Chapitre 3

Avant que nous n'ayons le temps de réagir, Charlie ouvre la porte en grand et court à leur rencontre. Thomas et moi la suivons de prêt.

- Les amiiis ! s'écrie Charlie, avant même que le moteur de la voiture soit éteint.

Je les vois sourire, à travers le pare brise. Cela fait plusieurs mois que nous ne les avons pas vu, à cause des kilomètres qui nous séparent. Matthieu est le premier à descendre, puisqu'il était le passager. Il s'étire avec contentement avant de venir nous saluer. Charlie et moi le serrons dans nos bras et il part faire une accolade à Thomas.

- Ca va mon pote ?

Les deux garçons font environ la même taille, bien que Matthieu soit légèrement plus petit. En dehors de ça, tout les sépare. Matthieu, brun à lunette, dégage un charme rassurant. J'aime bien son style classe, décontracté. Il est toujours là pour arranger une situation qui dérape et pour écouter quand quelqu'un a besoin de parler. Thomas lui, répond présent pour la moindre bêtise à faire et est bien incapable de se débrouiller seul. A eux deux, ils font la paire. Malgré leur caractère opposé, je ne les ai jamais vus une seule fois se disputer et rien ne semble pouvoir détruire leur complicité.

Elizabeth sort à son tour de la voiture, calme, comme toujours. Cependant, à son petit sourire, on comprend qu'elle est ravie d'être ici, même si elle ne le montre pas. Elle fait le tour et se dépêche de nous englober toutes les deux dans ses bras.

- Mon dieu, vous m'avez manquées ! souffle-t-elle.

- Toi aussi, je murmure, on n'avait plus notre dictionnaire sur patte à disposition.

Elle rit légèrement. Nous sommes très soudées toutes les trois. Charlie est l'étincelle qui propose les idées saugrenues, je suis la flamme qui les attise et Elizabeth et l'eau fraiche qui l'apaise. Malgré son apparente timidité, elle est très franche et n'hésite jamais à nous raconter ses petites anecdotes.

Elizabeth part faire la bise à Thomas qui en profite pour lui ébouriffer ses longs cheveux blonds ondulés.

- Le retour de la petite Lizou ! clame-t-il.

- Je te manquais à ce point Tommy ? demande-t-elle, à la fois amusée et agacée.

- Ne m'appelle pas Tommy... grogne-t-il.

- Lâche ma copine, Tommy, déclare Matthieu d'une voix calme en insistant bien sur son surnom.

Thomas lève les yeux au ciel en souriant.

- Bon c'est bien sympa de se regarder dans le blanc des yeux, mais on ne pourrait pas rentrer, maintenant ? On se les caille ici.

Nous sommes tous du même avis et remontons les quelques marches. Comme nous, quelques heures plus tôt, nos amis s'extasient sur la superficie du chalet. Charlie part leur montrer leur chambre et nous attendons qu'ils s'installent. Elle redescend peu de temps après et s'assoit à la table, contemplant le plan de la station. Mon ventre commence à grogner, ce qui est normal vu l'heure. Je suis en manque de sucre. Détail qui n'étonnera personne me connaissant un minimum. J'ai toujours sur moi toute sorte de confiseries : barre chocolatée, bonbons, petits gâteaux... Ma mère s'étonne que je sois si fine. Malheureusement pour moi, j'ai écoulé toutes mes réserves cette semaine et dois attendre que nous fassions le plein à nouveau.

Je me lève pour vérifier ce qu'on trouve dans les étagères et gémis de désespoir. Il ne reste que de la purée en poudre.

- C'est ça que tu cherches ?

Je me retourne et découvre Thomas, étalé sur le canapé, en train de manger le paquet de gâteaux survivant. Il brandit un sachet de cookies au chocolat et le secoue, réjoui d'avoir trouvé un nouveau jeu. Il sait que je ne vais pas résister à la tentation et va s'ingénier pour me faire faire tout ce qu'il souhaite. Je m'approche prudemment.

- S'il te plait, juste un ? je minaude.

- Non, tu sais bien que c'est mauvais pour la santé tout ce sucre.

Il en croque une bouchée devant mes yeux et ferme les siens.

- Hmmm... délicieux.

