Day 3 | REVERSE! AU |

Aujourd'hui est un jour un peu spécial puisque nous avons ici affaire au premier AU (Alternative Universe, soit basiquement prendre les même personnages et les transposer dans un monde différent) de la Week !

Félicitez moi, je n'ai fait que 2 000 mots environ et je ne me suis pas laissée emportée par la folie du worldbuilding (on se souvient tous de l'AU Cendrillon hein-) :3

Le principe du texte est donc assez simple : la Mafia Portuaire devient l'Agence des Détectives Armés, et vice-versa. Je me suis bien amusée avec le concept, parce qu'il a du potentiel crack (mais j'ai fait sobre et simple, z'allez voir) quand même 👀

feat un chouia de Tachigin, parce que le ennemies to lover est apparemment un de mes gros points faibles.

Bonne lecture, mes heures d'écriture sont toujours aussi peu raisonnables et mes fautes toujours le résultat direct de mon incompétence à pondre un truc positif quand il fait jour, donc n'hésitez pas à me rappeler de m'y prendre plus tôt la prochaine fois en me signalant les erreurs qui vous font physiquement mal ~

L('ω')┘三└('ω')」

Comme d'ordinaire, le temps de pause du midi se révélait plutôt chaotique à l'ADA. Tandis qu'Hirotsu fronçait le nez, buvant un thé de mauvaise qualité tout droit sorti du distributeur à peine fonctionnel qu'on avait placé dans un coin pour donner un semblant d'allure à la pièce pompeusement déclarée cafétéria, Akutagawa coupait agressivement son pauvre morceau de poulet, le regard fixé sur sa sœur, souhaitant très clairement que sa lame s'acharne sur Tachihara, qui se tenait à moins de trente centimètres d'elle, plutôt que sur la viande.

Cependant Chuuya, assis sur le bureau non loin du rouquin et de la brune, était d'avis que si le grand-frère surprotecteur avait pu entendre la conversation qu'ils entretenaient, il aurait cessé de poignarder sa nourriture pour s'affairer à nier son lien de parenté avec la détective.

Lui en tout cas, forcé de les écouter depuis une bonne demi-heure, se surprenait à penser qu'il n'était clairement pas assez rémunéré, au vu de tout ce qu'il avait à endurer pendant une journée de travail.

— Alors, tu reconnais que personne ne peut avaler les bonbons du distributeur ? s'exclamait Gin avec une pointe d'arrogance, rictus victorieux accroché au visage.

— Dans tes rêves, ils sont absolument délicieux tu n'as juste pas de goût, répliquait Tachihara, très visiblement à deux doigts de vomir en mâchant les immondes sucreries déclarées poison par le reste de l'Agence, mais incapable comme toujours de refuser un défi lancé par sa rivale.

Lors du concours annuel du plus grand nombre d'enquêtes résolues organisé par leur patron, Mori, ces deux-là avaient toujours l'exact même score, et étant incapables de se départager dans ce domaine, tout en conséquence se transformait en compétition. Même les choses les plus puériles et dégradantes. Surtout les choses les plus puériles et dégradantes.

À midi, ils en étaient déjà à leur cinquième défi stupide, les précédents ayant compris, entre autre, le concours de celui qui pourrait agrafer le plus de feuilles en même temps (que Tachihara avait remporté), et celui du plus exact lancer de crayons sur la cible formée par le pauvre pot du bureau de Kaiji (Gin sortait victorieuse avec un score de sept à quatre). Chuuya, qui finissait son sandwich thon-avocat-tomate, le jeta après avoir assisté au charmant spectacle de Michizo vidant le contenu de son estomac dans la corbeille à papiers.

En se levant, pris de l'envie (ou plutôt de l'impératif besoin) de faire un tour dans le parc en bas de leur immeuble pour ne pas, à son tour, régurgiter ce qu'il avait réussi à avaler de son dîner, il croisa Mori qui, debout face à la fenêtre, observait un chat errant d'un air pensif. Le jeune homme hésita à le prévenir de sa promenade digestive, puis renonça finalement en apercevant du coin de l'œil Kaiji qui se dirigeait vers lui.

Il n'avait rien contre son collègue, mais la dernière fois qu'il s'était baladé en sa compagnie, il avait fini à témoigner au tribunal en tant que témoin d'un incendie volontaire, et il n'était toujours pas totalement certain que Motojiro n'y soit pas pour quelque chose. Aujourd'hui il cherchait le calme, alors il fila dans l'ascenseur et força la fermeture des portes plus vite qu'il ne s'en serait cru capable.

