🍀 Soulmates 🖤
Seul l'amour, peut garder quelqu'un de vivant
Oscar Wilde
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La pluie...
Du plus loin qu'il s'en souvienne, c'est quelque chose qu'il a toujours adoré. Sentir les gouttes d'eau tomber sur lui, au beau milieu de toute cette végétation, entouré d'une multitude de palettes de couleurs différentes.
C'est certainement pour cette raison que l'automne parle autant à son cœur, si t'en es qu'il soit encore là.
Les teintes chatoyantes de ces feuilles, se parant de leur plus belle robe orangée avant de tirer leur révérence. Le ciel, qui s'accompagne d'une atmosphère si particulière, faisant vibrer cette petite étincelle dans son thorax. Les arbres qui se délestent de leur tenue, et certains de leurs fruits, se préparant patiemment pour l'hiver à venir. Il y a quelque chose dans l'air, à l'occasion de cette période, qui parvient à rendre le tout tellement plus splendide à observer. Les odeurs sont différentes également, notamment dans les forêts. Ce mélange de terre mouillée et de nature, primant sur les effluves nauséabonds de la ville, qui elle succombe à cette toxicité sans égal.
Pourtant, il fut une époque où rien ne traversait sa carapace faite de pierre et d'une multitude d'autres matériaux indestructibles. Katsuki se contentait de remplir son devoir, celui que quelqu'un lui a donné sans qu'il ne sache qui, sans même broncher ou s'efforcer à comprendre. Pourquoi aurait-il perdu son temps avec ceci de toute manière ?
Les années se sont écoulées, lui laissant croire que rien n'avait sincèrement de sens ou de raison. Il est né ainsi, et il ne fallait pas chercher à être au fait du fond de l'histoire.
Katsuki Bakugo est l'esprit de la mort.
C'était sa seule certitude, durant des décennies, se comptant maintenant en siècles. Sa faucheuse en main, il est le guide de ces âmes perdues, qui effectuent leur toute dernière traversée, avant de passer de l'autre côté.
Le garçon n'a aucune idée d'où tout ceci peut bien les mener, bien qu'il se soit posé la question durant quelques années. Après tout, étant le lien ultime entre l'événement traumatique qu'est le décès et cet endroit, il pensait être le mieux placé pour savoir. Pour pouvoir mettre en confiance ces malheureux, qui sont tellement éprouvés par ce qu'ils sont en train de vivre. Mais ça n'a jamais été le cas, et il n'a jamais pu voir de ses propres yeux ce qui peut bien se trouver là-bas, derrière ces lumières aveuglantes qui sont étrangement d'un réconfort indéniable, pour ces esprits qui rejoignent leur toute dernière demeure.
Ce rôle, lui collait un peu trop à la peau, si bien qu'après quelque temps, son apparence a fini par devenir toute aussi sombre que cette mission funeste qui lui a été incombée. Une barrière supplémentaire à prendre en compte, lorsqu'il s'approche de ces créatures effrayées, qui ne sont pas plus rassurées en sa présence.
Ce n'est pas comme s'il pouvait leur en vouloir après tout. Le rouge de son regard s'est tellement intensifié avec les siècles, qu'il n'est plus qu'un lac de magma en fusion pouvant brûler tout sur son passage. Ses cheveux sont d'un blond crème bien plus doux, tandis que sa carrure impose la crainte et le respect, tant par sa musculature probante, que par sa taille. Frôlant les deux mètres, Katsuki ne rencontre que rarement des âmes qui l'atteignent ou le dépassent. Et il ne fait nul doute que ceci, ajouté à une expression particulièrement neutre, voire agressive par instant, n'est en aucun cas une subtile association permettant de faire primer la confiance.
À force de laisser ce mélange l'animer, tandis qu'il flottait dans l'incompréhension totale de son rôle, tout a commencé à changer avec les années.
Le temps s'écoulait lentement, malgré la dureté de sa tâche, qui ne connaît pas un moment de répit. La mort ignore à combien de reprises, elle s'est posée juste là sous la pluie, à implorer des réponses qui ne sont jamais venues. Dans cette solitude évidente, où ses seules conversations ponctuées de peu de mots se déroulent avec des êtres qu'il ne croiserait plus jamais après leur rencontre, cela n'apparaissait que comme un châtiment. Une punition, sans doute en raison de ses actes passés, lui imposant d'observer la souffrance de ceux qui disparaissent en laissant ceux qu'ils aiment sur cette terre. Qui a-t-il de plus douloureux en ce monde, si ce n'est la détresse de ces individus ?
