Je suis désolé Mark, ça va aller. Louis est quelqu'un de fort.


Harry Edward Styles

'Je suis désolé'. Les mots du médecin résonnent dans ma tête depuis qu'ils les a prononcé. Je ne sais même pas s'il a dit autre chose après. J'avais tellement peur de ce qu'il allait dire que j'ai l'impression de n'avoir aucune réaction. Sauf qu'avoir les jambes qui tremblent et le coeur au bord des lèvres, ce n'est pas réellement ne pas avoir de réaction. C'est impossible. Louis ne peut pas.. Il ne peut pas être... Il ne peut pas m'abandonner. Pas comme ça. Pas après notre dispute. Pas après m'avoir largué. Je ne veux pas avoir l'image de lui qui pleure à cause de moi comme souvenir de lui. C'est impossible. Louis ne peut pas m'abandonner. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas sans moi. Je vois que son père est arrivé, Alfa doit être en train d'essayer de le rassurer et moi je dois arriver et leur annoncer ça. Sans informations parce que le médecin vient de me planter là pour une urgence. Et moi ? Moi je viens de perdre la personne que j'aime le plus au monde. C'est pas une urgence ça ? Il est où l'étage des urgences pour coeurs brisés ? Non parce que je pense que j'en ai besoin. Et que d'ici quelques minutes on sera plusieurs à en avoir besoin. J'ai presque envie de rire. Moi. Harry Styles, à deux doigts de pleurer parce que je viens de perdre la personne que j'aime. Moi Harry Styles, j'aime quelqu'un. Et la vie me déteste tellement qu'elle me l'a pris. Elle me l'a pris sans que j'ai pu lui dire que je l'aimais. J'ai avalé la boule qui se formait dans ma gorge pour me décider à aller retrouver les autres et le père de Louis. Et sur ce coup, je me suis dit que je ne devais pas penser qu'à moi, parce que lui il perdait son fils et bientôt il perdrait sans doute sa femme.

Je prends une grande inspiration et je me dirige vers eux, la tête baissée pour éviter que la mort se lise sur mon visage même si elle doit se lire sur tout mon corps. Encore heureux que personne ne puisse voir à l'intérieur de moi, sinon ils verraient ce que c'est que de se sentir vide. Je laisse échapper un regard et je vois que tout le monde me fixe et que même Liam semble préoccupé. J'e souffle et je relève la tête jusqu'à croiser le regard de Zayn. Et à partir de là, je n'ai même plus essayé de cacher quoique ce soit. Il s'est levé pour me prendre dans ses bras.

- Désolé Harry...

Il a chuchoté mais j'ai bien vu que tout le monde avait compris. Alfa a mis sa main devant sa bouche sous le choc et s'est assise avant de pleurer. Dan a regardé Liam et étonnamment il a passé un bras autour de ses épaules en silence.

- C'est pas possible.

Niall avait le regard dans le vide et même sans compter il devait avoir dit ça une dizaine de fois. Et finalement j'ai osé regarder le père de Louis. Son visage s'est décomposé et il a passé une main sur son visage comme il le fait toujours pour se remettre les idées en place. Je savais bien que j'allais devoir parler. Zayn a relâché son étreinte pour se décaler sur le côté, j'ai pu voir que Niall essayait de calmer Alfa et que le père de Louis hésitait à parler.

- Comment c'est... Pourquoi ? Qu'est-ce que le médecin a dit ?

- Qu'il était désolé. Rien de plus. Il est parti juste après pour une autre urgence. Ils vont envoyer quelqu'un d'autre dans quelques minutes.

Mark a d'abord semblé agacé, sans doute dû au fait que le médecin est parti sans rien dire de plus, puis il a fait la même tête que moi quand j'ai réalisé la situation. J'ai regardé tout le monde et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que,

- C'est de ma faute. Je suis désolé...

