CHAPITRE L


Point de vue , Externe

- Harry ouvres !

- Je vais défoncer la porte !

Le garçon tourna la tête vers le blond.

- Niall, tu t'écoutes parler des fois ?

- Oui, et c'est fascinant !

Zayn leva les yeux au ciel.

- Il est toujours pas sorti ?

- Liam, je ne sais pas si c'est une bonne idée que tu sois là.

- Tu te fous de ma gueule ?

- Non. T'aurais du rester en cours.

- Alors que vous êtes tous les deux ici ?

- On n'a pas besoin de toi, surtout que c'est de ta faute.

Liam ouvrit grand les yeux.

- Pardon ? J'ai fait quoi encore ? Vous allez pas me dire que c'est encore à cause de cette soirée ?

- Tu comprends vraiment rien.

- Ce que je comprends, c'est que ce crétin de Tomlinson a réussi à manipuler Harry.

- N'importe quoi.

- N'importe quoi ? Alors pourquoi il reste enfermé dans sa chambre depuis deux jours ?

- Ça fait pas deux jours, on est samedi.

- Je m'en branle. Ce que je vois c'est que ce petit con de Tomlinson va entendre parler de moi.

Il fit demi-tour et partit vers les escaliers pour quitter la maison du bouclé.

- Niall !

- Quoi encore ?

- Il va aller casser la gueule de Louis !

- Mmh.

Zayn lui donna une tape à l'arrière de la tête.

- Niall ! Rattrape-le bon sang !

- Pourquoi c'est à moi de me coltiner Liam ? Tu m'as vu ? Je vais pas pouvoir l'empêcher de faire quoique ce soit. C'est ton rôle ça !

- S'il te plait. J'ai vraiment besoin de parler à Harry.

- Tu fais chier Zayn. Vraiment, tu fais chier.

Le concerné sourit et ébouriffa les cheveux de Niall.

- Merci blondinet !

Le blond souffla et partit limite en courant sur les talons de Liam pour le retenir. Zayn entendit la porte claquée et se détendit légèrement.

- Harry ? Je sais que ta porte est ouverte.

Il n'eut aucune réponse et décida d'entrer.

- Harry ?

Zayn eut la mauvaise surprise de marcher sur un vieux paquet de chips et de shooter dans une vieille canette de bière. Il fit un rapide état des lieux et chercha le bouclé du regard. Il le trouva accoudé contre son balcon, dépareillé et les cheveux en bataille.

- Bah alors bouclette ? Chagrin d'amour ?

Harry souffla et pivota pour être face à Zayn.

- T'es vraiment trop con.

Et il se laissa tomber dans ses bras. Parce qu'à ce moment-là, il avait juste besoin de ça, se sentir soutenu. Ils restèrent comme ça quelques minutes avant que le bouclé prenne du recul.

- T'as l'air vraiment anéanti.

- J'ai l'impression de me réveiller d'un cauchemar.

- Tu veux en parler ?

Harry passa une main dans ses cheveux et alla s'asseoir sur son lit.

- Il y a rien à dire Zayn. Il m'a dit de partir, alors je suis parti.

- Je ne te pensais pas du genre à baisser les bras si vite.

- J'ai pas eu le choix.

Zayn ouvrit la fenêtre en grand et alla s'asseoir par terre face au bouclé.

- Et c'est tout ?

- Quoi ?

- Tu vas rester chez toi comme ça, et puis tu vas sortir tous les soirs pour boire et oublier. C'est pas franchement la meilleure solution.

- Je ne peux pas le forcer à m'accepter. Je lui avais promis de partir s'il me le demandait, alors je l'ai fais.

- C'est la seule promesse que tu lui as faite ?

- Non.

- Et tu ne comptes pas tenir les autres ?

- C'est compromis.

- Harry bordel ! Bouge-toi ! C'est pas toi tout ça. Tu vas pas te laisser marcher sur les pieds par Louis Tomlinson.

- J'ai envie de le préserver, qu'il voit le bon côté de moi. Alors s'il me demande de partir, je le fais.

- Mais on s'en bat les couilles de ce qu'il veut !

- Il ne sait pas ce qu'il veut !