Les cris d'une mère qui abandonne son enfant, sans même pouvoir savoir ce qu'il va advenir de son futur. Les larmes d'un mari, qui doit accepter de partir, disant adieu à cette épouse qu'il continuera de chérir peu importe sa destination. Le regard éprouvé d'un chaton, qui ne rentrera pas auprès de sa maîtresse, se contentant de la voir l'appeler à travers les rues, sans même être en mesure de lui adresser un signe...
Katsuki a assisté à bien des drames, s'obligeant à se forger un cœur presque insensible, afin de supporter cette dure réalité.
Si bien que ce registre lui a offert cette apparence, celle que tout le monde connaît du décès. Au-delà de sa blondeur, et du teint pâle de sa peau, il y a ce côté squelettique qui a commencé à éclore. Représentation tellement caricaturale de sa personne, qui est dépeinte de la sorte. À la manière d'un effet d'optique ou d'une illusion sordide étoffant un peu plus cet aspect horrifique, l'esprit de la mort se montre ainsi à leurs yeux.
C'est de cette manière que la peur de ces pauvres esprits éplorés s'est métamorphosée en tout ce que Katsuki pouvait bien connaître dans cette existence, qu'il ne peut pas sincèrement qualifier de vie.
Lui qui n'avait plus rien d'autre, se contentait d'évoluer à travers cet océan d'aigreur qui n'en finissait plus de s'étendre, prenant chaque jour plus de place jusqu'à devenir étouffant. Ce supplice résonnait trop intensément, s'imposant comme une charge si lourde à porter, même pour ses fortes épaules.
Katsuki n'était rien de plus que ce funeste signe du destin, celui que le monde entier ne peut que haïr et craindre.
« - Tu es heureuse ?
- Je crois... »
À quel instant les choses ont pu changer de la sorte ? L'esprit l'ignore, ou du moins n'est pas sûr qu'il y a eu un déclic, bien que ses souvenirs l'associent à une présence en particulier. Cependant, il a la conviction que rien n'est plus comme avant.
« - Il y aura de la pluie, là où je vais ?
- Je ne sais pas... peut-être que si tu y crois, il y en aura. »
Il répond avec une voix douce et réconfortante. Un timbre qu'il ne se connaissait pas jusqu'à une certaine époque. L'esprit réagissait avec détachement, se contentant de montrer la voie qui attendait chaque âme recueillie par sa personne, pour ensuite passer à la prochaine. Katsuki ne pouvait rien faire de plus que cela, et au vu de ce qu'il pouvait représenter, il n'inspirait à quiconque l'envie de se confier ou de s'épancher.
Cependant, les événements lui ont fait comprendre certaines choses.
Comme le fait qu'il est peut être plus qu'un simple signe sinistre.
« - Toi aussi, tu aimes la pluie ?
- Oui, répond Katsuki. C'est quelquefois réconfortant, comme si ça accompagnait ce qu'on peut ressentir. Et ce bruit...je le trouve apaisant. Pas toi ?
- Si, c'est très doux. Merci, la mort.
- Tu peux m'appeler Katsuki. »
L'esprit adresse un léger sourire à la créature, qui semble rassurée de mettre un nom sur cette personnalité étrange. Ayant trouvé refuge sous l'un des pans de cette longue cape noire appartenant à son guide, la loutre tente de se montrer courageuse, et de réprimer les quelques larmes qui viennent orner son poil duveteux.
« - Tu as le droit de pleurer tu sais, poursuit la mort.
- J'ai peur. »
Dans un geste qui manque peut-être un peu d'aplomb, l'homme vient passer une main dans la robe claire de l'animal, accompagnée de cette aura blanche si caractéristique. La créature semble rassurée, et se permet de se laisser aller à ses émotions. Celles qui la submergent, tandis que son destin la mène dans un lieu inconnu, dont elle ne sait absolument rien.
