Chapitre 2

Point de vue de Dylan

Je traversais doucement ce petit jardin fleuri tout en contemplant chacun de ses arbustes et chacune de ses fleurs pour me retrouver enfin devant une porte entrouverte que je franchis non pas sans hésiter.
J'entrai dans cette maison que je n'avais ressenti sa chaleur depuis deux ans, deux longues et dures années pleines de tristesse et de solitude, derrière des barreaux tous noirs, dans un lieu assez pourri et avec des gens si monstrueux qu'un démon aurait éviter.
J'examinais chaque coin de la maison pour constater un grand changement au niveau des meubles et de l'aménagement. Je sentis un pincement au coeur. Rien ne me semblait familier. Je me sentais étranger. Non. J'étais un étranger.
Je continuais de détailler du regard désespérément les angles de la maison, quand ce dernier s'arrêta sur la salle à manger aux pieds au bois massif et à la vitre bien claire et nettoyée.
Je la fixais pour quelques instants et une larme que je ne pus empêcher traversa le long de ma joue.
Cette salle à manger était celle d'auparavant. Celle qui, à chaque repas, nous avait réunis : Moi, Elloua, Elaine, Papa et M..aman. Une deuxième larme m'échappa en citant ce dernier mot, "Maman", cet être cher qui avait disparu de notre vie sans nous prévenir, que je ne savais s'il était déjà mort ou vivant encore, s'il souffrait ou vivait en bonheur, et s'il se rappelait de nous ou nous avait oubliés.
Une douleur atroce me noyait le coeur suite à tous ces souvenirs, à tous ces doutes, à toutes ces craintes et à ce mélange de sentiments. Je serrai fermement mon torse, lorsque quelqu'un vint me couper les songes. Papa.

Point de vue d'Elloua

Les filles s'avancèrent vers les différentes attractions dès qu'elles eurent vu la voiture s'éloigner. Je les suivis et les vis se disputer amicalement sur par laquelle elles allaient commencer. Elles essayèrent plusieurs jeux, et je me contentais de les surveiller tout en pensant à ce qui se passait entre mon frère et Papa. Après une heure et demi, elles furent fatiguées et me demandaient de leur acheter des glaces, chose que j'acceptais. Je leur ordonnais de s'asseoir sur un banc et de rester calme, ce qu'elle furent. Je marchais à pas rapides de peur que quelque chose ne leur arrive pendant mon absence. Je me demandais pourquoi je ne les ai pas ramener avec moi, mais c'était trop tard de penser à cela maintenant que je suis déjà arrivée. J'achetai les glaces à différentes saveurs et pris le chemin du retour avec des marches plus hâtifs de crainte que les glaces ne fondent. Et sur mon chemin, j'heurtai quelqu'un ou plutôt quelqu'un m'heurta. Et voilà les glaces par terre !
Franchement, c'est ce qui me manquait. Je n'étais pas de bonne humeur et la moindre chose pouvait me faire exploser. Mais avant même d'agir, le jeune homme me tendit la main pour m'aider à me lever tout en s'excusant. Alors je me calmai. Il s'excusa à nouveau mais cette fois-ci pour les glaces et me proposa de m'accompagner pour en racheter d'autres. Je ne refusai pas et le suivis. Nous les achetâmes mais je refusai qu'il ne les paie. Un grand silence s'installa quand il décida de le casser. Enfin !

-"Tu mangeras toutes ces glaces toute seule ?"

-"Non."

-"D'accord."

Aah mince. Excellent travail. Tu n'avais pas autre chose à dire à part ce non espèce de conne : Me me disais ma conscience (ça existe ?).

Un autre blanc s'installa à nouveau entre nous mais par contre, cette fois personne ne décida de le briser.
Quelques instants plus tard, nous arrivâmes au banc où j'avais laissé les filles mais elle n'étaient plus là. J'eus un battement au coeur. Le gars qui m'accompagnait constata l'angoisse tracé sur mon visage et essaya de me calmer.

-"Hey, qu'est ce qui se passe ?"

-"Les filles...."

-"Quelles filles ?"

-"Les petites filles que j'accompagnai. JE NE LES TROUVE PAS !"

-"Calme toi, calme toi. Ne sont elles pas par hasard les trois devant la maison à glaces, là-bas ?"

-"Où ça ?"

-"Tout droit, devant toi.", me dit-il en pointant du doigt l'endroit qu'il voulait m'indiquer.

Je jettai un coup d'oeil et vis les fillettes, ce qui me rassura mais me provoqua un second battement de coeur. Je lançai un grand soupir de soulagement, puis je partis vers elles.

-"ELAINE, SAYA, AYA ! VENEZ LÀ TOUT DE SUITE !", criai-je

-"Mais ça va ça va tu les as trouvées, pas la peine de les gronder, ce ne sont que de petites fillettes après tout"

Je tournai les yeux en l'ignorant puis appelai les filles une deuxième fois.

-"Je vous ai dit de rester sur le banc et de ne pas bouger, non ?"

