|DAY 6| THE SETTING SUN

The Setting Sun : tout simplement le soleil couchant, la période de crépuscule juste avant la nuit. On peut aussi utiliser the dusk pour parler de ce moment.

Oui, je poste in extremis, et oui j'ai sûrement des tas de fautes mais hey... J'ai fait un remake de Cendrillon XD

Blâmez Cicéron et Isocrate pour le retard :3

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Il était une fois un royaume. Un très grand royaume, plutôt pacifique et pas trop pauvre. Un endroit où il faisait bon vivre pour la plupart des gens. Dans la capitale, Yokohama, on croisait une foule de personnes différentes, pouvant aller du miséreux le plus pauvrement vêtu au bourgeois le plus outrageusement paré.

C'était là, au centre même de la ville, que trônait le palais royal. Immense, surplombant tous les autres bâtiments, sa plus haute tour servait d'observatoire et les soldats pouvaient guetter le danger à des kilomètres à la ronde. Ses dorures et ses pierres blanches en faisaient l'édifice le plus impressionnant de la capitale. Les grilles du château, en permanence ouvertes, permettaient une activité incessante au sein de la Cour. Presque chaque jour on arrivait des quatre coins du pays pour faire le marché, vendre les étoffes les plus précieuses, les bijoux les plus fins et les mets les plus délicats. Les étrangers repartaient comblés, et la réputation de ce royaume si prospère ne cessait d'émerveiller.

Ôgai Mori régnait en maître sur ces terres, et si dans l'ensemble ce n'était pas un si mauvais souverain, attentif à son peuple et expert dans l'art militaire, on craignait sa colère jusque dans les campagnes profondes. Respecté et intelligent, il employait toute son énergie à dominer les autres monarchies, par la force bien souvent mais il savait aussi s'entourer de personnes aux qualités morales indiscutables. Jamais encore il n'avait connu la défaite, et c'était sûrement cette légende sur son invincibilité courant à travers le pays qui le rendait si respecté.

Toutefois, il était très régulier qu'il soit prit de ce que certains appelaient en riant "accès de folie", et si le terme était grandement exagéré, il avait en effet une sacrée tendance à vouloir écraser les puissances voisines pour peu de choses. Heureusement, on pouvait parfois compter sur le second souverain du royaume pour le freiner : Yukichi Fukuzawa.

Le peuple était divisé sur ses sentiments envers Mori, mais Fukuzawa, lui, pouvait se vanter d'avoir une réputation de saint. Aimé par tous et bien plus réaliste que son époux légèrement mégalomane sur les bords, il savait prendre soin de son royaume et de ses gens. Sans oublier sa capacité à éviter les multiple accidents diplomatiques auxquels Mori et son ton un peu trop provocateur pouvaient mener.

D'ordinaires, ces deux Rois peu communs dans tout ce qu'on avait déjà testé en terme de monarchie faisaient l'objet de bien des potins. Mais aujourd'hui, pour une fois, ce n'étaient pas leurs noms que tous, du paysan au noble, avaient sur les lèvres. C'était celui de leur fils, le Dauphin.

Prénommé Dazai Osamu, et déjà sous la protection de Mori quand ce dernier avait accédé au trône, lorsque le Roi contre tous les avis des conseillers de l'époque s'était engagé à épouser Fukuzawa, le jeune Prince en était réellement devenu un. Semblable par bien trop de manières à celui qu'on supposait être son père biologique, le jeune homme adorait s'échapper du palais et traîner dans la ville. On le croisait souvent chez l'herboriste.

Cependant, il venait d'atteindre sa vingt-deuxième année, et pour une fois ses deux pères étaient tombés d'accord sur une chose : il fallait lui dégotter quelqu'un.

Alors, un grand Bal avait été organisé, et la nouvelle circulait sur toutes les lèvres : le Prince épouserait celui ou celle qu'il trouverait à son goût ce soir là, et tout le monde y était convié.

Si certains se réjouissaient parce que fête signifiait nourriture gratuite, d'autres avaient bien l'intention de se frayer un chemin vers la royauté à coup de décolletés ou d'oeillades charmeuses.

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Chuuya envoya d'un geste rageur la brosse à récurer, que son demi-frère venait de lui confier en gloussant bêtement, en plein dans le visage ridiculement poudré de ce dernier. Il rajusta son chapeau, le menton haut, et dirigea son regard bleu brûlant d'une colère difficilement contenue vers son adorable demi-soeur, qui avait regardé la scène avec effroi :

- Mais... N'avez vous donc aucune éducation ? Vous ressemblez à un sauvage ! s'écria t-elle en se précipitant au secours de son frère, qui hurlait sa douleur comme si il avait été transpercé par un glaive.

