DAY 1 | START AGAIN |

Comme d'ordinaire, on commence cette Week sur les chapeaux de roues, avec du retard, des pleurs et du manque de sommeil ! Yoouhouh c'est le meilleur moment de l'année !

Bon, j'exagère peut-être légèrement, mais vous avez compris l'ambiance. Pour ceux qui me connaissent un peu (vous avez éventuellement pu lire ma Soukoku Week 2019, ma Rarepair Week ou les textes publiés sur le compte de la FluffSoukokuAgency qui sait ?) vous savez qu'en général je suis pro-fluff. Pour les nouveaux arrivants, je suis heureuse de voir que vous êtes tombé ici, et je suis désolée pour vous, parce que ça commence mal.

Mais franchement, on est en 2020, tout part en sucette, alors moi aussi ! Je vous présente donc le One Shot le plus angsty que j'ai imaginé jusque là, avec un thème qui pourtant n'appelait pas à la souffrance, mais que voulez vous j'étais pas bien le jour où je l'ai écrit X)

Cela se passe juste après la fuite de Dazai de la Mafia et la mort d'Oda, il a environ dix-neuf ans dans ses premiers jours à l'ADA de ce que j'ai cru comprendre.

Désolée donc pour cette souffrance que je vous impose, promis je me rattrape sur le reste des jours de la Week, j'ai épuisé mon quota de douleur sur ce texte ~

Bonne lecture, et comme d'habitude n'hésitez pas à relever les fautes si vous sentez vos globes oculaires vous démanger <3

»——☠——«

Dazai avait l'habitude de recommencer, d'effacer le passé, aussi récent fut-il parfois.

Nouvel environnement, nouveaux collègues, nouvelle attitude.

Chaque matin, à sa manière, en se traînant difficilement hors du lit, il endossait un nouveau masque. Serait-il souriant et taquin, ou silencieux et passif ? Devant son miroir il choisissait méticuleusement, son œil droit le gênant un peu, comme toujours trop sensible à la lumière.

Les derniers mots d'Oda le poussaient en avant, sans cesse, et il traînait son passé comme un boulet à ses chevilles. Lui pour qui les serrures n'avaient pas de secrets ne pouvait encore se figurer pourquoi celle-ci lui résistait, persistait à rester bloquée, l'obligeant à garder en mémoire tant de ces souvenirs qui rendaient son nouveau départ dans la vie bien plus pénible.

Au cœur de la nuit, quand le brouhaha familier de Yokohama résonnait dans ses oreilles et que ses yeux se fixaient sur le plafond fondu dans l'obscurité, le doux abandon de ce qu'il appelait avec une pointe d'humour noir "sa petite mort", le sommeil, se refusant à lui, Dazai luttait.

Déchiré par les griffes du remords, la morsure de l'envie, recroquevillé sous les couvertures il observait passivement ses démons qui à chaque visite prenaient soin de le réduire à néant, petit bout par petit bout. Ils avaient tous les yeux bleus, et des lèvres délicieusement avides contre les siennes.

La vie avait ce cruel défaut de ne pas être modelée sur l'exemple d'un jeu d'arcade. Si on pouvait considérer les années comme des PV perdus, nul bouton de sauvegarde. Quand le game over apparaissait sur l'écran, on ne pouvait presser start again et rattraper ses erreurs.

Chacune d'elles restaient là à gêner la progression, se rappelant à lui chaque nuit qui passait sous la forme de trois petits mots, qui semblaient à jamais devoir rester bloqués dans son oreille.

La voix rendue rauque par l'épuisement, dans laquelle on pouvait deviner un sourire ne cessait d'affirmer, sans l'ombre d'une hésitation :

« J'ai confiance. »

Cette phrase hantait Dazai, plus, bien plus, que les mots doux effrayants de vérité qui parfois revenaient brusquement le visiter jusque dans ses douloureux rêves. Ces promesses illusoires murmurées dans l'éphémère havre de paix fragilement construit pour quelques heures sur l'oreiller, auxquelles il avait porté bien plus de crédit qu'il ne le pensait alors. Pourtant ces trompeuses réminiscences ne le heurtaient pas tant que cette affirmation.

Ces syllabes si douces que c'en était une torture ne se contentaient pas de le poursuivre au milieu de la nuit, elles s'acharnaient aussi sur lui alors qu'il se penchait sur ses tâches administratives, qu'il commandait un café, jusque durant les heures les plus brillantes de la journée.