Le vent était bien un peu frais, mais même avec le brouhaha diffus des passants qui traversaient la rue en direction des jardins, et des voitures de l'autre côté sur la route principale, être dehors s'avérait plus relaxant que de rester au cœur de l'atmosphère agitée qui régnait presque chaque jour à l'ADA. Chuuya inspira profondément l'air vif avec un léger sourire.

Repérant un banc libre sur le bord du chemin de terre, il décida de s'y asseoir, regarda sa montre pour s'assurer que le temps ne lui faisait pas défaut, et se laissa progressivement aller contre le dossier de bois. Peu à peu les bruits de la ville se confondirent, et il commença à fermer les yeux, tête en arrière, les branches des arbres se balançant au-dessus de lui pour tout horizon.

Puis des mains se posèrent sur ses paupières, et avant même que son esprit n'ai eu le temps d'enregistrer la situation son corps avait réagi pour lui, agrippant les poignets de son assaillant et le projetant en avant avec toute la force de la gravité.

Cependant, au lieu de l'habituel bruit de craquement de terre et d'os, seul un rire étonné retentit, et un léger son de chute. Quand Chuuya recouvra la vision, c'étaient ses poignets qui se retrouvaient enserrés, et il comprit pourquoi dans un flash d'imperméable beige. Ses dents grincèrent alors qu'il serrait inconsciemment la mâchoire, tandis qu'il se dégageait sèchement de la prise sur ses mains, prêt à enfoncer son talon dans le ventre de celui qui le regardait avec une expression un peu trop angélique et un sourire trop grand pour être honnête.

— Voyons Chuuya, le stoppa cependant l'homme en roulant promptement sur le côté avant de se relever d'un bond souple, pendant que le pied du rouquin s'abattait sur le chemin poussiéreux, le craquelant légèrement. Ce n'est pas poli d'attaquer ainsi les gens en public !

— Allons en privé alors, que je te refasse proprement le portrait, cracha le concerné, chaque fibre de son corps tendue sous un mélange d'agacement, de colère résiduelle suite à la surprise provoquée, et étrangement de quelque chose s'apparentant à la gêne.

Quiconque passait et les voyait tous deux ne pouvait manquer leur familiarité l'un avec l'autre, que ce soit dans la manière dont ils s'adressaient la parole ou l'aisance avec laquelle ils se mouvaient malgré leur proximité physique, dans un jeu de chasse assez fascinant à regarder où l'un attaquait et l'autre fuyait, les rôles changeant constamment.

Cette évidence mettait Chuuya dans une position délicate, car il suffisait que l'un de ses collègues passe et il serait bombardé de questions.

— Serait-ce une invitation ? Il suffit que tu me demandes de passer, tu sais bien que j'ai le code de ton immeuble, répliqua à cela son interlocuteur, à présent assis sur le banc, un bras négligemment passé sur le dossier et sur le visage un de ces sourires qui divisaient Chuuya entre l'envie profonde de le lui arracher du visage, et l'urgence de cacher les rougeurs qu'il provoquait.

Stupide peau pâle, à le trahir ainsi. Heureusement son crochet du droit était toujours aussi efficace pour rétablir sa fierté, et s'il manqua sa cible -pas qu'il ait vraiment essayé, mais ça il ne l'avouerait jamais, au moins il avait de nouveau récupéré sa place assise.

— Dazai, arrête ça, gronda t-il avec suffisamment d'animalité pour que le brun affiche un air surpris, puis vaguement inquiet, avant de le couvrir de nouveau derrière un large sourire. Qu'est ce que tu fiches ici d'abord ? On avait dit pas auprès des bureaux de l'Agence, interrogea ensuite le rouquin, avec moins de virulence mais d'un ton sans appel.

Ce faisant, ses yeux bleus scannaient les environs, pour s'assurer qu'aucune figure connue ne pointait le bout de son nez. Kouyou avait parfois l'habitude de venir le trouver avec une tasse de thé, et il ne savait pas comment il allait s'en sortir si elle reconnaissait la charmante compagnie dont il était doté.

Comment expliquer, après tout, qu'il se chamaillait gentiment avec l'un des plus grands cerveaux de la pègre de Yokohama, qui par ailleurs pouvait hypothétiquement sous un certain angle, si on comptait le temps passé à son appartement, être considéré comme une relation proche penchant plus du côté "amant" que du côté "criminel à éradiquer" ?