Le rouquin fit craquer sa nuque en serrant le poing sur le manche du balais qu'il tenait d'une main, et se retint de l'utiliser pour assommer la jeune femme. Il n'en pouvait vraiment plus, de ces deux abominations. Sa mère avait fait l'erreur, peu avant de mourir, d'épouser Fyodor Dostoevesky pour s'assurer par la fortune de cet homme que Chuuya ne manquerait jamais de rien. Seulement, c'était un véritable désastre, déjà parce que son beau-père n'était jamais là, visiblement attiré par tout sauf la vie de famille, et ensuite parce qu'il devait à longueur de journée supporter Francis et Lucy-Maud les deux adorables rejetons de l'homme. Aussi stupides que méchants, ils passaient leur temps à le traiter de souillon puisqu'il était apparemment le seul à se soucier de la propreté de leur demeure et que le ménage ne rendait pas ses habits très adaptés à un noble de sa qualité. Kouyou les aurait probablement flanqués dehors si elle était encore en vie, mais son fils n'avait pas ce pouvoir.

- Et bien j'en suis un, alors bâillonne-le avant que je te montre à quel point je peux être barbare. Et débarrassez le plancher, si vous tenez tellement à vous rendre à ce stupide Bal ce soir vous feriez mieux de commencer à vous préparer. Cacher une telle laideur doit prendre du temps, balança le jeune homme sans vraiment se préoccuper de la réaction des enfants de son beau-père, se retournant pour épousseter le plancher.

- Une bonne chose que vous ne vous y rendiez pas, parce qu'aucun maquillage ne pourrait arranger cette envie de vomir qui me prend à la vue de votre faciès disgracieux, persifla Francis en retour, quittant la pièce la tête haute, appréciant peu de se faire traiter de laideron.

Ou bien était-ce la brosse qui ne passait pas ?

Mais Chuuya poussa un soupir de soulagement plutôt que lui envoyer autre chose dans la tête. Non seulement ces deux là ne faisaient rien de la journée à part essayer de le maltraiter, mais en plus ils s'étaient récemment mit en tête de séduire le Prince. Bien que le rouquin pensât cela particulièrement stupide -ils ne vivaient pas dans un conte de fées, les gens de la haute noblesse se mariaient entre eux-, il ne refusait pas une soirée de calme !

A vrai dire, il attendait même le soir avec impatience, pour enfin pouvoir se relaxer un peu.

Ayant fini plus tôt que prévu d'enlever les toiles d'araignées dans les angles du séjour, le jeune homme consentit même presque joyeusement à aider sa demi-soeur dans l'élaboration de sa tenue. Il fallait dire que mettre les cheveux roux en valeur, c'était quelque chose qu'il savait naturellement faire. Ce fut presque sincère qu'il acquiesça quand Montgomery lui demanda si il la trouvait belle.

Il supposait que c'était le cas, mais ne pouvait à vrai dire pas être très objectif. Il aurait été plus à même de donner son avis sur Francis, pour lui sa demi-soeur se confondait dans le lot de femmes du royaume, mais peut être était-ce juste parce qu'il n'avait jamais rien trouvé d'attirant à la gent féminine qu'il posait ce regard là sur les choses.

Une fois ces deux idiots parfois attachants lui servant de famille partis, après lui avoir une énième fois recommandé de frotter le plancher pour que tout brille à leur retour -ce à quoi il leur avait recommandé de courir pour attraper leur carrosse avant qu'un seau de charbon ne trouve mystérieusement sa place dans ses mains-, Chuuya lâcha une larme de joie en constatant qu'il était enfin tranquille.

Il souhaitait même que l'un des deux enfants de Fyodor réussisse à séduire le Prince, ainsi il en aurait un de moins à supporter. Parce que malgré ses vingt-deux ans, il ne pouvait pas partir, cette maison était son héritage et son seul bien. Son unique option afin de se débarrasser de Lucy-Maud et Francis, c'était de les pousser à quitter la demeure.

Seulement, il n'avait pas prévu que sa larme tombe dans l'eau de la fontaine, et encore moins que le liquide se mette à briller. Quand une fillette haute comme trois pommes, aux longs cheveux blonds et au sourire bien trop brillant pour être humaine apparu, le rouquin se demanda si il avait été maudit à la naissance.