« - Je crois que c'est normal d'avoir peur. Tu ne sais pas où tu vas, et tu quittes tous ceux qui ont réellement compté pour toi. C'est un voyage effrayant, et qui soulève de nombreuses questions. »
Le regard de Katsuki se perd au loin, tandis qu'il réfléchit quelques secondes à la suite de sa réplique. Loin de lui l'idée de vouloir éprouver davantage ce petit bout d'angoisse, qui boit ses paroles en l'observant, de ses yeux suppliants.
« - Mais, je crois surtout que c'est quelque chose qui peut-être très bénéfique. Après tout, tu ignorais ce que te réservait la vie, lorsque tu es né. Elle t'a offert ce périple, et maintenant, un autre t'attend. Et tu y découvriras sans doute de nombreuses choses inédites, tout aussi belles que ce que tu as pu voir au cours de ton existence. »
La loutre approuve, tentant de se montrer la plus vaillante possible malgré sa peur. Prenant une expression déterminée, elle se tourne une nouvelle fois vers la mort, lui faisant savoir qu'elle est prête pour entamer son ultime expédition, bien qu'elle ignore ce qui peut la guetter au bout de celle-ci. Le garçon hoche la tête, lui indiquant la route à suivre. Patiemment, Katsuki marche dans ses pas, sans même la presser ou lui réclamer quoi que ce soit. Cette âme est la seule décisionnaire de ce qui va advenir, et de son départ.
Il lui laisse tout le temps nécessaire avant de rejoindre l'autre côté, après qu'elle lui ai adressé un remerciement.
Profondément touché par cette rencontre, il reste ainsi quelques instants, appréciant encore et toujours la sensation de la pluie sur son visage, en soupirant.
« - Katchan ? »
Surpris de le savoir ici, Katsuki rouvre subitement les yeux et se retourne tout aussi rapidement. Juste derrière lui, affublé d'un sourire angélique, demeure la seule et unique créature capable de le voir, en dehors des âmes des défunts.
L'esprit de la vie.
« - Deku... »
Leur rencontre ne date pas d'hier, mais d'il y a plusieurs siècles déjà. La mort se rappelle avoir été très surprise, de tomber sur une âme qui semble avoir quelques similitudes avec la sienne, bien que leurs missions respectives soient aux antipodes l'une de l'autre.
Katsuki déambulait faiblement à travers les paysages, se présentant naturellement auprès de ceux qu'il était venu chercher, sans même parvenir à percevoir son rôle différemment qu'à la façon d'une lourde pénitence sans fin. Contrairement aux prisonniers et aux criminels qu'il accompagnait parfois, lui n'avait aucunement connaissance de la durée de son supplice.
Il demeurait désespérément seul, invisible aux yeux de tous. Bakugo pouvait bien s'installer au beau milieu d'une assemblée d'un millier de personnes, jamais un regard ne se serait posé sur sa misérable carcasse.
Alors, quand il a croisé cette frimousse enjouée, tandis qu'il traversait une clairière dans laquelle il n'était encore jamais venu auparavant, la surprise a été grande. Quelque chose d'étrange résonnait dans cette rencontre impromptue.
Ce n'était de toute évidence pas l'un de ceux que la mort devait emmener. Mais il ne l'avait jamais trouvé avant cette journée. Ironiquement, la vie s'est présentée à lui, tandis qu'il semblait sur le point de tout abandonner.
Katsuki ne sait pas s'il peut faillir à sa mission, ni même si une quelconque conséquence pourrait s'abattre sur lui, si ce cas de figure pouvait se produire. Cependant, à cette époque-là, peu importe ce qu'il risquait à choisir un tel chemin. Cela lui semblait bien dérisoire, à côté de cette existence ponctuée de tant de détresse. Est-ce pour cette raison qu'il est soudainement devenu visible auprès de quelqu'un d'autre ?
« - Elle est partie en paix ?
- Tu nous as observés tout ce temps ? »
La vie hoche la tête en s'approchant, un léger sourire marqué sur les lèvres, pendant que de multiples végétations et minuscules fleurs blanchâtres naissent après son passage. Izuku Midoriya se poste devant Katsuki Bakugo, une certaine étincelle dans ses iris verdoyants.
« - Elle voulait simplement regarder la pluie une dernière fois. » Se contente de répliquer la mort, en baissant les yeux.