Charlie redresse la tête, attentive à ce qui se passe. Je lui lance discrètement un regard suppliant et elle se lève sans faire de bruit. Nous ne ratons jamais une occasion de nous allier contre Thomas. Pendant qu'elle fait le tour du canapé à quatre pattes pour ne pas qu'il la remarque, je continue l'air de rien.

- Que veux-tu en échange ?

- Ah, voilà qui devient intéressant.

Il fait mine de réfléchir en se tapotant le bout du menton.

- Tu viens dans mon lit pendant une semaine ? propose-t-il d'un air suggestif.

- Rêve, je réponds immédiatement.

- Trois jours ?

Je secoue la tête pendant que Charlie continue son parcours.

- Une nuit ?

- Même pas pour vingt paquets de cookies.

- Tu me fends le cœur.

- Baaah !

Charlie, juste derrière lui, vient de hurler. Thomas sursaute et lâche les gâteaux. Je ne perds pas de temps et me propulse vers le chocolat. Je l'arrache du sol et commence à sprinter, Thomas derrière moi.

- Sales fourbes ! crie-t-il en voulant me rattraper.

Elizabeth et Matthieu, intrigués par le bruit, viennent de redescendre. Ils froncent les sourcils.

- Que se passe-t-il ic...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, je le percute dans un dérapage et lâche.

- Bloque Thomas, il veut prendre mes cookies !

Il rit et fonce dans son meilleur ami. J'ai juste le temps d'apercevoir Elizabeth lever les yeux au ciel en souriant. Pour ma part, je m'enferme dans les toilettes, afin de manger ce qui m'est dû.

Deux heures, plus tard, je me retrouve avec un caddy entre les mains, au supermarché. C'est le début de l'après-midi et Matthieu a fait une liste de tout ce que nous aurions besoin d'acheter. Nous avions fini par manger la purée du placard avant de nous décider à faire les courses. Désormais, nous nous trouvons tous les cinq à l'entrée du magasin. Matthieu, toujours aussi organisé, déclare :

- Liz, vas prendre les légumes et les laitages. Thomas, tu t'occupes des boissons et gâteaux apéros. Charlie, tu iras prendre la viande et les féculents. Alice, je te laisse le rayon sucré, ne dévalise pas tout, s'il te plait. Je m'occupe du reste. Rendez-vous ici dans dix minutes.

- Eh bah... remarque Charlie, tu feras un papa du tonnerre. Machin, les devoirs, Truc, le balai, dans vingt minutes dodo.

J'entends Elizabeth qui rit et nous nous éloignons chacun dans notre rayon respectif. Quand je me retrouve face à toutes ces merveilles je pousse un soupir. Je vais vouloir tout acheter. Je pose de la brioche dans le caddy, puis du chocolat, de la confiture, des gâteaux, des barres de céréales, des sablés, du muesli, et encore du chocolat. Je prends ensuite cinq paquets de bonbon -peut-être six - et fixe avec tristesse mon caddy. J'ai lamentablement échoué dans la tâche « ne dévalise pas tout ». J'essaye de me rassurer en me disant que nous sommes cinq et que nous partons pour dix jours. Tout sera mangé d'ici là.

Peu de temps après, Thomas arrive en trottinant, les bras chargés de chips et autres mets salés. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir eu du mal à résister. Il déverse son contenu dans mon charriot et souffle avant de se frotter les mains :

- Bon, il ne reste plus qu'à aller chercher l'alcool.

Il a l'intention de profiter pleinement de ses vacances. Avant de repartir, il jette un œil à ce que j'ai choisi et rigole.

- Bah alors Alice, ce n'est pas très bien tout ça, attention.

Il commence à appuyer son doigt contre ma hanche et je le fusille du regard et le repoussant immédiatement. Il est vraiment insupportable.

- Va chercher à boire, au lieu de me faire des remarques à deux balles.

Il s'éloigne à nouveau. Nous finissons par tous nous rejoindre devant les caisses. Le caddy que je tiens est rempli à ras-bord. Charlie ricane en me voyant sortir toutes les sucreries, aussi, je prends la décision très mature de lui tirer la langue. Après une file interminable, la caissière finit par annoncer le prix. Heureusement que nous divisons le tout par cinq. Elizabeth paye avec sa carte et nous ressortons.

Munis de plusieurs sacs de courses, nous empilons le tout dans la voiture d'Elizabeth et nous redirigeons vers le chalet. Matthieu met la musique et les deux garçons ne perdent pas de temps pour gesticuler, en rythme avec le tempo.