Des ailes vibraient dans le dos de l'enfant, produisant un bourdonnement sourd. Elle ne laissa même pas le temps au jeune homme d'en placer une, et lui attrapa les épaules :

- Ohoh je vois le problème ! Tu rêves d'aller au Bal mais tu n'as pas de tenue ? Pas de panique, ta Bonne Fée est là ~ chantonna t-elle en sortant de sous sa cape un pastel rouge, avant de l'agiter dans l'air.

Trop abasourdi pour protester et lui certifier qu'elle était complètement à côté de la plaque, Chuuya observa son précieux tablier se changer en pourpoint et ses jambes disparaître sous de confortables hauts-de-chausse d'un blanc presque aveuglant. Il sentit ses cheveux se détacher de son éternel chignon pour retomber en cascade sur ses épaules, mais pour son plus grand bonheur son éternel chapeau resta sur sa tête.

- Je... Peux savoir ce que vous êtes en train de faire ? Et ce que vous fichez dans mon jardin ? Rendez moi mes vêtements ! 

La gamine perdit son sourire, penchant la tête sur le côté pour le regarder avec étonnement comme si il venait de poser la question la plus idiote du monde. Il recula d'un pas en observant l'étincelle de joie disparaître du regard de l'étrangère, et frissonna quand elle reprit la parole.

- Tu m'as appelée en pleurant, idiot. Je suis en train de te transformer en véritable prince charmant, alors remercie moi au lieu de tirer cette tête ! Et une fois que tu auras ton futur Roi dans la poche, n'oublie pas de rentrer. Avant le coucher du soleil, c'est important !

Chuuya réussit à se reprendre, presque scandalisé par ce qu'elle était en train de lui apprendre. Elle n'allait quand même pas l'envoyer au Bal ?!

- Je crois que vous faites erreur. Je pleurais de joie, et... Qu'est ce que vous êtes en train de faire avec ce crayon ?

La dernière chose qu'il vit avant d'être ébloui par une nuée de papillons blancs niais à souhait, ce fut le sourire goguenard de la fillette. 

Quand il rouvrit les yeux, il était en plein sur les marches du palais.

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 - Yukichi, je peux t'enlever quelques secondes à ces charmantes dames ? questionna Mori en attrapant le bras de l'homme aux cheveux prématurément gris sans même attendre de réponse.

Avec quelques sourires aimables par ci, un mot poli par là, et une bonne dose de patience, ils réussirent à traverser la foule compacte rassemblée dans la salle de bal. Difficile de ne pas se faire remarquer quand son visage est littéralement gravé dans la roche à cause des statues de vous plantées à l'entrée du palais. La main du souverain aux yeux carmins se serra sur le poignet de son homologue, avant qu'ils ne réussissent enfin à se trouver un coin moins envahi de nobles et autres agaçantes personnes cherchant à tout prix à se faire remarquer en leur parlant.

Le couloir des cuisines n'était sûrement pas la meilleure définition de "lieu tranquille" mais ça ferait l'affaire pour quelques instants malgré les incessantes allées et venues des serviteurs, ainsi que l'immense table du personnel installée près de la cheminé où beaucoup prenaient leur pause en s'offrant quelques chopes de bière. Fukuzawa leur adressa un signe de tête avant de se faire entraîner sans manières dans la réserve, sous quelques regards étonnés, et évidemment deux ou trois sourires pleins de sous-entendus.

- Ôgai, on peut savoir ce qu'il se passe ? interrogea t-il en levant un sourcil, prenant soin de ne pas renverser les produits posés sur les étagères.

L'endroit n'était pas bien grand, et n'offrait pas beaucoup de place, mais Mori réussissait à garder une certaine contenance malgré son costume visiblement coincé dans la poignée. On ne savait comment et malgré la précipitation, sa couronne tenait toujours en place, posée sur ses cheveux impeccablement ordonnés comme si les lois de la gravité ne s'appliquaient pas à l'objet. Il soupira lourdement, avant de planter le regard dans celui de son époux :

- Dazai a à peine touché un mot aux invités depuis le début de la soirée. Et il a décliné toutes les invitations à danser. Toutes !

Fukuzawa haussa les épaules en soupirant, avant de répondre avec cet air éternellement calme et  neutre qu'il était si difficile de lui faire quitter :

- Evidemment qu'il ne danse pas. Tu avais envie de valser avec le premier venu toi, à vingt-deux ans ? observa t-il posément en levant un sourcil, l'air de sérieusement se demander si l'autre homme venait réellement de l'enlever de manière douteuse en plein milieu de la fête juste pour ça.