Personne n'a rien dit, sans doute parce que je l'ai dit tout bas. Puis Zayn m'a fait signe de m'asseoir parce que mes jambes ne m'aidaient plus beaucoup à tenir debout. Et là, une nouvelle attente a commencé. Une nouvelle éternité. Une éternité qui m'a retourné l'estomac en imaginant Louis tout seul dans sa voiture, en imaginant que je ne le verrai plus. Et j'ai haïs les médecins de nous faire attendre aussi longtemps parce que je n'avais rien d'autre à faire que ressasser sans cesse ces dernières minutes et ces dernières heures.

4h50. Il est presque cinq heures du matin et aucun médecin n'est venu nous voir. On est là, assis comme des cons. Alfa pleure en silence, Niall s'agite de plus en plus, Zayn râle à cause de l'attente.

- Putain ça va faire presque deux heures qu'on nous a laissé comme ça. Non mais sérieux, ils nous annoncent ça et basta ? C'est inadmissible.

Je lui fait signe de se taire parce que je vois bien que le père de Louis commence aussi à perdre patience. Des médecins passent devant nous, des infirmières aussi et toujours rien. Mark a été demandé à l'accueil mais la bonne femme n'avait pas le temps. Dan et Alfa aussi ont demandé à un infirmier, mais rien non plus. Trop occupé, mon cul oui. On vient de perdre quelqu'un et pour eux le plus important c'est de s'occuper de sales mioches qui se sont cassés le bras. Alors que bordel moi j'ai le coeur brisé, j'ai perdu mon monde mais le reste du monde s'en bat les couilles.

- Harry...

Niall me donne un coup de coude pour me montrer un médecin qui vient dans notre direction. C'est sans doute stupide, mais je n'ai rien fait de mieux que me mettre debout machinalement. Comme s'il allait s'adresser qu'à moi. Il s'est d'abord posté devant moi, sans doute que son collègue m'avait donné comme référence, avant de regarder notre groupe de manière plus générale.

- Je suis désolé.

- Ça votre collègue l'a déjà dit. Merci.

Il a semblé confus par le ton froid de Liam, avant de se reconcentrer sur le bloc qu'il tenait dans les mains.

- Non. Je ne voulais pas le dire dans ce sens.

Et bizarrement à ce moment-là, il a eu toute mon attention, et celle des autres.

- Mon collègue vous a annoncé le décès de Louis Tomlinson pendant qu'au même moment son coeur se remettait à battre.

Là, c'est le mien qui a recommencé à battre. Même si j'étais pas certain d'avoir bien entendu. Je ne voulais pas qu'on me dise autre chose. Je voulais cette version-là. Cette version qui me rendait mon Louis. J'ai entendu Alfa lâcher un petit cri de surprise ou de soulagement, je n'aurais pas su le définir. Niall a lâché un 'putain', Dan a dû pincer Liam car il a retenu un juron et le père de Louis a arrêté de respirer.

- Nous n'avons pas fait d'erreurs médicales. Monsieur Tomlinson était bel et bien décédé et notre équipe n'a pas insisté. Les plaies sont très profondes, les conséquences de l'accident sont plutôt mauvaises. Cependant, je pense pouvoir dire que votre...

Il a arrêté de parler et a semblé de nouveau chercher quelque chose sur sa fiche. Enfin, jusqu'à ce que je comprenne qu'il ne savait pas quoi dire.

- Petit ami. Louis est mon petit ami.

J'ai senti les regards de tout le monde me mitrailler le dos. Je dois avouer que je me suis moi-même surpris. Je n'ai jamais qualifié Louis comme tel, et il ne l'a jamais fait non plus. Mais sur le coup, ça m'a paru naturel. Peut-être trop, surtout devant son père. Je me suis mordu la lèvre et Dieu merci, le médecin a décidé de reprendre la parole.

- Et bien votre petit ami est courageux. Il n'a pas l'intention de partir.

Il m'avait promis de ne pas m'abandonner. Il l'a fait.

- Nous sommes actuellement en train de refermer les plaies de Monsieur Tomlinson, cela peut prendre encore une heure ou deux. Et vous ne pourrez pas le voir dès sa sortie du bloc. Une infirmière vous tiendra informé.