Dans le chalet, chacun aide à ranger la nourriture. Je glisse subtilement une plaquette de chocolat dans ma veste. Oui, je sais, c'est mal. Mais comme je l'ai dit plus tôt, il en va de ma santé morale et physique. Elizabeth me voit faire mais ne dit rien. Elle sait que si elle en parle, les garçons feront un commentaire. Au lieu de ça, elle me donne un coup de coude et me fait les gros yeux. Elle fait ça pour rire, évidemment.

Nous rejoignons le sofa et chacun prend place dessus pendant que Thomas allume un feu. A plusieurs reprises, il lance des injures car les flammes ne partent pas. On finit par entendre un crépitement et il vient s'asseoir avec nous. Évidemment, il décale Charlie pour qu'il puisse se mettre à côté de moi. Celle-ci grommelle mais se décide à bouger pour ne pas en subir les conséquences.

- Vous avez tous réservé vos forfaits ? s'informe Matthieu, un bras nonchalamment passé autour des épaules d'Elizabeth. J'espère que la neige va être bonne, ça fait longtemps que je n'ai pas skié.

Tout le monde acquiesce et je me tortille, mal à l'aise. A part Charlie, les autres pensent que je sais skier. Je n'ai pas envie de me casser un os. Ou de tuer quelqu'un. Je lui lance un regard appuyé et elle hausse les épaules, semblant vouloir dire "débrouille-toi".

- Heu... On pourra commencer par les pistes vertes, demain ? Histoire de se remettre en jambe... tentai-je.

Elizabeth fait la moue mais acquiesce. A ce que j'ai pu comprendre, elle a un très bon niveau. Elle risque de s'ennuyer sur des pistes plates. Pendant que j'y pense je déclare :

- Il faut que j'aille récupérer mes locations de ski, aujourd'hui.

- Pas de problème, déclare Matthieu. On a déjà notre matériel avec Liz de toute façon. Je suis allé chercher mon snow en arrivant et elle a déjà ses propres skis.

- Avec Charlie, on est allé chercher nos affaires dans un magasin de sport à Lyon, précise Thomas. Il n'y a que toi qui n'as pas tes affaires. Toujours à la traîne.

- Je te signale que contrairement à toi, j'ai travaillé cette semaine.

Je lui donne une tape sur le bras. Il rigolera moins quand je serai "à la traîne" sur les pistes.

- On peut aller les chercher maintenant si tu veux, me propose Charlie en se relevant. On descend à pied toutes les deux jusqu'au village et je vais à la boulangerie pendant que tu vas chercher ce dont tu as besoin.

J'approuve, reconnaissante. Je me mets sur mes pieds et Thomas fait de même. Je le fixe.

- Toi, tu restes là.

- Mais je vais devoir tenir la chandelle ! se plaint-il.

- C'est ton problème... ricane Charlie en enfilant ses bottes de neige.

Je pars prendre mon porte feuille et mon portable puis me prépare pour sortir. Liz et Matt nous font signe, blottis l'un contre l'autre, tandis que Thomas nous fusille du regard, à l'autre bout du canapé.

Une fois dehors, ma meilleure amie et moi nous mettons en marche. L'air frai de la montagne me revigore. La lumière est éblouissante en altitude, aussi suis-je forcée de plisser les yeux.

- Je suis vraiment une amie super sympa! me rappelle Charlie. Je ne vais pas faire de Snow pour que tu ne sois pas la seule quinze mètres derrière avec tes skis.

C'est vrai. Charlie est prête à se sacrifier, ce qui est vraiment généreux de sa part.

- Tu n'étais pas obligée tu sais... j'assure tandis que nous avançons à grandes foulées.

Nous sommes sur le bord de la route et apercevons déjà le village. Autour de nous, tout est blanc. Charlie hausse les épaules, un sourire aux lèvres.

- Ce sera plus drôle si on tombe à deux. Celle qui se ramasse le plus de fois cette semaine paye une tournée à l'autre.

- Autant que je t'offre un verre tout de suite dans ce cas ! je pouffe.

Elle rit. Je garde mes mains dans les poches pour garder un maximum la chaleur. Lorsque nous parlons, de la buée sort de nos lèvres. Charlie me raconte les nouvelles recettes qu'elle a testé dans son atelier et m'explique ce qu'elle a prévu de faire pour le réveillon qui est demain soir. Dès qu'elle me parle de sa passion, ses yeux pétillent.