- En plus ! Bordel Harry, tu ne vas pas le laisser te repousser comme ça ! Mets-le devant le fait accompli, tu ne vas pas me faire croire que t'as fait tout ça pour en arriver là. T'as pas mis tes convictions et ton mode de vie entre parenthèse pour que dès qu'il t'envoie chier, tu acceptes. C'est pas toi ça. J'aurais jamais cru dire ça, mais on dirait que les rôles se sont inversés. Je sais que tu tiens à lui, parce que si c'était qu'un jeu, tu n'aurais pas pris le risque de te prendre la tête avec Liam, Niall ou moi. Tu veux qu'on l'accepte bah fais-le ! Dis-lui tout ce que tu penses, je sais pas, montre lui que, bah merde, il n'a pas le droit de te jeter comme ça. Parce que toi t'as fait des promesses mais je suis sûr que lui aussi. Tu vas pas laisser Liam avoir raison quand même.

- Je sais pas. Je m'en fous en fait. C'est aussi simple que ça. Je m'en fous de tout, j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose alors que j'ai toujours essayé de faire attention à ne pas le brusquer, à ne pas lui rentrer dedans alors que bordel, tu sais à quel point je peux être dégueulasse. C'est Louis, il est tellement...

- Fragile.

Harry baissa la tête et la laissa tomber dans ses mains.

- Il faut que tu l'acceptes Harry. Tu dis que lui il refuse d'ouvrir les yeux sur certains points, mais toi aussi. Et tu fermes les yeux sur les plus importants parce que tu refuses de l'accepter. Sois pas égoïste Harry. T'es pas comme ton père. Regarde-le droit dans les yeux et prends conscience de sa fragilité. Parce que tu le sais. Tu le sais que rien le retient ici. Même pas toi. Et ça, ça te rend malade parce que t'as l'impression d'échouer. Mais non. T'es juste mort de trouille. Ce gars est au bord du gouffre et t'es la seule personne qui lui a redonné l'envie de reculer.

- J'ai l'impression que mes efforts ne servent à rien, j'avance, il recule.

- Parce qu'il n'est pas habitué. Tu ne peux pas tout contrôler. Vous devez être à deux là-dedans et rien que jeudi soir, j'ai vu que tu étais seul.

- Non.

- Si. Et le fait d'être enfermé ici depuis qu'il t'a repoussé, sans rien faire à part chercher où t'as merdé, ça aide en rien. Alors tu vas prendre une douche et tu vas aller le secouer un peu, avant que Liam s'en charge.

- Quoi ?!

Zayn se mordit légèrement la lèvre.

- Il croit que c'est de la faute de Louis si t'es comme ça.

Le bouclé s'était levé prestement de son lit pour se diriger vers son armoire, visiblement énervé.

- Et tu peux pas tenir ton lion en cage ?

- Niall est censé le calmer.

- Niall ? Sérieusement ? Niall face à Liam ? Liam Payne qui a un casier judiciaire pour violences répétées ? Vous en avez des idées brillantes dis-donc !

- Hé oh ! Si tu ne faisais pas ton pauvre gars-là, on en serait pas là.

Harry s'approcha du basané toujours assit par terre.

- Merde Zayn ! Merde !

- Ah bah tu vois, t'es quand même mieux quand tu ne joues pas la gazelle perdue !

Le bouclé haussa les épaules et leva les yeux au ciel avant de s'enfermer dans sa salle de bain pour prendre une douche. Harry ne fut même pas surpris de voir que Zayn était parti en ressortant. Après tout, il était passé dans le but de le faire réagir et il avait réussi. Le bouclé attrapa ses clés de voiture et quitta la maison rapidement.

Il se gara une dizaine de minutes plus tard devant la maison de Louis. La voiture de Mark n'était pas là, il était parti en déplacement jusqu'au lundi. Cela voulait dire que Louis était seul et qu'il pourrait lui dire tout ce qu'il avait sur le coeur, hurler même ; ils ne seraient pas dérangés. Harry monta les quelques marches et frappa à la porte. Il attendit bien quelques minutes avant que la porte s'ouvre. Il se sentit légèrement stressé, il n'avait pas vu le châtain depuis qu'il était parti et il n'avait pas eu de message non plus. Dire qu'il n'avait pas peur que la porte reste fermée aurait été mentir. Après tout, Louis était instable et il ne demanderait sans doute pas la permission pour se foutre en l'air. Harry ravala la boule qui s'était formée dans sa gorge au moment où la tête décoiffée de Louis apparu dans l'embrasure de la porte. Le brun n'eut pas le temps de voir son état, mais à en déduire la façon dont il venait de souffler, il comprit qu'il n'était pas le bienvenu. Il entra tout de même et se mit derrière Louis qui s'était de nouveau allongé dans le canapé.