Mori lâcha un grognement très peu distingué, visiblement agacé. Il n'aimait pas que ses plans échouent, c'était même sûrement une des choses qu'il haïssait le plus au monde -heureusement ça restait rare, mais leur fils semblait bien décidé à n'en faire qu'à sa tête. Après tout, quelque part, c'étaient qu'ils l'avaient bien élevé. Un Roi ne devait jamais se laisser dicter sa conduite. Mais Dazai ne l'était pas encore, et à voir la lueur dans les yeux rubis de l'actuel souverain, il allait avoir intérêt à filer droit.

- Le jour de mes vingt-deux ans j'ai dû me salir les mains sur le champ de bataille, alors ce n'est pas parce que j'ai le double d'années que ce morveux insolent va me résister. Tout ce que je lui demande c'est trois pas de danse, pas de massacrer une centaine de personnes ! finit par exploser Mori sous le regard indulgent du plus vieux qui, au lieu de s'inquiéter du reste et de la menace à peine voilée et de la conception désastreuse de l'éducation qu'avait l'homme en face de lui, se contenta de tapoter l'épaule de son époux avec un air compatissant.

- Un peu plus du double Ôgai, je le crains...

- Oh, ferme là Yukichi, et aide moi plutôt à décoincer cette foutue cape !

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Chuuya écumait de rage, toutes les insultes et injures qu'il connaissait se bousculant derrière ses lèvres. Il pinça ces dernières pour contenir le cri de colère qui allait sortir, et se plaqua un peu plus derrière la statue contre laquelle il se cachait pour échapper à tous ces fous furieux qui avaient perdu la raison en le voyant, hurlant qu'il fallait absolument l'amener au Prince. Cette foutue tenue magique avait apparemment fait de l'effet, malheureusement pour le rouquin, qui regardait le soleil décliner avec inquiétude.

Cette saleté de gamine, la prochaine fois qu'elle pointerait le bout de sa tignasse blonde, il l'étranglerait !

Replaçant son chapeau sur ses cheveux bien trop soigneusement coiffés pour que ce ne soit pas suspect, le garçon s'autorisa à soupirer de soulagement. Ses poursuivants semblaient avoir abandonné l'idée de le servir au Prince comme une sorte de plat, de ceux dont on soulevait la cloche, et qu'on choisissait seulement si le dressage semblait satisfaisant.

Un rictus méprisant tordit le bouche de Chuuya, qui fronça le nez en songeant à ce fameux Prince. Il ne savait même pas trop à quoi il ressemblait, le "people" ça avait jamais été son domaine. Mais pour organiser ce genre de Bal, Sa Majesté devait être un sacré personnage.

- On t'as autorisé à rentrer vêtu comme ça dans le palais ? Quelle immonde tenue, pas surprenant que tu te cache ainsi, le fit sursauter une voix horripilante dans son dos.

Il se retourna lentement, les yeux pleins de fureur, prêt à incendier le fou qui osait le provoquer. Ses pupilles s'ajustèrent laborieusement à la lueur faiblarde du soleil, et il jaugea l'inconnu en plissant le nez. Grand, brun, et pas franchement moche à regarder sans non plus être d'une beauté frappante, celui qui semblait fortement être le bouffon du Roi était vêtu de blanc des pieds à la tête, quelques bandages d'un noir d'encre dépassant sous ses manches et son col. Le rouquin ricana brièvement avant de lancer, bras croisés, défiant ostensiblement l'homme un peu trop taquin pour ses nerfs :

- C'est un beau compliment que d'être traité de moche pour quelqu'un avec ton sens de la mode. Et pour ta gouverne, sache que je cherche justement le moyen de me tailler le plus discrètement possible de cet Enfer !

Les yeux, que l'inconnu avait dorés et brillant presque surnaturellement dans le crépuscule qui s'avançait, se teintèrent de surprise. Les traits du brun semblèrent s'adoucir, Chuuya baissa sa garde sans même vraiment le vouloir quand l'ombre d'un sourire joua sur les lèvres de l'étrange personnage alors qu'il interrogeait, comme peinant à y croire :

- Alors comme ça tu n'es pas venu pour tenter de gagner une place dans la Royauté ?

Le rouquin dut paraître sincèrement dégoûté, puisque la tête qu'il tira suffit à faire naître le rire de l'homme en costume blanc. Les défenses du jeune homme s'abaissèrent totalement alors que ce rire coulait entre eux, clair et communicatif, d'une franchise indubitable.

Il jeta un oeil inquiet vers le soleil, qui à présent disparaissait presque totalement derrière les tours du palais. Il maudissait cette fichue môme de toutes les fibres de son corps, cependant il était évident qu'elle possédait quelques aptitudes magiques et il préférait éviter de négliger les conseils de quelqu'un capable de le téléporter en plein coeur d'un palais hautement surveillé en quelques secondes.