Oui, comment lui faire accepter qu'il lui mentait tous les vendredi soirs depuis sept ans et que ses cours de Taekwondo n'étaient pas la raison pour laquelle il quittait le travail une heure plus tôt ? Que d'ailleurs ces fameux cours étaient animés par Kunikida, le bras-droit du Boss de la Mafia Portuaire ?

Au moins, si Kouyou le démasquait, il pouvait toujours balancer comme diversion que leur patron entretenait une relation très ambiguë avec le-dit Boss. Oui, s'il devait plonger, il n'irait pas seul.

La voix de son techniquement ennemi ramena Chuuya sur terre, et il quitta un instant l'élaboration de son plan de survie en plein scénario catastrophe (c'est-à-dire que la totalité de l'ADA soit au courant d'avec qui il passait ses soirées) pour se concentrer sur l'excuse (qui avait avait intérêt à être bonne) que le brun lui sortait pour justifier sa présence à moins de cinq-cent mètres de son lieu de travail :

— J'ai une lettre de Yosano pour Gin, tu sais l'affaire de meurtres dont vous avez été chargés ? Elle veut la narguer un peu avant de la laisser découvrir des preuves de sa culpabilité, expliqua t-il sans l'ombre d'un remord quant à la mention des assassinats perpétrés par sa collègue au nom de leur organisation, ce qui conduisit Chuuya à ré-examiner ses choix de vie (et de partenaires) pour la millième fois au moins depuis que leur relation avait commencé.

— Et donc tu t'es dit que venir me faire peur histoire de te retrouver à manger la terre serait une expérience agréable ? remarqua sarcastiquement le rouquin, un sourcil levé, se demandant s'il n'avait pas sous-estimé les tendances masochistes de son partenaire.

Dazai eut un léger sourire en coin, comme si l'idée l'amusait, et répliqua en brandissant une enveloppe entre son index et son majeur, sortie de l'intérieur de son trench coat beige. Il avança le papier vers Chuuya et le glissa dans les replis intérieurs de la veste de costume du jeune homme tout en répondant, lui chuchotant à l'oreille dans une mise en scène peu nécessaire qui le fit tout de même frisonner, par habitude :

— Non, plutôt parce que si je rentrais dans vos bureaux je serais sûr de n'en sortir que les menottes aux poings, et que je possède le non-négligeable avantage d'avoir un incroyable petit-ami avec une boussole morale quelque peu défectueuse pour délivrer le message à ma place, lui susurra presque le brun à l'oreille, et Chuuya pouvait sentir le sourire dans sa voix.

Il roula des yeux, pour la forme, et le repoussa d'une main ferme avec un regard d'avertissement, mais garda la lettre bien au chaud dans sa poche intérieure. Il fallait dire qu'à lui non plus l'idée d'un Dazai arrêté et détenu dans les bureaux de l'Agence ne paraissait pas alléchante.

— Bien, mais juste pour cette fois, se résigna le rouquin en se levant brusquement, capitulant mais marquant le caractère exceptionnel de la chose par ses sourcils froncés, et le pli sérieux de sa bouche.

Cela parut ôter en partie le rictus du visage du mafioso, et il hocha la tête en réponse, s'écartant d'un pas. Mais avant d'avoir pu trop s'éloigner, Dazai fut retenu par le col, et attiré vers le bas, si vivement qu'il eut à peine le temps de se rendre compte de ce qui arrivait. Chuuya embrassa le coin de ses lèvres avec un sourire satisfait, pressant ses clés d'appartement dans la paume du brun en murmurant :

— Ça n'annule pas l'invitation de tout à l'heure, cependant.

Et avant que le mafioso n'ait pu ne serait-ce que commencer à comprendre de quelle manière il venait de se faire prendre à son propre piège, le détective était déjà loin vers la sortie des jardins, marchant d'un pas décidé et incapable de contenir le rictus moqueur qui s'étalait sur ses lèvres et lui creusait des fossettes aux joues.

Tout compte fait, ce n'était pas une si mauvaise chose que Dazai ait désobéi à une des règles tacites de leur relation. Peut-être même que la prochaine fois, il serait celui à rendre une petite visite au QG de la Mafia Portuaire.

En attendant, il avait une lettre à livrer, et un rencard à préparer.

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