Day 4 : Price
Quitter la mafia n'avait pas été une chose aussi aisée que Dazai le faisait croire. Jusqu'à ce qu'il intégra l'Agence, il avait été poursuivi sans cesse par les larbins de Mori. Le boss avait plutôt mal prit sa fuite après la mort d'Odasaku suite au combat sanglant avec Mimic. Tout le monde devait payer un prix pour quitter la mafia, et beaucoup de leurs vies. La mâchoire déboîtée et les trois balles dans le corps pour achever la victime n'était pas un sort que Dazai enviait aux traîtres. Lui-même, bien qu'il ait été le préféré du boss, devait payer sa dette.
L'ancien capitaine était parfaitement au courant de cette loi universelle qui ne s'appliquait pas uniquement à la mafia, reniée par certains, acceptée par les autres, mais connue de tous. Il l'avait expérimentée et vue à de nombreuses reprises : pour avoir accès aux médicaments mortels de Mori quand il n'était encore que médecin gris, il avait dû voir la mort sanglante de l'ancien boss et accepter de faire des courses au nom de la mafia portuaire. Chuuya avait payé son propre prix pour pouvoir quitter les Brebis et rejoindre les mafiosi en se faisant poignarder par ses « amis » et en se faisant empoisonner par la même occasion. Odasaku était mort en essayant de venger les enfants qu'il avait voulu protéger. Pour protéger sa sœur de la méchanceté et de la violence des rues, Ryonosuke avait dû se salir les mains de sang et rejoindre la mafia. Chuuya ressortait toujours avec d'innombrables blessures lorsqu'il utilisait Contamination. Tout le monde payait un prix pour chaque actions, la valeur différait en fonction.
Dazai avait été prêt à payer son prix quand il aurait décidé de prendre la poudre d'escampette pour X ou Y raison. Il pensait même l'avoir complètement payé lorsque son meilleur ami était mort dans ses bras et que l'autre personne qu'il considérait comme l'un de ses plus proches amis se révéla être un traître à la solde du gouvernement japonais. Il ne s'attendait pas à devoir payer autre chose : même lui, le démon sans cœur, considérait qu'il avait assez payé de sa personne et de ses sentiments dans cette affaire. Cependant, la condition que Mori lui avait imposé pour qu'il arrêterait d'envoyer ses sbires à ses trousses a été très simple : arrêter avec Chuuya. Tout arrêter, de le voir, de lui parler, de le fréquenter, d'être son petit-ami. Tout. Parce que malgré la présence d'Ango et d'Oda, Dazai s'était senti seul dans ce monde où la mort côtoyait sans cesse la vie. Et, à force de le sauver de cette délivrance tant attendue, le fameux duo Double Noir, redouté par tous dans la pègre, était tombé amoureux l'un de l'autre.
Leur relation était explosive, vache, avec beaucoup de haut et de bas, mais ils étaient restés ensemble, envers et contre tous. Même quand Chuuya s'était fait approché et dragué avec une certaine assurance. Et qu'il avait consenti à passer une nuit avec la cible. Oui, cible, parce que le lendemain matin, le cadavre de l'homme a été retrouvé dans son lit, nu comme un vers et un poignard sans empreinte planté dans le cœur. Dazai avait boudé pendant trois semaines Chuuya pour l'avoir trompé avec une cible de la mafia, bien qu'il eût consenti à cette stratégie au final lors des réunions. Le simple fait que la cible n'avait pas été capable de faire gémir une seule fois Chuuya durant leurs nuit commune le poussa à sauter sur son nain de jardin préféré et à lui faire l'amour dans l'immédiat quand il l'avait informé de cette anecdote.
Même quand Dazai avait enfin trouvé une belle femme, une geisha au doux nom d'Hatsuyo, qui avait accepté de se suicider avec lui. Le couple de suicidaires avaient alors fait leur unique tentative ensemble en sautant du haut du pont de Yokohama pour se noyer. Osamu s'était réveillé dans un lit douillet avec à ses côtés un Chuuya aux yeux gonflés et à la sclérotique aussi rouge que ses cheveux. Dire qu'il avait été furieux était un euphémisme. Le brun se fit copieusement engueuler pour avoir essayé de se suicider (une nouvelle fois) et de le faire accompagné. Il apprit plus tard que le rouquin avait été jaloux que son partenaire dans le crime n'avait même pas pensé à lui pour faire une tentative de suicide en couple. Bon, il était certain qu'il aurait refusé et l'aurait frappé pour avoir pensé une fois de plus à la mort, mais le démon de Mafia n'avait pas pu se résoudre à demander à cet être éthéré et complètement humain qu'était Chuuya de perdre la vie à sa demande. Il en avait été parfaitement hors de question. Le manipulateur de gravité ne dédaigna pas le regarder pendant deux semaines, parler pendant un mois sauf en cas d'extrême nécessité (ils ne s'étaient même pas disputés) et ne l'avait autorisé à le toucher que deux mois après leur première discussion depuis ce froid entre eux. C'était à ce moment-là que Dazai avait apprit que Chuuya était rancunier de la pire manière possible.
Dazai avait été prêt à refuser la demande de Mori, il avait été prêt à demander à Chuuya de s'enfuir avec lui. Mais quand il avait reçu une photo de Chuuya, complètement endormi dans son lit, la garde baissée et une lame de scalpel frôlant sa mèche rouge, Dazai avait consenti à accepter. Entre-temps, il avait reçu la proposition de Taneda Santouka pour rejoindre l'Agence de Détectives Armés de Fukuzawa. Si la Mafia continuait à le poursuivre, il n'aurait jamais pu intégrer l'agence.
Ce fut le cœur brisé, son instinct lui hurlant qu'il faisait la plus grosse bêtise de sa vie, mais la raison lui rappelant que tant que Chuuya serait en sécurité, tout irait bien, qu'il envoya un sms à son nain préféré, lui demandant s'il était dans sa voiture. Lorsqu'il reçut un point d'interrogation suivit d'un « non » comme réponse, il ouvrit une application sur son portable, avec un énorme bouton rouge sur l'écran qui n'attendait qu'à être touché. Dazai prit une grande inspiration et appuya sur le bouton, sachant que, quelque part dans Yokohama, une voiture venait d'exploser. Il envoya rapidement un message à son ancien amant lui informant que tout était fini entre eux et éteignit ensuite son téléphone pour échapper aux demandes d'explications de Chuuya. Il retira la carte SIM, la brisa en deux et la jeta dans une poubelle sur son chemin. Puis il envoya de toutes ses forces le téléphone sur le sol et jeta le cadavre de technologie dans une autre poubelle.
Le rouquin allait hurler, lui en vouloir. Il allait boire ensuite à grandes goulées dans un de ses vins préférés pour oublier que le brun avait fait ce qu'il avait promit qu'il ne ferait jamais : le quitter. Il allait probablement pleurer, sachant parfaitement que sa voiture explosée n'était que la confirmation que le brun avait parfaitement conscience de ses actes. Il allait sûrement partir en mission à l'étranger pour l'oublier, et la rancœur s'accumulerait, transformant l'amour pur, partagé et passionnel en une haine malsaine, obsessionnelle et colérique. Le « gaspilleur de bandage » craignait de croiser son ancien amant, aussi brisé que lui, car il ne savait pas comment il allait réagir, aussi bien l'un que l'autre.
Chuuya lui pardonnerait un jour quand il connaîtra la motivation de son ancien partenaire. Peut-être. Mais Dazai devait payer son prix pour quitter la Mafia et protéger son amour. C'était sa place dans le grand schéma des choses.
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