- Tu peux au moins me regarder non ?

Le châtain leva la tête par dessus le canapé et se leva pour se positionner devant Harry, les bras croisés sur sa poitrine. Le bouclé remarqua le contour violacé de ses yeux, signe qu'il n'avait pas dormi, ses joues étaient creuses et il avait l'air complètement ailleurs. Il jouait l'indifférence et Harry détestait ça.

- T'es ridicule Louis ! T'es vraiment qu'un con ! Depuis le début tu veux me faire passer pour le méchant et même si j'ai beaucoup de choses à me reprocher, toi aussi t'en as une sacrée couche ! Merde Louis ! Tu t'es laissé faire pendant des mois alors que pendant tout ce temps tu faisais de la boxe ! Pourquoi tu ne t'es pas défendu ? Pourquoi t'es resté une victime ? Putain ! T'es le mec le plus casse-couille de la terre. T'es incompréhensible ! Tu sais ne pas ce que tu veux. Je te fais des promesses qui comptent plus que tout pour moi, tu me parles d'espoir et après quoi ? Tu me dis de partir ? Tu crois que t'es qui pour faire ça Louis ? T'es pas seul bordel ! T'acceptes pas de voir la vérité, dès qu'on avance tu prends peur et tu recules. T'es comme les Rubik's cube, on a l'impression d'arriver à quelque chose et la minute d'après ça devient impossible de continuer. J'ai cru que c'était moi qui merdait, je me suis remis en question, et toi t'es là, et tu fais l'indifférent, tu crois que tu peux me dire de partir comme ça, parce que ça y est t'en as marre et que tu veux retourner à ta petite vie pathétique. T'es un enfant Louis, un égoïste. Alors peut-être que moi je suis le connard par excellence, mais je sais faire la part des choses et j'ai les couilles d'assumer ce que je fais et ce que je dis. Tu crois quoi ? Que tout est faux ? Que depuis le début je te prends pour un con et que j'attends juste le bon moment pour te faire du mal ? Parce que t'as faux Louis, encore une fois. Je crois que t'as juste peur de te rendre compte que oui, je tiens à toi, que je t'aime bien et que j'ai pas l'intention de partir. J'ai plus peur Louis. Je n'ai plus peur de t'apprécier. Je suis prêt. Je sais ce que je veux et c'est toi. C'est toi que je veux putain. Depuis le début. Alors s'il te plait ne me repousse pas. Pas encore. Parce que je suis pas sûr de passer au-dessus cette fois.

Harry baissa la tête et reprit son souffle, attendant une réaction du plus petit. Une réaction des plus inattendues. Parce que Louis se mit à rire.

- Mon pauvre Harry Styles. T'es tellement naïf. Je ne me suis pas défendu parce que j'en n'avais pas envie. J'ai fait ma victime parce que c'est ce que je suis. Et je t'emmerde. Alors oui, j'avais peur de toi. Rien que le fait de croiser ton regard me donner envie de me foutre en l'air. Et puis t'es arrivé avec tes belles promesses Ô toi le grand et beau Harry Styles. J'avais peur. Mais c'était avant de voir que t'étais lâche et faible comme moi. Tu ne peux pas me sauver si t'es aussi au bord du gouffre Styles, et il est hors de question que je devienne une pauvre mauviette dépendante.

Harry ne réagit pas tout de suite et prit le temps de l'observer. Louis n'avait pas dormi, sans doute pas mangé, mais il y avait autre chose. Cette chose qui lui donnait cette adrénaline.

- Tu as bu.

Le sourire en coin qui se dessina sur le visage du châtain agaça vivement son interlocuteur.

- Tu sais quoi Louis ? T'as qu'à m'appeler quand tu seras prêt à être mature.

Il s'apprêtait à faire demi-tour pour partir, mais le châtain était visiblement décidé à répondre.

- Tu fuis. Lâche.

Harry fit demi-tour et sourit sous le coup de la nervosité.

- Vu ton état, on pourrait croire que c'est l'inverse Tomlinson.

Et il quitta la maison, reprenant la route après avoir envoyé un sms à Zayn.

- Alors ? Vous êtes réconciliés ?