Il s'est tourné vers Mark.

- Monsieur Tomlinson ?

- Oui.

- Veuillez me suivre s'il vous plait, pour un bilan médical de votre fils et pour remplir les papiers de sécurité.

Le père de Louis a hoché la tête avant de le suivre en me lâchant un regard interrogateur qui m'a fait légèrement sursauter. Je les regarde s'éloigner avant de me tourner vers le groupe.

- Bon sang ! Ils sont vraiment cons ces médecins !

- Je... Il est...

Niall s'est levé face à moi.

- Ça va aller Harry. C'est fini. Il est toujours là. Il est revenu.

Je n'ai pas compris pourquoi il me disait ça tout bas, puis il a sourit.

- Tu pleures bouclette.

J'ai rit légèrement et je me suis passé un doigt sous chaque oeil pour ne pas avoir l'air idiot.

- J'espère que c'était un accident involontaire. Parce que sinon il a encore foiré.

- Bordel mais Liam c'est quoi ton problème avec la vie ? J'sais pas tu nous casses les couilles alors qu'on t'a rien demandé. Si ça te fait chier d'être là, tu peux repartir.

- Ça va, désolé.

- C'est ça.

Pas un instant j'ai pensé à relever sa remarque parce que j'avais autre chose à penser. Je me suis rassis, les yeux dans le vide.

- Un café ça dit à quelqu'un ? C'est ma tournée.

- Un chocolat pour moi s'il te plait.

Dan a compté les pièces dans sa main avant de partir vers la machine à café. J'en ai profité pour regarder les gens autour de moi. Ils étaient tous là pour la même raison. Pour moi. Pour mon... petit ami. Et j'ai eu envie de pleurer à nouveau. Parce que putain mes nerfs allaient me lâcher. Parce que Louis n'était mort qu'un court instant mais assez long pour que je vois à quel point je n'étais rien sans lui. À quel point je n'aurais pas tenu longtemps sans lui parce que je sais que jamais j'aurais réussi à m'adapter à une vie sans sa présence. Puis aussi parce qu'ils sont là. Même Liam et que c'est pas insignifiant. Même s'il s'en fout de Louis, il est là pour moi et eux aussi. Je pense ne jamais pouvoir assez les remercier pour aujourd'hui. D'être venu dès qu'ils ont su. D'avoir attendu avec moi et d'être toujours là. Parce que je suis un gros con mais que malgré ça, j'ai des potes. Des vrais. Et cette nuit le prouve. Elle le prouve autant que quand Zayn était à la place de Louis.

5h30, toujours pas de nouvelles de Louis. Mais l'attente est moins affreuse que les précédentes. Son père vient de revenir du bureau du médecin. Il n'a pas pu voir Louis non plus mais d'après lui, la suite s'annonce moins compliquée maintenant que les opérations sont quasiment terminées.

- Harry ? Je peux te parler ?

Je lance un regard à Zayn avant de me lever et de le suivre à l'extérieur du bâtiment. L'air est frais mais bon. En même temps le soleil ne va pas tarder à se lever.

- Louis ira mieux rapidement ?

- Je pense qu'il lui faudra du temps et beaucoup de rééducation. Il a une jambe cassée, une épaule déboitée et quelques cotes fêlées. Sans compter les plaies à l'intérieur.

J'ai voulu sortir quelque chose mais je n'ai rien trouvé de mieux que : 'C'est toujours moins pire que la mort'. Alors j'ai préféré me taire. Il s'est gratté la tête avant de me fixer en cherchant ses mots.

- Alors comme ça, toi et Louis vous êtes...

Là je me suis senti vraiment très con. Et gêné. Mais surtout très con. Je ne pensais pas que le sujet serait abordé si vite. Et encore moins dans ces conditions.

- Je ne sais pas trop... À vrai dire Louis n'est pas au courant.

Je le sens me dévisager un moment avant de sourire.

- Pense à lui demander de sortir avec toi quand il se réveillera alors.