Nous pénétrons enfin dans le village et regardons avec émerveillement toutes les guirlandes qui clignotent. On se croirait chez le Père Noël. Charlie aperçoit la boulangerie et nous nous séparons, le temps que j'aille chercher les skis.

La cloche de la vitrine tinte et je reconnais Malo qui me sourit à travers les clients. Je me place derrière la queue et attend patiemment mon tour. Comme je n'ai rien à faire, j'observe les personnes présentes dans le magasin. Une petite fille essaye de convaincre son père d'acheter un nouveau blouson. Plus loin un homme regarde les masques. A côté, une mamie compare des raquettes de... Attendez. Mon regard se fixe à nouveau sur l'homme qui cherche un masque. Je fronce les sourcils et essaye de comprendre pourquoi il me dit quelque chose. Ses yeux sont légèrement plissés par la concentration et une mèche blonde s'échappe de son bonnet gris. C'est là que je comprends.

- Bonnetman ! je m'exclame malgré moi.

Plusieurs personnes tournent la tête dans ma direction dont Bonnetman. Je baisse immédiatement la tête. Mince, bravo pour la discrétion Alice... Mes joues s'échauffent. Évidemment, il a fallu que je tombe sur la seule personne devant laquelle je me suis ridiculisée à la station.

Je prends soin d'éviter le côté masques du magasin et mon tour arrive. Malo me sourit gentiment.

- Comment ça va depuis ce matin ? m'interroge-t-il.

En dehors du fait que je viens d'attirer l'attention du gars qui m'a vu m'éclater contre une plaque de verglas et entendu me ridiculiser en chantant ? Ça va.

- Tout va bien! j'assure en affichant une mine tout sauf confiante.

- Alors ces skis ! Je prends expert ?

Il commence déjà à se diriger vers un modèle, comme si la réponse était évidente. Je me trémousse, mal à l'aise.

- En fait, prends plutôt débutant s'il te plait...

Il me fait face, un sourcil haussé. Je souris, gênée.

- Je compte sur toi pour ne pas répéter l'information à René.

Il secoue la tête, visiblement amusé, pendant qu'il part vers une autre partie du magasin.

- Ne t'inquiète pas, je m'en doutais. Le secret est bien gardé. Quelle taille?

Je soupire de soulagement.

- Je fais 1m64.

Ses doigts défilent entre différents modèles avant qu'il n'en attrape un en particulier. Il me demande ensuite ma pointure. Après lui avoir indiqué mon 38, il me ramène une paire de chaussures. Je grimace. Oh non, la torture commence. Comment entrer dans ces machins ? Je récupère ce qu'il me tend et pars m'asseoir sur un banc pour les essayer. Je regarde avec horreur le système de réglage. Heureusement que j'ai passé la semaine ici, sinon je n'aurais jamais su comment enfiler ces bottes...

Après m'être démenée pendant plusieurs minutes, et avoir poussé -Je l'admets- quelques jurons. Je retire les chaussure et les ramène à Malo qui les enclenche sur les skis.

- Tu peux me donner ton poids s'il te plait?

En effet, pour des skis bien réglés, il faut qu'il soit adaptés à la taille et à la masse de la personne.

- Heu... Cinquante-trois kilos ?

A vrai dire je n'en ai aucune idée, je ne me pèse jamais. Il rit légèrement.

- Si tu le dis... approuve-t-il en tournant une vis sur chaque ski. Comme tu es débutante, il vaut mieux que tu portes un casque également.

Si ça peut m'éviter un traumatisme crânien, je ne dis pas non. Il me donne également des bâtons et je me dirige en titubant vers la caisse. Mes bras sont trop chargés. Bonnetman est juste devant moi. J'espère qu'il ne m'a pas remarquée. Lorsqu'il fait demi-tour après avoir payé, il marque un temps d'arrêt en me reconnaissant. Des faussettes apparaissent sous sa légère barbe blonde. Je lui souris nerveusement.

- Vous me suivez ou quoi ? est tout ce que je trouve à dire.

- Quoi ? Non pas du tout... se défend-il en secouant la tête. Sa petite mèche blonde rebondis. Comment va votre... postérieur?

- Mon postérieur ? je demande en voulant confirmer ce que j'ai entendu.