- Pas vraiment.

Le bouclé lança sa veste sur son lit et partit s'installer contre son balcon.

- Tu lui as dit ce que tu pensais ?

- Oui.

- Et ?

- Et il m'a ri au nez ce pd.

Il donna un violent coup de pied dans la balustrade pour appuyer ses paroles. Zayn souffla et lui mit une main sur l'épaule pour le rassurer.

- Tu lui as dit quoi dans cette putain de salle de bain Zayn ?

Le concerné sursauta, ne s'attendant pas à ce que le brun s'énerve aussi vite.

- Rien. Enfin, rien de bien grave. Je ne lui ai pas monté la tête contre toi.

- Zayn.

- Je te jure Harry. On a parlé et...

Il fixa le sol et réfléchit.

- Tu es parti sans rien dire ?

- Il avait bu, c'était impossible d'avoir une discussion correcte.

- Tu devais lui prouver qu'il avait besoin de toi !

Harry serra les poings et rentra dans sa chambre.

- Je ne peux pas Zayn ! Je ne peux pas faire ce qu'il me demande. Lui, ce qu'il veut c'est tout connaître de moi, venir ici, et je ne peux pas. Je ne peux pas lui donner ça. Il peut bien survivre sans connaître ma vie entière.

- Il a besoin d'être rassuré. D'avoir une preuve que tu lui fais confiance.

- Mais je lui fais confiance putain !

- Il est malade Harry.

Le bouclé s'arrêta dans son élan pour se tourner vers le métis.

- Quoi ?

- Louis est malade. Ne me dis pas que tu l'as pas remarqué.

- Il est juste instable.

- Non Harry. Il n'est pas (il insista sur le mot) juste instable. Il est dépressif. Peut-être même qu'il est suicidaire. Il ne se mutile pas juste parce qu'il a mal, il le fait parce que c'est devenu nécessaire.

- Mais... (Son regard se perdit dans le vide) Il ne le faisait plus pendant un moment. Jusqu'à ce qu'on parle de la soirée.

- Il n'y a pas que cette forme-là de mutilation Harry. Quand on était dans la salle de bain, il avait l'air complètement épuisé de vivre. Et il a dit... (Il marqua une pause) Il a dit qu'il ne voulait pas être dépendant de toi.

- Et ?

- Et c'est pour ça qu'il t'a dit de partir. Il a dû avoir peur que ça devienne comme entre Liam et moi. Je suis désolé. Je ne pensais pas que c'était ça.

- J'ai peur de ne pas comprendre.

- Quand on est dépressif, on devient ami avec la solitude. C'est un sentiment très particulier, mais si il a eu peur de t'entraîner avec lui, alors il a voulu t'éloigner.

Harry passa une main dans ses cheveux.

- Zayn...

- J'ai peur que l'avoir laissé seul soit une mauvaise idée. Il a du penser que tu l'abandonnais pour de bon. Alcoolisé ou pas.

- Non.

Le bouclé secoua la tête nerveusement en commençant à faire les cent pas.

- Non. Non. Non. Ne dis rien.

- Il risque d'être en train de faire une connerie...

Harry releva la tête pour croiser le regard de Zayn, impossible.

Il pleurait, il avait mal. Plus que d'habitude. En plus, l'alcool était en train de lui brûler la gorge. Tomlinson. Cette fois il était vraiment parti. Il n'avait plus rien, il avait juste réussi à l'éloigner et peut-être qu'au fond, c'était le mieux à faire. Parce que c'était Harry, et qu'il arriverait à se voiler la face pour passer au-dessus. Egoïste. Oui, sans doute. Il n'avait plus rien, sauf sa douleur. Pas celle de sa gorge. Non, celle de tout son corps. Tout son être. C'était beaucoup trop. Il était là. Contre son lit, comme d'habitude, comme toutes ces fois où il revenait des cours pendant le début de l'année. S'en était trop. Il était épuisé. Il avait l'impression que ses pleurs lui compressaient les poumons et ça lui coupait le souffle. Ça devait s'arrêter. Ça allait s'arrêter. Une larme tomba sur le bout de métal avec lequel il jouait entre ses doigts. Il la posa sur son poignet. Sur la première cicatrice. Il retournait à la case départ. Il ferma les yeux, il ne voulait pas se voir faire ça. Il ne voulait pas se voir éteindre sa lueur.

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