Il accompagne sa phrase d'un clin d'oeil et je me suis tout de suite senti mieux. Le père de Louis est quelqu'un de bien. Et il me fait confiance. Je n'ai pas le temps de répondre parce qu'il a poursuivit,

- Bon, je dois aller voir si l'opération est terminée pour remplir des papiers au sujet des médicaments que Louis est autorisé à prendre. Rejoins les autres. Et merci pour tout ce que tu as fait pour lui.

https://youtu.be/jNFgynmVmx0

(à répéter jusqu'à la prochaine chanson)

Je lui ai souri et j'ai attendu qu'il soit rentré pour me mettre à pleurer. Moins que les fois précédentes, en même temps pour une nuit j'ai pleuré bien plus qu'en une vie. Pathétique dit comme ça. Mais je me rends compte à quel point Louis compte pour moi, et jusqu'ici je n'avais jamais eu à faire face à tout ça. À tous mes sentiments. Au fait que son père vient limite de me donner sa bénédiction alors que je suis un gros connard qui a détruit son fils et qu'il ignore tout de ça. Et ça me fout mal. Je me sens tellement mal. Tellement coupable. J'ai honte. Honte de pas avoir eu les couilles de tout lui balancer. Et je...

- Hé c'est moi.

- Désolé tu m'as fait peur. Tu veux quoi Payno ?

Je regarde derrière lui mais visiblement il est tout seul.

- J'ai vu le père de Tomlinson rentrer tout seul, je voulais vérifier que tu t'étais pas barré.

- Et pourquoi je me serais barré ? Parce que j'en avais marre de faire le pd dans mon coin ?

Il fait une grimace qui aurait presque pu me faire sourire.

- Bon, je vois que... Oh. Attends, tu pleures là ?

Quel con. Je passe la manche de mon pull sur mon visage pour essayer d'être un minimum crédible, mais à quoi bon ? J'ai bien le droit de pleurer dans un moment comme ça non ?

- Mon petit ami était mort. Il est revenu. Et ça t'étonne que je pleure ?

- Oh attends, trop d'informations d'un coup. Alors c'est ton petit ami genre c'est sûr ?

- Je sais pas, je lui ai pas demandé.

- Et tu réalises ça après qu'il soit mort ?

Je hausse les épaules.

- Bah putain, qu'est-ce que ça aurait été s'il était resté mort.

Malgré moi je souris parce que c'est ce qu'il cherche à faire.

- Techniquement il m'a largué avant de mourir, avant de revenir.

- Je sais même pas pourquoi j'essaie de comprendre votre histoire.

- Ah ça y est tu l'admets.

- De ?

Il fait son air du gars qui voit pas de quoi je parle, mais j'ai bien vu que j'avais visé juste dans la conversation qu'il voulait avoir.

- Que Louis et moi on a une histoire.

- Techniquement il t'a largué avant de mourir, avant de revenir. Donc vous avez eu une histoire.

- Arrête ça. C'est compliqué. Ça l'était déjà avant, mais maintenant ça le sera encore plus. Et puis... Son père ignore toujours ce qu'on a fait en début d'année.

- T'aimes bien te mettre dans la merde non ?

- Je suis assez doué en effet.

On reste silencieux un moment à regarder le parking de l'hôpital et le ciel devenir rosé. Puis Liam brise le silence.

- Je suis désolé.

- D'être un con ?

- Oui. Enfin non. Désolé d'avoir fait le con depuis le début. Alors que Zayn et Niall ont fait des efforts. Je suis désolé de t'avoir lâché alors que t'avais besoin de moi. J'ai essayé de me rattraper ce soir, mais bon...

- C'était pas la réussite.

- C'était la pression.

- C'est rien. Je sais que t'excuser ça te demande beaucoup d'efforts.

Il sourit avant de passer un bras autour de mes épaules.

- C'est quand même bizarre vos trucs de queues et tout...

- Intéressant comme remarque alors que tu as embrassé Zayn.

- Ça n'a aucun rapport.

- Ça c'est sûr. Moi je fais mes trucs avec Louis parce qu'on est ensemble. Toi tu embrasses Zayn comme ça, sans raison.

