Chapitre 10. Un peu de gratitude

Le lendemain, Miles ressorti son costume de justicier de son placard. Il sortit dans les rues de New York et arrêta quelques dealeurs qui faisaient leurs affaires dans le Queens. Les toiles et les grands immeubles lui avaient rudement manqué. Il passa devant le lycée de Midtown High qui, de part l'absence de mouvement dans ses couloirs, donnait l'impression d'être abandonné.

Il filait à toute vitesse entre les grandes tours de Manhattan, saluait les passants comme à son habitude et faisait l'acrobate en l'air. Sous un grand soleil, le ver de ses lunettes d'aviateur rayonnait. Néanmoins et malgré l'atmosphère estivale de la journée, il n'était pas tout à fait à son aise. Parfois, d'étranges frissons parcouraient son corps, comme si son sixième sens d'araignée se mettait en alerte, sans pour autant lui indiquer d'où venait le danger. Quelqu'un semblait l'observer partout où il allait en ville. Et ceci se reproduisit durant toute la semaine, que Miles passa costumé. Il avait l'impression d'être en vacances même si l'absence de cours au lycée était due à une terrible raison. Des journaux dans les rues indiquait

"Tuerie au lycée de Midtown High". Miles appris la terrible nouvelle du bilan humain de l'attaque terroriste. Huit morts et six blessés. Voilà ce qu'avait coûté cette chasse dont Miles avait été la proie pour une raison inconnue. Parmi les morts, figurait le courageux jeune homme qui s'était jeté sur le tueur avant que Miles ne l'attaque. Le moral des citoyens New Yorkais était au plus bas après cette attaque. L'ombre du mystérieux tueur au masque de fer, planait sur la ville.

Après une semaine, vint le vendredi, jour où le lycée de Midtown High réouvrit ses portes. Le ciel lui-même pleurait les morts de l'attaque terroriste ce jour-là, et l'ambiance au lycée était pesante. Néanmoins certains élèves ne manquèrent pas de faire savoir à tout le monde que Miles Sora, élève de TG8 avait été vu en train de courir dans les couloirs le jour de la tuerie, après que les premiers tirs aient été entendus. Le garçon fut alors la risée de tout le lycée. Un lâche minable, qui a laissé la porte ouverte de sa salle au tueur après qu'il se soit enfui. Certains le suspectait même d'être complice du tueur. Miles ne fit que peu attention à ses remarques et prit le chemin de sa propre salle. Mais avant même qu'il n'ait pu entrer dans celle-ci, un surveillant l'arrêta.

"Le proviseur te convoque, dit-il sobrement." Puis il repartit dans l'autre direction, sous les regards foudroyants des autres élèves. Miles jeta un dernier coup d'œil en direction de sa salle de classe et vit Eva Grant qui le toisait du regard comme tous les autres élèves. Elle aussi devait le voir comme un lâche stupide désormais.

"Remarque, elle n'a pas tort, dit Némésis en sortant de sa tanière. Ils ont tous raison. Tu n'es qu'un lâche.

-Pourquoi tu dis ça ? demanda Miles agacé dans son propre esprit.

-Et bien quand cet homme s'est rué sur toi et qu'il t'a mis à mal. Tout ce que tu as trouvé à faire c'est courir. Tu t'es enfui comme un lapin face à un chasseur. Les caméras de surveillance n'ont pas menti là dessus.

-Qu'est ce que tu voulais que je fasse ? Je ne faisais pas le poids.

-Et bien tu aurais dû trouver un moyen, jouer au héros, répondit Némésis en ricanant. Qu'est ce qui se serait passé, si ce tueur avait tout simplement lâché l'affaire dès que tu t'es mis à courir, hein ? Tu y as pensé à ça ? Tu as eu de la chance qu'il soit complètement fou et qu'il ai décidé de te poursuivre sans aucune raison jusqu'au bout de la ville. Mais qu'est ce qui se serait passé s' il s'était remis à tirer dans tous les sens. Tu te serais enfui aussi ? Tu les aurais tous laissés mourir ? Après tout, tu ne faisais pas le poids n'est ce pas ?

-Ca t'aurais bien arrangé que je prenne une raclée.