Alors pour les contrer, il était passé aux mesures radicales. Un casque sans arrêt vissé sur les oreilles, la musique si forte qu'elle lui faisait presque mal l'empêchait d'entendre, de ressentir.

L'exaspération de son nouveau collègue si sévère qui lui rappelait par trop d'aspects un ancien partenaire n'était qu'un bonus fort appréciable, car il savait qu'il ne se laisserait plus entraîner dans ce dangereux jeu de flirt, précairement perché entre animosité, attraction et taquinerie.

Certaines choses sont à usage unique, une fois utilisées, jamais plus elles ne fonctionnent comme avant. Parfois jamais plus elles ne fonctionnent.

Dazai avait tellement fui, tellement ignoré, tellement essayé d'oublier, qu'il le savait désormais. Il avait eu sa période remplie de petits bonheurs et de grandes joies noyés dans un océan de mal-être, et il ne pourrait de sa vie connaître à nouveau une telle sensation d'euphorie. Lui restait l'espoir de se débarrasser de la haine de soi, cet espoir qu'Oda avait exprimé avec ses dernières forces.

D'une part, il essayait de se convaincre que ça l'arrangeait : les constantes, les habitudes l'effrayaient, l'avaient toujours terrifié. Les gens sans s'en apercevoir se reposaient sur elles, finissaient par en dépendre, et l'instant où elles leur étaient ôtées, sombraient dans le désespoir.

Lui, heureux mortel, avait échappé à ce triste destin. En détruisant ce qu'il pensait lui être acquis pour le restant de ses jours, il avait également brisé la seule constante de sa vie.

Recommencer

Ce mot entre ses lèvres ne s'accompagnait pas, jusqu'à présent, de cette pointe d'amertume au fond de sa gorge; de ce picotement de la rétine, et de cette étrange envie d'arracher son masque, d'arrêter de changer, de se montrer enfin à ceux vers qui il avait fui en cherchant à échapper à ce qu'il laissait derrière lui dans cette course effrénée vers le renouveau.

Ceux qu'il laissait derrière lui.

Celui.

Mais il était inutile de s'attarder sur ces sentiments passagers, ce futile cri à l'aide étouffé dans le flot des assauts répétés de ses démons.

Il ne savait s'il réussirait à se lier encore en sachant quelle douleur l'attendait au tournant, lorsqu'il finirait inévitablement par se détourner ou être laissé en arrière.

Nouvel environnement, nouveaux collègues, nouvelle attitude.

Même regrets, même lutte intérieure, même nostalgie.

À ses oreilles, la voix devenait déjà plus faible, plus brisée. Elle n'affirmait plus, elle plaidait, suppliait.

« J'ai confiance. »

Dazai aurait voulu que ses paumes pressées contre ses tympans suffisent à l'isoler, à l'ancrer dans la réalité, le cliquettement régulier de l'aiguille de son réveil, la pluie sur les carreaux. Mais alors que ses poumons semblaient rétrécir et le monde extérieur doucement disparaître, il se sentait dériver, inexorablement.

Dériver vers une époque plus brutale, plus malheureuse et plus douce à la fois. Une époque moins solitaire malgré tout.

Mais il avait désormais perdu ceux qui avaient jadis rendu sa vie plus supportable. L'un aux bras accueillants de la mort, et l'autre de par son propre égoïsme.

Quelque part, tentait-il de se persuader, ce triste dénouement avait au moins le mérite de servir à endurcir celui qu'il regrettait si amèrement tout en ayant aucun droit de ressentir cela.

Après tout, sous ses airs bravaches et cette force frôlant le divin, Chuuya avait toujours eu le cœur trop tendre, et par deux fois déjà en avait payé le prix.

Il survivrait à cette séparation, s'en remettrait probablement bien mieux que Dazai car ayant déjà expérimenté telle douleur, et serait débarrassé d'un lien trop néfaste. Peut-être ce départ changerait-il l'anarchiste gamin des rues en véritable mafioso, peut-être Mori remercierait-il son ancien disciple avec un sourire tordu en révélant que ce résultat était ce pourquoi il avait laissé le brun s'enfuir si facilement.

En attendant, Dazai enroulait ses bandages sur une blessure qui ne saignait pas mais ne serait jamais refermée, et se forçait à aller de l'avant, à oublier.

À recommencer.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top