- Je ne veux pas parler de ça avec toi.

- Très bien.

Je lui fait un clin d'oeil et il n'a pas le temps de répondre car la tête blonde de Niall apparait devant moi, suivit par Zayn qui se poste à côté de Liam. Je retiens un rire en le voyant mal à l'aise.

- Bah alors, vous foutez quoi ?

- On essuie les larmes d'Harry.

- Crétin.

J'essuie les larmes qui revenaient à grands pas et je souris.

- Alors toi et Louis vous... enfin...

- Vous vous touchez officiellement la queue ?

- Zayn !

- Quoi ? Ils ne jouent pas aux cartes soit pas naïf.

La tête de Niall imaginant ça avant de lâcher une grimace me donne envie de rire.

- On peut arrêter de parler de ma vie sexuelle qui, au passage, est inexistante ? Louis est dans le coma.

Liam me regarde bizarrement mais je vois bien qu'il se retient de lancer une réflexion.

- Mais vous êtes ensemble alors ? Hormis le fait qu'il t'ait largué je veux dire. T'es amoureux, t'es fidèle tout ça ?

- Je crois ouais. Et...

Je regarde mes pieds avant de reprendre.

- J'ai la trouille. J'ai jamais été amoureux. Encore moins d'un mec.

- Utilise du lubrifiant.

- Putain Zayn !

Niall lui donne un coup dans les cotes pour le faire taire.

- Ok j'arrête.

- T'es gay donc.

- Non.

Le dire comme ça, ça me fait bizarre. Parce que non, je ne suis pas gay. Je ne suis pas attiré par les autres hommes, c'est juste Louis. Juste Louis comme ça aurait pu être la voisine ou un autre mec. Mais ce ne sont pas les autres. Juste lui.

- Mais t'es amoureux de Tomlinson.

- Ouais.

- Donc c'est juste lui.

- Oui. Ça aurait pu être n'importe qui, fille ou mec. Mais non, c'est lui. Juste Louis.

Niall allait répondre quelque chose, mais une infirmière nous a appelé de la porte. On s'est tourné vers elle et elle s'est approchée.

- Vous êtes là pour Louis Tomlinson ?

- Oui.

- Il n'est plus au bloc opératoire. Il est toujours dans le coma et a été installé dans une chambre. Vous pourrez le voir dans environ une heure.

- Très bien, merci.

Je lui souris et elle est retournée dans l'hôpital. Je remarque que les gars allaient rentrer mais je retiens le bras de Niall.

- Les gars ?

Ils se retournent et lâchent un 'ouais' à l'unisson en attendant la suite. Je sais que ce que je vais dire ne concerne pas forcément Niall et pas réellement Zayn, mais j'ai quand même besoin de leur dire.

- Je ne vous demande pas de vous agenouiller devant lui quand il ira mieux, mais... je sais pas...

- Tu veux qu'on fasse des efforts ?

- Ouais...

Liam sourit.

- Si on m'avait dit que Harry Styles nous demanderait d'être gentil avec Tomlinson, je l'aurais pas cru.

Je souris à la réflexion parce qu'en effet, il y a quelques mois, ça ne serait sans doute pas arrivé. Au contraire.

- Je te garantis rien, tu me connais... Mais je vais essayer.

- Moi c'est hors de question.

Je me tourne vers Zayn et j'avale ma salive de travers.

- Désolé mais j'veux pas rentrer dans des plans à trois.

- Zayn ta gueule !

Mon rire a dû sonner très nerveux, avec un mélange de soulagement mais celui de Niall était communicatif. Quel abruti. Il me fait un clin d'oeil et se dirige vers les marche. Liam le poussant par les fesses, entraînant une réaction immédiate de Zayn.

- Payne putain t'es sérieux là !

- Je vérifiais que t'étais bien hétéro ou si t'allais te jeter sur moi !

- Vous êtes cons !

Niall s'arrête en haut des marches, devant les portes du bâtiment avant de se tourner vers nous.