Deku ne répond rien, se suffisant à observer et laisser le temps à Katsuki d'encaisser ce qui vient de se produire. Ils savent tous les deux à quel point cela s'avère éprouvant de temps à autre, et que ce n'est pas une chose facile, même si cela fait partie de sa mission. Alors, dans un geste qui se veut pourvu d'un appui probant, la vie se cantonne à poser sa paume chaude sur la joue de Katchan, qui semble soupirer de bien-être devant ce très simple contact.
Autrefois, Katsuki ne supportait pas la présence d'Izuku dans son champ de vision. Certainement parce que celui-ci représentait tout ce que lui n'avait plus. Une chaleur propre à l'existence, et qui résonnait comme un signe de bon augure.
Là où passe cet esprit, tout est tellement plus beau et réconfortant. Les plantes sont prospères, la lumière étincelle, et les âmes de ces mortels prolifèrent. Il insuffle joie et bonheur, ne serait-ce que par son minois rayonnant.
Izuku est de ceux qui sont inspirants et en qui l'on peut avoir confiance en un seul coup d'œil. Sans doute en raison de cet air enfantin qui persiste, malgré ses traits marqués d'adultes. À cause de ces multiples taches de rousseur, qui viennent orner ses pommettes rosées. Ou encore ces iris d'un vert aussi pur que cet environnement dans lequel il progresse, tout comme cette chevelure d'une teinte pratiquement similaire à celle des pins, dans les forêts les plus reculées. Il est constamment ponctué d'une aura lumineuse et réconfortante, qui donne sincèrement envie de se poser auprès de lui, pour parler de tout et n'importe quoi, des heures durant.
Oui, l'esprit ne supportait pas toute cette chaleur et cette vitalité, tandis que lui devait évoluer sans tout ceci.
« - Tu m'as manqué... murmure Katsuki.
- Toi aussi, Katchan. »
La mort enferme la vie dans une étreinte ferme et douce à la fois. Celle-ci ne peut s'empêcher d'irradier de bonheur, appréciant chaque instant qu'ils peuvent partager ensemble. Au creux de ses bras, Izuku paraît bien plus petit, malgré son mètre quatre-vingt. Mais cette sensation lui plaît, et il ne s'en séparerait pour strictement rien au monde.
Au-delà de cette impression pénible que ressentait Katsuki à l'égard d'Izuku lors de leur rencontre, il semble que d'autres choses aient pu naître en parallèle. Pourtant, durant très longtemps, Deku ne trouvait pas grâce aux yeux de l'esprit de la mort.
Il était simplement ce que lui ne pouvait pas avoir, et ce qu'il jalousait par-dessus tout. La vie représentait ce brin d'inaccessible, lui paraissant être ce qu'il y a de plus beau dans cette existence. Bien plus que sa propre condition.
Lorsque Deku venait lui rendre visite, pour des raisons bien obscures, Katchan s'appliquait à l'ignorer superbement et à le laisser parler sans jamais lui répondre. L'homme a d'ailleurs longuement été étonné, de voir à quel point ce petit morceau de bonheur pouvait être bavard et tenir une conversation totalement seul. Il est l'exemple même de la détermination et l'incarnation de la délicatesse. Quelque part, Katsuki portait une certaine admiration à cette présence particulière, bien qu'il se gardait d'en faire mention.
Et, la toute première fois qu'ils ont échangé un mot, c'est lorsqu'Izuku a avoué à quel point il était émerveillé par ce rôle qu'endossait la mort.
Cette affirmation a fait sortir de ses gonds le concerné. L'incitant à faire usage d'un vocabulaire fleuri et varié, l'esprit n'a cessé de pourrir cette pauvre vie, en lui demandant à quel point elle pouvait être naïve, pour en arriver à croire qu'une telle condition pouvait être enviable. Rien qui ne pousse à un quelconque rapprochement, et qui a conforté Katsuki dans sa pensée qu'Izuku n'était rien de plus que quelqu'un de trop irréfléchi, qui ne comprenait réellement rien à rien. Un tout qui le rendait décidément trop insupportable.