-Qu'es ce que tu aurais fait gamin ? Qu'est ce que tu aurais fait s' il avait ressorti ses armes ? Tu n'aurais sûrement pas risqué ta vie. Et quand il reviendra, qu'est ce que tu feras ? Tu t'enfuira encore. Tu n'es qu'un lâche. Tous ces élèves ont bien raison, même s'ils ne connaissent pas la vérité, oui, je t'entends le dire. Ils ne connaissent pas la vérité, mais ce qu'il s'est passé est bien pire que de sortir d'une salle de classe parce qu'on a pris peur. Non toi, tu pouvais l'arrêter, mais tu t'es enfui, oui... parce que tu avais peur de perdre un peu de sang. Lâche qu'il est... oui, lâche, stupide gamin. Il devrait avoir honte, un héros qu'ils disent, un gamin, rien d'autre.

Miles passa la porte du proviseur du lycée de Midtown High en laissant Némésis divaguer dans son abîme, même si ses paroles, il les avait bien entendues. Un homme de grande taille se tenait devant lui, assis dans un grand fauteuil. Il invita Miles à s'asseoir. Le garçon ne s'était jamais rendu dans cette pièce auparavant. Elle semblait très grande comparé au mobilier présent à l'intérieur. A savoir un fauteuil, un bureau, et deux chaises disposées devant. La pièce blanche ne comportait rien d'autre. Sur le bureau était disposée une lampe éclairant le visage grave du proviseur. Il y avait aussi un petit objet en bois sur lequel était inscrit le nom du proviseur. "Mr le directeur Alan D. McKellen". Le grand homme invita le garçon à s'asseoir sur l'une des chaises disposées au devant du bureau, qui était normalement censé accueillir des parents d'élèves. Miles avait l'impression de s'être assis devant un inspecteur de police et s'apprêtait à préparer son alibi. Pendant plusieurs seconde, le proviseur au traits lourds contempla le blanc des yeux de Miles. Le garçon s'imagina les pires scénarios.

Je vais être viré se dit-il. J'ai dû enfreindre plein de règles en sortant de ma salle pendant une intrusion. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire ? Maman était déjà bien assez énervée comme ça. On va encore me faire la leçon, même dans ma tête je suis pas tranquille.

Mais après au moins une trentaine de secondes, le proviseur détourna son regard et attrapa son ordinateur. Il le posa devant le visage affolé de Miles, et sans dire un mot, il lança un enregistrement vidéo provenant de ses dossiers. Le fichier se mit en route et après quelque secondes, un écran noir laissa place à une vidéo du couloir du deuxième étage du lycée. Il était reconnaissable grâce à ses murs bicolores rouges et blancs. Mais le couloir habituellement rempli d'élèves était cette fois-ci complètement vide. Tout à coup, des bruits sourds et lointains se firent entendre. Des coups de feu, le hurlement des mitraillettes du terroriste qui avait attaqué le lycée une semaine plus tôt. Ce son, Miles le connaissait bien. Quelques instants après le lancement de la vidéo, le garçon vit une silhouette arriver en courant depuis la droite, c'était lui-même qui s'accoudait contre un mur, scrutant le bout du couloir. Les coups de feu cessèrent, puis reprirent au moment où un garçon se jetait sur le tueur en hurlant. Miles eu un haut le cœur en visionnant cette vidéo et la mort brusque de ce garçon, car quand ces événements étaient en train de se dérouler, lui était caché derrière un mur, guettant une occasion d'agir. Il aurait pu le sauver, il aurait pu sauver ce garçon qui tentait désespérément d'arrêter cette folie. Cette image ne fit que lui remémorer le souvenir de Tommy, cinq balles dans le corps, une autre victime d'une attaque terroriste qu'il aurait pu sauver, s' il avait été plus rapide et plus courageux sans doute. Son meilleur ami, qui est désormais mort.

Miles ferma les yeux en tentant de chasser ces images de son esprit et quand il les rouvrit, il se vit lui-même en train de combattre le tueur à mains nues. Peut-être avait-il finalement fait ce qu'il avait pu. Il n'avait pas pu sauver ce courageux garçon mais en s'interposant, il avait pu en sauver bien d'autres.