Il a vraiment une façon étrange d'engager la conversation... Soudain, je comprends qu'il fait référence à ma chute.

- Oh... Il va bien merci.

Inutile de lui préciser qu'un hématome s'étend sur toute ma fesse droite.

- Tant mieux, je m'en serai voulu sinon.

Son chaleureux accent anglais me fait fondre. Je vois que Malo me fait signe d'avancer et j'en profite pour saluer maladroitement Bonnetman.

Mon ancien collègue a la gentillesse de me faire une réduction de 50%. Je le remercie vivement et nous nous disons au revoir. Ressortir de la boutique est plus difficile que prévu. Le matériel est beaucoup trop encombrant pour moi seule. J'ai l'impression que mes skis pèsent une tonne et que mes chaussures prennent un malin plaisir à glisser entre mes doigts.

- Besoin d'aide ?

Bonnetman qui vient lui aussi de sortir, me regarde me dépêtrer avec compassion.

- Merci mais je vais me débrouiller. Ne vous fatiguez pas, le chalet est encore loin.

Il s'avance vers moi, le regard empli de gentillesse.

- J'insiste d'autant plus dans ce cas. Toute seule, vous allez arriver à la tombée de la nuit.

- Bon, très bien. Merci dans ce cas...

Il attrape mes skis comme si ceux-ci étaient aussi légers que des plumes. Je le regarde, impressionnée. Il faut dire qu'il a l'air d'avoir la musculature adaptée. Je n'ai plus que mes chaussures à tenir et le casque sur ma tête. D'un mouvement de tête j'indique la direction et nous nous mettons en marche. Personne ne parle.

- Ça vous arrive souvent de venir aider les jeunes filles en détresse ou c'est votre technique de drague ? je demande pour défendre l’atmosphère.

Je l'entends rire.

- Non, ma technique de drague est bien plus efficace, explique-t-il.

- Plus efficace que faire le gentleman ? J'aimerai bien savoir en quoi elle consiste.

- C’est simple je vais vous montrer. Votre père ne serait pas un dealer?

Je fronce les sourcils. Pour qui se prend-il ?

- Pour quelle raison mon père serait un dealer ?

- Parce que vous me rendez accro.

Après un instant de silence, j’éclate de rire tant ça me semble ridicule.

- Ne me dites pas que d'habitude ça fonctionne… je m’étonne, tentant de réprimer mon fou rire.

Il n'a l’air aucunement vexé. Au contraire, il me regarde en souriant.

- Je ne désespère pas de trouver une fille sur qui ça fera effet.

- Vous aimez les jeux de mots à ce que je vois.

- C'est presque aussi drôle que vos chutes… admet-il.

- Hé ! je proteste.

Son rire est franc et je décide de le classer dans la catégorie : gens à la compagnie agréable. Sa démarche assurée fait ressortir son charisme. Je ne sais pas comment il fait pour paraître aussi à l'aise avec une paire de ski sur les épaules. Nous sommes à l’extérieur du village depuis quelques minutes. La remontée est plus fatigante que l’allée.

- Vous habitez dans le coin ? s'informe-t-il en évitant de peu une voiture.

Il a remarqué que nous arrivons au milieu des chalets. On repère celui des parents Charlie.

- Non je suis là avec des amis pour les vacances.

Je lui désigne celui où nous logeons et il siffle.

- Belle bâtisse...

Mon téléphone nous interrompt en vibrant. Le nom de Charlie apparaît à l’écran.

- Excusez-moi.

Je décroche. Immédiatement, je suis obligée de décoller mon portable de mon oreille pour éviter de me percer les tympans.

- Ça fait vingt minutes que je t'attends ! hurle mon amie à l’autre bout du fil. T'as intérêt à te trouver une bonne excuse pour expliquer ta soudaine disparition ! Je te préviens, si je suis malade le jour de Noël par ta faute, je te fais bouffer tes skis !

Mon instinct de survie prend le dessus et je lui raccroche au nez. Mince, j'avais complètement oublié Charlie. Je grimace. Elle va me tuer. Bonnetman me regarde, légèrement effaré. Sans prendre le temps de lui expliquer la situation, j’affiche une mine contrite et dévale la pente en sens inverse. Tant pis pour la politesse, je tiens encore à ma vie et je risque de la perdre si je n'arrive pas dans les minutes qui suivent.

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