- En tout cas, je prends plus de douche dans les vestiaires maintenant !

Je lui donne une tape derrière la tête avant de rire parce que je sais qu'il ne pense pas un mot de ces clichés. Puis comme à son habitude, il nous attire les uns contre les autres pour se faire un câlin. Ça fait con dit comme ça, mais c'est un truc qu'on fait pour se rassurer. Comme une promesse silencieuse qu'on sera toujours là. Ensemble. Je leur ai murmuré un 'merci', parce que clairement, sans eux, j'y arriverai pas. Même si Liam est un gros con, si Zayn est parfois trop en retrait, si Niall est parfois lourd. Ce sont mes frères. Et je pourrai jamais assez remercié Dieu de les avoir mis sur mon chemin. Liam recule en premier, et on le suit dans l'hôpital pour aller rejoindre les filles.

- Vous voyez le concept là ? Dan et Liam, Alfa et Zayn, Harry et Louis, je suis encore l'exclu.

- Je ne suis pas sûr de piger. On n'est pas en couple.

- Ouais, mais vous êtes des duos de potes vous voyez. Moi j'suis seul.

- Prends un chien.

Niall fit mine l'air de réfléchir.

- Tu vas finir seul avec un chien, c'est pas sérieux.

- Mmh. C'est peut-être pas plus mal. Je vais avoir mes examens et partir faire le tour du monde avec un chien.

On le regarde tous.

- Et le pire c'est qu'il est sérieux ce con !

La remarque de Zayn fait rire tout le monde et je me suis sens bien. À ma place. Il me manque juste Louis. Et comme si Alfa avait deviné mes pensées, elle est venu vers moi et s'est mise à la hauteur de mon oreille.

- Tu devrais aller le voir.

https://youtu.be/5Ozg-EL4VJQ

(à répéter jusqu'à la fin du chapitre)

Je lui souris et je pars vers l'accueil demander la chambre de Louis. 412.

Quand j'ai vu le numéro accroché sur la porte entre-ouverte je suis resté un moment à le fixer. Je mourrais d'envie de voir Louis. De poser ma main sur son coeur et de le sentir vivant. Mais je mourrais aussi de trouille à l'idée de voir dans quel état il se trouvait. Et puis qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire ? Je sais pas comment on parle à une personne dans le coma. Est-ce qu'elle sent notre présence ? Est-ce qu'elle nous entend ?

- Un problème monsieur ?

Je me retourne en sursautant pour tomber nez à nez avec une infirmière.

- Non c'est bon. Merci.

Et comme si elle attendait un acte pour appuyer mes paroles, je suis entré dans la chambre en fixant le sol. Je me suis approché du lit et la première chose qui a attiré mon regard, ce sont toutes les machines et tous les fils reliés au petit corps de Louis. La boule dans ma gorge s'est de nouveau formée et m'a encore donné envie de pleurer. De pleurer face à l'état de Louis. De me dire qu'il y a quelques heures plus tôt on m'annonçait sa mort et que visiblement, Dieu avait décidé de me le rendre en m'offrant une chance de me rattraper. J'ai finalement osé lever les yeux vers lui. Et cette vision a été bien pire que la fois où je l'ai trouvé quasi évanouit, les poignets en sang. Parce que cette fois-là, j'étais arrivé à temps. Il m'avait appelé pour que je l'aide. Alors qu'aujourd'hui, il ne m'a pas appelé pour me dire ce qu'il avait l'intention de faire, il n'a pas voulu que je sois présent pour l'aider. Il a fait ça tout seul. Et il voulait mourir. Sauf qu'il est encore là, et je ne veux pas qu'il se sente mal quand il le verra. Son père n'a pas menti sur son état en tout cas. Il est sacrément amoché et je dois malheureusement avouer que c'est presque un miracle qu'il soit encore en vie. Il a des bandages autour de la tête, des pansements au niveau de l'arcade, des pommettes et de la bouche. Il a une grande attelle qui lui prend l'épaule et le bras pour immobiliser le tout. Je ne peux pas voir son torse mais je pense que ce n'est pas plus mal. Et puis il a sa jambe gauche dans le plâtre du pied au genou. Ça me fait tellement mal. Et je crois que le pire c'est son bras droit, celui qui est de mon côté, avec toutes les perfusions qui passent dedans, mais qui laissent apparaître son poignet et ses cicatrices. Je suis sûr qu'il aurait détesté voir les médecins avoir accès à ça.