Cependant, Izuku n'a rien fait d'autre que de hausser les épaules cette fois-là, face à cette réaction explosive qui n'en finissait pas de s'étendre. La mort avait beau cracher des flammes de son regard, et lui hurler au possible que ce n'était qu'un idiot, juste un Deku, celui-ci n'a rien répondu de plus. Il l'a laissé proférer ses insultes, tout en observant le paysage autour d'eux, attendant patiemment que Katsuki se calme de lui-même. Et puis, lorsque ça a été le cas, il lui a adressé un nouveau sourire avant de partir, après avoir prononcé une phrase presque anodine.
« - Un jour, tu comprendras ce que je vois en toi. »
Et si, à cette époque, Katsuki estimait fermement que ce n'était qu'un illuminé et qu'il manquait décidément de veine de n'être visible que par cet étrange phénomène, son opinion est désormais tout autre.
Bien qu'il ignore effectivement s'il a un cœur ou non, le garçon le perçoit en train de palpiter pour cette présence unique, qui ponctue son quotidien par ses quelques visites. À la seule vue de ces prunelles au coloris singulier, tous ses sens s'emballent et il se sent parcouru d'une impression totalement exceptionnelle, qui n'existait pas auparavant. Comme si Izuku parvenait à produire un miracle tout juste improbable.
Izuku le rend vivant.
Ce n'est peut-être qu'une simple idée saugrenue, quelque chose sans fondement, et qui n'a absolument pas d'appui dans leur réalité. Mais, à ses yeux, c'est l'évidence même et Katsuki ne peut pas réfléchir autrement que de cette manière.
Surtout avec ce parfum fleuri qui se faufile jusqu'à lui, lui rappelant que cet esprit réside dans ses bras à cet instant précis, visiblement peu décidé à s'en échapper. Et cette optique lui convient très bien. Passer des heures ainsi, il pourrait difficilement s'en plaindre.
« - J'ai l'impression que c'était il y a une éternité, la dernière fois que je t'ai vu.
- C'est presque ça, répond la mort. Tu as été bien occupé.
- Mais je reviendrais toujours. »
La vie rétorque avec conviction, sortant la tête de cette étreinte. Ses joues se colorent quelque peu, avant que Katsuki n'y tienne plus, et s'approche de ses lèvres. Il s'en empare doucement, savourant le goût sucré de cette bouche sur la sienne.
Comme la toute première fois qu'ils se sont embrassés, ce contact lui rappelle une quelconque friandise, que les enfants adorent déguster sans modération. C'est aussi délicat et appréciable, mais surtout tout autant addictif.
Si bien qu'à chaque fois qu'Izuku s'écarte pour récupérer son souffle, tout en lui offrant un regard amoureux, il ne peut s'empêcher d'en reprendre un petit peu. Juste parce que cette proximité lui manque bien trop, quand ils doivent chacun retourner à leurs missions respectives.
Cette attitude provoque un rire à Izuku, qui est amplifié lorsqu'ils se séparent, et que Katsuki l'attrape de manière à le faire décoller du sol afin de le porter à sa hauteur. Ce son est aussi pur et cristallin que l'atmosphère qui les entoure. Bien plus translucide que ces gouttes qui persistent à tomber, tandis que leur contact avec les feuilles crée une symphonie unique en son genre. Une mélodie propre à leur amour débordant, qui s'est développé sans qu'ils ne s'en rendent compte, et qu'ils gardent non moins précieusement qu'un secret qu'on ne voudrait voir dévoiler.
Ce n'est pas comme si quelqu'un pouvait leur interdire de se chérir, ou encore de se côtoyer, puisqu'ils n'ont même pas une idée de qui est à l'origine de leurs existences. Mais qu'importe...c'est un petit quelque chose, un soupçon délicat à choyer, et qu'ils désirent continuer à faire subsister envers et contre tout.
Katsuki aime repenser à cette évolution qui a vu le jour, alors qu'il persistait à vouloir éloigner Izuku de lui. À juste vivre cette solitude, celle qu'il connaissait tant, sans avoir une âme étrange qui s'approche de lui. D'ailleurs, quand la mort a demandé à la vie pourquoi elle s'était tant accrochée à lui, aucune réponse concrète n'en est vraiment ressortie.
Izuku a simplement clamé que sa place était auprès de lui, sans qu'il ne puisse en expliquer rationnellement la raison. C'était seulement écrit ainsi.