Alors que Chuuya se décidait à partir -dommage il avait peut être commencé à sympathiser avec quelqu'un-, une main obstrua son champ de vision. Le temps que ses yeux s'ajustent pour avoir le temps d'apercevoir le sourire trop grand qui brillait derrière, un bras lui encercla la taille et dans un tourbillon de cheveux roux, il se retrouva sorti de derrière sa précieuse amie la statue, et de surcroît collé à l'inconnu. Levant un sourcil vraiment perplexe, et intérieurement paniqué, il demanda d'un ton pourtant calme puisqu'il n'avait aucune raison de se sentir menacé :

- On peut savoir ce que tu fous, l'allumé ?

Bon d'accord, peut être qu'il avait été un peu plus agressif qu'initialement prévu, mais le brun ne sembla pas s'en offusquer, et répondit au contraire avec joie :

- N'est ce pas évident ? Je danse, alors suis le mouvement au lieu de me marcher sur les pieds.

- Il n'y a pas de musique, et je te signale que j'ai pas la moindre envie de me tuer les orteils à valser, protesta vivement Chuuya tout en continuant à danser, les yeux plantés dans ceux du brun, oubliant peu à peu le soleil au fur et à mesure que les minutes passaient.

Le bruit de la foule dans la Grande Salle leur sembla peu à peu diminuer d'intensité, jusqu'à n'être qu'un bourdonnement lointain. Constatant que l'excentrique individu n'avait aucune intention de le relâcher, et aussi qu'il passait un bon moment mais plutôt crever que de l'avouer à haute voix, Chuuya finit par lâcher dans un petit rire amusé :

- ... T'es vraiment un original, toi, hein ? Tas de bandages, se sentit il obligé de rajouter, parce qu'il ne voulait pas que cette remarque passe pour affectueuse.

- Dans les faits, mon nom c'est plutôt Dazai, répondit l'autre en levant un sourcil, commençant à comprendre que si il ne déclinait pas son identité le rouquin continuerait les déclinaisons de surnoms.

- Tiens, c'est marrant, comme le... Merde ! s'amusa le jeune homme au singulier chapeau, avant de réaliser deux choses, et aucune n'était positive.

Premièrement : le soleil venait de disparaître.

Deuxièmement : il venait de s'offrir une valse avec un Prince beaucoup moins imbu de lui même qu'il ne l'imaginait, et même un peu attirant mais ça restait un sacré phénomène dont il n'appréciait pas du tout la compagnie.

Conclusion : une fuite en bonne et due forme s'imposait.

Chuuya se défit brusquement du bras de Dazai, faisant tomber son chapeau dans sa course plus que précipitée, mais il ne s'en rendit pas compte sur le moment. Ses pieds s'emmêlaient, ses jambes tremblaient, mais il réussit à atteindre un fourré pour s'y jeter dans un réflexe inutile.

Là, brusquement, son corps disparut simplement et lorsqu'il rouvrit les yeux, il était de retour sur le bord de sa bonne vieille fontaine dans son bon vieux jardin mal entretenu avec son bon vieux tablier un peu crasseux.

Et il refusait de regretter ce qui venait de se passer.

Même la larme roulant doucement le long de sa joue ne voulait rien dire.

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Dazai n'avait tout simplement pas compris ce qu'il venait de se passer. Il leva les yeux vers le ciel, en proie à un profond doute. Avait il fait ou dit quelque chose de pire que d'habitude ?

Mais la lune qui montait lentement dans le ciel ne lui apportait pas de réponse, aussi tourna t-il de nouveau le regard vers le sol, plus précisément sur les dalles grises jonchant le jardin du palais et ses souliers vernis reflétant la lumière des étoiles.

Juste à côté de son pied droit, gisait ce qui semblait être le chapeau de ce type fascinant qui venait juste de s'enfuir comme un sauvage. Le ramassant et regardant à l'intérieur, le brun trouva quelques cheveux roux, mais surtout un nom qui fit naître un sourire sur ses lèvres.

Il leva de nouveau les yeux en l'air, mais cette fois ci vers les hautes tours du château où il distinguait les fenêtres illuminées de la chambre de ses parents. Si il avait eu des yeux de faucon, peut être même aurait il pu croiser le regard de Mori le fixant au travers de la vitre.

Un sourire s'étira sur les lèvres du brun tandis que le nom roulait sur sa langue.

Tu ne m'échapperas pas, Nakahara Chuuya


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