- Hey petit Louis...

Je passe une main dans ses cheveux qui dépassent des bandages avant de la descendre sur sa joue en prenant soin de ne pas toucher les tuyaux. Son cou est la seule partie qui a l'air épargné par l'accident, d'un côté ça me rassure de voir qu'il n'a pas de minerve, ça veut dire qu'il n'a rien eu au niveau du dos et de la nuque. Puis je mets le bout de mes doigts au niveau de sa poitrine, là aussi je sens des fils, mais je sens qu'il respire et que son coeur bat encore et pour longtemps. Et mon geste était sans doute plus pour me rassurer qu'autre chose parce que les machines prouvaient qu'il était bien vivant, même dans le coma.

- Je ne sais pas vraiment quoi te dire... Enfin si, j'en aurais des trucs à raconter. C'est juste que je ne sais pas par où commencer, et je ne sais même pas si tu m'entends. J'ose espérer que oui parce que je me sentirais con sinon. Il est presque 7h00 du matin, j'ai pas dormi. Enfin aucun d'entre nous n'a dormi. Parce que ouais, tout le monde est là, même Liam. Je crois que je viens de vivre la pire nuit de ma vie. Je ne sais pas dans quel ordre organiser le pire et le meilleur parce que tu nous as fait passer par toutes les émotions possible. Tu étais mort. Tu te rends compte ? Comment tu as pu m'abandonner même que quelques minutes ? Ou pire, comment tu as pu faire ça ? Comment tu as pu vouloir mourir comme ça ? Tu te rends compte ? Comment t'as pu laisser tout tomber. Abandonner Alfa, son petit frère, Niall, ton père. Bon sang Louis, tu imagines pas comment il a été anéanti quand il a appris ta mort. Imagine si t'étais pas revenu ? Et pire. Comment tu as pu me laisser comme ça ? Comment tu as pu penser une seule seconde que je m'en sortirais sans toi ? Pour le coup, oui t'as été égoïste. Bon sang Louis, t'es la personne que j'aime le plus au monde, et même si tu m'as largué parce que j'ai bugué, je t'aimerai toujours. Et quand tu vas te réveiller j'ai bien l'intention de t'embrouiller petit pd.

J'ai envie de rire sur le coup parce que j'ai sans doute l'air d'un con à parler comme ça. Mais au final j'ai pleuré. Pas la peine de dire encore...

- T'es chiant Louis. Depuis le début tu me reproches de m'être incruster dans ta vie mais si on parlait dans le sens inverse ? J'ai jamais voulu en arriver là avec toi. Je pensais pas tomber amoureux de toi, et ça fait bizarre de le dire à voix haute, mais bordel Louis, qu'est-ce que je suis amoureux de toi. Et toi t'as voulu me planter comme un con. Alors que merde, vivre sans toi c'est pas imaginable. Je suis tellement désolé d'avoir lu ton journal, parce que je sais que toi tu l'aurais pas fait. J'ai merdé mais c'était pas une raison pour vouloir me le faire payer comme ça. Parce que, contrairement à ce que tu penses, si tu meurs c'est pas juste moi qui vais souffrir. Et t'as pas le droit d'être égoïste et de tout plaquer parce que t'es pas satisfait de ta vie. Il est hors de question que je laisse quelqu'un éteindre ma lueur. J'ai besoin de voir où je vais, et je veux le faire avec toi. D'ailleurs j'espère que t'as pas l'intention de rester dans le coma trop longtemps parce que j'ai laissé sous-entendre à ton père qu'on était ensemble et il veut que je te demande officiellement de sortir avec moi. Alors bon, c'est le truc le plus cliché du monde, mais ton père est flic et je ne veux pas d'ennuis. Et j'ai plus envie de rester dans le flou, je veux construire quelque chose avec toi, on a de la place dans les guillemets, on peut faire des espaces. Et...

