|DAY 3| REACHING OUT
Reaching out : tendre la main, ou rejoindre, amène une notion de contact. Peut aussi être employé dans le sens "atteindre".
Cet OS est en quelque sorte dans la continuité du premier, c'est un univers identique :3
Un peu de Shin Soukoku s'est incrusté héhé ~
Et comme d'habitude, n'hésitez pas à le faire remarquer les fautes !
°•°•°•°
La fureur de l'après-midi se faisait ressentir partout, jusque dans les rues de la ville. Surtout dans les rues de la ville, en fait. Bondées, pleines à craquer de citoyens ordinaires et de gens un peu moins ordinaires tout de noir vêtus, on se croisait, se bousculait, se marchait dessus, dans les quartiers près des entreprises.
Atsushi était nerveux, tout ce monde qui vivait à une allure bien trop soutenue autour de lui le mettait mal à l'aise. Il n'avait pas l'habitude d'être entouré, et si la proximité de gens ne le gênait pas, cette sensation de se trouver dans une ruche frémissante et bourdonnante d'activité, elle, lui déplaisait au plus haut point.
Enfin, ça allait encore, puisqu'il parvenait à afficher un sourire un peu crispé.
Comparé à son voisin, en tout cas, Atsushi semblait adorer cette sortie plus que tout autre chose au monde ! Akutagawa marchait les épaules un peu voutées, mains profondément rentrées dans les plis de son manteau noir, et son regard se posait avec une sorte d'angoisse apeurée sur quiconque osait entrer dans son espace personnel. Parfois, on voyait même quelques étincelles, signe de l'attaque imminente de Rashômon, crépiter autour de lui. Dazai devait régulièrement lui interdire de faire usage de son pouvoir, et le pauvre asocial qu'était son ancien disciple n'avait d'autre choix que de l'écouter. Il prenait tout ce qui sortait de la bouche du détective comme un ordre, même si ça n'en était pas un, et les muscles du brun se contractaient sous le déplaisir à chaque fois qu'il constatait l'influence qu'il conservait sur le jeune homme.
Il se rendait aujourd'hui mieux compte du tord qu'il avait eu de l'entraîner comme il le faisait jadis, mais il avait lui même été élevé ainsi dans le sang et les coups, et ne voyait alors pas encore d'autre manière d'exercer le jeune Ryuunosuke à l'utilisation de son pouvoir au si grand potentiel. Et puis dans la Mafia, c'était ainsi, marche ou crève. Aussi simple que cela, les faibles pliaient et les forts s'imposaient. Dazai à l'époque ne connaissait pas d'autre univers, et il devait avouer n'avoir pas encore réussi à se débarrasser de tous les principes si soigneusement inculqués durant toutes ces années par Mori en personne.
Toutefois, il tentait de se racheter avec Atsushi. Et surtout en forçant ses deux disciples à ne pas s'entretuer, et même au contraire à faire équipe.
- Arrête de sourire comme ça, maquereau ! grogna Chuuya, les mains cachées dans les poches de son jean sombre, ne pouvant frapper son partenaire à cause d'Atsushi entre eux.
Le rouquin évita avec facilité un homme d'affaires au téléphone qui ne regardait pas devant lui, et évita à son précieux couvre-chef de tomber en le maintenant d'un doigt ganté sur sa tête. Atsushi, bien trop occupé à tenter de définir comment se comporter entre la joie suspecte de Dazai, les ondes de stress d'Akutagawa, et les rappels successifs à l'orde de Chuuya -qui le faisait d'ailleurs flipper avec cet air énervé, ne remarqua pas les trois personnes arrivant dans sa direction et percuta de plein fouet l'une d'entre elles. Une femme en costume, qui en laissa tomber sa malette et s'excusa trois ou quatre fois avant de partir en courant, croisant le regard de Ryuunosuke.