« - Tu restes un peu, Deku ? »
Rien qu'au son de sa voix, l'homme dans ses bras discerne cette petite supplique, tout juste perceptible. Katsuki a besoin de sa présence, certainement pour reprendre des forces et se sentir en paix avec lui-même.
« - Bien sûr que oui. »
Il a fallu tant de temps à la mort, pour baisser sa garde à ce point, et laisser une place à cet esprit auprès de lui. Chose qui n'a pas vraiment surpris Izuku, en constatant ce caractère puissant, et ces multiples convictions qui accompagnaient ce personnage. Persuadé que de n'être qu'une créature atroce, Katsuki était trop aveuglé par sa propre détresse pour être en mesure de discerner quoi que ce soit d'autre.
Si bien qu'il l'a longuement éconduit, le comparant à un individu trop usant à supporter, et dont il ne voulait pas dans son entourage. Pourtant, Deku ne pouvait pas se résigner à partir, et laisser cette âme ici. Il était retenu là, résolu à lui montrer son existence sous un angle bien différent.
Envahi de tous ces souvenirs, Izuku prend la main de son bien-aimé, et l'entraîne sur l'un des rochers environnants, avant d'y prendre place. L'eau continue de s'abattre sur eux, les averses se faisant plus éparses de temps à autre. La chevelure verdâtre de la vie lui retombe dans les yeux, tandis que ses boucles humides perdent peu à peu leur forme d'origine. Katsuki lui sourit tendrement, et se permet de passer ses doigts dans ses mèches afin de lui dégager le front. Il ponctue son geste d'un baiser sur la joue, qui ajoute encore de multiples rougeurs à l'esprit, dont la voix s'est égarée quelque part, sans qu'il ne sache où. Quelques minutes lui sont nécessaires, pour qu'il recouvre le contrôle de ses émotions.
« - Je suis fier de toi, Katchan. La manière dont tu lui as parlé tout à l'heure... C'était vraiment beau ce que tu as dit.
- Je n'ai pas beaucoup de mérite, Deku. C'est toi qui m'as aidé à prendre conscience de qui je suis, et de ce que je dois réellement faire. »
À entendre l'élu de son cœur douter ainsi de lui, et minimiser ses capacités, Izuku ne peut s'empêcher d'avoir un petit sourire en coin tout en hochant négativement la tête. Katsuki a toujours eu cette image si néfaste de lui, s'imaginant qu'il ne valait rien d'autre que cette peur qu'il peut inspirer auprès de certains visages éplorés. D'après lui, il n'est l'initiateur d'absolument rien, et doit uniquement sa réussite à l'esprit de la vie, qui lui a soufflé ce qui devait être dit ou fait, telles des répliques durant un spectacle de théâtre.
« - Pourtant... C'est toi qui fais tout. Tu les écoutes, tu les guides un par un, en leur montrant le chemin. Tu reçois leur peur sans les illégitimer. Ce n'est pas moi qui suis à l'origine de tout ceci. Tu en es le seul responsable.
- Mais...
- Mais quoi ? Je n'ai rien fait d'autre que croire en toi, Katchan. Je me suis contenté de voir la personne que tu es, au-delà de ce rôle que tu as. Tu n'es pas la mort. Tu es juste le digne guide de ceux qui vont sur un chemin différent. Tu as tellement de force, et je trouve ça extraordinaire. »
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est toujours apparu tel un héros aux yeux d'Izuku. Là où Katsuki ne percevait qu'un châtiment, Deku préférait imaginer que lui seul avait les épaules pour faire face à une responsabilité pareille.
À mesure que le dialogue progressait entre eux, il se contentait de mettre en avant l'évidence, et de faire comprendre à l'esprit de la mort ce qui était réel. Et si Katsuki ne parvenait pas à tout saisir ni à interpréter l'entièreté de la situation, il ne peut nier que la sollicitude et la prévenance dont faisait preuve Izuku à son encontre le touchait tout particulièrement.
Cela donnait une lumière indéniable à des aspects de lui dont il ignorait l'existence, ou qu'il avait juste oubliés, à force de se focaliser sur cette image si destructrice de lui-même.