- Désolé, je repasserai.

Je sursaute de nouveau à la voix du père de Louis et j'essuie mes yeux avant de me tourner vers lui.

- Non c'est bon, j'avais terminé.

Il entre en laissant la porte ouverte pour que les infirmières viennent régulièrement contrôler les machines, puis il s'approche de Louis. Je me décale pour lui faire de la place. La façon dont il le regarde, ça me tord les boyaux. Je vois à quel point il a eu peur pour lui, mais je vois aussi ses yeux s'arrêter sur son poignet, et je sens que ça va mal tourner.

- Qu'est-ce que...

Il prend le poignet de Louis pour passer ses doigts sur les marques.

- Harry ?

La façon dont il a dit mon nom me fait encore sursauter. Je m'attendais a une voix dure, et en fait il s'attendait à ce que je sois aussi surpris que lui. Et je me suis dit que c'était le moment de porter mes couilles, et que Louis préférerait sans doute que je le fasse moi-même parce qu'il aurait jamais osé le faire de lui-même.

- Je suis désolé monsieur. Je... C'est de ma faute.

- Comment ?

- Au début de l'année, moi et les garçons on a pris Louis comme bouc-émissaire. On lui a fait des crasses, on lui a balancé des trucs dégueulasses. Il allait déjà mal alors c'était facile. Il a continué à se mutiler, à penser au suicide et il y a quelques mois il a tenté de se tailler les veines.

D'un coup j'ai senti l'ambiance de la pièce devenir glaciale. Ses yeux sont passés de moi au poignet de Louis, et j'aurais voulu me tirer une balle pour éviter la suite.

- Pardon ? Mais comment tu as pu faire ça ? Comment t'as osé faire ça et ensuite le forcer à tomber amoureux de toi ? Et moi qui te remerciais de l'avoir sauvé et changé, alors que c'est toi qui l'a détruit avec tes petits cons de copains. Même Niall. Vous êtes vraiment dégueulasses. Et qui sait, peut-être que cet accident c'est de ta faute aussi !

Et là je me suis senti comme un con parce que le penser c'est une chose, mais l'entendre de quelqu'un d'autre c'est dix fois pire. Et ce que j'ai dit ensuite m'a totalement échappé.

- Moi au moins j'ai vu qu'il allait mal.

Le bruit de la gifle qui a suivit a résonné dans toute la chambre et les larmes sont sorties toutes seules à cause du choc. J'ai osé un oeil vers lui et je l'ai tout de suite regretté.

- Dégage de là ! Tu es la pire chose qui lui soit arrivée.

Je me suis exécuté et je suis sorti presque en courant de la chambre pour me poser contre le mur un peu plus loin. Le père de Louis est quelqu'un de bien et il me faisait confiance. J'ai merdé et finalement il n'avait peut-être pas tort. Peut-être que j'avais l'impression que Louis allait mieux, mais que c'était juste pour me donner bonne conscience. La pire chose qui lui soit arrivée. Je me suis retenu tellement fort de hurler que j'ai descendu les escaliers pour quitter cet endroit au plus vite avant que mes vieux démons me rattrapent. Je suis repassé devant le groupe sans leur jeter un regard parce que je n'avais pas envie de me justifier.

- Harry ?

J'ai senti Niall arriver derrière moi et j'ai accéléré le pas pour l'éviter.

- Hé ! Harry où tu vas ? Il y a un problème ?

Oui il y en a un. Et c'est moi. Et le mieux à faire, c'est de ne pas être ici. Je me suis stoppé avant de me tourner vers eux les larmes aux yeux. À quoi bon essayer d'affronter la réalité.

- Je pars, j'ai besoin de recul.

Et je suis parti sans me retourner. J'ai franchi les portes de l'hôpital, j'ai pris ma voiture, et je suis parti. Pour la troisième fois.

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