Le tigre-garou se frotta le crâne avec une légère plainte, et alors que le détenteur de Râshomon s'occupait de faire fuir la pauvre femme, et que Dazai riait tout son content, il eut la surprise de voir une main gantée de noir se présenter devant son visage confus. Les yeux bleus de Chuuya le fixaient sans cette étincelle exaspérée ou tendre qu'il avait pris l'habitude de voir au fond d'eux quand le mafieux traînait à l'Agence. Atsushi comprit que de tels regards n'étaient réservés qu'au compagnon officieux du rouquin, et se saisit donc de la main avec grattitude sans trop craindre de se faire écraser par la pression de la gravité.
- C'est bien une idée du Boss, de nous faire sortir en plein milieu du quartier le plus fréquenté de Yokohama aux maudites heures de pointes ! Tout ça pour acheter une foutue robe pour gamine que la môme ne portera jamais ! s'exaspéra le réceptacle d'Arhabaki en se remettant en marche d'un pas furieux, après s'être assuré que le jeune homme aux cheveux argentés était solidement debout.
Allaient ils seulement réussir à atteindre ce fichu magasin sans se faire avaler par la foule ?
Si ça n'avait tenu qu'à lui, Chuuya aurait sans nul doute utilisé son pouvoir pour passer par les toits, et il aurait accompli la mission en quelques minutes au lieu des deux heures qu'ils avaient déjà au compteur !
Mais qui disait ordre de Mori, disait idée tordue jusqu'au bout. Cette sortie était censée renforcer les liens entre partenaires à l'aide d'une activité quotidienne simple et agréable : le shopping.
Ah, il aurait mille fois préféré être envoyé dans les ennuis avec Dazai plutôt que de se coltiner une mission aussi barbare ! Avait-on jamais vu Parrain traiter aussi mal ses meilleurs éléments ? Adieu la crédibilité des capitaines de la Mafia Portuaire...
- Nakahara-san, Aku, Monsieur Dazai ! Regardez, là-bas, ce n'est pas la boutique de luxe que Monsieur Mori nous a demandé de chercher ? les alerta Atsushi en tirant sur la manche de Ryuu, les yeux sur la liste confiée avec soin par l'un des hommes les plus puissants de la ville.
Les trois autres têtes se levèrent immédiatement pour suivre la direction que leur indiquait le doigt tendu du garçon, et ils eurent tous une sorte de soupir de soulagement. Enfin, ils en voyaient le bout !
L'atmosphère changea presque brusquement entre eux, passant du désespoir le plus profond à une envie forte d'en finir... Mêlée à un brin d'esprit de compétition.
Akutagawa se craqua les poings, et attrapa brusquement Atsushi par la manche de sa chemise pour l'entraîner dans la foule en jouant des coudes, soudainement moins gêné par tout ce monde. Il fallait dire que le détenteur de Rashômon avait désormais un but à atteindre, et qu'il devenait donc une toute autre personne.
- Viens Jinko, on va ramener au Boss ce qu'il veut avant que Dazai-sama n'aie eu le temps de cligner des paupières ! se réveilla soudainement le jeune homme aux cheveux bicolores, avec un rictus aux lèvres, sans laisser de choix à son coéquipier.
Les deux plus vieux restèrent un moment immobile -enfin presque puisqu'il fallait éviter les gens-, regardant leurs "successeurs" disparaître dans la foule. Dazai et Chuuya échangèrent un regard amusé, alors qu'un peu de tension commençait à naître dans leurs muscles. Avec la compétition, tout devenait soudain beaucoup plus intéressant !
Une règle silencieuse venait de s'instaurer : le premier duo à rejoindre les portes du magasin et à en ressortir avec l'article demandé avait gagné.
Chuuya eut un sourire en coin étincelant, ses yeux bleus brillant de compétitivité alors qu'il lançait à son partenaire, une main sur son chapeau afin de le maintenir en place dans cette foule de gens indécemment grands :
- Je rêve, où la bleusaille vient de nous lancer un défi ?