Le proviseur referma la vidéo et son ordinateur, puis il reposa ses mains sur le bureau et replongea son regard dans celui de Miles mais cette fois-ci avec un sourire. Le garçon encore sous le coup de l'émotion n'avait pas encore bien réalisé ce qu'il s'était réellement passé. Il se mit alors à préparer une excuse en vitesse avant que le proviseur ne puisse parler.

"Non, attendez, balbutia-t-il, ce n'est pas ce que vous croyez...

-Vous nous avez sauvés, déclara le proviseur d'une voix calme.

-Je... Non...

-Vous vous êtes interposé entre cet homme et le reste du lycée, Miles. Des centaines de vies qui auraient pu se terminer. Mais vous êtes intervenus. Parce que vous êtes un héros."

Miles ne répondit pas, il ne put démentir, le proviseur en savait déjà bien trop.

"Je vous ai vu fermer les yeux, reprit-il en essayant de capter le regard triste du garçon. Ce jeune homme n'est pas mort de votre faute."

Le proviseur MCKellen parlait du garçon mort la semaine dernière mais Miles n'entendait plus que le prénom de Tommy.

"C'était un garçon plein de courage, qui voulait lui aussi sauver ses camarades, mais quelqu'un aurait dû le dissuader de faire une chose pareille. Sa mort n'est pas de votre faute. Si vous étiez arrivé plus tôt, peut-être serait-il quand même sorti pour vous prêter main forte. Peut-être est-ce vous-même qui lui avez inspiré un tel acte de bravoure. Toujours est-il que sa mort n'aura pas été vaine car elle vous a permis d'attaquer le tueur inattentif. Sans son intervention, peut-être que cet homme vous aurait abattu au bout du couloir duquel vous avez surgit.

-J'aurais préféré qu'il n'intervienne pas du tout...

-Mais il l'a fait, lui non plus n'a pas pu se résoudre à rester dans sa salle sans rien faire, à attendre que la mort vienne le prendre lui et tous ses camarades. C'était un héros, tout comme vous.

-C'est vous qui m'avez protégé de la police ?

-Oui. Je leur ai donné des images vous montrant simplement en train de courir dans les couloirs, c'était à vous de faire la suite. Et à en juger par votre présence ici, vous avez trouvé une bonne excuse.

-Oui, on peut dire ça. Merci, monsieur.

-Vous n'avez pas à me remercier, c'est vous que l'on doit remercier. Mais hélas, nous ne pouvons pas le faire. Il vaut mieux que tout ceci reste entre nous.

-Oui, je suppose.

-Si j'avais su que vous étiez le héros de New York, je vous aurais fait venir plus tôt. Au début, je pensais que vous n'étiez qu'un fou déguisé qui arrêtait quelques fois de petits trafic de drogue dans le Bronx. Mais quand je vous ai vu vous battre les mains en sang contre cet homme, j'ai su que sous le costume il y avait un héros et surtout un jeune homme. Et j'ai su que vous auriez besoin d'une protection, ce n'est pas pour rien que vous gardez votre masque. Alors j'ai fait cela pour vous, c'est le moins que le lycée puisse faire pour vous afin de vous remercier tout en gardant le secret.

-Merci, mais je n'ai pas l'habitude de demander des remerciements vous savez. Je voulais juste arrêter cet homme...

-Alors contentez vous d'accepter mes remerciements, un peu de gratitude venant de cette ville ne vous ferait pas de mal."

Miles acquiesça avec modestie.

"Néanmoins et j'en suis désolé, vous allez devoir continuer à mentir sur ce qu'il s'est réellement passé et ainsi subir les moqueries des élèves jusqu'à ce que cela leur passe. Vous avez fait le choix de faire cela en secret alors vous devez vous en tenir à cette version malgré ce que cela implique. Vous avez tout mon soutien dans cette épreuve."

Sur ces mots, le directeur Mc Kellen reconduisit Miles dans le couloir où une multitude d'élèves curieux guettaient les moindres sons sortant du bureau. Il posa sa main sur l'épaule du garçon avant de le laisser partir, dans la foule, sous les regards inquisiteurs des élèves.

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