-"Désolée grande soeur", s'excusèrent-elles à l'unisson.

-"À chaque...."

-"Elloua, où sont nos glaces ?", me coupa la petite Saya

Je dirigeai mon regard vers le mec qui m'accompagnait depuis un peu de temps et voilà la grande surprise.

-"MAIS QU'EST CE QUE TU FAIS LÀ !?"

-"Je mange des glaces.", répondit-il comme si c'était la plus simple des choses qu'on pouvait faire. Enfin si, c'est une simple chose mais ce sont pas SES glaces pour les manger assez tranquillement !
Je me calmai et regardai les filles qui, à leur tour, regardaient stupidement le mec dévorer leurs glaces.

-"Hey, ça vous dit d'entrer dans cette maison à glaces ! On va voir qui sortira vainqueur haha !",dit-il d'une mine drôle qui ethousiasma les filles.

-"OUII ! Entrons !", ajouta Aya.

Ils oublièrent complètement leurs glaces. Quel malin ! Et s'avancèrent vers la maison me laissant derrière. Mais à qui se prend-t-il au juste ! Avec quel droit accompagne-t-il les filles ! Un instant après je me rendis compte qu'il étaient déjà entrés et les suivis. Ils étaient juste à l'accueil entrain de discuter. En m'apercevant, Elaine et Saya se jetèrent vers moi et me prièrent de jouer avec eux. J'acceptai leur demande, enfin c'est ce que je comptais faire sans même me le demander. Nous réglâmes quelques points avant de commencer le jeu. Saya et Aya partirent avec l'étrange mec, et Elaine avec moi, puis le combat débuta. Je commençais à trouver les choses plus chouettes. Enfin juste un petit peu. Un touut p'tit peu. Vous m'comprenez !
Après une dizaine de minutes, je pus distinguer les rires de mes trois rivales venant du loin. Je compris qu'ils étaient déjà arrivés à sortir, cependant je continuai mes tentatives de trouver le bon chemin, mais en vain nous reveniâmes à chaque fois à la même place...

-"Notre demoiselle souhaitera-t-elle un coup de main.", l'entendis-je crier de dehors.

-"Pas besoin.", balbutiai-je entre les dents.

Elloua se fâcha contre moi et m'accusa d'être la cause de notre perte. Ce qui n'était pas faux. Elle me prit par la main et essaya de trouver le bon chemin elle même. C'était vraiment drôle de la voir ainsi. Je souris suite à son attitude, et nous continuâmes d'avancer...toujours vers la même place. Les trois dehors ne cessaient pas de ricaner sûrement pour nous énerver . Ils pouvaient nous voir par un genre de télé qui transmettait tout ce qui se passait au fond.

Nous continuâmes toujours d'avancer quand nous arrivâmes à un milieu qui était plus éclairé que les autres. Une des glaces m'attira l'attention. Il y avait quelque chose de pas très clair dessus. Quelque chose de noire qui bougeait au fond. Je tournai ma tête à droite pour voir s'il y avait vraiment un objet qui se reflétait sur le miroir mais ne trouvai rien. Je retournai encore ma tête mais à gauche pour constater que la créature noire qui bougeait étrangement s'avancer. J'étais angoissée par ce que je voyais et Elaine de même. Une aura étrange remplissait les airs qui étaient avant quelques instant purs. La créature continuait toujours d'avancer jusqu'à ce qu'elle fût assez grande et occupa le large du miroir. Je pus distinguer que c'était la silhouette d'un visage ce qui me tracassa encore plus. J'essayai d'entendre les cris et les ricanements de nos amis ou bien n'importe quel son provenant du dehors mais je ne ouïs rien. Comme si nous étions isolées, moi, Elloua et la glace devant nous. Je tournai mon regard vers Elloua qui était obsédée par le spectacle. J'essayai de la faire mouvoir mais elle ne me répondit pas. Ses yeux... traînaient dans le vide. J'avalai ma salive et dressai mon regard encore une fois vers le miroir. La silhouette formée il y avait quelques instants n'avait pas changée et des mèches de cheveux dansaient autour d'elle en harmonie. Mon désarroi augmentait de plus en plus surtout quand je vis les traits du visage se dessiner. La silhouette n'était plus noire mais avait prit chacune de ses couleurs en révélant le visage pâle de ma mère avec son sourire habituelle, un sourire léger et triste.
Je commençai à avoir le vertige et perdre conscience mais essayai de me retenir. Tout devenait sombre autour de moi. Le temps coulait lentement. Mes mains disparaissaient, mes bras, mes pieds. Qu'est ce qui se passait ? Qu'est ce qui m'arrivait ? La distance qui me séparait d'Elloua semblait se prolonger. Je m'éloignais peu à peu de ma petite soeur. Je voulais m'attacher à elle mais c'était impossible. Je ne la voyais plus. Je ne voyais plus rien. Les ténèbres me submergeaient. Je divagais dans le noir.