Le brun lui répondit avec ce rictus moqueur qu'il arborait si souvent, une main entourée de bandage sur la nuque pour la décrisper sûrement. Il se dégageait de lui un semblant de l'aura qu'il avait jadis eue pendant ses jours de prodige de la Mafia :
- Montrons leur qu'ils sont encore loin du niveau, partenaire ~
Ce fut ensuite comme nager à contre courant dans une mer des plus déchaînées, et leurs pouvoirs ne furent pas d'une grande utilité puisque les meurtres leur avaient été formellement interdits par Fukuzawa.
Profitant de l'angoisse sociale d'Akutagawa, qui l'handicapait tout de même dans cette foule, Dazai et Chuuya, fermements accrochés l'un à l'autre pour ne pas se noyer ou dériver au sein de cette marée humaine, parvinrent devant les portes de la boutique.
Ou du moins à quelques centimètres. Le mouvement de foule étant contraire à leur propre avancée, et les bras de Chuuya trop courts pour atteindre la poignée de la porte tant convoitée, ce malgré les encouragements de Dazai qui jouait les pom-pom girls, les deux aînés observèrent Atsushi, lancé par son cher et tendre coéquipier, s'écraser contre la porte vitrée.
Le jeune homme aux cheveux gris, à moitié groggy suite à sa collision violente avec la poignée à un endroit sensible, s'excusa vaguement quand Akutagawa pénétra dans le magasin en le traînant derrière lui par le pied.
- Ça ne se passera pas comme ça, insolents de mes deux ! ragea Chuuya réussissant au prix d'un effort surhumain et d'une souplesse digne de louanges à atteindre à son tour la poignée.
Les doigts de Dazai glissèrent des siens alors que la foule l'entraînait, mais le rouquin lui tendit l'autre main, et ils se jetèrent à l'intérieur de la boutique, arrivant pêle-mêle sur le tapis de l'entrée, la momie suicidaire étalée au sol et son incorrigible acolyte écrasé sur lui.
Les employés de l'endroit, qui au vu du lustre avait l'air de quelque chose de plutôt bourge, les regardèrent totalement figés, apparement mourant d'envie de rire mais tentant de rester professionnels.
Une jeune femme aux courts cheveux bruns s'inclina pour leur souhaiter la bienvenue alors qu'ils gisaient toujours sur le tapis.
- Ces messieurs sont ils à la recherche de quelque chose en particulier ? s'enquit elle polimment.
Chuuya apparement mit hors service par son effort colossal afin d'atteindre l'entrée, ce fut Dazai qui se chargea de répondre avec amabilité, la demande spécifique de Mori bien en tête grâce à son excellente mémoire visuelle, sans se soucier du fait qu'il gise plus ou moins sur le paillasson avec son compagnon sur le torse.
- Tout à fait, pourriez vous nous guider vers la collection pour enfant ? Nous cherchons une robe pour une petite fille d'environ dix ans, répondit il avec son plus grand sourire d'ange innocent.
Parce que bon, ça pouvait sembler un peu suspect pour deux hommes tels que Chuuya et lui, qui portaient clairement la marque du monde de la nuit sur eux, de demander ce genre de choses.
Mais la femme ne posa pas de questions, et les laissa dans le rayon avec une courbette. Chuuya étira un sourire un peu cruel et satisfait en entendant Atsushi et Akutagawa, dix fois plus paumés qu'eux, galérer dans le rayon hommes de la boutique.
La recherche ne prit pas bien longtemps, pour leur plus grande joie, et ils passèrent à la caisse en dépensant sans scrupules aucunes l'argent de Mori.
Chuuya et Dazai quittaient la boutique quand on entendit les cris de victoire d'Akutagawa et Atsushi qui atteignaient enfin le rayon enfant.
Les aînés laissèrent échapper un rire moqueur, portant chacun le sac par une anse, et le rouquin leva la tête vers le ciel alors qu'ils mettaient un pied en dehors du magasin.
- Objectif atteint, partenaire, ricana t-il à l'adresse de Dazai sur un clin d'oeil irrésistible, rictus en coin à l'appui.
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