« - Peut-être... Mais ça reste grâce à toi que j'ai compris tout ça. Tu as été mon guide, Deku. »
C'est cette vision qu'il aime avoir de tout ceci. Izuku a été son ange gardien, dans ce monde où personne ne pouvait seulement le voir. Et, ce simple petit détail, ils l'interprètent tous les deux comme un signe évident. Preuve de ce lien immuable qui existe entre leurs deux esprits, qui sont bien plus que des messagers de vie ou de mort.
Quelque part, une personne a pris le temps de les réunir, à travers ces rôles aussi particuliers qu'étranges. C'est une certitude à leurs yeux.
Les prunelles d'Izuku se couvrent de quelques larmes, accompagnant ces gouttes qui perlent le long de la peau de ses joues. Il est touché que Katsuki s'ouvre à lui de cette manière, et lui énonce de tels propos. Parce qu'il n'est pas toujours doué de parole, et privilégie bien plus les actes, pour démontrer ce qui passe à travers son esprit. C'est ce qu'il affectionne par-dessus tout, afin de prouver la force de cette horde de sentiments à son amant.
Après quelques secondes de silence, à seulement partager un moment de plénitude ensemble, la mort finit par reprendre la parole.
« - Deku ?
- Oui ? Murmure la vie, encore larmoyante.
- Est-ce que tu savais que les loutres possèdent un rocher préféré ?
- Non, je l'ignorais. »
Katsuki vient attraper quelque chose, dissimulé dans l'un des pans de cette tunique noire. Bien caché dans sa paume, il finit par l'ouvrir pile devant ses yeux, s'offrant longuement le temps de le redessiner du regard avant d'inspirer profondément, pour prendre la parole.
« - La petite m'a donné le sien, juste avant de partir. Elle avait peur qu'il ne soit perdu. »
Joignant le geste à ses propos, il s'empresse de dévoiler le contenu de sa main à la vie, dont le visage se pare d'une expression témoignant de son adoration. Sur cette peau abîmée trône un modeste morceau de pierre, dont les bords sont quelque peu rongés. Sans doute en raison des intempéries, et du temps qui s'écoule sans même se soucier des conséquences. L'érosion lui a accordé une forme étonnante, pour un tel objet. En effet, celui-ci est semblable à un cœur, avec des traits pas tout à fait marqués, mais suffisamment pour être visibles.
« - Je crois que tu devrais l'avoir...ça me fait penser à toi. »
Sa phrase à peine prononcée, il détourne tout aussi rapidement le regard alors que ses pommettes saillantes se parent d'une teinte coquelicot inhabituelle. Izuku ne peut rien faire d'autre que d'écarquiller les yeux, et de rougir également une énième fois, tout en recevant ce présent imprévu qui lui plaît non seulement pour sa signification, mais surtout pour ce qu'il est.
Ils ne s'encombrent que peu de biens matériels, en raison de l'aspect nomade de leurs existences. Cependant, quelques petits objets aussi symboliques que celui-ci sont tout à fait bienvenus, surtout pour traverser les longues périodes de solitudes.
Ainsi, ils peuvent s'y raccrocher quand les émotions sont un peu trop fortes pour être supportables. Parce que leur statut d'esprit ne les dispense pas de cet aspect de leur personnalité. Et quelque part, ils en sont tous deux reconnaissant de cette capacité qui réside en eux, cette part d'humanité qui subsiste sans même savoir s'ils ont vraiment côtoyé les mortels auparavant ou non. Sans ce morceau d'âme, bien plus précieux que tout le reste, ils n'auraient jamais pu s'aimer aussi fort qu'ils ne le font aujourd'hui.
Alors, lorsqu'Izuku accepte la pierre qui représente bien plus que n'importe quel joyau de ce monde, il ne peut empêcher son corps de réagir et de s'accrocher au cou de celui que son cœur a choisi. La surprise recouvre le visage de Katsuki, qui le réceptionne non sans peine, avant de se mettre à sourire de manière évidente. Savoir que la vie peut lui porter une telle affection le touche bien plus qu'il ne veut bien l'admettre, lui offrant tout un panel de sentiments dont il pensait être privé à tout jamais.
Avec cette étreinte, se rapporte une nuée de souvenirs. La plupart d'entre eux contiennent les prunelles émeraude de ce garçon étonnant, qui a réussi à se faire une place dans son quotidien étrange.
Lui qui avançait avec ses propres chaînes, sans même parvenir à s'en débarrasser. Izuku lui a montré comment s'en séparer une à une, et l'a attendu patiemment de l'autre côté du chemin. Sans le presser ou lui faire remarquer que le temps passait, Katsuki possédait toutes les cartes en main afin de mener son voyage comme bon lui semblait.
Mais ils se sont toujours retrouvés, peu importe où leur route les conduisait.
Une sensation un peu trop forte et enivrante s'immisce dans le thorax de la mort, tandis qu'il resserre ses bras autour de son amant, en glissant ses doigts dans la chevelure trempée du garçon. Une chaleur unique et salvatrice, aussi puissante qu'un brin de vie, causant quelques larmes qui viennent perler à ses paupières alors qu'il inspire de bien-être. Peu enclin à se déclarer quant à ses sentiments, Katsuki est tout de même prêt à prononcer quelques mots, l'incitant à murmurer ce qu'il peut ressentir.
« - Tu es mon âme sœur, Deku... »
Ces termes doivent avoir une envergure évidente, et une portée immense, si l'on en juge par la réaction d'Izuku qui s'accroche un peu plus à cet homme. Il tente par tous les moyens de ne pas se laisser submerger, même si le moment l'emporte bien plus qu'il ne l'aurait pensé.
Certainement parce que Katsuki a posé des mots sur ce lien indéniable qui est né entre eux, pour finir par devenir absolument indestructible. C'est ainsi qu'ils le perçoivent, et qu'ils continueront de le clamer à travers le temps.
Peu importe ce qui peut advenir de leurs esprits. Tant qu'ils le vivent tous les deux, main dans la main. Ils existent pour être ensemble.
La vie et la mort forment un tout complet, tout bonnement éternel et indéfectible.
C'est peut-être pour cette raison, que tout irradie un peu plus fort quand ils sont réunis. Que l'espace se couvre d'un peu de magie et de magnifique, se nourrissant de cette aura intense et puissante qui se dégage des deux amoureux. La pluie est plus belle, et les fleurs si colorées. La brise chante un air pur, semblable à une ritournelle qui captive le monde entier.
Ensemble, ils sont plus éblouissants et tellement plus forts. À deux, ils sont capables des plus grandes merveilles.
Katsuki et Izuku sont tout.
Ainsi, en reprenant la route main dans la main après ces quelques instants passés à se chérir si fort, ils se sentent galvanisés par leur tendresse mutuelle. Encore sous la pluie, qui accompagne leur rire et ce moment de plénitude, les amants se permettent de sourire à pleine dents, comme si le monde leur apparaissait bien plus magnifique ici qu'à n'importe quel autre moment.
Parce que même s'ils doivent retourner vaquer à leur tâches respectives, ils finiront forcément par se rejoindre. Malgré le temps, la distance et leur condition. C'est absolument indéniable que leur retrouvailles auront lieu, puisqu'après tout, leur lien est indestructible.
Alors, Katsuki continuera à embrasser la tempe d'Izuku en lui chuchotant à quel point il peut l'aimer.
Et Deku se raccrochera fermement à Katchan, à l'adorer à un point inimaginable en s'assurant d'effacer chacune de ses craintes.
C'est ainsi qu'ils continueront d'exister.
Tels des âmes sœurs.
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Bien le bonjour, et bon Halloween à vous 🎃
À l'occasion de cette fête, et pour marquer un peu le coup j'ai décidé d'écrire un petit os. Rien d'effrayant par ici mais seulement un peu de mignonnerie pour ces esprits 🥺
J'espère que l'os a pu vous plaire. J'imagine que certains ont déjà du fait le lien avec ces médias qui sont très connus, mais bien évidemment l'idée de base ne m'appartient pas. Je me suis inspirée du travail de jenny_jinya sur Instagram (et si vous ne connaissez pas, croyez moi ça vaut le détour) 🖤
Encore un merci à mes deux bêtas lectrices de toujours ouraganjolie et Amarylice mais aussi à Izuku-Bakugo_0-0 qui m'ont grandement aidé à ce sujet. Je vous aime fort toutes les trois ❤️
Plein de bisous à vous, et encore merci d'être passé par ici, ça me touche énormément à chaque fois !
Onyx 🤍
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